Radio Mango
165 pages
Français
165 pages
Français

Description

Pendant toute une décennie, de 1982 à 1992, Radio Mango, sur Tropic FM, a combattu à la fois les stéréotypes habituels de la société d'accueil sur les Antilles mais aussi les tentations doudouistes et assimilationnistes de certains acteurs de l'époque, en proposant une culture de l'excellence mise à portée de tous les auditeurs. Cet ouvrage permet de visiter l'histoire culturelle des migrants antillais à travers une des ses radios.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 318
EAN13 9782296450578
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Radio Mango
Histoire d’une radio libre antillaise en région parisienne
1982-1992
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13794-3 EAN : 9782296137943
Aude Désiré
Radio Mango
Histoire d’une radio libre antillaise en région parisienne
1982-1992
L’Harmattan
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Radio Mango : Histoire d’une radio libre antillaise en région parisienne, 1982-1992
Remerciements
Outre les séminaires, les colloques, ma réflexion intellectuelle s’est enrichie des nombreuses lectures. Il aura fallu un véritable travail de fourmi-manioc, c’est-à-dire à la fois tenace et persévérant pour mener à terme ce projet ! A l’EHESS, j’ai bénéficié des premiers séminaires initiés par les profes-seurs Myriam Cottias et Jean Hébrard sur l’«Enseignement de l’his-toire du fait colonial et postcolonial» en particulier aux Antilles et au Brésil. J’ai suivi également avec intérêt d’autres historiens. Aussi, je souhaite faire part de mon sentiment de gratitude et je vou-drais adresser de vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué à ali-menter mes interrogations, attiser ma curiosité, et ont soutenu ce projet d’étude. Professeure Myriam Cottias pour les encouragements pour mes travaux sur «enseigner l’histoire de la traite négrière et l’esclavage colonial» présentés lors des trois jours de séminaire international sur « les traites négrières ». Puis le crédit apporté à la problématique de mon sujet. Elle, qui a animé quelques émissions historiques de Radio Mango, intitulées «istwè moun péyi-a ou l’histoire des sociétés Guadeloupéenne et Martiniquaise», posant ainsi la place de l’historien-citoyen dans les médias. Professeur Jean Hébrard connu de tous les professeurs-documentalistes pour ses travaux antérieurs sur la lecture, et ses travaux en cours sur des trajectoires d’esclaves. Pendant deux années, j’ai suivi des séminaires intitulés «Histoire du fait colonial» et «Histoire sociale et culturelle des esclaves (Brésil, Caraïbe)», démarche qui m’a permis d’approfon-dir cette réflexion sur le rôle joué par cette radio tant sur le plan social que culturel. Professeur Pap Ndiaye, qui a accepté de jeter un regard critique et a su me remotiver pour donner un sens à ce travail multiforme, qui a eu du mal à s’organiser. Chacun de ses séminaires sur «Histoire des minori-tés aux Etats-Unis : débats historiographiques et controverses politi-ques», m’a permis d’interroger à nouveau mon sujet, de revoir avec précision l’élaboration des questions. Par ailleurs, ses travaux sur «La condition noire. Essai sur une minorité française» m’ont ouvert des pistes de recherche qui pourraient s’inscrire dans des sortes de «Black studiesgrille de lecture inestimable pour étudier Radio» à la française, Mango.
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Radio Mango : Histoire d’une radio libre antillaise en région parisienne, 1982-1992
Professeure Emmanuelle Saada pour l’attention qu’elle porte aux tra-vaux des étudiants, la rigueur de ses séminaires sur «Sociologie du fait post-colonial» et «Sources, méthodes, expériences en histoire du fait colonial». Ses conseils de lecture notamment sur l’étude d’un corpus de courrier ont été très profitables. Professeur Serge Mam-Lam-Fouck, un ami de toujours, attentif et rigoureux, véritable «modèle positif» pour les apprentis-historiens, qui grâce à ses conseils de lecture m’a permis de franchir des obstacles de méthodologie… A toute l’équipe des acteurs-fondamentaux de Radio Mango, bâtisseurs d’une histoire transterritorialisée. En particulier les deuxpoto-mitan si différents et pourtant complémentaires que sont Daniel Boukman et Louis Xavier si professionnels pour une radio d’amateurs ! Leur immense générosité militante, leur sincère engagement ont permis d’ex-périmenter une radio de qualité avant-gardiste sur bien des sujets contemporains. Je n’oublie pas également toute l’équipe-moteur et dynamique, qui a su mettre en pratique un parcours de réussite au «retour au pays-Martinique », Jano, Alain, Clotilde, Suzanne… Aux amis de Radio Mango, Marguerite Langiert, journaliste et respon-sable ANT, à Alain Louis-Gustave, cardiologue, président du Collectif de défense du Graden Tropic FM-Martinique et Louis Xavier pour leurs relectures exigeantes et sans complaisance. Christine Barboza qui a soutenu ce projet de publication en réalisant elle-même toute la maquette du livre… Sans oublier ma «sympathique tribu, mes deux doudou» Awara et Raymond qui ont supporté avec amour et indulgence mon stress et manque de disponibilité. Ils ont su mobiliser toute l’énergie nécessaire pour ne jamais me laisser en proie au découragement irréversible… Ce travail se veut une contribution à l’historicisation de l’organisation de la migration Antillo-Guyanaise dans l’espace médiatique. Comprendre cette volonté d’exister malgré ses ratures, oublis volontaires ou involon-taires dans ce «vouloir» d’une histoire considérée comme production intellectuelle dans le champ des réflexions en sciences sociales.
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Radio Mango
Introduction
Aujourd’hui, en 2009, lorsqu’on parle des «radios libres des années 80», la mémoire collective en France, connaît NRJ, Fun radio, Sky Rock, mais qui se souvient de Radio Mango ? Que peut-on savoir de cette Radio ? Média de proximité par excellence, quelle était son audience, comment l’évaluer, avec quels outils fiables ? Qui, quel milieu, s’intéressait à cette Radio ? Etait-ce la seule radio antillaise de la région parisienne ? Quelles étaient les similitudes et les différences avec les autres radios libres, en général ? Les productions radiophoniques de Radio Mango, qu’ont-elles apporté, en termes d’images et de représentations des Antillais-Guyanais et Réunionnais dans le « paysage audiovisuel français » ? 1 Le journaliste Maurice Lemoine , résumait la complexité de la situation : «Imaginez un peu. Naître aux Caraïbes, d’ancêtres africains. De nationalité française, parler créole et vivre dans une colonie baptisée département. Avoir la peau noire et apprendre à l’école que nos ancê-tres les Gaulois… Ce n’est pas tous les jours faciles d’être antillais. Qui sommes-nous vraiment, s’interrogent avec angoisse Martiniquais et Guadeloupéens ? Français, Antillais, Français-Antillais, Antillais-Français ? Qui sommes-nous vraiment et surtout où allons-nous ?»
A bien des égards la migration antillaise était comparable à celle de populations immigrées. L’histoire de Radio Mango, de 1982 à 1992, n’était-elle pas située à une période charnière où la présence massive de ces ex-colonisés se fait «durable». Une migration Antillaise mas-sive qui depuis, vit entre nomadisme et sédentarité. Ils n’étaient plus seulement «de passage». Que disaient-ils lorsqu’ils décidaient de s’emparer du socioculturel, du politique dans l’espace radiophonique, sur le sol métropolitain ? Disposions-nous d’outils statistiques pour évaluer cette population « outre-mer » ? De quelles sources émanaient-elles ? Qu’apprenait-on grâce aux émissions radiophoniques sur les Antillais, des années 80 dans la migration à Paris, à Londres, sur le continent africain ? Telles sont les questions qui seront traitées dans ce Master 2 Recherche, «Radio Mango : histoire d’une radio libre antillaise en région pari-sienne, 1982-1992».
1 Lemoine, Maurice,Leurs ancêtres les Gaulois…Le mal antillais, éditions Jean-e Claude Simoën, 4 de couverture
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Radio Mango : Histoire d’une radio libre antillaise en région parisienne, 1982-1992
Mots-clés :histoire culturelle, radios libres, migration en France, inté-gration, insertion, assimilation.
Actualité du sujet
Quelle pourrait être l’actualité de cette radio antillaise Radio Mango sur Tropic FM alors qu’elle n’existe plus ? L’actualité de ce sujet pour-rait se résumer en trois domaines : la pensée intellectuelle Antillaise, héritière à la fois de Césaire et de Glissant, les sociétés postcoloniales, les discriminations dans la société et le concept de diversité. La première actualité touche le monde intellectuel. Radio Mango a contribué à la diffusion des pensées intellectuelles des personnalités artistiques et politiques, pensées qui ne s’exprimaient pas dans le pay-sage audiovisuel de cette époque, pourtant riche de rubriques littérai-res. Cette radio a revendiqué la «spécificité» d’une pensée antillaise. L’histoire qu’on croyait enfouie s’est invitée dans l’actualité Métropolitaine en 2008 et 2009. 2008 a été marqué par Aimé Césaire dont la mort en a fait un person-nage familier de la société française, si on se réfère, désormais, aux 2 nombreux lieux qui vont se dénommer Aimé Césaire en France. L’année 2009 a démarré avec une grève dite générale en Guadeloupe et en Martinique, où l’histoire d’une économie de l’exclusif, des inégali-tés sociales et ethniques étaient mises au grand jour. La deuxième actualité concerne le débat suscité par l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui imposait aux auteurs des manuels scolaires de mentionner «le caractère positif de la présence française outre-mer», en résumé, les bienfaits de la colonisation. « Colonisation », sujet que Radio Mango aura questionné à travers sa grille d’émissions sous différents aspects. La troisième actualité est liée aux questions de discriminations telles qu’ils se posent aujourd’hui dans la société française, au moment où émerge un discours de la reconnaissance de la notion de diversité. «Le normal pour un Antillais est un monde multiracial, c’est l’inverse de
2 Aimé Fernand David Césaire, mort à 95 ans, 26 juin 1913-17 avril 2008, homme poli-tique (député de 1945-1993, maire de Fort-de-France de 1945 à 2001) et poète de langue française, un des trois inspirateurs du mouvement littéraire de la négritude, auteur engagé : «Cahier d’un retour au pays natal» en 1939, «Discours sur le colo-nialisme» en 1950…
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