Droit, démocratie et développement en Afrique
166 pages
Français

Droit, démocratie et développement en Afrique , livre ebook

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166 pages
Français

Description

Ce livre propose une interprétation réaliste de la crise africaine, avec principalement les outils de la sociologie et de la socio-économie, en mettant au centre de l'analyse la question fondamentale de la légitimité de l'Etat africain. L'épineuse question de la transition démocratique qui a secoué l'Afrique du Nord au début de l'année 2011 sous le nom de révolution de jasmin n'a pas été sans effet sur les mouvements de contestation des régimes autocratiques, dictatoriaux et vieillissants situés de l'autre côté du Sahara.

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Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 100
EAN13 9782336338255
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Boureïma N. Ouédraogo
DROIT, DÉMOCRATIE ET DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
Un parfum de jasmin souffle sur le Burkina Faso
10/02/14 15:01
DROIT, DÉMOCRATIE ET DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02229-1 EAN : 9782343022291
Boureïma N. OUÉDRAOGODROIT, DÉMOCRATIE ET DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
Un parfum de jasmin souffle sur le Burkina Faso
Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Angèle Christine ONDO,Mvett Ekang : forme et sens, 2014. Didier AMELA,Place et problématique de la nouvelle en Afrique noire francophone,2014. Clotaire MESSI ME NANG, Les chantiers forestiers au Gabon. Une histoire sociale des ouvriers africains, 2014. Bruno KOFFI EHUI,Qu’est-ce qu’une O.N.G ?,2014. Roger Mawuto AFAN,Éléments de psychologie politique africaine,Rite initiatique et socialisation politique,2014. Romaric Franck QUENTIN DE MONGARYAS (dir.),L’école gabonaise en débat, 2014. Patrice MOUNDZA,Le chemin de fer Congo Océan et le département de la Bouenza, 2014. Yassine KERVELLA-MANSARE,Pulaaku, Le code d’honneur chez les Peuls, 2014. Hamadou ADAMA (dir.),De l’Adamawa à l’Adamaoua, Histoire, enjeux et perspectives, 2014. Mahamadé SAVADOGO,Philosophie de l’action collective, 2013. Abou KANATE,Radiographie du droit foncier en Côte d’Ivoire,2013. Abou KANATE,Le droit de la promotion immobilière en Côte d’Ivoire,2013. François LAGARDE,Mémorialistes et témoins rwandais, 2013. Gilchrist Anicet NZENGUET IGUEMBA (dir.),Hommages à Pierre N’Dombi – Université Omar Bongo (Libreville), 2013. Nathalie CASANOVAS,Une destination pour un autre tourisme pour l’Afrique de l’Ouest, 2013. Georgin MBENG NDEMOZOGO,La protection animale au Gabon, 2013. Djibril MAMA DEBOUROU,BiƆ GƐra, entre mythe et réalité : le sens de son combat pour la liberté (1915-1917), La guerre coloniale au Nord du Dahomey, 2013. Mahamadou DANDA,Niger, une décentralisation importée. Une comparaison avec la France, 2013.
Remerciements Je tiens à remercier Francis Jauréguiberry, directeur du SET de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, pour la confiance qu’il m’a témoignée en m’invitant au SET, au cours du printemps 2010, dans le cadre de mon projet d’HDR, pour l’espace de travail qu’il m’a ouvert, ce qui a permis à cet ouvrage de prendre sontake-off, pour ses encouragements et surtout ses lectures et avis qui ont été indispensables à la maturation du livre. Je remercie le personnel du SET, chercheurs et administratifs, pour les échanges et pour tout le travail de facilitation relatif à mon séjour palois. Je remercie Abel Kouvouama, pour les conseils et les orientations bibliographiques reçus durant mon séjour. Merci à Marie-Christine Henry, à Alexandre Henry qui ont bien voulu lire la première version de cet ouvrage, j’ai tenu compte de leurs observations toujours constructives. Je tiens à marquer ma reconnaissance à l’égard de tous les participants à l’Université Libre d’Hivernage de Kléni, que j’ai organisée au mois d’août dernier sur le thème : Droit, Démocratie et Développement en Afrique, je remercie particulièrement Maître Halidou Ouédraogo, fondateur du mouvement burkinabé des droits de l’Homme, qui a bien voulu accepter de parrainer l’événement et de l’appuyer avec son Institut Sud/Nord et sa Fondation, je remercie les conférenciers, les étudiants burkinabé et leurs homologues de Science Po Grenoble, venus au nom de l’Association Agir Alternatif. Les débats m’ont aidé à préciser et à développer mes propres raisonnements sur la problématique démocratique en Afrique. L’Université Libre d’Hivernage de Kléni, sur le thème « Droit Démocratie et Développement », n’aurait pas été possible, sans le soutien institutionnel, matériel et symbolique des autorités académiques de l’Université de Ouagadougou. Aussi, je remercie le Président de l’Université de Ouagadougou, le Directeur de l’UFR/SH et le chef du Département de sociologie.
En guise d’introduction Pour commencer, il y a lieu de se demander s’il est légitime de parler de l’Afrique, de la crise africaine comme s’il s’agissait d’un objet marqué par l’homogénéité et la cohérence. En effet l’Afrique est plurielle géographiquement, démographiquement, socialement, culturellement et politiquement. Et la crise africaine n’est pas moins hétérogène, multiforme aussi bien au niveau d’un même pays qu’à l’échelle continentale. Cependant l’hétérogénéité et la diversité des situations n’empêchent pas l’existence de similitudes, ce qui autorise à utiliser, comme je le fais ici, un vocable uniformisant, à condition bien sûr d’être averti. Lorsque l’on compare les différentes situations, on est à même de percevoir les différences et les similitudes, dès lors le principal souci devient celui de la pertinence et de la validité de la méthode comparative. À ce propos, ayons à l’esprit la leçon de Bourdieu : il faut se garder du risque qu’il y a « à identifier indûment des propriétés structuralement différentes ou à 1 distinguer à tort des propriétés structuralement identiques » . Aussi en dépit des différences parfois importantes entre les pays africains, l’on remarque qu’ils se rejoignent sur des questions politiques essentielles comme la construction d’un État de droit, le respect des droits de l’homme et de la chose publique. Cela dit, mon propos est appelé à s’appesantir sur les États de l’Afrique noire au sud du Sahara, et parmi eux davantage sur le Burkina Faso. Comme le sous-titre le suggère, l’actualité impose d’elle-même la comparaison entre la révolution du jasmin et les événements que le Burkina Faso et d’autres pays africains ont vécu concomitamment. Pour en venir là, je propose de partir d’un événement qui n’est pas passé inaperçu dans plusieurs pays africains, et qui est intervenu juste un an avant la tempête de la révolution du jasmin : il s’agit du cinquantenaire des Indépendances.
1 P. Bourdieu,Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Seuil, 1994, p.20
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En effet, l’année 2010 a vu la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, pour 17 pays africains ayant accédé à la 2 souveraineté nationale en 1960 . Le bilan de 50 années d’indépendance, tel qu’il est dressé 3 par l’intellectuel camerounais A. Mbembe , est sans complaisance, sévère et même catastrophique. Voici à peu près ce que dit Mbembe : 50 années après la décolonisation, les avancées démocratiques sur le continent sont maigres pour ne pas dire inexistantes, là où on a pu noter quelques avancées, la 4 situation demeure réversible . Presque partout, c’est la logique de pérennisation au pouvoir qui domine chez les dirigeants et il n’existe aucune possibilité de renverser le pouvoir par la voie des urnes, parce que les élections sont toujours manipulées, tronquées ou truquées ; conséquence : elles débouchent immanquablement sur des violences sociales qui connaissent des niveaux de plus en plus élevés : assassinats, rébellions, soulèvements armés. De ce point de vue, je dois ajouter que les dernières élections 5 en Côte-d’Ivoire en sont une parfaite illustration . 2  Cameroun, Sénégal, Togo, Madagascar, République démocratique du Congo, Somalie, Bénin, Niger, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire, Tchad, République Centrafricaine, Congo, Gabon, Mali, Nigéria, Mauritanie. 3 Afrique-Culture, n° 1013- Vendredi 10 décembre 2010. 4  On peut penser ici au Sénégal et au Bénin Le Sénégal était tenu pour un modèle de démocratie en Afrique jusqu’à ces derniers temps où le président Wade cherche à se faire succéder par son fils Karim Wade. Le Bénin également était un modèle de démocratie dont l’image a été ternie par les dernières élections présidentielles : en effet Vittin parle du Bénin comme un modèle de démocratisation en Afrique, avec les caractéristiques suivantes : modèle de la Conférence nationale, élections présidentielles législatives et municipales, deux alternances en 1991 et 1996, respect des droits de l’homme, éveil de la société civile, espace public où l’on débat des questions de la Cité, Haute Autorité de l’audiovisuel et de la Communication qui s’affirment face à divers gouvernements, institutions de contre-pouvoir (Cour constitutionnelle qui n’hésite pas à désavouer le chef de l’État, velléité d’autonomie des Commissions Electorales Indépendantes…) Vittin T. E. (2004).Le caméléon et le technocrate. Paradoxes et ambiguïtés des élections présidentielles au Bénin, inNouveaux Cahiers de l’IUED, N° 15, PUF. 5  Le scrutin présidentiel qui a opposé le 28/11/010, le président sortant Laurent Gbagbo et Alassanne Dramane Ouattara, a donné lieu à des contestations qui ont mis le pays à feu et à sang, plus de trois mois durant. On
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Pour Mbembe, les 50 années d’indépendance de l’Afrique se caractérisent par deux tendances lourdes. La première a trait à ce qu’il appelle l’absence d’une pensée de la démocratie, soit le fait que depuis plus de 20 ans, les élections, le droit, la légalité ne suffisent pas à crédibiliser la démocratie, bien au contraire, ces élections, dans la plupart des cas, donnent lieu à des contestations et à des explosions de violence, d’où l’appel qu’il fait aux intellectuels, pour qu’ils contribuent à rompre avec le « formalisme démocratique » et à inventer des modèles démocratiques inspirés par les spécificités anthropologiques locales. La seconde a trait au recul de la perspective d’une révolution de type marxiste-léniniste, en raison du fait qu’on assiste de plus en plus à une crise des idéologies « tiers-mondistes » et à la faillite des partis révolutionnaires ; chose qui semble laisser le champ libre à ce qu’il appelle la « violence sans projet 6 politique » . Cette analyse appelle quelques commentaires. D’abord, l’invitation à rompre avec le « formalisme démocratique » et à inventer des modèles démocratiques inspirés par les spécificités anthropologiques locales que Mbembe lance aux intellectuels africains, demeure une idée noble et fascinante, d’ailleurs elle converge fortement avec la position prise par Copans, vingt ans plus tôt : « Si les sociétés africaines semblent comme dépossédées de la conduite de leurs affaires c’est que les instruments sociologiques, culturels et intellectuels de la production d’une politique à la fois autonome et efficace n’existent pas. Il ne s’agit pas de s’en remettre pour la énième fois au mimétisme de l’Occident. Il s’agit de reproduire par soi-même, et non à un identique impossible et trompeur, les conditions intellectuelles et pratiques de la 7 démocratie politique » . Plus loin Copans poursuit d’un ton sarcastique en ces termes : « Malheureusement les parle d’un millier de morts, entre la date des élections et la capture de Laurent Gbagbo survenue le 11/04/011. 6 Achille Mbembe, dans : « Les Matins » sur France Culture, mardi 19 octobre 2010. 7  Voir Jean Copans,La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie,Karthala, 1990, p. 11.
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