Clément Attlee
132 pages
Français

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Description

Entre le flamboyant Winston Churchill et l'ultralibérale Margaret Thatcher, Clement Attlee a, à sa manière, profondément marqué l'histoire de l'Angleterre. Churchill avait gagné la guerre, Attlee allait gagner la paix sociale et assurer le redressement du pays. L'homme, modeste et consensuel, est beaucoup moins connu que le bilan de son action, largement positif : il a très efficacement réussi à faire reculer la pauvreté et à améliorer les conditions de vie des Anglais.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 12
EAN13 9782296988835
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Christophe HECKLY





Clement Attlee

Un Premier ministre « normal »
pour une Angleterre en crise








L ’ H ARMATTAN
Copyright

© L ’ H ARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98883-5
EAN : 9782296988835
PREFACE
Quand mon ami et ancien collègue de l’OCDE, Christophe Heckly, m’a demandé d’écrire une préface à son ouvrage sur Clement Attlee, ce fut pour moi un honneur et un plaisir. Un honneur en ce sens que c’est la première fois que je préface un livre, et un plaisir, car j’ai connu l’ancien Premier ministre (Clem pour les proches) personnellement. Mes opinions politiques n’étaient à l’époque qu’embryonnaires bien sûr– je n’avais alors que 9 ou 10 ans-mais je savais quand il est venu en 1951 s’installer à Cherry Cottage (Prestwood), à 400 mètres de la maison de mes parents, qu’ils ne partageaient pas les mêmes idées politiques que leur illustre voisin. Il est d’ailleurs amusant de constater que d’autres éminents travaillistes, Harold Wilson et Aneurin Bevan (ancien ministre de la santé), ont habité cette région très conservatrice à 50 kilomètres à l’ouest de Londres. Tous y ont pris goût, sans doute suite à leurs fréquents séjours à Chequers, la résidence à la campagne du Premier ministre, qui se trouve à seulement dix minutes en voiture.

J’étais donc très jeune à l’époque où Lord et Lady Attlee venaient de temps en temps prendre des cocktails à la maison, mais j’ai le souvenir d’un homme très aimable et attentionné, qui prenait volontiers le temps de parler avec le jeune fils de ses amis. Je devais certainement savoir que ce fut un homme célèbre, mais justement sa fameuse modestie faisait qu’il était prêt à passer du temps avec tout le monde. On le disait timide et froid. Timide, il l’était certainement, mais froid sûrement pas– et surtout pas avec les jeunes. Il a eu quand même quatre enfants et mes parents ont assisté, je me souviens, au mariage de Felicity, sa deuxième fille, en 1955-quatre ans donc après la venue de Lord et Lady Attlee à Cherry Cottage.

Clem savait conduire, mais c’était Lady Attlee, ou Vi (Violet), qui le conduisait partout. Il y avait évidemment beaucoup moins de circulation que de nos jours, ce qui était une bonne chose car elle conduisait mal et trop vite, d’après ma grand-mère qui jouait au bridge avec elle. Vi, beaucoup plus jeune que Clem, a néanmoins prédécédé trois ans avant lui en 1964. Il a alors déménagé pour s’installer dans une maison neuve et plus commode-surtout pour un homme âgé, alors, de 81 ans. Il devait vivre encore trois ans, mais habitant un peu plus loin et déjà frêle, je n’ai pas le souvenir de l’avoir beaucoup vu pendant ces années-là. Mais je garderai toujours en mémoire l’image de cet homme qui se penchait vers moi pour échanger quelques mots précieux. Souvent sous-estimé de son vivant, il est plaisant de constater qu’il a été élu, en 2004, meilleur Premier ministre britannique du XX e siècle. Juste retour des choses.

James Moore
Médiateur de l’OCDE
INTRODUCTION
Malgré son rôle politique très important, Clément Attlee est mal connu, ce qui peut s’expliquer en partie par sa personnalité extrêmement discrète et réservée. Les journalistes le qualifiaient souvent « d’incolore », surtout lorsqu’on le comparait à son principal rival, Winston Churchill, dont l’ego était beaucoup plus affirmé, et auquel on attribue souvent ce jugement sur Attlee : « C’est un homme modeste qui a beaucoup de raisons de l’être ». En réalité, Churchill avait beaucoup plus d’estime qu’il ne voulait le laisser paraître pour celui qui a été tantôt son bras droit, tantôt son rival. C’est en fait l’un des plus brillants dirigeants du parti travailliste que l’Angleterre ait jamais eus. En 2004, il a été désigné comme étant le Premier ministre britannique le plus efficace du XX e siècle à la suite d’un sondage effectué auprès de 139 spécialistes de sciences politiques. Ce résultat est d’autant plus remarquable que ce siècle avait été celui de la personnalisation du pouvoir et des leaders charismatiques. Même Margaret Thatcher, qui a pourtant complètement remis en cause et démantelé le système qu’il avait mis en place, avait beaucoup d’admiration pour Attlee et le jugeait très compétent. Elle disait de lui : « C’était un homme sérieux et un patriote ».

Si les Anglais lui ont rendu justice, les Français le connaissent mal, contrairement à Churchill, dont les mémoires ont connu un succès considérable. Les mémoires d’Attlee sont restées beaucoup plus confidentielles. Bien souvent, on ne veut voir en lui que « l’outsider » qui, contre toute attente, a coiffé au poteau le favori, aux élections de 1945. Certains vont même jusqu’à juger les résultats de ces élections aberrants. On oublie que Churchill n’aurait peut-être pas si bien réussi à mener son pays à la victoire s’il n’avait eu auprès de lui un adjoint particulièrement efficace pour s’occuper de tous les problèmes d’intendance. L’histoire de l’Angleterre entre 1940 et 1955 offre un exemple unique de cohabitation réussie, suivie de l’alternance au pouvoir de deux leaders politiques de premier plan. En tant que Français, cette période devrait nous intéresser car elle renvoie à une époque où nous pouvions nous estimer heureux que le seul pays européen sur lequel nous pouvions compter soit aussi bien gouverné. On essaiera bien sûr de ne pas donner dans l’anglomanie et les lieux communs concernant la supériorité des institutions politiques britanniques sur les institutions françaises, mais il faut reconnaître qu’ils comportent une part de vérité.

Bien que la période la plus importante de la vie d’Attlee soit celle où il a été premier ministre, de 1945 à 1951, il avait déjà 62 ans lorsque il a accédé au pouvoir, et il avait donc déjà une longue carrière politique derrière lui. Il y a lieu de rappeler les principales étapes de cette carrière, ainsi que l’évolution de ses idées politiques avant la Seconde Guerre Mondiale, et l’on constate à cet égard une continuité remarquable. Même à la fin de sa vie, il semble être resté fidèle à l’idéal socialiste de sa jeunesse.

On peut distinguer trois aspects de la personnalité et de l’action politique d’Attlee, et ces aspects sont en fait étroitement liés entre eux : le militant du Parti travailliste, le patriote britannique et le fondateur de la voie anglaise vers le socialisme. Sa carrière s’est déroulée de manière progressive, sans brûler les étapes, depuis les fonctions de militant de base et de travailleur social jusqu’à la direction du parti, et la promotion personnelle d’Attlee a coïncidé avec la place de plus en plus importante de son parti sur l’échiquier politique. Il y a bien entendu de nombreux recoupements entre les étapes de cette carrière et les grands évênements qui ont marqué l’histoire de l’Angleterre dans la première moitié du XX è siècle.

En fait l’homme a tendance à s’effacer derrière son œuvre, il a toujours privilégié l’action par rapport à la parole, et lorsqu’il s’exprimait il donnait peu d’informations sur les aspects les plus intimes de sa personnalité. Celle-ci reste dans une large mesure encore mal connue et il est difficile de savoir qui était vraiment Attlee. Selon l’un de ses successeurs conservateurs, Harold Macmillan, c’était en fait un personnage assez mystérieux. On se demande encore comment un homme aussi peu charismatique a pu mener à bien un programme aussi ambitieux et modifier aussi profondément la société de son pays.
COMMENT DEVIENT-ON ATTLEE ?
Tout d’abord, une première déception : ce futur leader du parti travailliste n’est pas issu d’un milieu populaire ni même modeste. Il n’a donc pas eu une enfance difficile et édifiante comme celle de Keir Hardie, qui fut l’un des principaux fondateurs du parti. Celui-ci, fils d’une servante et d’un charpentier, fut placé comme garçon de courses dès l’âge de huit ans puis renvoyé pour être arrivé en retard à son travail alors qu’il s’occupait de sa mère malade. Embauché comme mineur à l’âge de onze ans, autodidacte, il est devenu par la suite président de la fédération écossaise des mineurs. Ramsay Mac Donald, qui fut le premier chef de gouvernement travailliste, était également d’origine modeste. A côté d’eux, Attlee fait figure de bourgeois, et en outre il a eu la possibilit

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