Exportation et importation des modèles politiques
268 pages
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Description

« Le concept démocratique, élaboré depuis des siècles, permet de mettre en place des techniques de contrôle du pouvoir, c'est en cela que le système démocratique est un bon mode de gouvernement. Mais, les hommes évoluent et la politique aussi, celle-ci se complexifie, elle devient plus sophistiquée. Les penseurs et/ou défenseurs de la démocratie doivent imaginer, inventer et mettre en place de nouveaux mécanismes adaptés à leur époque, à leurs conditions socioculturelles, à leurs circonstances. » Avec sa réflexion autour des modèles républicains ainsi que leurs applications sur le continent africain et plus spécialement au Zaïre, Patrick Mushobekwa nous offre une vision claire des origines des gouvernements à l'œuvre en Afrique. De leur naissance jusqu'à aujourd'hui, les démocraties font face à de véritables défis sociaux et culturels, mais doivent également faire preuve de vigilance quant aux régimes autoritaires présents à leurs frontières. Avec pédagogie et franchise, l'auteur déroule l'histoire d'un continent où l'influence européenne s'est finalement transformée en étau.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782342156041
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Exportation et importation des modèles politiques
Patrick Mushobekwa
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Exportation et importation des modèles politiques

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
À mon père
 
 
Chaque fois que les faits contreviennent à la théorie, il convient de rechercher ce qui boite du côté de la théorie et non du côté des faits.
C’est en somme l’essence même de toute démarche scientifique : ne pas lire le monde dans les discours spéculatifs, mais l’observer à l’œuvre dans l’expérience du réel.
(Sir Karl Popper)
 
 
Je lutte contre le racisme sous toutes ses formes.
Je reste convaincu qu’il s’enracine dans l’ignorance.
Le paternalisme, en politique, en est l’expression la plus insidieuse, puisque celui-ci est un racisme qui se donne bonne conscience.
 
Remerciements
J’adresse mes remerciements les plus sincères à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidé à rechercher la vérité ; à ceux qui m’ont aidé à concevoir et à réaliser ce travail, je pense tout particulièrement à :
Mlle Fabienne MARON, doctorant en science politique, Mme Françoise PEEMANS, directrice du service des archives du ministère des Relations extérieures, M. Léon KENGO, ancien Premier ministre, M. José NIMY, ancien conseiller spécial du président de la République du Zaïre et ancien directeur du bureau du président de la République, M. François MPUILA, représentant de l’UDPS en Belgique et au Luxembourg, M. Victor NENDAKA, ancien ministre.
Je tiens également à remercier M. Olivier LANOTTE pour la patience et l’intérêt qu’il a manifesté.
J’aimerais enfin remercier Mme le professeur Michèle SCHMIEGELOW sans qui ce mémoire n’aurait pas vu le jour.
Que toutes ces personnes, et ceux que je n’ai pu citer ici puissent trouver dans ce mémoire l’expression de ma profonde gratitude.
Introduction
Au Zaïre, suite au discours du 24 avril 1990 du président Mobutu annonçant le multipartisme, de profonds bouleversements vont marquer cette société en pleine mutation. Les élites prennent conscience de leur responsabilité devant les masses et celles-ci se rendent compte qu’elles peuvent revendiquer des responsabilités politiques et les prendre en charge. Dans un contexte d’exportation et d’importation des modèles politiques, l’objet de ce mémoire sera de montrer par l’analyse des compromis politiques, actes et projets constitutionnels issus de la Conférence nationale souveraine (CNS), qu’il y a élaboration d’une culture politique zaïroise, tandis que se dissipent les rêves de convergence et le mythe d’un progrès uniforme et continu tant défendu par les thèses développementalistes.
Cette culture politique s’est construite au fil du temps. Elle s’est enrichie et précisée durant la période que les auteurs spécialisés ont nommé la « transition démocratique » (1990/1997).
Le premier chapitre de ce mémoire s’attachera à circonscrire les concepts de culture politique, de système politique et d’État.
Les Chapitres deux et trois contribueront à montrer que l’exportation et/ou l’importation des modèles politiques ne sont pas nécessairement une pratique consciente, ou guidée par des intérêts purement économiques. Elle relève encore moins d’un complot de l’occident comme porte parfois à l’affirmer la facilité de langage ou un tiers-mondisme mal maîtrisé, mais est plutôt le résultat d’un rapport de forces et de considérations stratégiques – savamment agencées –, notamment par les avantages qu’en retirent les acteurs qui y participent.
Si le processus d’exportation (chapitre 2) relève davantage d’un rapport de forces et échappe parfois aux membres de la société réceptrice, le processus d’importation, quant à lui (chapitre 3), a le mérite de rendre aux acteurs des sociétés extraoccidentales l’initiative du changement ; d’orienter celui-ci, et ce, dans un environnement qui lui donne un sens. Par ailleurs, les acteurs de ces sociétés ne peuvent enrayer le phénomène de mondialisation favorisé par l’activation des flux transnationaux dans les relations de puissance. Le phénomène de mondialisation conduit à la constitution d’un système international qui tend vers l’uniformisation des règles, des valeurs, des objectifs. Signe des temps : le voyage en Afrique, en mars 1998, du président des États-Unis (Bill Clinton), certes ce voyage visait à reconnaître la responsabilité politique et économique des pays africains et leur droit à fonder ou à réinventer leur modernité, mais aussi à annoncer l’universalisation des normes, des valeurs et des objectifs.
Le chapitre quatre, conclusif, essaiera de montrer qu’il s’agit moins de contradictions que d’adaptations entre les modèles venus de l’Ouest et ceux du Sud. De façon plus sensible encore, nous pouvons constater qu’il existe, au sein de la société extraoccidentale, en l’occurrence ici le Zaïre, une part d’invention qui parvient à nous fournir une vision, certes limitée, de la modernité africaine.
Aujourd’hui, les complexes liés aux humiliations historiques telles que la colonisation, pour ne citer que celui-là, tendent à disparaître. Des pays comme la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun, le Kenya, le Sénégal, le Zimbabwe… et pourquoi pas le Zaïre devenu depuis la République Démocratique du Congo développent leur propre modernité.
La réussite de la Conférence nationale se mesure moins aux institutions qu’elle a pu concrètement mettre sur pied qu’à l’esprit qu’elle a pu engendrer. Cet esprit c’est la liberté. Le véritable enjeu de cette révolution, puisque de révolution il s’agissait, c’était de mettre fin à un régime politique autoritaire, pour ne pas dire dictatorial, en constituant un espace de liberté. L’effort fut ensuite de fonder des institutions qui garantissent la forme républicaine de gouvernement, pour paraphraser Hannah ARENDT « la liberté politique, généralement parlant, signifie le droit d’être copartageant au gouvernement, ou ne signifie rien  1  ».
Sortir de l’instabilité politique et économique permanente, des effets pervers de la logique de dépendance, de l’esclavage des appartenances ethniques, de la logique de prise de pouvoir par la force des armes, en d’autres termes, maîtriser son destin, tels sont les enjeux majeurs d’une Afrique qui se veut moderne.
Chapitre 1. Culture politique, système politique et État
1. La notion de culture politique
La culture politique est en réalité un concept relativement récent pour une idée plutôt vieille. Selon Françoise MASSART  2 , la notion de culture, d’esprit, d’ensemble de valeurs qui façonnent la conduite politique d’une nation ou d’un groupe est aussi ancienne que l’analyse politique elle-même. HÉRODOTE, PLATON, ARISTOTE, MACHIAVEL, MONTESQUIEU et TOCQUEVILLE figurent parmi les plus éminents philosophes politiques qui ont insisté sur les différences entre gouvernements, sur la mentalité et les tempéraments des peuples. ARISTOTE, par exemple, souligna « l’état d’esprit » qui encourage la stabilité politique ou la révolution ; TOCQUEVILLE, DICEY et BAGEHOT donnèrent une place explicite aux valeurs politiques et aux sentiments dans leurs théories de la stabilité et du changement politique.
L’intérêt à l’égard de la culture politique s’est surtout développé suite aux critiques formulées à l’encontre d’une approche institutionnelle légaliste des phénomènes politiques, qui accordait une trop grande attention à l’appareil politique formel (gouvernement, institutions, constitution). Toujours selon MASSART, dans les années 1950 et 1960 l’échec des constitutions dans de nombreux pays nouvellement indépendants du tiers-monde rappelle également l’importance des relations entre les institutions politiques, le comportement politique et la culture politique.
Ainsi, selon l’auteur, c’est à partir des années 1960 que l’étude de la culture politique apparaît véritablement. Si plusieurs théories individualistes, telles que l’existentialisme, la théorie de l’action rationnelle et la théorie des jeux n’accordent aucune importance au concept de culture politique jugé trop holistique  3 , des approches aussi diverses que la théorie des systèmes d’EASTON et de PARSONS, le fonctionnalisme d’ALMOND, l’idéalisme d’OAKESHOTT, l’anthropologie de WINCH et certains courants marxistes soulignent, a contrario , son importance.
Pour les marxistes, la culture politique est une variable dépendante alors que tous les autres la considèrent comme une variable tout à fait indépendante ou à tout le moins interdépendante. Pour les théoriciens du système et pour les fonctionnalistes, la culture est une partie de l’environnement politique de la société alors que les idéalistes, ainsi que WINCH, la définissent comme une précondition de la compréhension et de l’engagement dans la pratique politique.
Aujourd’hui, il existe une querelle scientifique opposant les tenants de l’approche de la sociologie essayiste de la culture politique et ceux de l’approche empirique béhavioriste de la culture politique fondée par ALMOND et VERBA (voir plus bas). Cette dernière approche est prédominante en Occident dans l’analyse de la culture politique des pays de cette région.
Contrairement à l’approche béhavioriste comparatiste, le problème majeur de l’approche de la sociologie essayiste de la culture politique est le fait qu’elle ne vise pas à prouver de manière empirique ses conclusions, thèses, etc. sur la culture

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