Des livres pour éduquer les citoyens
222 pages
Français

Des livres pour éduquer les citoyens , livre ebook

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222 pages
Français

Description

Les débuts des années 1860 en France ont été marqués par l'éclosion de nombreuses bibliothèques populaires. Des hommes, notables souvent, laïques, protestants, ont appliqué un certain nombre des idées philanthropiques développées après 1848, pensant, comme Jean Macé, que la bibliothèque permettait l'instruction indispensable pour participer au suffrage universel. Ces bibliothèques populaires ont développé des pratiques professionnelles et une ouverture à tous les publics qui a complètement modifié le paysage de l'offre documentaire à la fin du XIXe siècle en France.

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Date de parution 01 octobre 2016
Nombre de lectures 24
EAN13 9782140019210
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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leur démarrage, leur fonctionnement, leurs rapports avec l’État, difîciles
à tous les publics qui ont complètement modifié le paysage de l’offre documentaire à la fin du XIXe siècle en France. -
dans une recherche pionnière devenue enfin livre pour notre intérêt et notre
des techniques
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Arlette Boulogne
Des livres pour éduquer les citoyens
Jean Macé et les bibliothèques populaires (1860-1881)
Préface de Michelle Perrot
HISTOIRE
ET MÉMOIRE Des livres pour éduquer les citoyens DE LA FORMATION
Des livres pour éduquer les citoyens
Histoire et mémoire de la formationDirectrice de collection : Françoise F. Laot Collection créée par Jacky Beillerot (1939-2004) et Michel Gault, puis co-dirigée par Dominique Fablet, Françoise F. Laot, Michel Gault (2005-2013)Cette collection constitue un instrument de référence, d’information et de réflexion, pour les formateurs et les chercheurs concernés par ce domaine d’activités et de pratiques. L’éducation ou la formation des adultes, au sens où nous l’entendons au-jourd’hui, s’est développée à partir de la Révolution de 1789 avec pour premier objectif de pallier l’absence ou les insuffisances de la formation initiale. Elle a connu d’importants changements avec la formation professionnelle des adultes, le développement de l’enseignement technique, la montée de l’éducation populaire… jusqu’à devenir véritablement un fait social à partir de la loi fondatrice de 1971 qui en assure le développement. Au sens large du terme, la formation des adultes est théorisée dès l’Antiquité et apparaît plus actuelle que jamais avec des notions comme celle de l’école de la deuxième chance, de l’éducation permanente et de l’éducation tout au long de la vie, ou encore de la formation de soi. La collection a pour but de publier tout texte qui porte sur l’histoire de l’éducation et de la formation des adultes, des travaux d’historiens ou de chercheurs en sciences humaines et sociales portant sur la formation un regard historique, ainsi que des récits de mémoire par des acteurs impliqués portant sur leur parcours ou sur les actions qu’ils ont conduites une analyse rétrospective. La collection se donne également comme objectif de mettre à la disposition des chercheurs des sources et ressources susceptibles de faciliter le travail d’histoire sur ce thème. Elle pourra donc également être amenée à rééditer des ouvrages épuisés, à publier des textes introuvables et des guides de sources historiques. Déjà parus M. MAILLEBOUIS, Ch. ETEVE, V.GLICKMAN (dir.),archives Des pour l’histoire de la formation des adultes, 2012. J.-C. FORQUIN,Les composantes doctrinales de l’idée d’éducation permanente, 2002. B. PASQUIER,Voyage dans l’apprentissage. Chroniques 1965-2002, 2003.
Arlette Boulogne Des livres pour éduquer les citoyens
Jean Macé et les bibliothèques populaires (1860-1881) Préface de Michelle Perrot
De la même auteure Vocabulaire de la documentation / INTD-ERArlette, coord. Boulogne. Paris, ADBS Éd., 2004 (Coll. Sciences et techniques de l’information). Comment rédiger une bibliographie, avec la collaboration de Sylvie Dalbin. Paris, Nathan, ADBS, 2002 (Coll.128, série Informa-tion-Documentation, n°278). La synthèse : produit documentaire et méthode pédagogique, en collaboration avec Agnès Caron. Paris, ADBS (Association des professionnels de l’information et de la documentation) Éd., 1997. © L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10127-9 EAN : 9782343101279
PRÉFACE
Des livres pour le Peuple
Par Michelle Perrot
Directrice de l’Institut national des techniques de la documenta-tion (INTD) au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de 1997 à 2007, Arlette Boulogne a mené une double carrière de documentaliste et d’historienne. Dans le premier registre, on lui doit des ouvrages de référence qui illustrent son souci d’allier pratique et réflexion méthodologique :: produitLa synthèse documentaire et méthode pédagogique; (1997) Comment rédiger une bibliographie (2002) ;Vocabulaire de la documentation(2004), et des articles de fond sur l’indexation et la recherche d'information multimédia à l'heure des TIC (technologies de l'information et de la communication) ou l’usage des références et des notices bibliographiques. Dans le second, elle s’est intéressée à e l’éducation populaire, surtout auXIXsiècle, opérée par la presse et par les bibliothèques. Celles-ci étaient l’objet de sa thèse de doctorat, soutenue à Paris 7-Denis Diderot (on disait alors Jussieu) en 1984 et jamais publiée. Lacune regrettable que voici enfin réparée. Le présent livre, en dépit des recherches ultérieures, les siennes (sur Hetzel, sur les femmes de la Ligue de l’enseignement), ou celles d’autrui, que l’auteure incorpore et cite, demeure un travail essentiel dans l’histoire de la lecture populaire. e LeXIXsiècle représente évidemment une étape décisive dans l’alphabétisation des masses, liée à un double processus d’industrialisation et de démocratisation. Les années 1860-1881, à la charnière de l’Empire et de la République, constituent un moment-clef et original de cette histoire, politiquement contrastée. L’Empire libéral, désireux de promouvoir l’instruction pour des raisons économiques (la libre circulation d’une main-d’œuvre éduquée) et politiques (l’exercice du suffrage universel masculin), favorise ou tolère les initiatives individuelles comme celles de Jean
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DES LIVRES POUR ÉDUQUER LES CITOYENS
Macé et de la Ligue de l’enseignement et de la Société Franklin. L’avènement de la République (septembre 1870) libère un élan freiné par l’Ordre Moral et le coup d’État de 1877 qui obligent les démocrates à se faufiler dans les mailles du filet répressif d’un catholicisme ombrageux. Avant l’établissement de l’École républi-caine et la généralisation institutionnelle des bibliothèques, l’engagement militant prime. Le livre est un instrument de modernisation, envié, investi et surveillé. Or il reste d’accès difficile, par le prix, le contenu souvent opaque pour des lecteurs fraîchement alphabétisés, une distribution aléatoire qui privilégie les villes et néglige les cam-pagnes. Les ouvriers possèdent peu de livres, comme le montrent les monographies de familles de Le Play ; les paysans, moins encore, en dehors des almanachs et des brochures de la littérature de colportage. Pourtant, il existe un désir de lecture que les éduca-teurs souhaitent stimuler, canaliser et orienter. Les associations, sociétés, ligues jouent un rôle décisif autour de groupes – les industriels alsaciens, protestants ou juifs – ou de personnalités éclairées, apôtres de l’instruction : Jean Macé, Édouard Charton, le pasteur Brétégnier, les éditeurs Louis Hachette et Pierre-Jules Hetzel, bien d’autres, plus obscurs, en font une cause, voire un apostolat. Il s’agit de créer pour le peuple, que rebute souvent le caractère bourgeois des cabinets de lecture, des réseaux de distribution, des lieux de consultation et de prêt, de promouvoir la lecture, de faire du livre un compagnon du quotidien. Les expériences sont mul-tiples : bibliothèques municipales (la première ouvre à Paris en 1865), populaires, militaires, voire ambulantes. Parmi les plus dynamiques, les bibliothèques des amis de l’instruction, dévelop-e pées surtout à Paris et dans la proche banlieue, comme celle du III arrondissement, initiative du lithographe Jean-Baptiste Girard, modèle du genre, qui, miraculeusement conservée au 54 de la rue de Turenne, constitue aujourd’hui, aux côtés du Panthéon et du
PRÉFACEDES LIVRES POUR LEPEUPLE
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Tour de la France par deux enfants, un « lieu de mémoire » de la 1 République . Les moyens des initiateurs sont limités et le cadre est bien mo-deste. Au début, selon Jean Macé, des livres, un tampon, un catalogue et un registre de prêt, suffisent. En 1862, la bibliothèque qu’il a fondée à Beblenheim en Alsace, laboratoire d’expériences, comporte « douze volumes rangés à terre sur une planche ». Elle en possède deux mille deux ans plus tard. Il faut alors trouver un local, aménagé dans l’angle d’une salle de la mairie ou de l’école, dans la maison ou la boutique du bibliothécaire bénévole. Plus tard, en fonction des possibilités financières, on loue une salle sommairement meublée – table, chaise, armoire à vantaux –, mais chauffée et éclairée, luxe devenu nécessité, ouverte les soirs et le dimanche. Le bibliothécaire, faiblement indemnisé, peut être (le plus souvent) l’instituteur, ou une personne que « sa profession met en contact fréquent et direct avec la population », un commerçant, un pharmacien par exemple. Forcément un homme, tant le livre demeure l’apanage de la virilité. Un objet précieux, en tout cas, qu’il importe de relier, à tout le moins recouvrir, estampiller, étiqueter, avec parfois des couleurs distinctes pour les ouvrages destinés aux jeunes et aux dames. Le classement est un vrai problème auquel, en professionnelle, Arlette Boulogne est spécialement attentive. Les catégories révèlent les jugements de valeur et les priorités. Il s’agit d’instruire plus que de distraire, et le roman est toujours un peu suspect. Le public le préfère à tout, adore les romans anglais, et plébiscite Alexandre Dumas, Hugo, Sue et même George Sand, cette Madame Sand que Mgr Dupanloup juge indécente. Car l’Église monte la garde sur ce qu’elle perçoit comme un empiètement dans son domaine réservé, les mœurs, la morale. Une menace laïque où elle flaire l’influence des protestants et des libres-penseurs. Elle n’a pas totalement tort. La lecture est un choix démocratique. Il s’agit d’armer les citoyens pour l’exercice éclairé du suffrage universel, de faire du Peuple un acteur conscient de la Cité, bientôt de la République. La lecture est 1 e  Pascale Marie, « La bibliothèque des amis de l’instruction du III arrondisse-ment. Un temple, quartier du Temple », in Pierre Nora (dir.),Les lieux de mémoire. I, La République, Paris, Gallimard, 1984, 323-351.
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