Dix études sur le roman et la loi
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Description

Comment le roman conteste-t-il la Loi ? Que devient-il quand disparaît la transcendance ? La modernité occidentale semble liée au refus, voire à la disparition de la Loi entendue comme norme divine, acceptée comme telle, régissant les rapports humains et la vision que les individus ont de leur existence. Mais combien de romans peuvent se comprendre en dehors d'un rapport - souvent ambigu ou paradoxal - à la Loi ? Critique dissolvante ou tentation restauratrice, évanouissement ou dissémination de l'absolu, recherche d'une norme de substitution, confrontation cauchemardesque aux fantômes ou aux avatars monstrueux de la Loi ancienne : en quoi l'écriture romanesque constitue-t-elle une modalité privilégiée de cette enquête sur la Loi (humaine ou divine, religieuse, morale ou politique) ? Ce sont quelques-unes des questions abordées par les études de ce recueil, où se trouvent convoqués, parmi d'autres, Dostoïevski et Hugo, Bernanos et Kafka, Lamed Shapiro, Koestler et Camus, Joyce, Broch, Musil, Dos Passos, sans oublier le roman policier. Le comparatiste Norman David Thau (1959-2005) avait été à l'initiative de cette recherche collective. Il laisse derrière lui un grand livre (Romans de l'impossible identité. Être juif en Europe occidentale [1918-1940], éd. Peter Lang, 2001) et un souvenir impérissable à ses proches, ses amis, ses collègues, ses élèves... Les articles du recueil sont suivis d'une série de témoignages dédiés à sa mémoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2021
Nombre de lectures 5
EAN13 9782304028232
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Norman David THAU
Dix études sur Le Roman et la Loi suivies de… Hommages à Norman David Thau (1959-2005)
Ouvrage publié avec le concours du Centre d’Études du Roman et du Romanesque de l’Université Picardie-Jules Verne
« L’Esprit des lettres »
Éditions Le Manuscrit Paris


Illustration couverture : © Françoise Thau
© Éditions Le Manuscrit, 2009
ISBN : 9782304028225 (livre imprimé) ISBN : 9782304028232 (livre numérique)


« L’Esprit des lettres »
Collection coordonnée par Alain Schaffner et Philippe Zard
« L’Esprit des lettres » présente, dans un esprit d’ouverture et de ri-gueur, un choix d’ouvrages reflétant les principales tendances de la cri-tique en littérature française et comparée. Chaque proposition de publi-cation y fait l’objet d’une évaluation par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus du domaine étudié.


Dans la même collection :
Agnès Spiquel et Alain Schaffner (ed.), Albert Camus, l’exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi , 2006.
Jeanyves Guérin (ed.), La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan , 2006.
Jeanyves Guérin (ed.), Audiberti. Chroniques, romans, théâtre , 2007.
Isabelle Poulin, Écritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov , 2007.
Philippe Marty, Le poème et le phénomène , 2007.
Philippe Zard (ed.), Sillage de Kafka , 2007
Emmanuelle André, Martine Boyer-Weinmann, Hélène Kuntz (ed.), Tout contre le réel. Miroirs du fait divers , 2008
Yves Landerouin et Aude Locatelli (ed), Musique et littérature , 2008
Jean Goldzink, La Plume et l’idée, ou l’intelligence des Lumières , 2008.
Hedi Kaddour, Littérature et saveur. Explications de textes et commentaires of-ferts à Jean Goldzink , 2008.


Faute de préface…
Philippe ZARD
« Ce livre doit être lu comme le livre d’un mort. »
L’avertissement de Victor Hugo au seuil des Contemplations n’a, en la circonstance, plus rien de métaphorique. Le 21 mars 2005, Norman David Thau nous quittait, terrassé par un cancer. Il avait quarante-cinq ans, une femme, un fils.
Très jeune, il avait frôlé la mort et il semblait savoir qu’elle ne le laisserait jamais longtemps en paix. Cette conscience donne à certains êtres une forme de désespoir mélancolique ; Norman était avide de bonheur. La pensée de la fin donne à d’autres une légèreté toute séraphique, comme s’ils n’étaient déjà plus tout à fait de ce monde ; Norman y avait gagné comme un poids supplémentaire, une pesanteur qui le tenait fermement arrimé au sol, une force de gravité. C’était un « Mensch », comme on dit en allemand - et en yiddish. Et il fallait souvent toute sa formidable simplicité pour nous aider à ne pas nous sentir futiles en sa présence.
Il avait donné à ses travaux - par ailleurs si rigoureux - ce caractère de nécessité existentielle sans laquelle la critique ne serait qu’un vain divertissement. La profonde cohérence de ses recherches était à chercher dans ce que Proust appelle « les gisements profonds » de son « sol mental ». Son interrogation sur l’identité juive n’était qu’une manière - il en est beaucoup d’autres, évidemment - de s’interroger sur la condition humaine, sur ces infinies complications de l’existence qui en font le sens, le sel et le drame.
« Né à Vienne, d’un père new-yorkais, d’une mère viennoise et de grands-parents originaires respectivement de Bucovine et de Galicie » : ainsi commençait sa notice biographique, au dos de son grand livre sur les Romans de l’impossible identité , fruit d’un travail qui l’avait imposé comme l’un des grands spécialistes des littératures dites « judéo-nationales ». Qui mieux que lui, qui avait vécu successivement en Autriche, aux États-Unis et en France, parfaitement chez lui dans les trois langues, pouvait examiner avec une telle force de conviction les « mises en fiction » de l’identité juive en diaspora ? Il parlait comme nul autre de Joseph Roth - sa lecture de La Marche de Radetsky comme figuration implicite des apories de l’assimilation en Autriche est un modèle du genre - , mais aussi de Lion Feuchtwanger, d’Arnold Zweig ; il connaissait admirablement Albert Cohen, mais aussi Jean-Richard Bloch, Armand Lunel, Irène Némirovsky (bien des années avant que l’édition de Suite française ne la fît sortir de l’oubli où elle était tombée), et même des auteurs aujourd’hui ignorés comme Bernard Lecache ou Jacob Lévy. Il explorait avec rigueur la manière dont, dans les romans de l’entre-deux-guerres, s’exprimait une identité juive tourmentée, altérée, ostentatoire ou honteuse, affirmée ou niée, irréductible toujours, « inaliénable », comme il aimait à dire, parce que, quoi qu’on fasse, il semblait impossible de s’en défaire. Il scrutait les différences entre les modèles culturels français et allemand (pourquoi Solal est-il seul grand roman juif français à une époque où le roman judéo-allemand est si fécond ?). En septembre 2003, à Cerisy-la-Salle, il proposa encore une magistrale étude comparée des œuvres d’Albert Cohen et d’Israël Zangwill. Ni lui ni ceux qui l’écoutaient avec sympathie et admiration n’auraient pu imaginer qu’il participait à son dernier colloque.
L’existence de Norman fut tout entière placée sous le signe de la fidélité.
Une image me restera, parmi des milliers d’autres : à quelques semaines de sa mort, lorsqu’il était devenu impossible de s’aveugler devant la terrible échéance, il avait voulu montrer à son petit garçon de trois ans la synagogue de Vienne, où il avait jadis prié avec son père et son frère. Il voulait que son fils unique recueillît, dans un recoin de son âme d’enfant, l’empreinte fragile des existences qui l’avaient précédé. « Notre patrie est partout où nous avons nos morts », dit un personnage d’ Hôtel Savoy de Joseph Roth. Cette Vienne lui était chère, mais elle était décidément hantée de trop de fantômes et rongée de trop de silences. C’est en France que ce Juif, humaniste et laïc avait trouvé un lieu où vivre, des amis, un foyer enfin.
Quelle que fût sa piété envers le passé, c’est au présent qu’il se dévouait.
Il aimait la littérature parce que cette conversation avec les morts permettait de penser et d’habiter le présent, de répondre aux exigences de l’heure. Cette passion des livres ne l’a jamais quitté, non plus que le désir de la communiquer aux autres, à ses amis, à ses interlocuteurs, à ses étudiants. La vie de l’esprit, l’ardeur de convaincre, la joie de partager.
Au fil des ans, j’ai vu celui qui, dans sa jeunesse, par clin d’œil à son cher Joseph Roth (« der rote Joseph »), souriait de se faire surnommer « Norman le Rouge », se rapprocher encore d’Israël - parce qu’il préférait les Juifs vivants aux Juifs morts - et du judaïsme - je crois qu’il y voyait moins une fréquentation du divin (je n’ai jamais très bien su s’il était croyant) qu’un lien pérenne avec les siens et une forme d’idéal moral transmissible « de génération en génération ». Sans renoncer en rien ni à son esprit critique, ni à son exigence universaliste de justice et de dialogue.
C’est, me semble-t-il, cette fidélité têtue et ouverte qu’il fallait lire entre les lignes de son projet de colloque sur « Le Roman et la Loi », dont il avait proposé une première formulation en ces termes :
Ce colloque se propose d‘étudier « le roman et la Loi », c‘est-à-dire la manière dont le roman se situe (en général) et a pu se situer (historiquement) par rapport à la Loi, sa contestation puis sa disparition progressive. Comment le roman conteste-t-il la Loi ? Que devient-il quand disparaît la transcendance religieuse et morale ? La modernité occidentale (des XIX e et XX e siècles) semble intrinsèquement liée au refus, voire à la disparition de la Loi entendue comme norme transcendante, divine, acceptée comme telle et régissant les rapports humains et la vision que les individus ont de leur existence. Mais, du picaresque espagnol ou anglais jusqu‘à Sade, combien de romans peuvent se comprendre en dehors d’un rapport - peut-être ambigu, paradoxal - à la Loi ? L‘un de

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