Conflits régionaux et indépendances nationales en Afrique de l Ouest
172 pages
Français

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Conflits régionaux et indépendances nationales en Afrique de l'Ouest , livre ebook

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Description

Les conflits de société préparent (ou expliquent en profondeur) la déliquescence de l'Etat et les conflits armés qui en constituent l'étape dramatique et ultime. Cet ouvrage collectif nous introduit dans les diverses dimensions des conflits qui surgissent en Afrique de l'Ouest depuis 1960. La crise ivoirienne en est un condensé dramatique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296472082
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Conflits régionaux
et indépendances nationales
en Afrique de l’Ouest
Sous la direction de
Pierre Kipré et Aké G.-M. Ngo


Conflits régionaux
et indépendances nationales
en Afrique de l’Ouest


Actes du colloque d’Abengourou
(26-28 février 2010)
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55556-3
EAN : 9782296555563

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
AVANT-PROPOS
Les textes présentés ici sont les plus significatifs du Colloque tenu à Abengourou, du 10 au 13 mars 2010. Riche par le nombre d’interventions (au total 46 communications), cette rencontre le fut aussi par la diversité des horizons universitaires (Afrique, Asie, Europe) et des sujets abordés, autour de la question des conflits en Afrique de l’Ouest. Elle fut originale par le choix du lieu des débats : avant San Pedro, Gagnoa et Yamoussoukro, Abengourou a été préférée à Abidjan et Bouaké, sans être une « ville universitaire ». Une fois n’est pas coutume ; nous avons voulu que des villes de l’intérieur soient le théâtre des joutes savantes, confrontées aux réactions du peuple, sur un sujet qui nous concerne tous. Cet exercice a montré la richesse d’une parole collective, structurée, forte, mais libre et accessible à tous. Elle fut acceptée de tous et par tous, relayée par les médias (presse, radio, télévision), diffusée alentour, bien au-delà des cercles intellectuels établis. Il fallait que le colloque fût un moment de fête populaire de l’esprit. Il l’a été ; même après la clôture officielle de la rencontre.
À la différence d’autres cérémonies du cinquantenaire des indépendances en Afrique subsaharienne, nous avons voulu axer les manifestations ivoiriennes sur cinq grands moments de réflexion collective pour faire l’état des lieux de nos cinquante ans, mais aussi nous inscrire dans une démarche prospective. À la lumière de l’histoire des cinquante ans, que sera le prochain cinquantenaire en Côte d’Ivoire ? Les scénarios contradictoires, sources de réflexion pour le citoyen et d’inspiration pour les responsables politiques et économiques, ne manquent pas. Si nous ne jugulons pas les contradictions internes les plus porteuses de conflits, elles peuvent être le terreau de drames nouveaux ou de même nature qu’aujourd’hui, même si les péripéties devraient être autres.
Par cet effort de réflexion collective, nous voulons réaliser une ambition forte, celle de créer une « bibliothèque du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire ». Celle-là reprendrait, non seulement, les actes de cinq colloques (celui d’Abengourou est le premier), mais aussi les dix meilleures thèses de doctorat soutenues ces trois dernières années en Côte d’ivoire, plus une vingtaine d’études menées par les meilleurs spécialistes ivoiriens sur tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique du pays. Les hommes et les matériaux scientifiques pour un tel projet ne manquent pas. La volonté de rupture avec un ordre ancien de constitution des savoirs sur nos peuples aussi. Fasse que nous réalisions ce rêve un peu fou, mais possible !
La diversité des préoccupations des auteurs retenus dans le présent ouvrage n’occulte pas une logique profonde que nous voulons mettre en valeur ; car elle doit contribuer à éclairer le conflit ivoirien comme ceux qui ont récemment défiguré l’Afrique de l’Ouest. Aucun de ces conflits, celui que vit notre pays notamment, n’est sorti ex nihilo d’on ne sait quelle officine. Ils s’expliquent dans la longue durée et au jeu de nœuds tragiques perceptibles à diverses échelles.
Loin de la légende dorée d’un « avant où tout était bien » et supposé quasi irénique, le retour sur l’histoire montre bien les tensions de tous ordres qui existaient hier. Ainsi chez nous, tandis qu’à l’extérieur on s’extasiait uniquement sur le « miracle ivoirien », une histoire des tensions et crises politiques depuis 1960 est aujourd’hui en cours d’écriture. La contribution de A.D. Yapi montre bien ce qui couvait sous le système de parti unique. Les problèmes sociaux latents ont été trop longtemps occultés ; et nos États ouest-africains en paient le prix, avec le temps. Plusieurs contributions montrent par exemple l’influence de flux migratoires incontrôlés sur les diverses instances de la société et de l’État (l’instance politique, économique et idéologique). D’une manière générale, plusieurs historiens tentent ici de « déconstruire » la dichotomie d’un « avant » idéalisé et d’un « présent » très négatif. Il y a ici comme un éveil des consciences et une prise de parole qui, à l’échelle du temps, se voudraient irréversibles ; sauf plus grave affaiblissement de l’État et retour à « la case de départ » de la pensée unique ! À suivre donc.
Ces tensions, à échelle différente, ont bien constitué le terreau et même le banc d’essai du conflit actuel en Côte d’ivoire. Selon le politologue Michel Galy, intervenant ici sur ces dimensions spatiales, il y a bien un « continuum de la violence » qui, de la délinquance ordinaire, se retrouve dans les conflits fonciers ou halieutiques, puis émerge dans l’ordre du politique et enfin, dans une violence croissante ; celle-ci peut devenir transfrontalière, dans la lutte armée. Plusieurs contributions font la chronique de ces conflits particuliers, ouverts dans plusieurs États de la sous-région (Kouman Koffi ; Sylvestre Konan & Auguste K. Kouakou). Si la crise politico-militaire a changé bien évidemment l’économie (Ahouré Alban), ce sont aussi, à travers le lexique, les mentalités qui ont changé (B. Ano Boa). Aux tentatives d’une « communauté internationale » sans visage, manipulée par les cercles conservateurs de l’ancienne puissance coloniale, s’opposent les résistances langagières et la richesse du « lexique de la dérision » pour reprendre une expression de Comi Toulabor.
Enfin une série de contributions (Luqman Saka ; Ouraga Obou) s’attache au cœur du problème : les causes des conflits africains – du culte de la personnalité à la « banalisation » du droit –, et leurs multiples dimensions, sont, dans une réflexion comparative, autant de facteurs de délégitimation du pouvoir dans nos États.
Cette option comparatiste est choisie pour analyser les tentatives de recentrage africain dans la résolution des conflits, notamment avec la C.E.D.E.A.O. et l’Union Africaine (Aboubakr Tandia ; Adama Sadio notamment). Les exemples en Afrique de l’Ouest ne semblent pas avoir été jusqu’ici des succès éclatants : à la fois juge et partie, en l’absence de financements et de forces armées autonomes, les institutions interafricaines commentent les conflits plus qu’elles ne les règlent ; et elles laissent la place à des médiations quelquefois efficaces, très souvent inopérantes parce que correspondant, au mieux, à une sorte de culture du compromis, à la lassitude des belligérants, sinon à l’asservissement extra-africain des « médiateurs » eux-mêmes. La dépendance économique n’est pas loin (Luqman Saka).
Plus complexe est la question du « rééquilibrage des territoires » qui, au-delà d’une reconstruction post conflit, est parfois invoquée pour stigmatiser « l’Afrique des frontières héritées de la colonisation » comme cause « fondamentale » des conflits aujourd’hui vécus par nos peuples. Les communications n’en ont pas abordé toutes les dimensions. De même, les perspectives qu’offriraient des approches prospectives de ces questions, qui auraient mérité une meilleure place dans les débats, ont été faiblement documentées. Elles auraient mieux mis en lumière qu’au centre de toute la problématique des conflits dans nos États se trouve la question fondamentale de l’État lui-même. Les conflits de notre continent naissent d’abord de la faiblesse quasi ontologique de l’État postcolonial africain, avatar de l’État colonial finissant. Mal connu du citoyen, qui lui-même s’ignore comme citoyen, l’État ne peut s’imposer que par la coercition. Hors de propos et sans contrepartie de progrès économique et social, cette coercition confine la dictature, donc crée les conditions rapides du dépérissement d’une sorte d’État, si n’interviennent pas la rupture démocratique et le renforcement de l’État de droit. Mais celui-ci n’est pas une donnée définitive ; et l’organisation d’élections pluralistes ne suffit pas à entrer dans l’ère démocratique. Il faut une appropriation de l’État par le citoyen ; il faut qu’il se convainque de l’indépendanc

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