Réflexion sur le nom, véhicule de communication
176 pages
Français

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Réflexion sur le nom, véhicule de communication , livre ebook

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Français

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Description

L'auteur nous conduit ici dans une redécouverte du Nom, sur le terrain de la communication et de la théologie. De la culture traditionnelle africaine jusqu'à l'écran des ordinateurs et des tablettes, en passant par l'histoire de l'Eglise, il dévoile les multiples fonctions du Nom dans la transmission des valeurs humaines et des liens sociaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336382647
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Dominique YANOGO










Réflexion sur le nom, véhicule de communication

Ce miroir qui parle
Copyright

Du même auteur

– L’ère de la communication au Burkina Faso : la pastorale interpellée, CONSEP, 2008.

– Talitha koum ! Notre cri, l’Harmattan, Paris 2015.
















© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73275-6

Dédicace


Dédicace
À nos parents invisibles à nos yeux

KAFANDO Élisabeth et YANOGO François

qui nous ont transmis

l’être, l’être-ensemble, l’être-avec et l’être-à-même de répondre à son nom
Avant-propos Le Nom sur mon chemin
Je peux le dire sans effet de style, c’est dès le cordon ombilical que j’ai été saisi par le mystère du Nom. Je l’ai su le jour où j’ai cherché à comprendre auprès de ma mère, pourquoi mon acte de naissance dit que je suis « né à Kourit-tênga, Kadiogo, Ouagadougou », alors qu’il n’y a pas de maternité dans ce village, et que notre famille n’y habite d’ailleurs plus ! Elle me renvoya chez mon père, car, dit-elle, c’est lui qui avait fait les papiers ! Mon père me dit alors ceci, avec un petit sourire au coin de la bouche : « Tu es fils de Kourit-tênga ! Tu es prince ! On ne peut pas écrire autre chose que ce que tu es ! »

Ainsi donc, c’était ma lignée qui devait m’identifier ! Né hors du village de mes ancêtres, je devais être reconnu et appelé par mon titre de « fils de » et non de « né à » ! Mon père m’enseigna ce jour-là quelque chose de grand qui allait guider mon attention à la valeur du Nom.

Plus tard, au séminaire de Pabré, lorsque certains camarades témoignaient des oppositions familiales à leur projet de devenir prêtres, j’étais quelque peu frustré de n’avoir rien à raconter. Je m’approchai encore de mon père pour savoir si oui ou non il était pour que je devienne prêtre, avec le secret espoir qu’il me dise une petite réticence que je pourrais évoquer moi-aussi ! Sa réponse ? « Wênd yam ! » (Ce que Dieu voudra !) « Si je ne le veux pas et que Lui le veut, tu seras prêtre ! Si je le veux et que Lui ne le veut pas, tu ne seras pas prêtre. » Un deuxième nom venait de mettre donné : « Wênd yam, la volonté de Dieu ». Ma signature devint alors pour les articles que je rédigeais, « Domini voluntas », « Wênd yam » en version latine à partir du prénom de mon Saint Patron, célébré alors le 4 août, jour de ma naissance.

Comme un fil conducteur qui rassure dans la nuit, le Nom m’aidait à comprendre un tant soit peu certaines relations humaines, des conflits, des préjugés, des prétentions comme des déceptions qui se présentaient sur mon chemin.

Je me souviens de certaines incompréhensions sociales inutilement aggravées par la non-prise en compte de la signification du Nom. C’est ainsi qu’un quartier de Ouagadougou a été identifié par l’expression « Cissin-Bilbaolgo ». En Français, le rapprochement des deux termes permet de distinguer le « Bilbaolgo » au centre-ville, de ce « Bilbaolgo » du côté du quartier « Cissin. »

Malheureusement, en Mooré, « Cissin-Bilbaolgo » introduit une hiérarchie qui fait de « Cissin » le grand ensemble dont dépend « Bilbaolgo ». Ceci était inacceptable pour les habitants qui viennent du grand Bilbaolgo, quartier du Baloum Naaba, ministre du Mogho Naaba, Empereur des Mossis !

Le Nom est donc, un élément culturel qui véhicule des valeurs et dit des liens. La langue dans laquelle il est dit comporte des nuances de communication qu’il ne faut pas ignorer. Prenons un cas : En Mooré on dit « a Zâ pugla » qui se traduit par « le chapeau de Jean » : « Jean » vient avant « chapeau ». Si en Français « Tanghin-Dassouri » se dit pour traduire « Dassour-Tanghin », cela est donc inexact. En Mooré on dit toujours « je vais à Dassouri » ! Chaque localité ayant son « Tanghin » (colline) c’est cette dernière qui doit être localisée. Ailleurs on trouvera plus justement dit, « Giloung-Tangh-Zougou » (sur la colline de Giloungou). La hiérarchie est clairement établie : la localité est située et les démembrements suivent : « Giloung-Naamyiri », « Giloung-Yonyongo », et même « Giloung-Saint Paul. »

J’ai voulu savoir plus sur le Nom et j’en fis le sujet de mon mémoire en théologie, après une immersion au sud du Burkina Faso en 1980, dans un contexte culturel encore riche des valeurs traditionnelles des Mossis. « Le Nom et la Vie » est le titre de ce travail.

À mon ordination sacerdotale, le Nom était encore au rendez-vous, incontournable, comme quand on devenait Religieux dans le passé, j’ai choisi un nom pour cette nouvelle étape de ma vie :
« Pondr yeel ti d belem bulga, la d bas ko zoètga », en abrégé « Belem bulga ». (Comme dit le crapaud, attache-toi à la source au lieu de te fier à l’eau qui coule.) Entre l’Éternel et le contingent, j’ai fait mon choix !

Un an plus tard, en 1984, pour marquer son désir de renaissance, mon pays est passé de Haute-Volta à Burkina Faso : j’ai connu et chanté le nom de notre « fière Volta » pendant 23 ans ; aujourd’hui, j’entonne « la patrie ou la mort » depuis 31 ans, toujours en Français, mais, à la gloire d’un pays nommé en Mooré et en Dioula.

Suite à ma nomination comme professeur permanent à l’université dans l’Institut de communication, j’ai la joie d’accompagner entre autres des prêtres qui se préparent à servir dans la Communication pastorale. À eux d’abord, j’ai pensé qu’il fallait offrir cette réflexion qui veut aller au-delà des techniques, des moyens et des instruments de l’information et de la communication : au bout, il y a l’homme, la société, la culture, les professionnels dont ils sont les pasteurs. « Le Nom et la Vie » sera une référence importante dans ce partage avec eux !

Pour atteindre le grand public, j’opte pour la publication de cette réflexion qui, je l’espère, sera le début d’une conversation autour du Nom, de son mystère et de ses fonctions multiples.

Le Nom dit plus que le mot qui le porte : il communique !

L’auteur
Introduction générale Le Nom…
Ce siècle aime les immatriculations, les diminutifs et les surnoms aussi bien pour les êtres que pour les choses. Nous vous invitons à travers ces lignes à aller plus loin pour redécouvrir la richesse du Nom. Le Nom ouvre sur les racines de la compréhension de l’être ou la chose qui le porte. Il est avant la puce électronique, le gardien secret de la communication, dans le monde traditionnel, et donc, au départ d’une bonne approche de l’ère de la communication qui nous porte.

« Ne serait-ce pas maintenant le temps de l’inculturation organisée de la communication pastorale ? On peut envisager d’introduire dans les instituts de formation des futurs ouvriers apostoliques, et dans nos instituts universitaires de communication catholiques, un enseignement sur les valeurs et les principes africains de la communication. Ce sera à coup sûr un apport appréciable et une recherche enrichissante. » 1 Cet appel des évêques d’Afrique et de Madagascar doit être entendu, et nous voulons y contribuer. L’exhortation Ecclesia in Africa cite ainsi « les chants et la musique, les mimes et le théâtre, les proverbes et les contes » (§ 123) dans la liste des formes traditionnelles de communication qui ne doivent pas être sous-estimées. Nous voulons étendre la citation jusqu’au Nom et en révéler l’importance communicationnelle, et aussi les implications pastorales.

La vie nous montre la grande richesse du nom et son importance depuis la soif de connaître le nom de quelqu’un à qui l’on veut s’attacher, jusqu’au pas symbolique d’engagement à une ordination diaconale posé « au nom de Dieu », en passant par tous les nombreux actes que le chrétien accomplit « au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Les amis du cinéma se souviennent de la grotte d’Ali Baba qui ne s’ouvre qu’à l’évocation de son nom « Sésame ». Dans le contexte traditionnel moaaga le risque qu’un esprit maléfique emporte le nom de quelqu’un et donc, sa vie est bien connu ; d’où l’interdiction de crier le nom de quelqu’un en plein midi, en brousse particulièrement… À l’analyse

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