Enfants de troupe(s)
166 pages
Français

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Description

A une époque qui prône un retour aux valeurs de discipline et de solidarité, l'étude des enfants de troupe entend apporter un éclairage historique, littéraire et psychologique sur cette institution. Alors que les romans destinés à la jeunesse entre 1870 et 1918 édifient les enfants héros Bara ou Viala, la littérature testimoniale de la deuxième moitié du XXe siècle, relayée par le cinéma, bouscule l'image mythique du vaillant petit "Tambour d'Arcole" engagé à quinze ans dans les troupes bonapartistes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296539181
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Laurence OLIVIER-MESSONNIER






Enfants de troupe(s)

Les descendants du Tambour d’Arcole : entre mythe et réalité








L’Harmattan
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66886-4
Citation
« La véritable Tradition n’est pas de refaire
ce que les autres ont fait
mais de trouver l’esprit qui a fait ces grandes choses
et qui en ferait de toutes autres en d’autres temps. »
Paul Valéry

« Et la plus forte conquête
À l’obscur s’accomplissait. »
Saint Jean de la Croix
DU MÊME AUTEUR
Guerre et littérature de jeunesse 1913-1919 Analyse des dérives patriotiques dans les périodiques pour enfants , Paris, L’Harmattan, 2012, 410 pages.

« L’enfance en guerre dans Les Livres Roses de la Guerre de Larousse » , dans Écritures jeunesse 1, Représenter la jeunesse pour elle-même , textes réunis par Christian Chelebourg, Caen, Lettres Modernes Minard, 2010, p. 145- 167.

« Les Pieds Nickelés : une littérature de jeunesse populaire et cocardière aux richesses insoupçonnées (1913-1917) » dans Interférences littéraires , nouvelle série, n°3, « Les écrivains et le discours de la guerre », s. dir. François-Xavier Lavenne & Olivier Odaert, novembre 2009, p. 97-130.

« Jean Felber : un roman scolaire dévoyé ? » , dans Le roman scolaire entre littérature et pédagogie , Cahiers Robinson, n°19, s. dir. Francis Marcoin & Guillemette Tison, février 2011, p. 81-96.

« Le cas Fillette » , ANR EVE : www.enfance-violence-exil.net, 2012.

« L’iconotexte patriotique subversif dans les albums de Bécassine (1915-1919) » dans L’ALBUM le parti pris des images , Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2012, p. 55-62.

« Le Livre des heures héroïques et douloureuses 1914-1915- 1916-1917-1918 : l’album entre témoignage et devoir de mémoire, la guerre à hauteur d’enfant » , dans « La bande dessinée à l’épreuve des génocides » Témoigner Entre histoire et mémoire , n°109, Éditions Kimé, mars 2011, p. 75-93.
Avant-propos
« Au centre une jeune femme debout représentant la Patrie, à ses pieds, la Liberté et l’Histoire. Assise, la Liberté tend des couronnes, la Patrie les distribue et l’Histoire prend note. Dans le centre droit, André Estienne le petit Tambour d’Arcole, juste derrière le grenadier Trompe-la-mort, qui veille sur son général Bonaparte. » 1

Les déclinaisons iconographique, littéraire et cinématographique tracent des enfants de troupe un portrait contrasté : l’évolution génétique et générique bouscule l’image mythique du « Tambour d’Arcole » au fil des siècles. Si la production littéraire et picturale du XIX e siècle et du début du XX e siècle exalte le mythe de l’enfant héros engagé volontairement dans les troupes des armées, qui du roi, qui de la République, qui de l’Empereur, la production autobiographique et cinématographique des années 1980 et du XXI e siècle offre une image beaucoup plus nuancée qui brise l’enthousiasme des livres de jeunesse des siècles précédents.
L’évolution générique et axiologique de la littérature des enfants de troupe est subordonnée à un virage idéologique : les romans destinés à la jeunesse par Jean de la Hire, le Capitaine Danrit, Jules Jacquin se fondent sur le mythe de l’enfant héros à l’instar de Bara, Viala, Bayle alors que la littérature, à partir de la deuxième moitié du XX e siècle, relayée par le cinéma, entreprend une démystification confinant à la condamnation. Ils ternissent l’image des petits héros de France.
Les circonstances politico-historiques expliquent en partie ce revirement : à la défense de la patrie rendue nécessaire par le traité de Francfort et l’imminence du premier conflit mondial succède un besoin de libération des mœurs. L’individu plongé au sein d’un groupe soumis à des règles drastiques se rebelle à travers un récit rétrospectif. Trois facteurs ont conduit à cette mutation du regard porté sur et par les enfants de troupe : tout d’abord cette modification émane d’un phénomène sociétal de contestation de l’autorité apparu entre 1968 et 1980 qui explique en partie cette inflexion négative. Ensuite, une tendance pychologisante plaçant l’enfant au centre des préoccupations afin qu’il se forge une personnalité harmonieuse a orienté vers une inflation littéraire du « je » (abondamment commentée par Philippe Lejeune) et un regain d’intérêt pour la psychologie de groupe (analysée par Anzieu et Martin). Enfin, il faut reconnaître que l’autobiographie est un genre qui se vend bien : replonger au sein d’une époque chère à son cœur, revivre un itinéraire exceptionnel, prennent alors une allure subversive qui attire. La revanche de l’individu sur le temps qui passe se double du plaisir d’exorciser des démons. Le public aime cette recherche des racines, goûte à l’intimité et aux révélations.
Ainsi, à une époque qui prône un retour aux valeurs de discipline et de solidarité, renforcées par la réouverture de l’École des mousses depuis 2009, la suggestion d’internats militaires, l’étude de communautés d’enfants ultra socialisées que sont les enfants de troupe entend apporter un éclairage historique, littéraire et psychologique sur ces groupes dont les dernières publications littéraires ont souvent donné une image dévalorisante à force de poncifs et de clichés misérabilistes.
1 Descriptif du fronton du Panthéon sculpté par David d’Angers et Feuchère. André Estienne s’engage à quinze ans en 1792 dans l’armée de Bonaparte pour lutter contre les Autrichiens et les Prussiens. Retenu malgré sa petite taille (1,45 m) et grâce à son tambour, il reçoit son baptême du feu en Italie. Quatre ans plus tard, au matin du 16 novembre 1796, il bat la diane pour rallier les troupes du général Bonaparte alors qu’il vient de traverser à la nage le torrent que surplombe le Pont d’Arcole. Il enlève ainsi le Pont et amène la victoire. Seul tambour à avoir assisté au sacre de Napoléon dans l’enceinte de Notre-Dame de Paris, il reçoit en 1805 la légion d’honneur créée depuis peu.
Introduction
« De Bara à Viala le sort nous fait envie… » 2

Les « hussards noirs » de la République vantaient à leurs élèves les sacrifices de leurs pairs révolutionnaires Bara et Viala dans un vibrant éloge de la défense de la patrie par ses fils. Ils évoquaient ainsi les premiers enfants de troupe(s) dont l’histoire reste à écrire jusqu’à nos jours. Il faut bien reconnaître que le besoin d’instruire et d’éduquer les enfants dont les parents étaient morts au champ d’honneur est un thème récurrent qui traverse les siècles, et ce, depuis l’antiquité. La tradition iconographique, littéraire et cinématographique s’est emparée d’un phénomène passé à l’état de mythe et en trace un portrait contrasté : l’évolution génétique et générique bouscule l’image mythique du « Tambour d’Arcole » au fil des siècles. Seul un vaste corpus mêlant iconographie, statuaire, littérature et cinéma, permet d’observer l’historicité littéraire des enfants de troupe, l’évolution du regard porté sur ces petits adultes en devenir, l’étroite corrélation entre le contexte sociopolitique et la relation de la vie des enfants de troupe.
L’étude des comportements d’enfants au sein d’une microsociété régimentaire se devait de s’appuyer sur différents regards d’artistes aux origines variées : ainsi la mise en perspective de tableaux 3 comme « Le Fifre » de Manet, le « Tambour de la République » de Scott, le « Tambour de la ligne » de Job, la « Sortie de la Garnison de Huningue » de Detaille et d’exemples de la statuaire 4 consacrée aux enfants de troupe par Vié, Fagel, Carlès révèle une historicité de l’enfant de troupe. La confrontatio

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