Des images et des mots
286 pages
Français

Des images et des mots , livre ebook

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286 pages
Français

Description

Cet ouvrage situe l'étude de la communication dans celle de la cognition et tente d'explorer les diverses opérations cognitives impliquées dans la compréhension des messages échangés. Nombre de ces opérations sont automatiques et inconscientes. Néanmoins, la réflexivité se trouve également impliquée à des degrés divers selon les différentes sortes de médiations sémiotiques et leurs combinaisons dans différents médias. Cette perspective éclaire le rôle des communications dans la vie sociale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336324630
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Pierre MEUNIER DES IMAGES ET DES MOTS COGNITION ET RÉFLEXIVITÉ DANS LA COMMUNICATION
# CURSUS
9/09/14 18:21
DES IMAGES ET DES MOTS COGNITION ET RÉFLEXIVITÉ DANS LA COMMUNICATION
EN COUVERTURE PHOTO : «Castillo» de Laurent Poma -Photographe depuis 1993 et enseignant à l’IHECS depuis 2010. Deux livres publiés à ce jour. La photo à été prise à Ixelles en 2012. Celle-ci est construite sur base de principes d’équilibre entre ce ce qui est dedans et dehors, ce qu’on choisit de montrer ou pas. La vitrine est comme une photo, une surface plane qui dévoile un univers gé,en quelque sorte elle n’existe pas.
Collection dirigée par Joël Saucin et Frédéric Moens
La collection IHECS[dot]COM rassemble des ouvrages dont le centre d’intérêt réside dans les mécanismes de l’information, dans les processus de communication ou dans les logiques de l’échange qui traversent le monde contemporain. Les questions médiatiques, sémiologiques ou sociologiques de la communication y sont rele-vées et analysées. Présentations théoriques, dossiers pratiques ou analyses scientiques en composent les différentes séries (com-munication, cursus, documents). La collection est enracinée dans les pratiques et les productions de l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales de Bruxelles.
ISBN 978-2-8061-0089-4
9 782806 100894
Jean-Pierre MEUNIER DES IMAGES ET DES MOTS COGNITION ET RÉFLEXIVITÉ DANS LA COMMUNICATION
Publié avec le concours de la Fondation Universitaire de Belgique
Maquette : N. Brixy - Mise en page : C. Oviedo et S. Paulus
D/2013/4910/2
©Academia-L'Harmattan s.a Grand'Place, 29 B-1348 Louvain-La-Neuve
ISBN: 978-2-8061-0089-4
www.editions.academia.be
Remerciements
Quand on s’aventure avec des risques évidents de subjectivité et d’ap-proximation dans la complexité des processus de communication et tout particulièrement dans la nébuleuse des opérations mentales qui accom-pagnent ces processus, les avis d’autrui sont indispensables. Je remer-cie tout particulièrement Luc De Meyer, Pierre Fastrez, Marc Lits, Joël Saucin, Philippe Sohet. Leur lecture attentive et leurs encouragements m’ont donné la conance nécessaire à la poursuite de mon projet.
1. Introduction
Ce livre voudrait être une contribution au projet dessiné par Saussure lorsque, dans le prolongement de la linguistique, il imaginait une nou-velle science, plus vaste, appelée sémiologie. « On peut donc conce-voir,écrivait-il,une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale; elle formerait une partie de la psychologie sociale, et par conséquent de la psychologie générale ; nous la nommeronssémiolo-gie[...] » (Saussure 1969 : 33). Jusqu’à ce jour, ce projet s’est concrétisé par quelques percées hors de la linguistique, surtout dans le vaste champ des signes iconiques (des-sins, photos, vidéos, etc.), omniprésents dans les sociétés modernes, et dont les rapports avec la vie sociale paraissent évidents, quel que soit le point de vue que l’on adopte (sociologique, psychologique, économique).
Quelques repères historiques
Prenons quelques repères dans l’évolution historique de la sémiologie. Se situant d’emblée dans le sillage de la linguistique structurale, la sémiologie naissante s’est d’abord centrée sur la mise au jour des codes qui structurent les signications des signes iconiques. On se souvient des travaux de Barthes, Metz, Eco, Veron, et d’autres, dont l’obses-sion théorique était de découvrir dans les images quelque chose qui ressemble au langage verbal avec ses signications codées et ses arrangements syntaxiques réglés. Le célèbre article de Barthes sur l’image publicitaire des pâtes Panzani est exemplaire de cette première approche (Barthes 1964 : 40-51). Il est aussi signicatif de ses limites quant à la manière dont elle envisage l’inscription des signes dans la vie sociale. Barthes y distinguait deux niveaux de signication corres-pondant à deux sortes de codage : le niveau de la dénotation et celui de
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la connotation. Le premier est constitué de signiants (dessins, pho-tographies) représentant des choses perçues identiables. Le second est celui où ces choses représentées renvoient à des signiés culturel-lement codés ; par exemple, les fruits méditerranéens de la publicité Panzani (tomate et poivron) ont pour signié de connotation l’italia-nité (« essence condensée de tout ce qui peut être italien, des spaghet-tis à la peinture » dit Barthes) soit un « sème » de connotation pris dans les champs associatifs composant la langue de l’image. Cette pers-pective est bien connue. On ne l’a évoquée ici que pour rappeler le biais par lequel la sémiologie naissante a entrepris la saisie du rôle des images dans la vie sociale. Il s’agissait avant tout de mettre au jour les symboles constitutifs de la culture, les représentations stéréotypées du monde portées par les images et, d’ailleurs, par d’autres systèmes de signes comme, entre autres, celui des gestes. Le domaine des signiés de connotation, disait Barthes, c’est celui de l’idéologie « qui ne saurait être qu’unique pour une société et une histoire données [...] » (1964 : 49). On ne peut sous-estimer l’importance de cette recherche des codes, et notamment des codes culturels qui investissent l’image. Aujourd’hui comme hier, le déchiffrage des signes de connotation peut être éclai-rant sur le rôle social des images, et peut provoquer des prises de conscience salutaires à propos des stéréotypes qui grèvent les représen-tations sociales. La tâche que Metz, à la suite des premières recherches sémiologiques, assignait à l’éducation à l’image, reste toujours de mise. « Ainsi, écrivait-il, il sufra de faire remarquer à l’élève que, si l’Italien des lms est presque toujours brun, un certain nombre d’Italiens d’Ita-lie sont blonds, pour que l’emprise aveugle des stéréotypes ethniques– générateurs infaillibles de racisme populaire – commence déjà, si peu que ce soit, à être ébranlée dans les esprits » (Metz 1970 : 1-10). Mais la recherche des codes ne peut à elle seule épuiser la question de la vie
des signes dans la vie sociale. D’une manière plus générale, d’ailleurs, elle est insufsante à éclairer le problème général de la communication. Progressivement, dans les années 1980, le modèle pragmatique de la communication s’est imposé et l’attention des chercheurs s’est dépla-cée vers les communications en acte. On a découvert que communi-quer n’était pas seulement transmettre des signications codées mais que c’était aussi agir, comme l’a fortement souligné Austin dans un des ouvrages initiateurs de cette nouvelle approche :How to do things with words, traduit en français parQuand dire, c’est faireLe (1970). regard désormais centré sur l’axe énonciateur-énonciataire plutôt que sur les codes, les théoriciens de l’énonciation ont mis en exergue le fait qu’un énoncé verbal se présente généralement comme formulé par quelqu’un et adressé à quelqu’un d’autre et que, pour ce faire, la langue dispose de nombreux mots (pronoms personnels, démonstra-tifs, etc.) ayant pour fonction de caractériser la situation d’énonciation et d’y situer les interlocuteurs. De façon complémentaire, la linguis-tique pragmatique proprement dite s’est efforcée de clarier la notion d’acte de langage et de caractériser les différentes catégories d’actes effectués en parlant (ou actes « illocutionnaires » dans la terminologie proposée par Austin) selon les intentions qu’ils expriment et les buts qu’ils poursuivent (ordre, demande, promesse, afrmation, etc.). Outre qu’elles ont permis de complexier le modèle théorique général de la communication, ces considérations se sont naturellement intégrées à une perspective psychosociologique plus large, qualiée elle aussi de pragmatique, s’interrogeant sur le rôle des interactions langagières dans les rapports sociaux. Par ailleurs, elles ont conduit la sémiologie géné-rale à s’interroger sur les aspects énonciatifs des différentes sortes de langages iconiques. Mais, pour des raisons qu’on évoquera plus loin, les images n’offrent pas une prise facile aux concepts de la pragma-tique linguistique. Néanmoins, une sémiopragmatique s’est construite autour de l’idée que tout discours combinant images et textes, outre
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