De L Amour et de la douleur des femmes
136 pages
Français

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De L'Amour et de la douleur des femmes , livre ebook

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Description

Extrait : "Déjà enfant, j’avais acquis l’intuition que ce sourire très particulier consacrait pour chaque femme un étrange petit succès. Oui, il s’agit là d’une éphémère revanche sur les espoirs déçus, une victoire sur la grossièreté des hommes, sur la rareté, dans ce monde, de choses belles et véridiques. Si à l’époque j’avais été en mesure de l’exprimer, j’aurais dénommé cette façon de sourire «féminité». C’est le sujet du prologue au très beau livre d’Andreï Makine, ‘Le testament français’ et cela pourrait constituer pour plusieurs hommes la relation d’avec l’un des souvenirs les plus intenses que chacun porte dans le tréfonds de soi: un sourire de femme. Pour moi, ce fut celui de ma mère."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2018
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UMBERTO VERONESI
DE L’AMOUR ET DE LA DOULEUR DES FEMMES
Traduction Mohamed El Khaiat
Et Antonella Perlino
Préface de Rita El Khayat
ISBN : 978-88-7413-809-2De l’amour et de la douleur des femmes
******
Je voudrais remercier Donata Francese pour tout le temps et l’intelligence qu’elle a
bien voulu consacrer à ce livre.
Umbero VeronesiPréface
DE L’AMOUR ET DE LA DOULEUR DES FEMMES
Le PR Umberto Veronesi m’a fascinée, moi femme médecin,
quand je l’ai aperçu. Voilà un homme qui mériterait amplement,
grandement, de se reposer pour contempler sa vie, une entreprise
merveilleusement accomplie. Je l’ai fréquenté tout au long de son
livre « Dell’amore e del dolore delle donne », un titre étonnant d’un
ouvrage que j’ai tenu à lire en italien, pour ne pas défaire la
musicalité de la langue, pour m’introduire dans le mystère des mots
qu’il a employés…
Il a donné dans cette trame de mots la broderie de sa carrière,
suturée dans la peau de toutes les femmes qu’il a sauvées de cette
pestilence qu’est le cancer du sein, le sein, attribut de beauté,
d’amour et de vie…
Je sais que toutes les personnes qui ofrent beaucoup aux
autres sont d’abord des personnes qui ont soufert. Umberto
Veronesi m’a ramenée à mon enfance de flle orpheline de pèr e; il a
décrit avec une ultime pudeur cet état de l’enfant privé de l’un de
ses deux parents, une douleur qui marque à vie.
Dans les lignes qui suivent cette révélation, apparaît le visage
de la Mère, restée seule à élever ses fls dans cet amour et cette
douleur, déjà ! Une initiation pour le très jeune enfant que fut
Umberto sauvé par cette fgure exceptionnelle de femme, la
première de sa vie, sa Maman…
Je disais qu’il pourrait simplement contempler sa vie avec
douceur et attention, heureux du labeur accompli. Il a fait plus. Il a
fait mieux. Il a donné à imaginer un monde en Paix, sans armes, un
monde dans lequel la Science ne serait plus un vain mot ou untriomphe porté vers l’excès, vers la fabrication des armes de plus
en plus sophistiquées, donc, mortifères avec « une précision
chirurgicale » disait-on pour faire la dernière Guerre d’Irak, pour
reprendre une comparaison fort à propos, parlant d’un chirurgien…
Science for Peace, la Fondation créée par le PR Veronesi
consacre son existence personnelle, sa carrière, ses attentes, ses
succès et ses aspirations non encore réalisées : la lutte pour la vie
qu’il a menée une vie durant contre la mort, le cancer du sein des
femmes qui donnent le lait et donc la Vie, j-’utilise une redondance
de sept fois le mot Vie dans cette seule phrase, à escient- ne peut
concourir qu’à la Paix, cette qualité de vie qui permet à l’être
humain de traverser son parcours terrestre aussi doucement et
agréablement que possible, car tel est le sens profond et encore
non concrétisé de … la Vie !
L’apprentissage et la pratique de la Médecine ont profondément
marqué Umberto Veronesi. Nous ne voyons là que des phénomènes
normaux pour un homme qui a eu tant de sensibilité à ressentir les
soufrances de ses patientes, quand il a choisi de les soigner de l’un
des maux les plus atroces. Sa réfexion en est devenue l’expression
de ce que, trop souvent, les femmes n’ont pas pu dire mais cela
s’est ouvert, en lui, par la suite et chemin faisant, à des
afeurements philosophiques et métaphysiques de grande portée…
Dans une pudeur certaine, il a esquissé dans ce bel ouvrage ce
que pour lui sont la vie, la mort, les sens cachés des choses, de la
maladie, de la soufrance, des grandes amours, des espoirs
démesurés et des illusions qui hantent tous les humains.
Personnellement, je vois en lui un grand Maître, l’un de ceux
qui m’ont formée quand j’étais une étudiante avide de savoir,
jubilante de la grandeur de l’Homme, désespérée par ses défaites
dont les plus cruelles sont la maladie, la soufrance et la mort.
Je parle d’un Maître car chaque médecin est le disciple d’un
maître, celui qui, sans compter, lui donnera les éléments pour
parfaire, de génération en génération, la connaissance dans cette
science immense et vaine, la Médecine. Il est assurément un grand
Maître, plus que cela, un Géant, c’est ainsi, que nous, médecins,parlons des plus grands d’entre nous… je le reprends, dans les mots
dont il a serti son livre, en le remerciant du fond du cœur d’être
celui qu’il est, un homme tout simplement mais un grand Homme:
« Mais nous n'avons pas besoin d'une liste de noms et
d’engagements pour avoir la certitude que les femmes
représentent notre plus grande ressource […] Regardons nos
mères, nos épouses, nos collègues, nos flles, et nous verrons que
le futur est tout entier contenu dans la femme.»
Merci, Pr Veronesi !
Docteur RITA EL KHAYAT
Casablanca, 8 Mars 2011,
Journée mondiale des FemmesUn sourire plus que singulier
«Déjà enfant, j’avais acquis l’intuition que ce sourire très particulier consacrait pour
chaque femme un étrange petit succès. Oui, il s’agit là d’une éphémère revanche sur
les espoirs déçus, une victoire sur la grossièreté des hommes, sur la rareté, dans ce
monde, de choses belles et véridiques. Si à l’époque j’avais été en mesure de
l’exprimer, j’aurais dénommé cette façon de sourire «féminité». C’est le sujet du
prologue au très beau livre d’Andreï Makine, ‘Le testament français’ et cela pourrait
constituer pour plusieurs hommes la relation d’avec l’un des souvenirs les plus
intenses que chacun porte dans le tréfonds de soi: un sourire de femme. Pour moi, ce
fut celui de ma mère.
Elle se nommait Erminia Verganti. Je l'avais citée dans de nombreux livres, mais c’est
l'une des rares fois, sinon la seule que je rend public son nom. Jusqu'à présent, elle
n'était que ma mère, comme si son identité ne se résumait que dans son rôle de
parent, comme si elle n'existait que par son statut de mère.
Elle représente peut-être pour moi, au vu de mon histoire, et à l’instar de ce qu’il en
est peut-être pour tous les garçons: la femme qui nous a donnés naissance, un être
sans passé, une créature asexuée, imperméable aux événements et à l’usure du temps.
Dès lors, nous restons convaincus qu'elle manifeste de l’indifférence aux passions,
qu’elle agit à l'abri de la peur et des tourments, et ce, même quand on la voit peu à
peu perdre le contact avec le monde, lorsque l’on s’aperçoit que la vigueur de sa
lumière faiblit, au fil de son vieillissement et au moment de sa mort.
Ma mère a vécu, luttant du bout de ses dents serrées, afin de nous donner, à mes
frères et à moi-même, toutes les choses de la vie, à l'exception de sa douleur, qu’elle a
su tenir pour soi.
Je me souviens de ma mère, sereine et très belle, prendre soin de nous. Nous
résidions dans une fermette à la périphérie de Milan, et pendant l'hiver à la campagne,il faisait très froid. Pendant la journée, nous étions tous ensemble installés dans une
grande salle à même le sol; il y avait là un «fourneau à bois» qui faisait office autant
de poêle à chaleur que de cuisinière. Dans la soirée, nous empruntions un raidillon
d’escalier menant aux chambres, deux en tout et pour tout: celle dans laquelle nous
dormions, mes frères et moi, la seconde réservée à nos parents. Le moment d'aller au
lit se révélait être l’un des plus beaux instants de la journée et nous aurions aimé le
prolonger à l’infini: mamma Erminia s’arrêtait dans notre chambre et passait entre les
draps le moine, une sorte de petite casserole en cuivre à long manche, au contour
criblé de perforations, fermée d’un couvercle et dans laquelle, sous la cendre, l’on
distinguait la braise vive encore agissante. Ma mère le déplaçait d'un lit à l'autre et
nous, les enfants, nous nous glissions, lestes et agiles, sous les draps à peine
réchauffés, cherchant avec nos pieds la belle tiédeur qui se propageait au milieu des
couve

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