Du bon gouvernement : Des vérités cachées de l’histoire et de l’actualité
149 pages
Français

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Du bon gouvernement : Des vérités cachées de l’histoire et de l’actualité , livre ebook

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Description

À l'usage des citoyens que nous sommes, l'auteur repose, à la lumière de l'actualité, les grands problèmes de la philosophie politique que l'on croyait résolus depuis le XVIIIe siècle ; il démonte les ressorts secrets du pouvoir et éclaire les nécessités du contrat social. Jean-Claude Barreau, inspecteur général de l'Éducation nationale, a occupé diverses fonctions dans la haute administration. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 1988
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738137128
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
ESSAIS
Les Bandes asociales d’adolescents
Fayard, 1962
 
La Foi d’un païen
Éditions du Seuil, 1967
 
La Reconnaissance
Éditions du Seuil, 1968
 
Où est le mal ?
Éditions du Seuil, 1969
 
Qui est Dieu ?
Éditions du Seuil, 1971
 
Questions à mon Église
Stock, 1972
 
La Prière et la Drogue
Stock, 1974
 
Du bon usage de la religion
Stock, 1976
 
Pour une politique du livre
Dalloz, 1982
 
Que vive la France !
Albin Michel, 1985
 
La foi qui reste
Éditions du Seuil, 1987
ROMANS
Les Mémoires de Jésus
Jean-Claude Lattès, 1978
 
Les Innocents de Pigalle
Jean-Claude Lattès, 1982
 
La Traversée de l’Islande
Stock, 1978/Antenne 2, 1983
 
Le Vent du désert
Belfond, 1981
© O DILE J ACOB, FÉVRIER  1988. 15, RUE SOUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-3712-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
AVANT-PROPOS
Dévoiler

Machiavel qui écrivit en 1513 le Prince , livre-étalon de la politique, jamais ne gouverna lui-même ; il fut seulement, comme nous dirions aujourd’hui, « chargé de mission » au cabinet du gouvernement de Florence et pendant peu de temps ; Clausewitz dont parut, en 1832, De la guerre , ouvrage posthume qui suscita d’innombrables commentaires, jamais ne fut un grand général, mais seulement un officier d’état-major. Certains s’étonneront de cette référence militaire et m’objecteront que la guerre n’est pas le gouvernement. Sans souligner que Clausewitz ne voyait aucune différence de nature entre les conflits politiques ou militaires, de sorte que son livre aurait pu tout aussi bien s’intituler De la politique , je répondrais que la guerre et la paix sont aujourd’hui encore, maintenant plus que jamais à l’âge de la dissuasion nucléaire, les questions principales du gouvernement. Quant à Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, il ne fut pas ministre sous Louis XV, mais seulement académicien français à partir de 1727. Cela ne l’empêcha pas de publier, en 1748, son Esprit des lois qui nous inspire encore !

Un Machiavel pour les citoyens
La question du gouvernement concerne donc, concerne peut-être d’abord, les simples particuliers qui fournissent aux gouvernants leur matière première. Ils ont de ce fait le droit, je dirais même le devoir, d’en deviser et d’y réfléchir : Machiavel ambitionnait de conseiller les princes ; j’ambitionne, simple citoyen, d’aider les simples citoyens. Je voudrais amener mes concitoyens à réfléchir sur des questions qui touchent à leur vie quotidienne, niveau de vie, chômage, mais aussi à leur mort éventuelle, liberté, oppression.

Aveuglement, en haut comme en bas
Il est faux de croire que les gouvernants ont sur ces sujets des idées plus subtiles que les gouvernés.
Mon expérience de la classe politique me permet d’affirmer que les préjugés sont les mêmes du haut en bas de l’échelle. Le problème est de bien comprendre pour agir avec pertinence. Or nous ne voyons pas ce qui nous crève les yeux. Nous comprenons encore plus mal ce que nous voyons ; et il en est de même pour les gouvernants. On croit souvent que, bien informés, les gouvernants sont lucides et seulement menteurs : hypocrites, ils sauraient et cacheraient la vérité au peuple. En réalité, ils sont moins hypocrites qu’on ne le croit pour la bonne raison qu’ils sont moins savants qu’on ne le pense et ne comprennent pas mieux que les autres. À l’exception de quelques grands esprits que l’on trouve à proportion égale chez les citoyens et chez les politiques, l’inculture, l’aveuglement sont généraux et également partagés : « Nous ne savons pas ce qui nous arrive, et c’est pourtant cela qui arrive », disait Ortega y Gasset 1 . L’exemple du chômage dans les sociétés industrielles est particulièrement significatif à cet égard. Les paniques boursières dont on croyait le temps révolu rendent par ailleurs surréalistes les dogmes des économistes libéraux.
Il est urgent de comprendre pourquoi nous ne comprenons pas. Il est important de jauger ce que vaut le pouvoir et ce qu’il fait. Il y va de notre vie.

Pas un livre partisan
Pourtant, malgré la date de sa parution au début de 1988, à peu de mois d’une élection présidentielle en France, je ne veux pas faire de ce livre un livre partisan.
Au milieu des livres programmes, ce livre n’est pas un « il n’y a qu’à » de plus ; au milieu des biographies politiques, il ne s’agit pas d’une autocélébration de plus ; au milieu des grandes ou petites révélations, ce livre ne veut pas être un livre à scandale, un dossier noir. Je ne trahirai aucun des secrets que mes fonctions m’ont permis de connaître ; parce que ce serait contraire à mes principes ; mais aussi, je viens de le suggérer, parce que les vrais secrets du pouvoir, en dehors de ceux qui concernent les codes ou les individus, me font penser au mot de Malraux sur les destinées individuelles, ce sont « de misérables petits tas de secrets 2  ».

Un livre de dévoilement
Je voudrais en revanche que cet essai soit un livre de dévoilement. Je voudrais rendre visibles certaines vérités cachées ; cachées, non par les gouvernants aux gouvernés, mais méconnues autant par les uns que par les autres. Je revendique une seule qualité intellectuelle : l’aptitude à regarder les choses comme elles sont. Homme de gauche, sans avoir jamais été marxiste, chrétien, sans avoir reçu d’éducation chrétienne, j’ai vécu dans le prolétariat quand j’étais éducateur de rue, dans l’intelligentsia parisienne quand j’étais éditeur. Je vis tout autant chez les paysans de mon village que chez les dirigeants politiques. Je dois à ces vies antérieures et parallèles un regard original sur les faits et sur les gens. Jamais je n’accepte les explications toutes faites ; toujours je m’efforce de porter sur les choses un regard neuf. Certaines des idées de ce livre pourront apparaître comme des évidences, ou des naïvetés. Mais précisément, comme l’enfant du célèbre conte d’Andersen, je voudrais crier que le roi est nu.
Dans le conte, tout le monde voyait que le roi se promenait nu, mais personne n’avait le courage de le lui dire, quand un enfant naïf ne put retenir cette exclamation d’évidence : « Le roi est nu ! » Il s’agit donc d’une fable sur l’esprit courtisan. J’opinerais pour ma part pour une autre version ; j’en ferais une parabole sur l’aveuglement. D’après moi, en effet, la nudité du roi était exposée aux regards de tous, et personne, cependant, avant le cri de l’enfant, n’en avait conscience ; tant est grande la faculté des gens, dirigeants comme dirigés, à s’aveugler devant les événements ! Je dirais donc parfois des évidences ; mais toujours des évidences pas évidentes ; pas si évidentes que ça… « Élémentaire, mon cher Watson », disait le grand Sherlock Holmes 3  ; mais ce qui était évident pour le héros de Conan Doyle ne l’était nullement pour le brave docteur Watson qui voyait pourtant les mêmes choses que son ami.
Le gouvernement est l’art du réel.
La schizophrénie – perte du contact avec la réalité – est la pire maladie qui puisse frapper des gouvernants. C’est aussi la pire maladie des citoyens.
Ce livre est seulement la réflexion d’un citoyen, mais il concerne tous les démocrates, à quelque parti qu’ils adhèrent, par son souci du dévoilement.
Il est aussi nourri de la grande Histoire qui me passionne, et de petites histoires ; car je ne réfléchis pas du point de vue de Sirius, mais en fonction de ce qui m’est advenu d’expérience. Je puis écrire ces pages parce que le temps en est venu. Nous avons beaucoup appris sur la chose politique depuis la Révolution française, événement décisif, explosion formidable. Nous nous apprêtons à commémorer l’an prochain cette secousse, tout à fait française et immensément planétaire. Nous avons beaucoup appris depuis deux siècles.
Des centaines d’auteurs pourraient donc mieux que moi traiter le sujet de Du bon gouvernement . Ils ne le font pas, par modestie pour les uns, par peur du qu’en-dira-t-on pour les autres ; car, malgré les apparences, les intellectuels sont parfois très conformistes dans leurs audaces mêmes, soucieux qu’ils sont du jugement de leurs pairs.
Mais je ne suis pas vraiment un intellectuel. J’ai l’ambition, folle, de vouloir penser sans y être autorisé.
Pourquoi alors me priverais-je du plaisir de parler du gouvernement ? de discuter avec les citoyens de la bonne manière de gouverner ? Pourquoi serais-je intimidé, dans ces humbles conditions, par les grandes ombres de Machiavel, de Clausewitz, de Montesquieu, qui d’ailleurs n’écrivaient pas pour les simples citoyens, mais plutôt pour les princes, les capitaines ou les philosophes parisiens, ce que je ne prétends pas faire ?

Les ministres sont des hommes
Pendant toute une année, j’avais coutume de parler avec les ministres, rassemblés dans le salon du rez-de-chaussée de l’Élysée, autour de la grande table ovale, avant le début du Conseil. Comme une classe qui attend son maître et le directeur de l’établissement, les ministres attendaient comme des collégiens l’entrée du président de la République et du Premier ministre, dans un brouhaha de conversations mi-sérieuses, mi-anodines. Mais il me semblait que cette ambiance plutôt bon enfant dissimulait une vraie angoisse. Chez le plus futile des ministres, la question du bon gouvernement, occultée en temps o

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