La lecture à portée de main
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Publié par | philosophie-pratique |
Publié le | 30 août 2011 |
Nombre de lectures | 17 |
Langue | Français |
Extrait
[...] Socrate: Cette ligne, les sophistes l'appellent diagonale. Si tel est son nom, c'est sur la diagonale, que selon toi, esclave de Ménon, se construit l'espace double.
L'esclave: C'est bien cela, Socrate.
Socrate : Que t'en semble, Ménon ? Y a-t-il dans les réponses de ce garçon une seule opinion qui ne soit pas de lui ? Ménon : Non, elles sont toutes de lui. Socrate : Et cependant il ne savait pas, nous l'avons reconnu il n'y a qu'un instant.
Ménon : C'est vrai. Socrate : Ces opinions se trouvaient donc en lui, n'est-ce pas ? Ménon : Oui. Socrate : Ainsi donc celui qui ignore une chose, quelle qu'elle soit, a en lui des opinions vraies sur la chose qu'il ignore ? Ménon : Apparemment. Socrate : C'est ainsi que, chez cet esclave, ces opinions viennent de surgir comme en songe. Mais si on l'interrogeait souvent et de diverses manières sur les mêmes sujets, sois sûr qu'à la fin il en aurait une connaissance aussi exacte que personne au monde. Ménon : C'est probable.
Socrate : Il saura donc ainsi sans aucun maître, par de simple interrogations, ayant repris en lui-même sa science ? Ménon : Oui. Socrate : Mais reprendre tout seul en soi-même une science, n'est-ce pas se ressouvenir ? Ménon : Certainement. Socrate : Et cette science qu'il a maintenant, ne fautil pas qu'il l'ait reçue à un certain moment, ou qu'il l'ait toujours eue ? Ménon : Si.
Socrate : Or, s'il l'a toujours eue, il s'ensuit qu'il a toujours été savant ; si au contraire il l'a reçue à un moment donné, ce n'est assurément pas dans la vie présente qu'il a pu la recevoir. Ou bien aurait-il eu un maître de géométrie ? Car ce qu'il vient de faire, il le fera sur toute la géométrie, et sur toutes les autres sciences sans exception. Y a-t-il donc quelqu'un qui lui ait tout enseigné ? Tu dois sans doute bien le savoir, d'autant plus qu'il est né et qu'il a été élevé dans ta maison.
Ménon : Je suis bien certain qu'il n'a jamais eu de maître. [...] Socrate : Or, s'il ne les a pas reçues dans la vie présente, n'est-il pas dès lors évident qu'il les a eues et qu'il les a apprises dans un autre temps ? [...]