Gestes sociaux à l école
247 pages
Français

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Gestes sociaux à l'école , livre ebook

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Description

Quelles sont les caractéristiques des comportements entre élèves dans la cour ? Qu'est ce qui les influence ? Ce livre répond à ces questions et ouvre des perspectives fondamentales sur l'analyse des gestes et des relations, y compris adultes. Si la violence scolaire est souvent médiatisée, qu'en est-il de l'amitié et de l'amour ? Quels gestes les renforcent ? La densité des élèves dans la cour de récréation a-t-elle toujours des effets négatifs ? Existe-t-il un échange implicite entre élèves et professeurs ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 226
EAN13 9782296937062
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gestes sociaux à l’école
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13218-4
EAN : 9782296132184

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Paul Ralle


Gestes sociaux à l’école


L’H ARMATTAN
REMERCIEMENTS

En ce moment de reconnaissance, me revient le souvenir d’Amélie, élève de CE2 à l’école Duchêne, touchée par les remerciements de ses camarades reçus en « échange » de ses bonbons et de son savoir.
Toute ma gratitude pour m’avoir aidé à la réalisation de ce livre, par leur contribution et leur patience, à mon épouse Emmanuelle, à nos enfants Jeanne, Elise, Titouan, et à tous les élèves rencontrés sur le terrain.
Je sais gré à Françoise Reumaux de son aide, de son allant et de son soutien, dont la constance dépasse celle du jardinier.
Merci beaucoup à Simone et Roger Ralle et à Sabine Malherbe pour leur lecture assidue ; à Louis-Henry de La Roussière, Sébastien Duchemin, Madame Kueneman, Sylvestre Mace, Guillaume, Hakima, Jean-François, Nathalie, Paulette et Sergi Montémont, Véronique Mouchel, Philippe Moulanier, François Ouhoud-Renoux, Annette, Brigitte, Christophe, Laurine, Pierre et Yohann Ralle et Marie-Paule Thueux, pour leurs apports culturels ; à Janine et Henri Bonatout pour leur regard de spectateurs reconnaissants de ce travail depuis 1991 ainsi qu’aux parents d’élèves et à toutes les personnes œuvrant dans les écoles, qui ont facilité la recherche.
Introduction
Ce livre est le résultat d’une quinzaine d’années de recherche en sociologie {1} {2} concernant les gestes au sein des groupes. Les observations quotidiennes se sont déroulées dans quarante-cinq établissements scolaires {3} .
A l’école, la cour de récréation est un endroit particulièrement intéressant pour le sociologue car les relations et les libertés enfantines y sont nombreuses. Par exemple, pour la première fois depuis leur naissance, les enfants peuvent échanger et donner des objets personnels. Les adultes contrôlent généralement moins ces possibilités que dans les familles ou dans les crèches. Et même lorsque les interdictions enseignantes sont strictes et effectives, des élèves arrivent-ils encore à échanger en cachette. Pendant ces moments, l’enfant devient plus autonome par rapport aux « grandes personnes », il se tourne davantage vers le groupe.
D’une manière générale, quelles sont les caractéristiques des comportements entre élèves dans la cour ? Qu’est-ce qui les influence ? L’un des principaux constats est celui de la rareté des saluts entre les plus jeunes. Afin de comprendre ce phénomène et l’ensemble des situations, j’ai intensifié la méthode ce qui a facilité la découverte de répétitions sociologiques. Celles-ci sont présentées au fur et à mesure des chapitres, suivant leur ordre de repérage sur le terrain, c’est-à-dire de la plus simple à la « un peu plus complexe à recueillir » :
• Les habitudes d’arrivées, de gestes qui rassemblent – reliants – et qui séparent – déliants – (chapitre I et II). Elles sont discernées grâce aux observations systématiques.
• Les systèmes d’emplacements et de déplacements (chapitre III). Ils sont affinés quotidiennement à travers les plans.
• Les habitudes de taille de groupe et de positionnements corporels en leur sein (chapitre IV). Elles sont précisées par des calculs de densité et des notations de structures de corps.
• Les opinions identiques concernant les choix de « copains » (chapitre V). Elles sont recueillies à partir de questionnaires sociométriques.
Comment ces habitudes s’installent-elles ? En ce qui concerne les reliances (légères tapes sur l’épaule, enlacements, baisers…) et les déliances (coups violents, insultes, rejets de la main…), leur ancrage est lié au développement de « minicultures ». Les répétitions d’actions puis de relations permettent aux enfants de s’approprier leur environnement dont font partie leurs camarades {4} et les médias. Par exemple pendant les « duels théâtralisés », les joueurs associent des emprunts médiatiques à des actes réfléchis, y compris des « gestes déliants joués » : projeter de la glace, expirer des gaz brûlants, couper avec des sabres- lasers. Les comportements et les noms, réappropriés et répétés, deviennent attendus, ils rassurent et constituent des valeurs communes.
De même pendant les récréations, les élèves se situent régulièrement les uns par rapport aux autres, ils sont spectateurs, acteurs, « spectateurs-acteurs », parfois trop sollicités et parfois pas assez, selon leurs propres avis. Le moindre geste, tel un simple regard, peut avoir de lourdes conséquences. Les actes se répondent de façon continuelle. Ils participent à un échange de reconnaissance ; il en va de façon similaire par rapport aux professeurs dans la classe et même entre enseignants lors de stages.
Avec l’âge, les questions affectives et intellectuelles prennent de l’ampleur. Dans la cour, le regard des copains devient plus important et les discussions s’intensifient. Le rapport au groupe évolue ; à quel point ? Du reste est-il toujours bénéfique pour l’individu ? Les réponses à ces questions amènent à une redéfinition du « geste » qui inclue le contexte et la référence aux autres (chapitre V).
L’analyse des facteurs tels que l’origine sociale, le sexe, l’âge, la « beauté », etc., précise ces influences. Le sexe et surtout l’âge ont leur importance. Toutefois les exceptions et les minorités ne sont-elles pas essentielles, ne serait-ce qu’en enrichissant les expériences ? (chapitre VI)
L’étude de l’intégration dans les groupes (passages) et des changements d’habitudes complète cette recherche vers le plus complexe qui aboutit à la synthèse sociologique. Dans tous les cas, un élément apparaît régulièrement : il s’agit de la reconnaissance. Parmi les enfants, elle semble plus fondamentale que le pouvoir, y compris en ce qui concerne d’éventuels « leaders ».
Chaque contact apporte une « reconnaissance existentielle ». Or dans la cour, les enfants multiplient celle-ci. Cependant, de moins en moins au fur et à mesure du temps : les relations deviennent davantage calculées et les « passages » institués. Dans ce cas, à long terme, quelles conséquences peuvent entraîner un manque d’une telle reconnaissance (chapitre VII) ?
Chapitre I Arrivées et reliance
1.1 Modèle d’arrivées dans les écoles
Sur l’ensemble de la quarantaine d’écoles, plus des deux tiers des élèves arrivent quotidiennement aux mêmes horaires. Certains partent seuls de chez eux ; ils retrouvent ou non des camarades sur le chemin. D’autres, accompagnés d’un adulte, peuvent rester isolés un instant une fois qu’ils sont entrés dans la cour. Ils regardent alentour ne cherchant pas forcément à engager des interactions. Il existe alors un caractère passif entre l’individu et l’entourage, comme l’a souligné Goffman {5} .
Toutefois tôt ou tard, chacun rejoint un groupe de copains. Plus des trois quarts des « petits groupes » ainsi constitués sont réguliers, je les ai appelés des « minigroupes » afin de les distinguer de groupuscules plus circonstanciels.
Dans la majorité des cas, un enchaînement d’activités se répète : les enfants regardent la cour (seuls ou à plusieurs), posent leur cartable et/ou discutent avec des camarades, puis se rendent sur un lieu d’activité où ils se positionnent, jouent, parlent, etc. Là ils se resserrent pour discuter . Ce processus d’arrivée – 1 regarder, 2 poser son cartable et/ou parler avec des camarades, 3 se déplacer, 4 se structurer autour d’une activité, puis se resserrer pour parler - se reproduit à chaque arrivée le matin (exemple sur les photographies ci-dessous {6} ). Il varie en fonction de quatre facteurs.



1 : REGARDER (seul ou à plusieurs) 5/10/06, une amie au loin est montrée du doigt. Le pointage de la main demeure cependant plus rare que le simple regard.



2 : PARLER avec et/ou poser le cartable. Une discussion peut se dérouler avant de se déplacer ; ici, avant de rejoindre l’amie.



3 : S

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