Diplomate, pour quoi faire ?
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Diplomate, pour quoi faire ? , livre ebook

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Description

« Traiter l’étranger, c’est-à-dire l’autre, qu’il soit proche ou lointain, non par la force brute ou par la soumission mais par l’intelligence et la subtilité, voilà la mission du diplomate. » J. B. Le monde a-t-il encore besoin de diplomates ? Pourrait-on se passer, dans les rapports internationaux, de ces personnages qui, entre technicité et art consommé des contacts personnels, s’affairent dans les coulisses de l’histoire ? Derniers remparts avant la guerre, ils sont aussi les artisans du retour à la négociation, quand le pire s’est produit. Jérôme Bonnafont fait ici l’éloge de la diplomatie au service de l’État, de la nation, de l’aspiration à une société internationale ordonnée. Vade-mecum pour diplomate, débutant ou confirmé, cet ouvrage s’adresse à toute personne intéressée par l’action extérieure de la France. Il offre une visite guidée du Quai d’Orsay (et d’organismes internationaux comme l’ONU), de son organisation et de ses pratiques. C’est aussi un traité du négociateur. Parsemé de portraits de figures remarquables, de Talleyrand à Kissinger ou Lavrov, de rappels sur l’histoire des relations internationales et de la politique étrangère française ainsi que sur la construction européenne, ce livre est une mine d’informations sur la diplomatie, ses traditions et ses évolutions, et sur les différents centres de décision à l’échelle nationale ou internationale. Ce texte est surtout une défense et illustration du rôle des diplomates et de leur art, avec leurs idéaux, leurs ambiguïtés et leurs grandeurs, en des temps où, plus que jamais, on débat de leur fonction. Jérôme Bonnafont est diplomate de carrière depuis 1986. Après avoir servi à New Delhi, au Koweït et à New York, il a été conseiller puis porte-parole de la présidence de la République avant de devenir ambassadeur en Inde et en Espagne, directeur pour l’Afrique du Nord et le Proche-Orient et conseiller du Premier ministre. Il est aujourd’hui représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2022
Nombre de lectures 6
EAN13 9782415000851
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Page de titre
Jérôme Bonnafont
Diplomate, pour quoi faire ?
 
Copyright
 
 
 
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© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE 2022 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-4150-0085-1
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2 o et 3 o a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cet ouvrage a été composé par Le vent se lève... – 16210 Rioux-Martin
Sommaire
Avant-propos. Un métier, une vie
Un grand commis de l’État : Pierre-Louis Blanc
Introduction. Sous l’invocation d’Hermès et Gabriel
Première partie – Vivre chez l’autre
Chapitre I. Nomade et caméléon
Sylvie Bermann : l’heure de l’Orient
Les mille facettes de la carrière
L’usage de l’autre
Guy Georgy
Claude Martin, le regard engagé
Conformité et différence
Madeleine Albright
Chapitre II. Théâtre et représentation
Jean-Bernard Mérimée
Communication
Diplomatie et réseaux sociaux : Tom Fletcher et Gérard Araud
Choisir le message, choisir le messager
Chapitre III. Face aux forces obscures
André Lewin, l’homme qui murmurait à l’oreille des tyrans
Traiter avec la force
Éthique, religion, politique et violence
Défense de l’identité vs universalisme : la diplomatie au rouet
Les risques du métier
Realpolitik vs politique des valeurs
Deuxième partie – L’un face à l’autre. Politique étrangère
Chapitre IV. Décider : la Centrale
Washington
Henry Kissinger
Londres, Berlin, Moscou
Paris, hier et aujourd’hui
Les présidents de la V e République et leurs Affaires étrangères
Politique étrangère et diplomatie
Les nouvelles formes de conflit : guerres invisibles
La décision en politique étrangère
Portrait d’un directeur politique : Alain Dejammet
Jean-David Levitte, conseiller diplomatique
Directions et services spécialisés
Chapitre V. Exécuter : l’ambassade
Un soldat-diplomate dans la guerre d’Espagne : Henri Morel
Portrait de l’ambassadeur en chef d’orchestre
Diplomatie culturelle et commerciale
Charles de Chambrun : l’esprit de la diplomatie
Esquisse de glossaire diplomatique
Quelques instruments
Procédures
Principes
Événements
Institutions, personnes
Chapitre VI. Dans la bataille
Militaires et diplomates
Le diplomate adapte son style à la bataille que mène son pays
L’offensive d’abord : Sergueï Lavrov et la diplomatie russe
La résistance ensuite : Javad Zarif, diplomate iranien
Il s’agit bien de finasser
L’exemple de Chypre
Combattre le dos au mur : de Gaulle
Talleyrand
Paix et sécurité internationales : le Conseil de sécurité de l’ONU
Un exemple de l’action du Conseil de sécurité : la Libye de 2011
Le Conseil de sécurité ou la balance des influences
L’urgence écologique : diplomatie et environnement
Le rôle de la France
L’accord de Paris, succès diplomatique de Laurent Fabius
Guerres asymétriques : combattre le terrorisme
De nouveaux acteurs mondiaux non étatiques
Troisième partie – La maison commune
Chapitre VII. À la manœuvre : le diplomate-négociateur
Deux profils de négociateurs : Pierre Vimont et Jean-Marc de La Sablière
La négociation dans les romans
Une négociation à marche forcée au lendemain de la chute du mur de Berlin : la création de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement
Staffan de Mistura : négocier l’impossible
La négociation dans la bataille : guerre d’Ukraine 2022
Chapitre VIII. Construire : le diplomate-architecte
Stéphane Hessel
La construction de l’Europe
Pierre de Boissieu, un artisan du dessein européen de la France
L’Organisation des Nations unies
« Familles » de diplomates
Diplomatie humanitaire
Environnement, droits de l’homme et libertés
Désarmement et contrôle des armements
De nouveaux acteurs internationaux
La Francophonie
Chapitre IX. Justice et force : le diplomate-magistrat
Pourquoi la guerre ?
Soldats de la paix
Les dirigeants africains de l’ONU : Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan
Difficultés des interventions internationales
La non-ingérence et ses ambiguïtés
Stratégies d’influence
Acteurs non nationaux et nouvelles menaces
Vers une justice internationale
Arbitrage, médiation, jugement : du rôle historique de l’Église aux juridictions internationales
Cherif Bassiouni, père de la justice pénale internationale
Le statut de la Cour pénale internationale
Les élans contrariés de la judiciarisation de la vie internationale
Conclusion. Immuable et changeante diplomatie
Remerciements
Avant-propos Un métier, une vie

« Ne dites jamais du mal de vous ; vos amis en diront toujours assez. »
T ALLEYRAND .
Les diplomates ont-ils un avenir ? D’opinion commune, tout concourt à leur perte ! Pêle-mêle : l’efficacité et la technocratie, la démocratie et le régime parlementaire, les régimes forts et leurs armées, le télégraphe, le chemin de fer et les techniques de communication et de transport inventées depuis, les sommets et les enjeux globaux, l’argent roi et la nouvelle société civile internationale.
Pourtant, ils bougent encore. Voici des décennies, déjà, on vous demandait pourquoi vous vouliez choisir ce métier alors que le pouvoir n’y était plus. Jadis, quand les ambassadeurs faisaient comme bon leur semblait… mais de nos jours, ces gens ont tout au plus fonction décorative. En même temps, annoncez que vous êtes ambassadeur et on vous répond, inclinaison esquissée et onction dans la voix : « Excellence… » Paradoxe du diplomate, dédaigné autant que prestigieux et surtout méconnu.
Je voudrais raconter ce métier, de vocation et de passion, qui intrigue, qui suscite admiration, envie, raillerie et circonspection – un état plus qu’un métier d’ailleurs, tant il imprègne la vie de ceux qui l’embrassent. Un métier au service de l’État, mais dans une position légèrement à part car il porte avec lui la vie nomade, le passage d’un monde à l’autre, les expéditions lointaines et les langues rares, le secret des grandes affaires et le prestige de la représentation. Un métier nimbé d’une forme de mystère en même temps que volontiers caricaturé pour ses allures gourmées et sa pédanterie. Un métier dont on se demande à quoi il sert tout en constatant avec La Fontaine que « tout petit Prince a des Ambassadeurs ». Un métier d’avenir, quoi qu’on en dise, quand même ses formes évolueront.
J’avancerai à pas comptés, à la suite d’une circonstance, d’une expérience, d’un conseil et d’une attente.
La circonstance, ce fut une mission confiée par le ministre des Affaires étrangères, me demandant de lui proposer une réforme des carrières diplomatiques pour les adapter aux temps modernes : passionnante occasion de se plonger dans les arcanes du métier.
L’expérience, ce fut il y a bien longtemps un neveu me demandant en quoi consistait ce que je faisais. Impossible de le lui expliquer simplement. Tout était compliqué, crypté. Le médecin soigne, le professeur enseigne, le militaire se bat, le banquier fait de l’argent, l’ingénieur construit, le vendeur vend, le prêtre prie et le chef cheffe. Quant au diplomate ? Il fait la paix ? Allons – il s’occupe des rapports entre son pays et les autres – comment dépasser cette platitude ?
Le conseil, je le dois à Pierre-Louis Blanc, ambassadeur de France à Stockholm quand j’y étais stagiaire. Ayant lu mon rapport, il me fit deux remarques, l’une au cœur de notre sujet : « Il est si difficile d’exprimer le sel de ce métier » ; et l’autre inattendue : « N’oubliez pas la poésie. » Homme de peu de mots, il voulait dire que, en diplomatie, tout ce qui compte ne se voit pas.
L’attente enfin est née de n’avoir pas croisé de livre récent sur ce sujet précis. Non qu’il manque de livres de diplomates, il en sera cité tout du long, des neufs et des meilleurs : les collègues sont hommes de plume. D’innombrables mémoires ont été publiés, souvent amusants, certains méritant de s’élever au rang de classiques. C’est assez naturel : les diplomates vivent avec leur temps et il leur tarde d’en raconter leur part. Mais quand ils publient, le plus souvent sur le métier lui-même, ils restent discrets s’en tenant, comme s’il allait de soi, à quelques notations en forme d’anecdote ou d’adage. Quant aux traités consacrés à l’art diplomatique ou aux essais sur la fonction {1} , soit ils sont datés, malgré leurs qualités, soit ils restent délibérément factuels, bien dans l’esprit de ce métier où l’on aime glisser sans se fixer.
Il s’agit d’un art, au sens de l’artisan, ce mot qui définit le rapport entre un homme et l’idéal de sa tâche. À y bien regarder, quelle différence y a-t-il entre l’attitude du luthier qui caresse et sculpte son bois pour en faire un violon, du chirurgien devant une tumeur, du pianiste face à Bach ou à Rachmaninov, de l’enquêteur confronté à l’énigme d’un crime, ou du diplomate conduisant une négociation ? Il est question chaque fois d’une disposition de caractère puis d’un métier patiemment appris, d’un tour de main qui vient avec les ans, d’une intuition progressivement raffinée, de la passion qui naît de la rencontre entre l’homme et l’objet de son activité, d’une vocation, appel inexplicable par lequel une vie trouve son cours et son sens.
Entreprise hardie que l’éloge d’une fonction publique en ces temps de déconstruction, de défiance

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