L image dans la science
206 pages
Français

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Description

La science prendrait l'image comme un objet en soi, reflet de la réalité. Mais l'imagerie médicale, numérique, donne à voir des couleurs sans lien avec la réalité mais nécessaires à la lisibilité des informations. Alors images scientifiques ou images de la communication scientifique ? Entre symptôme et idéologie, la science construirait ainsi l'image d'un corps fonctionnel, symbolique, voir fantasmé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296693715
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’image dans la science
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi,
Raphaëlle Moine , Bruno Péquignot et Guillaume Soulez

Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.


Dernières parutions

Marguerite CHABROL, Alain KLEINBERGER, Casque d’Or : lectures croisées , 2010.
Jean FOUBERT, L’Art audio-visuel de David Lynch , 2009.
Geneviève CORNU, L’art n’est pas un langage . La rupture créative , 2009.
Yves URO, Pauline Carton , itinéraire d’une actrice éclectique , 2009.
Bernard LECONTE, La télé en jeu (x) , 2009.
Gilles REMILLET, Ethno-cinématographie du travail ouvrier , 2009.
Jean-Paul AUBERT, L’Ecole de Barcelone. Un cinéma d’avant-garde en Espagne sous le franquisme , 2009.
Thibaut GARCIA, Qu’est-ce que le « virtuel » au cinéma ? , 2009.
Yannick MOUREN, Filmer la création cinématographique. Le film-art poétique , 2009.
Raphaëlle MOINE, Brigitte ROLLET et Geneviève SELLIER (sous la dir.), Policiers et criminels : un genre populaire européen sur grand et petit écrans , 2009.
Françoise LUTON, Peter Blake et Sergeant Pepper, 2009.
Dominique CHATEAU, Philosophie d’un art moderne : le cinéma , 2009.
Simon LAISNEY, Le jeu de Harvey Keitel dans les films de Martin Scorsese , 2009.
Christophe CORMIER, Contre-culture et cinéma : Dennis Hopper à l’œuvre , 2008.
Frédérique Calcagno-Tristant


L’image dans la science
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11089-2
EAN : 9782296110892

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« La sémiotique des cultures n’est pas à vrai dire une discipline, mais le projet même de redéfinir la spécificité des sciences humaines et sociales : les cultures embrassent la totalité des faits humains, jusqu’à la formation des sujets. Elles restent cependant difficiles à concevoir, faute précisément d’un point de vue sémiotique sur la culture. ».

Rastier François, 2001. « L’action et le sens, pour une sémiotique des cultures », in Sens Action, Journal des anthropologues, n°85-86, p. 214.
à Lisette et Pacôme
Introduction
Pourquoi parler du « sensible de la science » ?

Parce que la science se révèle comme un artefact représentatif, comme un système complexe constitué par des concepts, des images, des énoncés et des figures. De ce fait, le discours de la science serait essentiellement une construction rhétorique et sociale qui mettrait l’histoire de l’iconologie scientifique en rapport étroit non seulement avec l’histoire des savoirs, des textes et du livre scientifiques, mais aussi avec l’histoire de l’art et des représentations.

Nous allons donc, ici, dans cette étude, des textes aux images, des images aux textes, pour les remettre en mouvement dans un espace culturel et discursif donné.
Pour ce faire, nous utilisons la distinction de Claude Cossette (Cossette, 1983) pour décrire le rôle du texte associé à l’image. Pour lui, on adjoint un texte à une image pour quatre raisons : sujettiser, verbaliser, qualifier, circonstancier. Dès lors, la bonne cohésion du lien entre le texte et l’image devient nécessaire à une bonne communication. Mais pas seulement, puisque dans cette analyse, nous voyons également poindre le concept d’image à travers l’idée d’une unité visuelle vers laquelle le discours scientifique tendrait. Précisons à ce stade que « image » vient du latin « imago », utilisé dans le sens de « portrait, simulacre, apparence, ombre, qui prend la place… ».

La science mettrait ainsi en place un dispositif de représentation dans le sens où elle construirait le monde à travers un dispositif rationnel qui donne à voir les objets en permettant leur connaissance (Foucault, 1967). Le concept de représentation se pose alors non pas tant comme un filtre de lecture que comme un prisme notionnel qui nous fait saisir la science comme un langage et comme une temporalité, et ce, à travers l’histoire, le discours, le lien de cause à effet et le corps. Ainsi, par exemple, tel que l’énonce le biologiste Jacques Testart (Testart, 2003 : 109) : « L’attention médicale et scientifique (et même artistique) portée au corps passe d’abord par l’anatomie, laquelle a commencé par le spectacle des formes apparentes puis évolué vers l’organisation du dedans du corps, surtout explorée à partir de la Renaissance. ». Le traité d’anatomie de Vésale, les aquarelles de Lesueur ou encore les photographies de Montméja interrogent effectivement le corps vu par les sciences naturelles, la biologie, etc. mais également par les sciences sociales. Il nous faut nécessairement à chaque fois étudier le contexte socio-culturel de chaque objet de recherche pour asseoir notre point de vue sémiologique, et plus encore, avoir conscience de l’évolution de ce contexte jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, Descartes voit le monde comme un espace géométrique régi par les seules lois de la mécanique. Dans la nature, nos corps (tout comme les plantes et les animaux) sont des machineries, réglées comme des horloges par le jeu de ressorts, de tuyaux et de filtres. Mais, Descartes admet aussi l’existence d’un corps subjectif qui nous manifeste la faim, la soif ou la douleur (Dagonnet, 1992).
Cette vision d’un corps-machine est très présente dans la médecine dès les XVIIème et XVIIIème siècles. Avant que le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier n’explique le phénomène de la respiration, on conçoit par exemple les poumons comme des soufflets donnant des forces à la circulation sanguine.
Puis au XIXème siècle, on se met à évaluer le volume d’oxygène nécessaire aux malades dans les salles d’hôpitaux, à mesurer la température la plus adéquate à la santé dans les dortoirs des collégiens, à recommander des cours de récréation vastes et plantées d’arbres… Dans les écoles, les casernes, les prisons, les hôpitaux, les soucis des hygiénistes déterminent aussi bien les pratiques que l’architecture. Ce puissant courant qui se développe à partir de la fin du XVIIIème siècle et qui connaît son apogée au XIXème siècle s’ancre dans le positivisme ambiant et multiplie calculs et statistiques qui attestent du meilleur fonctionnement possible du corps du citoyen, de son efficacité et de sa productivité… à l’usine, à l’armée ou à l’école (Rauch, 1983). Quant au XXème siècle, il oscille entre les « techniques du corps » de Marcel Mauss (Mauss, 1950), l’« objet de consommation » de Jean Baudrillard (Baudrillard, 1970) et le poids des habitus de Pierre Bourdieu (Bourdieu, 1979).
Ainsi, mettant en évidence la nature sociale ce qu’il nomme des « habitus », Mauss voit dans les techniques du corps des montages physio-psycho-sociologiques à examiner du point de vue de l’homme total. Pour Baudrillard, maintenant, le corps est devenu un capital que l’on gère et sur lequel on investit en tant que signifiant de son statut social. Il est aussi fétichisé. Quant à Bourdieu, il explique que le schéma corporel est dépositaire de toute une vision du monde social, de toute une philosophie de la personne et du corps propre. L’hexis corporelle traduirait selon lui les habitus de chacun au niveau du corps.

Mais pour en revenir à la science, selon Michel Serres, les décennies récentes ont vu naître un corps nouveau grâce aux progrès de la médecine favorisés par le développement de techniques de plus en plus sophistiquées (échographie, scanner, prothèses et peut-être manipulations génétiques ou clonages…). Pour lui, nous sommes entrés dans l’ère de L’Hominescence (Serres, 2001), ce néologisme désignant une alliance de type nouveau entre le corps humain et la science, pour le meilleur, c’est-à-dire une prodigieuse au

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