Alain Juppé et le Rwanda
572 pages
Français

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Alain Juppé et le Rwanda , livre ebook

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Description

Ce livre est l'oeuvre d'un citoyen qui tente d'explorer l'action et la ligne de conduite du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, au Rwanda, d'avril 1993 à décembre 1994. Par rapport à François Mitterrand qui régnait depuis 13 ans sur la politique étrangère, et face à la complexité de la crise rwandaise, comment se situait-il ? A-t-il accordé à ces événements monstrueux l'importance et l'attention qu'ils méritaient ? Enfin, a-t-il fait preuve de discernement, vertu cardinale en politique ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 41
EAN13 9782336338101
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Du même auteur, aux éditions Syros :
avec José Sanchez, Angola : le prix de la liberté (1976).
Copyright
© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-68820-6
Titre
Collection « Penser le temps présent »
Cette collection a pour ambition de proposer au lecteur un ensemble de travaux – études et essais – portant sur les thèmes d’actualité ou aptes à éclairer les grands événements du temps présent.

Déjà parus

Pascal DA COSTA, États-Unis, Europe, Chine. Des États au cœur des crises financières et économiques mondiales , 2013.
Mustapha NASRAOUI, Le migrant clandestin, Le paradoxe de l’être et de la société , 2013.
Dédicace
Je dédie ce livre à la mémoire des membres de la grande famille de l’instituteur Ntege Thomas, père d’Adélaïde Mukantabana – survivante avec sa nièce, sa fille et ses deux garçons jumeaux– assassinés parce qu’ils étaient tutsi, et plus particulièrement à la mémoire de ses deux aînés, Blaise, surnommé Petit, Noël, surnommé Gacyende, de ses frères et sœurs : Jean de Dieu Rutagengwa et deux de ses enfants, Nadine et Lambert ; Jean Rudasingwa ; Antoine Ntabana ; Antoinette Giraneza ; Consolée Umunyurwa ; Concessa Niyonziza.
Et à toutes les autres familles, mortes au Rwanda, en 1994, à la suite du génocide des Tutsi, et laissées sans sépulture.
Enfin, je le dédie aussi à tous les rescapés qui sont souvent réduits au silence.
REMERCIEMENTS
Pour l’autorisation accordée à la reproduction de textes, de cartes, de témoignages : je remercie Linda Melvern, Phillip Green, Jacques Morel, Laure de Vulpian, Thierry Prungnaud, Vénuste Kayimahe, Immaculée Mpinganzima, Jean-Hervé Bradol ; et leurs maisons d’édition : Karthala, L’Esprit frappeur, Don Quichotte, éditions du Seuil, et la revue La Nuit rwandaise , enfin, le journal Le Monde .

Pour l’aide apportée à la réalisation de l’ouvrage, je tiens à remercier Emmanuel Cattier , Vénuste Kayimahe , Dominique Orgambide . Et je suis infiniment reconnaissant à Jacques Morel , Aymeric Givord , Adélaïde Mukantabana , Annie Doublier ; sans eux, je n’aurais pu mener à bien cette étude.
Citation
« La vérité est une marchandise défendue, à laquelle on ne permet pas d’accéder aux portes de la connaissance et du désenchantement, et c’est pourquoi elle a besoin de tant de masques pour trouver l’entrée de la raison. »

Balthasar Gracia’n (1610-1658) L’Homme de cour
(1637), éd. Champ libre, 1980
AVANT-PROPOS
Au début du vingtième siècle, la pensée antillaise exprimait sa foi en l’humanité dans un continent rêvé, l’Afrique. Après les siècles de la traite, après le siècle de l’occupation coloniale, « la négritude, dit Aimé Césaire 1 , se mit debout pour la première fois, et dit qu’elle croyait en son humanité ». Le poète Damas 2 lui répondit en écho :
« Va, mon nègre, courir à toute bride les espérances du monde. (…)
Pour que naisse la céréale dorée de l’humain. »

Et il chantait la revanche du nègre :
« La beauté est nègre
Et nègre la sagesse
La joie est nègre
La paix est nègre. »

Ils tournaient leurs espoirs vers le continent africain qui devait faire germer « la céréale dorée de l’humain ». Aimé Césaire, particulièrement, en rêvait dans Cahier d’un retour au pays natal :
« Préservez-moi de toute haine
Ne faites pas de moi un homme de haine
Pour qui je n’ai que haine. »

L’enchantement ne dura guère. Voici qu’à la fin du vingtième siècle, en 1994, un nazisme tropical (selon Jean-Pierre Chrétien) provoqua, dans la région des Grands Lacs, plus précisément au Rwanda, une haine exterminatrice d’une ampleur sans précédent : en cent jours, une faction, pour asseoir son pouvoir, tua un million d’êtres humains, innocents, sans défense. Désormais, il existe un génocide africain, commis par des Africains, qui révèle le même visage de l’horreur que l’Europe avec ses camps de la mort.
Le premier témoin et acteur, réduit à l’impuissance par le Conseil de sécurité de l’Onu, le général canadien Roméo Dallaire, commandant la force du maintien de la paix à Kigali, ne cache pas que « la communauté internationale a facilité et encouragé le génocide des Tutsi ». François-Xavier Verschave précisa, dès octobre 1994 : « La France a soutenu au Rwanda ce régime en pleine dérive génocidaire progressivement ordonné à une solution finale du problème tutsi. (…) Elle a sauvé la mise aux génocidaires physiquement et moralement. » Les journalistes les plus prestigieux, les historiens et les politologues les plus avertis, ont confirmé ce jugement. En 2010, une historienne anglaise réputée, Linda Melvern, écrivait : « Une véritable mise en lumière du rôle joué au Rwanda par la République française sera-t-elle un jour possible ? Rien n’est moins sûr. »
Vingt ans après, les rescapés souffrent toujours de ne pas être entendus par la communauté internationale. Une grande partie de la vérité « demeure cachée par les lois, les habitudes, les pratiques destinées à protéger les personnalités politiques de l’obligation de rendre des comptes » (Alison Des Forges). On sait qu’en 1998 la Mission parlementaire, tout en apportant d’importants éclairages significatifs sur la tragédie rwandaise, a pris soin d’effacer la responsabilité des politiques et des militaires français au Rwanda de 1990 à 1994. Le citoyen français a le sentiment d’avoir été trompé par ses dirigeants lorsqu’il découvre des faits révélant une étroite complicité (non avouée) avec les auteurs du génocide, à partir des témoignages des acteurs des événements (R. Dallaire, G. Prunier), des rescapés (V. Kayimahe, E. Mujawayo), des hommes du terrain (membres de Médecins Sans Frontières, du Comité International de la Croix-Rouge) des reportages des témoins (C. Braeckman, P. de Saint-Exupéry), des ouvrages des historiens (J.P. Chrétien, G. Prunier, A. Des Forges, L. Melvern), de ceux des sociologues et politologues (J.F. Bayart, A. Guichaoua, G. Périès, D. Servenay), enfin, à partir des observations d’experts comme J.F. Dupaquier, F.X. Verschave, J. Morel, M. Mas et des articles de journalistes comme R. Girard, A. Frilet, P. Ceppi, E. Cattier, J. Chatain et bien d’autres.
Au cours de cette étude, nous tenterons d’établir dans la complexité le rôle de la diplomatie française, au Rwanda, telle qu’Alain Juppé l’a dirigée du printemps 1993 à la fin de l’année 1994. Nous ne jouons pas à l’historien, ni au journaliste, nous cherchons, à travers un angle de lecture et d’analyse des ouvrages et des journaux des auteurs cités plus haut, à apprécier et à comprendre la part de responsabilité du ministre des Affaires étrangères. Nous menons cette tâche en tant que citoyen qui n’accepte pas qu’on lui dissimule les responsabilités de la France durant cette tragédie. Nous essaierons de devenir le contemporain des événements qui vont s’enchaîner à un rythme diabolique. Tous les éléments de ce livre proviennent de sources fiables, vérifiables. Il s’agit de données. Nous ne prétendons pas porter de jugements définitifs, mais approcher la réalité, et lancer des appels à des solutions de recherche.
Alain Juppé est considéré, à juste titre, par ses pairs et le monde politique, comme une personnalité de premier plan. Il a la passion de la politique, le sens de l’État, le souci de la rigueur dans l’étude des dossiers. Céline Edwards-Vuillet 3 nous apprend qu’issu de la petite bourgeoisie terrienne des Landes, il se révèle « un enfant d’une rare intelligence », toujours très sérieux. Sa mère, « qui n’acceptait guère la contradiction », exigeait qu’il soit le premier. Ainsi, il a eu « une enfance heureuse avec l’obligation de réussir ». Il en gardera « une propension à montrer qu’il est le meilleur ». Il deviendra le normalien qui sait écrire, « " homme de l’écrit " dit Céline Edwards-Vuillet, (…) étranger à la culture de la palabre, (…) s’intéresse peu à l’Afrique. Il a d’autres priorités en tête : la recomposition de la droite, avec pour objectif l’élection de Jacques Chirac ». À la création du Club 89, Alain Juppé devient la boîte à idées de l’opposition gaulliste, e

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