Concurrence(s) dans le monde des arts et des lettres
302 pages
Français

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Concurrence(s) dans le monde des arts et des lettres , livre ebook

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Description

La concurrence, notion centrale dans le domaine de l'économie, est ici envisagée dans le monde de la création littéraire et artistique. Est-il pertinent de la placer au cœur du processus de création ? La concurrence est-elle un moteur de la créativité ou un frein ? Ce volume croise les regards de plusieurs disciplines (sociologie, histoire, études littéraires, arts du spectacle...). Une quinzaine de chercheurs analysent ainsi les œuvres et les discours comme insérés dans un ensemble de productions qui les précèdent, les accompagnent et les modèlent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140022586
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77494-7
Titre
CONCURRENCE(S)

DANS LE MONDE DES ARTS ET DES LETTRES



sous la direction de Florence Bonifay, Marjorie Broussin,
Stéphane Caruana et Mélanie Guérimand
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Anja HESS, Les habitants des chambres de bonne à Paris . Étude filmique des usages de l’espace quotidien , 2016.
Christophe CAMUS, Mais que fait vraiment l’architecte ?, Enquête sur les pratiques et modes d’existence de l’architecture , 2016.
Roland GUILLON, Mes années 1950 et 1960 ou l’éveil d’une sensibilité, 2016.
Louis DURRIVE, Compétence et activité de travail , 2016.
Laurent AUCHER, Le Tribunal des ouvriers, Enquête aux prud’hommes de Vierzon , 2016.
Benoît SOUROU, Stratégies identitaires chez les migrants turcs en France , 2016.
Michel BOURDINOT, Vers de nouvelles fonctions pour le permanent UD CFDT ?, 2016.
Isabelle PAPIEAU, Il y avait des fois, La Belle et la Bête . Réalités et magie à l’italienne , 2016.
Yvon CORAIN, L’expérience dans tous ses états, Une approche méthodologique , 2016.
Cécile NOESSER, La résistible ascension du cinéma d’animation. Socio-genèse d’un cinéma-bis en France (1950-2010), 2016 .
Aurélien CINTRACT, La mort inégale. Du recul de la mort à l’analyse socio-historique de la mortalité différentielle , 2016.
Éric LE BRETON, Mobilité et société dispersée, Une approche sociologique , 2016.
Lenita PERRIER, Couleur de peau et reconnaissance sociale, L’expérience vécue des afro-brésiliens émigrés à Paris , 2016.
Michel BONNET, Mobilités, l’ombre d’un père , 2016.
Dieudonné KOBANDA NGBENZA, Enfants isolés étrangers, Une vie et un parcours faits d’obstacles , 2016.
Marie Zoé MFOUMOU, La professionnalisation des métiers féminins. L’exemple du secrétariat au Gabon , 2016.
Présentation de l’association des Têtes Chercheuses

L’association des Têtes Chercheuses a été créée par et pour les doctorants de l’École Doctorale 3LA (Lettres, Langues, Linguistique et Arts) en novembre 2010 à Lyon. Elle a pour objectif de fédérer les jeunes chercheurs en Sciences Humaines afin de discuter des problématiques liées à leur travail lors de réunions mensuelles. Elle cherche également à leur donner de la visibilité par le biais de projets communs : organisation de colloques et de journées d’études, publication d’un journal annuel, Missile , et présence en ligne (blog sur la plate-forme hypotheses.org).
L’association des Têtes Chercheuses a organisé en 2013 un colloque sur la concurrence qui a donné naissance à ce volume. Elle remercie, pour leur soutien, l’ED3LA et son équipe de direction, l’Université Lyon 2, l’Université Lyon 3, les laboratoires GRAC, Passage XX-XXI, MARGE, GADGES et Claude Longeon.
INTRODUCTION COURIR ENSEMBLE VERS UN MÊME BUT : LA CONCURRENCE AU CŒUR DU PROCESSUS DE CRÉATION ?
« S’aimer c’est regarder ensemble dans la même direction » dit Antoine de Saint Exupéry. Les problèmes arrivent peut-être lorsqu’on se met à courir ensemble dans la même direction pourrait-on lui répliquer ! Car telle est la signification étymologique du mot concurrence : courir ensemble ou « courir de manière à se rassembler sur un point » explique le Gaffiot qui donne pour exemple l’expression concurrere ad arma (Caes. G. 3, 22), courir aux armes. Dans son sens premier, la concurrence, c’est donc la convergence. De fait, il faut être sur le même terrain pour pouvoir s’affronter ; il faut bien courir ensemble vers le même objectif, pour entrer en rivalité. Ce sens de « rivalité » existe déjà dans l’Antiquité mais il est surtout utilisé dans le domaine du droit 1 et dans le domaine de la guerre 2 .
En langue française, les dictionnaires étymologiques 3 indiquent que le sens moderne du mot concurrence – la « rivalité entre plusieurs personnes ou forces pour un même objet » –, daterait du XVI e siècle. La première occurrence mentionnée par les dictionnaires apparaît chez Jacques Amyot, en 1559, dans sa traduction des Vies des hommes illustres rédigées par Plutarque. À l’article « Marcus Brutus » de ce volume, Amyot évoque la situation de concurrence entre Brutus et Cassius pour l’obtention d’une même haute fonction à Rome :

Combien que les uns veulent dire, que pour quelques autres causes precedentes, il y avoit desjà quelque peu de picque entre eulx, & que ceste concurrence les meit encore plus avant en querelle, quoy qu’ilz fussent alliez : car Cassius avoit espousé Junia la sœur de Brutus. Les autres disent que ce debat entre eulx vint de Cæsar mesme, lequel secrettement donnoit esperance en sa faveur à l’un & à l’autre : si tira leur brigue si avant, & se picquerent tellement à ceste poursuitte, qu’ilz en eurent procès l’un contre l’autre 4 .

Le substantif concurrence s’insère ici dans un champ lexical de l’affrontement qui est riche : pique, querelle, débat, brigue 5 , poursuite et procès. Au niveau de l’intensité de l’affrontement, la concurrence se trouverait dans un espace intermédiaire entre le petit échange de piques et le procès en justice. En outre, on voit bien à l’œuvre dans ce passage la tension déjà évoquée entre l’unité et la division : Brutus et Cassius sont « alliez » par des nœuds matrimoniaux mais aussi opposés car ils briguent tous les deux une même fonction. Ils convergent et divergent tout à la fois. Enfin, le troisième intérêt de cet extrait de la traduction de Plutarque par Amyot est de montrer que la concurrence dépasse souvent le simple conflit entre deux personnes mais suppose des ramifications plus ou moins obscures, des instrumentalisations et une dimension politique.
C’est au XVII e siècle que concurrence enrichit sa signification d’une nouvelle acception, celle de « rivalité commerciale ». Un siècle avant la naissance de la science économique, le mot prend donc le sens auquel nous pensons aujourd’hui en premier. Toutefois, il est surprenant, lorsqu’on se penche sur l’histoire de cette notion économique, de voir à quel point elle véhicule des implications positives alors que notre société actuelle se dit saturée de concurrence, en dénonce l’omniprésence et les abus et en fait, du moins dans certains discours, un repoussoir.
Dès l’Antiquité, l’idée d’un équilibre par la concurrence est énoncée par Aristote dans L’Éthique à Nicomaque (IV e siècle avant J.-C.) dont les livres V et vi réfléchissent à l’échange des biens 6 . On retrouve cette conception dans La somme théologique (XIII e siècle) de Saint Thomas d’Aquin pour qui le juste prix s’établit en situation de concurrence 7 . Ces prémices d’une pensée économique de la concurrence trouvent leur pleine réalisation au XVIII e siècle, le siècle des Lumières faisant de la concurrence entre les hommes un principe de fonctionnement. Anne-Robert Turgot (1727-1781) et Adam Smith (1723-1790) comptent ainsi parmi les pères de la science économique et considèrent que la concurrence permet l’établissement naturel d’un ordre économique et social harmonieux entre les hommes. En effet, chacun recherche son intérêt personnel mais la confrontation et la combinaison de tous ces intérêts individuels amène paradoxalement à la stabilité de l’ordre social. Il n’y a danger pour la société que si un seul tente d’imposer son intérêt personnel ; la coexistence et la multiplicité des intérêts personnels garantissent, eux, l’équilibre. On retrouve ici

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