Cameroun L authenticité est possible
172 pages
Français

Cameroun L'authenticité est possible , livre ebook

-

172 pages
Français

Description

Cinquante ans après son indépendance, le Cameroun baigne dans une mal-gouvernance généralisée qui s'accompagne de l'aliénation de son authenticité. En dénonçant ce malaise, ce livre propose une alternative pour la réalisation d'un Etat fort. L'auteur relève l'urgence d'une action pour un changement positif, dans le but de donner à la société une image plus conforme à la réalité de ses potentialités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 49
EAN13 9782296470132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CAMEROUNL’authenticité est possible
Collection « Points de vue concrets »
Jacques Désiré Tsala CAMEROUNL’authenticité est possible Le rêve de ma nation
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56526-5 EAN : 9782296565265
Au peuple camerounais tout entier et à tous les amis du Cameroun ; À tous les Africains qui aspirent au mieux-vivre dans leur continent ; À tous les peuples écrasés par la misère ou par l’histoire ; À tous les enfants qui naissent et grandissent sans espoir de lendemain ; Aux martyrs de la liberté ;
Aux combattants de la dignité des hommes et des peuples ;
À tous ceux qui partagent les idéaux de paix, de justice et de règlement pacifique des conflits ; Aux combattants de la bonne gouvernance et du développement durable ; À tous les militants de la politique des idées, de compétence et du génie créatif ; À tous les militants de la stabilité par des élections libres et transparentes ; À tous les militants du changement et de l’alternance au pouvoir ;
À tous ceux qui rêvent de changer les nations et de changer le monde ; À tous ceux qui rêvent d’une Afrique authentique, développée et dotée d’une âme vivante.
Prologue
Quand il y a des pleurs, il y a aussi possibilité de consolation !
Étant encore étudiant, j’étais déjà très préoccupé par l’intensité de la tricherie dans nos lycées, à l'université, aux examens et concours officiels. Je me suis néanmoins opposé moi-même à cette pratique depuis le secondaire, étant donné mon ignorance du phénomène à l’école primaire de notre époque. Ceci a d’ailleurs contribué à forger mon caractère et à développer en moi une grande répugnance pour tout ce qui pouvait s’apparenter à la fausseté ou à l’injustice. Ce qui m’a permis, aussi bien dans ma démarche de chercheur d’emploi, que plus tard, en tant que fonctionnaire dans l’administration camerounaise, de faire face à la corruption et aux autres travers de notre société en gardant la tête haute. Je me sentais personnellement interpellé à être un modèle, une étincelle qui peut maintenir l’espoir dans les ténèbres. Ma démarche au départ était moins la lutte active contre la corruption que la simple vie chrétienne dans la crainte de Dieu.
C’est ensuite, par le vécu permanent de la profondeur du mal de la corruption, que j’ai compris la nécessité de m’impliquer dans le combat pour le changement positif de la société. J’ai entrepris dès lors de parler discrètement avec des gens, jeunes et moins jeunes, sur la nécessité d’un autre système de valeurs au Cameroun en particulier, et en Afrique en général. De mes nombreuses discussions, à travers des rencontres directes et des échanges par Internet, il se dégage un constat général : le désespoir ; désespoir inspiré par des systèmes corrompus ne laissant entrevoir que suicide et chaos en Afrique.
7
Certains estiment que les Africains sont condamnés à subir des systèmes politiques qui, selon eux, seraient tenus par une main invisible beaucoup plus forte et qui tire les ficelles dans l’ombre. Ils estiment en outre que l’Afrique est déjà devenue une poubelle pour le monde entier, et qu’à cela, il n’y a pas de remède. La conscience de la profondeur d’une telle blessure dégage la nécessité d’une action en faveur de ce continent qui veut pourtant croire à sa souveraineté et à celle des États qui le composent, comme le prône si bien la Charte des Nations Unies. Ceci nécessite au moins pour nos dirigeants politiques, une évolution vers plus de communication avec leurs peuples et de transparence dans la gestion des affaires de leurs communautés respectives.
D’autres indexent les sectes ésotériques, le népotisme et le tribalisme comme sources de nos problèmes. Ils estiment en effet que les sectes ésotériques, pour la plupart d’origine occidentale, sont non seulement trop présentes, mais semblent même contrôler et verrouiller le pouvoir et les décisions dans nos pays sous-développés. Ils évoquent en outre, comme critère de compétence valable, l’appartenance à la famille ou à la tribu d’un haut placé (président, ministre, député, directeur général, etc.). Une telle situation confuse déstabilise la jeunesse et détruit le goût de l’effort, ce qui est inacceptable au regard de la morale ou de l’éthique professionnelle.
D’autres encore, en plus grand nombre, estiment qu’il n’y a aucune perspective d’avenir au pays et que la solution serait d’ « aller se chercher » ailleurs, la destination préférée étant en général l’Europe ou l’Amérique du Nord. Ceci nous rappelle sans doute le dicton : « voir Paris et mourir ». Il se pose néanmoins un problème : comment imaginer le scénario qui nous permettrait de nous retrouver tous en Europe, aux États-Unis ou au Canada ? Faudrait-il évacuer la solidarité africaine qui nous caractérise et qui nous pousse à trouver des solutions d’ensemble, pour nous livrer à une sorte de « sauve-qui-peut » ou encore, « chacun pour soi, Dieu pour tous » ? Bref, peut-on
8
vraiment envisager l’émigration comme une réponse possible aux besoins de l’Afrique ? En 2003, j’ai eu le privilège de faire mon premier voyage en Europe dans le cadre d’une formation en gestion des transports, grâce à une bourse d’études de la Coopération universitaire au développement (CUD), un organisme belge. C’était alors pour moi une occasion très spéciale, non seulement pour la qualité de la formation sans doute de très haut niveau, mais aussi et surtout pour le sentiment qui m’habitait de quitter enfin un sol de misère pour un autre considéré par la plupart des Africains, comme un paradis de bonheur. En effet, une mentalité s’est développée chez nous en Afrique, de sorte qu’un simple voyage en Occident est très souvent perçu comme un signe de réussite sociale et de bénédiction divine. Mon cas ne fut pas une exception : bien que mon contrat de bourse n’ait pas prévu la possibilité de rester en Europe après mes études, j’ai néanmoins envisagé de mettre sur pied une stratégie pouvant me permettre d’y retourner à tout moment. Dès mon arrivée, il était sans doute facile de constater une société bâtie, développée et en pleine activité économique. Il y a bien lieu de le dire aussi, ce développement est tout à fait logique en raison d’une certaine rationalité visible dans la gouvernance politique, économique, administrative et sociale. Mais, un autre constat, tout aussi facile et clair, était que c’est une société qui « reconnaît les siens » et ne laisse pas beaucoup de place à l’étranger, surtout lorsque celui-ci viendrait d’Afrique et particulièrement d’Afrique noire.
Alors qu’en Afrique, on ignore que beaucoup de ceux qui prennent la direction de l’Europe n’y arrivent pas vivants, étant donné la clandestinité de certains voyages, des histoires peu banales font étalage au quotidien de la misère humaine de ces Africains émigrants. C’est à peine qu’on pourrait croire qu’ils sont des hommes à part entière, quand on viendrait à les considérer comme supérieurs aux chiens. Mais on arrive tout de même à manger, à se vêtir, à gagner un peu d’argent, et
9
quelques fois, à se loger. Ceci peut-il vraiment suffire pour rester tranquille quand des gens vivent des situations tellement dévalorisantes de la dignité humaine ?
Mais qui est donc prêt à rentrer au bercail ? Comment comprendre en effet qu’une fille préfère de se faire abuser par le chien de son patron, que d’évoquer toute possibilité de rapatriement, alors qu’elle est elle-même bien consciente de toute la dégradation de sa dignité ?
Voilà un peuple qui a mis son espoir dans une société occidentale comme des gens mettraient leur foi en un dieu sans cœur ! Ceci ne démontre-t-il pas à suffisance que l’avenir de ce peuple n’est pas jouable à l’étranger ? On est même amené à s’interroger sur ce qui se passe dans nos pays d’Afrique au point où personne n’ose y retourner.
Dans nos pays d’Afrique qui ont connu la colonisation, on fait en général face à des régimes dictatoriaux qui s’appuient et font allégeance à la métropole coloniale dans le seul but de mieux contrôler et conserver le pouvoir. Aucune rationalité n’est perceptible et n’est en vue dans la gouvernance des affaires publiques. L’alternance au pouvoir est pratiquement verrouillée, les conditions favorables à la violence et l’instabilité politique et sociale sont permanemment entretenues. Le peuple est exclu des décisions et n’a aucune possibilité de demander des comptes à ses dirigeants. Sans liberté, il est maté, matraqué mentalement et finit par perdre confiance. Ceci finira par instaurer une mentalité défaitiste, de résignation et de démission conduisant peu à peu à une perte totale de tout espoir. Le prince au pouvoir reçoit le sceau de l’invulnérabilité, de l’infaillibilité, de l’infatigabilité et de l’éternité. La possibilité de s’en sortir dépend de la capacité qu’on a à lui faire allégeance, à louer ses bêtises en les vantant comme une forme de sagesse et surtout, en essayant de les ériger en comportement modèle. Ainsi, le chef ne vole pas, on dira plutôt qu’il se sert. Ce modèle va vite s’installer comme principe de gouvernance pour tous les collaborateurs du chef.
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents