Littérature et saveur
204 pages
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Littérature et saveur , livre ebook

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Description

Dans Le Peuple, Michelet a cette phrase à propos des élèves des grandes écoles fondées en l'an III par la Convention : « Spectateurs de l'invention continuelle de leurs maîtres, ils allaient inventant aussi. » Jean Goldzink n'a jamais voulu passer pour un maître, mais il est un inventeur de cette sorte. Pendant près de quatre décennies passées à l'Ecole Normale Supérieure de Fontenay/Saint-Cloud/Lyon, il a lu et relu les textes de la littérature française en y cherchant ce qu'ils apportent de singulier, de fort, de neuf. Il a formé des générations d'enseignants-chercheurs à ce type d'enquête, dans le double souci de la trouvaille et de l'élégance. Ses élèves et collègues lui rendent ici hommage avec une quarantaine d'études, explications de texte ou commentaires. Les auteurs étudiés s'échelonnent du Moyen Âge au XXe siècle, de Chrétien de Troyes à Claude Simon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304024012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrage coordonné par Hédi Kaddour
Littérature et saveur
Explications de texte et commentaires offerts à Jean Goldzink
Editions Le Manuscrit Paris


© Éditions Le Manuscrit 2009
ISBN : 9782304024005 (livre imprimé) ISBN : 9782304024012 (livre numérique)


« L’Esprit des lettres »
Collection coordonnée par Alain Schaffner et Philippe Zard
« L’Esprit des lettres » présente, dans un esprit d’ouverture et de rigueur, un choix d’ouvrages reflétant les principales tendances de la critique en littérature française et comparée. Chaque proposition de publication y fait l’objet d’une évaluation par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus du domaine étudié.


Dans la même collection
Agnès Spiquel et Alain Schaffner (ed.), Albert Camus, l’exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi , 2006. Jeanyves Guérin (ed.), La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan , 2006.
Isabelle Poulin, Écritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov , 2007. Philippe Marty, Le poème et le phénomène , 2007.
Philippe Zard (ed.), Sillage de Kafka , 2007
Emmanuelle André, Martine Boyer-Weinmann, Hélène Kuntz (ed.), Tout contre le réel. Miroirs du fait divers , 2008
Yves Landerouin et Aude Locatelli (ed) , Musique et littérature , 2008
Jean Goldzink, La Plume et l’idée, ou l’intelligence des Lumières , 2008.


Jean Goldzink
est l’auteur de :
X VIII e SIÈCLE , Bordas, 1988 (rééd. Larousse, 2000) M ontesquieu, lettres persanes , Puf, 1989 (épuisé) V oltaire , la légende de saint Arouet , Gallimard Découvertes, 1989 S tendhal , L’Italie au cœur , Gallimard Découvertes, 1992
V oltaire entre A et V , Hachette Supérieur, 1994
C omique et comédie au siècle des lumières , L’Harmattan, 2000 M ontesquieu et les passions , Puf, 2001 L e vice en bas de soie , Corti, 2001 À la recherche du libertinage , L’Harmattan, 2005 B eaumarchais dans l’ordre de ses raisons , Nizet, 2008
L a plume et l’idée , Le Manuscrit, 2008 L a solitude de Montesquieu (à paraître) Vous avez dit lumières ? (à paraître)


AVANT-PROPOS
Par Hédi KADDOUR
L’étude et l’amitié ont réuni ici les élèves, les collègues, les amis de Jean Goldzink .
L’essentiel de ce volume est représenté par une quarantaine d’explications ou commentaires rangés par ordre alphabétique d’auteur, d’Aragon à Zola.
Certaines contributions ont revêtu une forme particulière, elles figurent sous le titre VARIA , en fin de volume.
Ce livre est dédié à Jean, et à tous ceux qui aujourd’hui se lancent à leur tour dans l’analyse et l’histoire des textes.


JEAN GOLDZINK QUITTE LA PLACE
Par Pierre BERGOUNIOUX
Toute la littérature est là pour nous rappeler qu’un homme n’est pas la somme des attributs à quoi un certain formalisme littéraire réduit parfois les personnages mais l’inflexion qu’en reçoit l’entourage. Celui-ci, en retour, lui confère l’identité croisée, la singularité multiple qu’on range, par commodité, sous l’arbitraire d’un nom. Celui de Jean Goldzink désigne un millier d’êtres dont je ne sais rien, pour autant de gens qui l’ont connu avant ou après ou autrement que la demi-douzaine de béjaunes qui survécurent à l’oral du concours de 1969, sous le pavillon des lettres modernes. Je plains nos devanciers mais ceux, aussi, qui nous ont succédé. Le feu XX e siècle a compté dix ans, peut-être, d’espérance, de liesse pure entre l’abomination de la désolation qui avait enténébré sa première moitié et au-delà, jusqu’aux accords d’Evian, et la rapide retombée des années soixante-dix, le désenchantement où nous nous n’avons plus cessé, depuis lors, de nous enfoncer.
La génération à laquelle j’appartiens eut l’esprit d’attendre la fin de la guerre pour tenter l’aventure. Elle fut épargnée des maux ultérieurs, qui avaient déserté le territoire métropolitain pour ce qu’on appelait les colonies, le Tonkin, l’Algérie, dont nous avons quand même appris, en primaire, qu’elle comportait trois départements. On m’a dit que le lait, les oranges étaient toujours rationnés lorsque nous avons débarqué, qu’il fallait produire une carte spéciale pour qu’on ait droit aux biberons et aux vitamines C dont je ne garde aucun souvenir. Je passe rapidement sur les années cinquante, le triste, le gris, la parcimonie d’un pays qui se remet lentement de l’humiliation de la défaite et de l’occupation, de l’abjection vichyssoise, relève ses ruines, peine à se déprendre de son passé rural, à amorcer la modernisation Lorsque nous sortons du rêve éveillé, tristounet de l’enfance pour entrer aux heures adolescentes, il se passe ceci, que je crois sans exemple ni précédent et qui ne se reproduira plus jamais : le monde entre avec nous en sa verte jouvence. Qui n’a pas eu dix-huit ans en 1968 ne sait pas ce que sont l’ivresse sans vin de la jeunesse ni le primat de la politique ni l’espérance ni le printemps.
Nous avons été, nous derniers, des enfants vieillots, les provinciaux, surtout, des marches touffues, du désert central où s’attardaient pêle-mêle le XIX e siècle, l’Ancien Régime, la Gaule romaine. Nous portions les stigmates d’une particularité qui se perpétuait à l’écart des routes. Nous retardions de cent ans, de mille sur le mouvement général, sur celui, qui en est inséparable, de la pensée. Nous avons dû brûler les étapes, remonter, à marche forcée, au pas de charge, le chemin qui nous séparait de la vie, du présent, de Paris, de notre propre possibilité, du monde entier – c’est pareil. Mais la peine de franchir, en peu d’années, des décennies, des siècles était exaltante dans l’exacte mesure où elle était éprouvante, étudier sans relâche ni cesse, apprendre, disputer, douter, comprendre, une fête, soupçonner enfin de quoi il retourne, pressentir la syntaxe générale, une incroyable félicité.
Il y a une joie de savoir. Un charme spécial s’attache à la connaissance approchée. On entre, ébloui, clignant des yeux, dans la contrée seconde qui double, éclaire celle, simplement étendue, confuse à quoi l’on est réduit aussi longtemps que pèsent sur le monde et nos corps et nos âmes, les modes archaïques de production de la vie matérielle, la quasi-autarcie des sociétés agraires traditionnelles, la misère de la paysannerie parcellaire. Mais il y avait autre chose, qui conférait un attrait proprement inouï à l’étude, une aura magique aux parallélépipèdes de papier qu’on appelle des livres, et ce fut leur évident rapport, soudain, à la vie, à notre propre aventure.
Quiconque a passé par les lycées de l’après-guerre était voué à la schizophrénie. D’un côté, l’expérience, exiguë, anachronique, de l’autre une littérature tombée d’on ne savait où, du ciel peut-être, sans le moindre rapport ni avec nos vies ni avec quelque existence que ce pût être, des vues, des réflexions, des sentiments, des théories que les manuels imputaient à des gravures en taille-douce emperruquées, à des portraits décoiffés par les orages désirés, peints à l’huile par Girodet. Le moyen, avec ça, de s’y retrouver dans les deux ordres dont nous relevons, celui du monde effectivement éprouvé dont parle Husserl et puis celui des grimoires où il est susceptible, paraît-il, de trouver un reflet, de se révéler pour ce qu’il est vraiment. Et alors on peut y changer quelque chose, agir en connaissance de cause, s’affranchir des vieilles tutelles, devenir soi autant qu’il est en nous.
Une dernière chose, qui participe sans doute de la vétusté, de la grisaille de nos enfances, du monde ancien, comme hivernal où nous avons commencé. C’est à des messieurs d’un certain âge, déjà, qu’était confié le soin de nous instruire, figures lointaines, exquisément policées, vieille France, pour lesquelles les humanités constituaient principalement un instrument de distinction. Elles leur valaient une indiscutable notoriété dans les sous-préfectures où ils exerçaient leur suave et bénin magistère. Je ne crois pas avoir éprouvé ennui pareil à celui qu’ils nous ont disp

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