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N'Koulou est de la race des grands Surclassé. De mémoire de proches, Nicolas N'Koulou a toujours été surclassé. A onze ans, alors qu'il se contente de frapper les balles en mousse dans les rues de Douala, il l'est déjà quand il est accepté à la Kadji Sport Academie de la ville dont les règlements sont pourtant formels : pas de pensionnaires avant 13 ans ! Surclassé, il l'est encore quand Philippe Thys, le recruteur de l'AS Monaco, le fait venir en Principauté alors qu'il n'a pas encore 17 ans et qu'il laisse derrière lui une vie qu'il sait révolue, des amis qu'il ne reverra plus, un pays qui lui manque d'abord énormément. Surclassé, il l'est encore lorsqu'il signe son premier contrat pro, en 2008 quand bien même il n'a encore jamais été aligné ailleurs qu'avec les U18 du club monégasque. Comme un sésame vers la liberté et le grand large, ce contrat de trois ans le libère complètement et transforme le jeune garçon timide qui a beaucoup de mal à se passer de la présence de sa mère, Yvette, en compétiteur hors pair qui ne fait pas de vieux os avec les juniors du club pour débouler en CFA. Nous sommes en septembre 2007, et Ricardo, le technicien brésilien de l'ASM, sait de quoi il parle quand il évoque l'avenir de Nicolas N'Koulou, comme lui défenseur central de formation : "Il possède déjà tout ce qu'un grand défenseur doit avoir : puissance, vitesse, adresse, anticipation.

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Publié le 19 décembre 2012
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Langue Français

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N'Koulou est de la race des grands

Surclassé. De mémoire de proches, Nicolas N'Koulou a toujours été surclassé. A onze ans, alors qu'il se contente de frapper les balles en mousse dans les rues de Douala, il l'est déjà quand il est accepté à la Kadji Sport Academie de la ville dont les règlements sont pourtant formels : pas de pensionnaires avant 13 ans ! Surclassé, il l'est encore quand Philippe Thys, le recruteur de l'AS Monaco, le fait venir en Principauté alors qu'il n'a pas encore 17 ans et qu'il laisse derrière lui une vie qu'il sait révolue, des amis qu'il ne reverra plus, un pays qui lui manque d'abord énormément. Surclassé, il l'est encore lorsqu'il signe son premier contrat pro, en 2008 quand bien même il n'a encore jamais été aligné ailleurs qu'avec les U18 du club monégasque. Comme un sésame vers la liberté et le grand large, ce contrat de trois ans le libère complètement et transforme le jeune garçon timide qui a beaucoup de mal à se passer de la présence de sa mère, Yvette, en compétiteur hors pair qui ne fait pas de vieux os avec les juniors du club pour débouler en CFA. Nous sommes en septembre 2007, et Ricardo, le technicien brésilien de l'ASM, sait de quoi il parle quand il évoque l'avenir de Nicolas N'Koulou, comme lui défenseur central de formation : "Il possède déjà tout ce qu'un grand défenseur doit avoir : puissance, vitesse, adresse, anticipation."

Quelques matches de CFA suffisent pour mettre Nicolas sur orbite et le faire débuter à Louis II en Ligue 1, le 13 septembre 2008, face à Lorient (2-0). Ce jour là, ironie du sort, latéral, il croise sur son couloir droit un certain André Ayew, alors prêté par l'OM chez les Merlus. Et n'en fait qu'une bouchée... avant d'être remplacé à l'heure de jeu juste avant le Ghanéen, écoeuré par la vista du jeune inconnu. Une semaine après, le 21 septembre, c'est encore un clin d'oeil de l'histoire qui l'envoie au Vélodrome y défier l'OM et ramener un nul (0-0) pour lequel il aura grandement oeuvré. Toujours à droite, c'est cette fois Bakary Koné qui demandera à sortir, étouffé par l'envergure du Camerounais. José Anigo, le directeur sportif de l'OM raconte que c'est ce jour là que N'Koulou s'est rapproché de Marseille : "Oui, personne ne le connaissait encore, mais il avait marqué les esprits. Gerets m'avait demandé des renseignements sur lui. Je ne l'avais plus lâché jusqu'à ce qu'il signe chez nous en 2011."

A MONACO, L'ERREUR DE LACOMBE, LA CHANCE DE L'OM...

Dans l'élan de ces débuts tonitruants, N'Koulou ne quittera plus cette Ligue 1 et ne cessera de gagner en assurance au point d'évoluer aussi au milieu de terrain. Pour les besoins d'une équipe en plein doute, Guy Lacombe le fera monter d'un cran : "Je l'associais à Diego Perez et ils formaient un duo de haut niveau car Nicolas est un joueur intelligent qui a un gros potentiel dans la construction et la compréhension du jeu." En moins de six mois, et à moins de 18 ans, il a déjà été utilisé à trois postes différents. Son adaptation aux exigences du haut niveau impressionne tout le monde en Principauté. 24 matches la première année, 24 la seconde... la machine est lancée, mais elle se grippera en même temps qu'un collectif en pleine déliquescence qui va droit dans le mur de la Ligue 2. De cette période difficile, Guy Lacombe concède avoir fait une erreur avec son jeune joueur. "J'ai fait une faute avec lui" nous dit-il avec beaucoup d'honnêteté et de sensibilité. Pensant lui rendre service en l'écartant de l'équipe, pour le titiller et l'amener à réagir, alors qu'il était moins performant, Lacombe n'allait faire que l'enfoncer encore davantage. Le technicien monégasque qui allait être débarqué en janvier 2011 ne savait pas qu'en privé, Nicolas vivait un drame. Le décès de sa maman, Yvette, qui l'accompagnait et vivait avec lui dans un appartement depuis le début l'avait secrètement anéanti.

La sachant gravement malade depuis l'Afrique du Sud où il disputait sa première Coupe du monde avec le Cameroun, Nicolas n'était déjà plus lui-même avec les Lions. Son décès à son retour en France, conjugué à des mauvais résultats, allait le mettre en difficulté face à un groupe et un staff qui ignoraient tout ou presque. "Nous ne savions pas que sa maman était malade, concède aujourd'hui Lacombe. Nicolas était quelqu'un de très secret et nous n'avons su qu'après coup qu'il avait perdu sa mère. J'en veux à l'entourage du joueur, à son agent notamment, de ne pas nous avoir communiqué ces éléments qui peuvent évidemment expliquer sa baisse de régime." S'il avait su, Lacombe s'y serait pris autrement avec son joueur. "Je l'aurais protégé davantage." Pourtant, au final, le joueur sortira encore plus fort de cet épisode qui le fera mûrir plus vite, au point d'endosser le capitanat (à 20 ans) lorsque Ruffier est absent. Banide ne parvenant pas à sauver Monaco de la descente, il sera un des seuls sujets autour duquel Deschamps et Anigo ne se disputeront pas. N'Koulou à l'OM, une évidence ? "C'est facile de dire aujourd'hui qu'il était fait pour l'OM, précise Anigo. Encore fallait-il qu'il digère la mauvaise saison monégasque et s'adapte à notre contexte si particulier. A 20 ans, on ne savait pas comment il allait réagir." "Je connaissais son potentiel, depuis qu'il nous a rejoint il a su être patient, rigoureux et travailleur pour s'imposer" poursuit Deschamps. Mis en concurrence avec le duo Diawara-Mbia, charnière centrale des champions de France en titre, N'Koulou ne se démontera jamais et profitera en toute discrétion et avec toute la sérénité qui le caractérise des circonstances pour s'imposer au coeur de la meilleure défense de France.

"Il a su profiter des aléas et je suis content pour lui, se félicite Lacombe. Je le pensais davantage fait pour être milieu de terrain, mais il faut reconnaître que sa solidité mentale lui sert beaucoup dans l'axe défensif." Spécialiste ès défenseur central, l'ancien olympien Marius Trésor complète le portrait d'un phénomène qui n'a pas fini de nous étonner : "Il a de belles qualités et a démontré une sérénité étonnante pour son jeune âge. Je sais que Deschamps comptait surtout sur lui au milieu car il avait déjà sa charnière Mbia-Diawara. Mais le gamin a su faire preuve d'une énorme présence au point de devenir incontournable. Et il n'a que 22 ans..."

"UN DÉFENSEUR ÉNORME"

Et déjà plus d'une centaine de matches de Ligue 1 derrière lui, dix de Ligue des Champions, une quarantaine de sélections avec le Cameroun dont les J-O de 2008, la Coupe du Monde et la CAN de 2010 et toujours cette impression un peu désarmante que rien ne peut l'atteindre, que tout est sous contrôle. Pourtant, au-delà des vicissitudes de son parcours personnel, il concède avoir souffert la saison dernière. "C'est vrai, je ne m'attendais pas à vivre des moments aussi difficiles. Parce que quand on vient à l'OM, c'est pour gagner, remporter des titres. Mais ça fait partie de l'apprentissage et je suis sorti grandi et endurci de toutes ces épreuves." Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Nicolas N'Koulou aura 23 ans le 27 mars prochain et il est déjà très fort. "On parle souvent des grands défenseurs internationaux, mais dans notre Ligue 1, il fait partie des tout meilleurs, précise Elie Baup à propos de son joueur. Il a des relances de qualité, une bonne lecture du jeu avec beaucoup d'anticipation et cette qualité de toujours défendre debout avec un bon timing d'intervention." Capitaine des Lions du Cameroun, vice-capitaine de l'OM, régulier sur le terrain et d'humeur égale dans la vie, Nicolas N'Koulou est encore surclassé par un coach qui se surprendrait presque à constater "qu'il n'a en fait que des qualités. C'est un défenseur énorme !" Un joueur sur lequel rien ne semble avoir de prise, ni les baisses de forme de ses coéquipiers, ni les mauvais résultats de son équipe. Aussi convainquant aujourd'hui au coeur d'un OM redevenu conquérant qu'hier dans la tourmente d'une équipe qui n'en finissait pas de ne pas gagner, N'Koulou a cette qualité rare que Baup a mieux cerné depuis son arrivée à la Commanderie : "Quel que soit son partenaire, il ne change pas le niveau de ses performances". "Il a un grand avenir devant lui" nous disait Arsène Wenger après l'OM-Arsenal en Ligue des Champions la saison dernière. En langage "Arsènien" cela signifie que le manager des Gunners fera tout, dès que possible, pour remplacer son géant allemand aussi lent que maladroit, Mertesacker, par le jeune défenseur marseillais. Acheté à Monaco 3,5 millions d'euros en 2010, il lui en coûtera sûrement au moins le double, peut-être le triple s'il attend trop. Parce qu'il vient de loin et qu'il peut aller très haut, le temps joue pour le Lion Indomptable. Il n'y a donc pas qu'Anigo et Deschamps qui le pensent : Nicolas N'Koulou est de la race des grands.

L'info en plus

Outre le Milan AC, un autre grand d'Europe, le Real Madrid, suit de près les performances du Camerounais et aurait en tête de recruter cet été le Marseillais en cas de départ (probable) de Sergio Ramos.

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