Héros et rebelles du monde noir
254 pages
Français

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Héros et rebelles du monde noir , livre ebook

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Description

De l'Afrique aux Amériques, partout où l'esclavage et la colonisation ont sévi, des nègres ont résisté. Voici présenté un tableau des principaux acteurs qui, du XVIe au XXe siècle, se sont soulevés contre l'oppression, l'injustice et ont, par conséquent, incarné l'idée que l'homme peut atteindre à l'héroïsme quand il entend sauvegarder ou recouvrer sa liberté et sa dignité. Anna N'zinga, Samory Touré, Jean-Jacques Dessalines, Amilcar Cabral, Charlemagne Péralte, Toussaint Louverture ont vaillamment combattu au nom de ces valeurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2016
Nombre de lectures 100
EAN13 9782140000140
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Yves A NTOINE







Héros et rebelles du monde noir

De l’Afrique aux Amériques
Copyright


Du même auteur

La veillée, préface du Dr Pradel Pompilus, Port-au-Prince, imp. Serge Gaston, 1964
Témoin Oculaire, Port-au-Prince, imp. Serge Gaston, 1970
Au gré des heures, Presses Nationales d’Haïti, 1972
Les Sabots de la nuit , Québec, Gasparo, 1974 Alliage , Sherbrooke, Éd. Naaman, 1979
Libations pour le Soleil , Sherbrooke, Éd. Naaman, 1985
Sémiologie et personnage romanesque chez Jacques S. Alexis, Montréal, Éd. Balzac, 1993
Polyphonie, Ottawa, Éd. du Vermillon, 1996
La mémoire à fleur de peau , Ottawa, Éd. David, 2002
Les sentiers parallèles, Paris, L’Harmattan, 2008
Inventeurs et Savants Noirs , Paris, L’Harmattan, 1998 ; 2004 ; 2012
Yves Antoine dit par lui-même (CD), 2012






En couverture : Agostinho Neto, photo : Rob Mieremet / Anefo ; Almamy Samory Touré, photo : H. Gaden ; Charlemagne Péralte, photographe inconnu ; Jean-Jacques Dessalines, peinture murale de Port-au-Prince ; exposition Sam Sharpe Montego Bay, photo : D. Ramey Logan ; gravure sur bois de Nat Turner, Encyclopaedia Virginia ; Samora Moises Machel, photo : Sra James Simpson ; Amilcar Cabral, photo : VDP-OL ; gravure de Toussaint Louverture par Pierre-Charles Baquoy.





© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-75250-1
Nous aspirons tous au triomphe de la notion d’espèce humaine dans les esprits et dans les consciences, de sorte que l’histoire particulière de telle ou telle race s’efface devant celle de l’homme tout court. On n’aura plus alors qu’à décrire, en termes généraux qui ne tiendront plus compte des singularités accidentelles devenues sans intérêt, les étapes significatives de la conquête de la civilisation par l’homme, par l’espèce humaine tout entière.

Cheikh Anta Diop
Antériorité des civilisations nègres :
Mythe ou vérité historique ?
Paris, Éd. Présence Africaine, 1967, p.275
Introduction générale
Quand on aborde la question de l’esclavage, on oublie souvent d’attirer l’attention sur le caractère universel de ce phénomène social. Son universalité semble attestée, en partie, par l’étymologie même du mot esclave qui a donné esclavage. D’après Le Robert , le terme esclave est emprunté au latin médiéval « sclavus » qui signifie « slave ». Le passage du sens de « slave » à celui d’« esclave » s’est produit durant le haut moyen âge, période où un grand nombre de Slaves des Balkans furent réduits en esclavage par les Germains et les Byzantins. Le mot s’est largement répandu en Europe, d’où l’italien scliavo, l’espagnol esclavo, l’allemand Sklave, l’anglais « slave 1 ». À ces considérations linguistiques correspondent des faits historiques montrant que, sur tous les continents et dans toutes les civilisations, l’esclavage, – toutes « races » confondues – se pratiquait sous une forme ou une autre selon des modalités particulières. Dans l’ Encyclopaedia Universalis , à l’article « Esclavage », on lit : « Depuis l’apparition des civilisations rurales jusqu’au XVIII e siècle en Europe, l’esclavage a constitué la forme la plus répandue de l’organisation du travail, la base de la structure de l’économie 2 . » Au-delà des différentes causes d’asservissement d’un groupe humain ou d’un individu (endettement, butin de guerre, force de production de biens, etc.), l’esclavage était donc une institution sociale.
À ce titre, il s’exerçait très ouvertement. Dans l’Antiquité gréco-romaine existaient des marchés d’esclaves. Hommes, femmes et enfants exposés le plus souvent nus y étaient offerts. La plupart des grandes cités grecques (Athènes, Samos, Ephèse) tenaient leur propre marché. À Athènes, l’État percevait une taxe sur la vente d’esclaves. À Rome, on en prélevait une pour la même raison. Il faut noter certains principes fondamentaux communs à la Grèce et à Rome en ce qui concerne le statut de l’esclave. Celui-ci était la propriété absolue du maître qui avait sur lui droit de vie et de mort. Le maître pouvait lui appliquer les règles de la propriété : vente, gage, location. L’esclave ne jouissait d’aucun bien, n’étant pas citoyen.
En Asie, l’esclavage sévissait également. En Chine, il a duré des siècles. Il ne fut aboli qu’en 1906. Son apparition dans ce pays remonte à la dynastie Chang (1570-1046 av. J. C) et s’étend à travers tout l’Extrême-Orient (Inde, Corée…). L’une des singularités de la condition servile dans la Chine ancienne est que les esclaves, prisonniers de guerre appartenaient à l’État tandis qu’on pouvait tuer, brûler vifs ou enterrer vivants des esclaves pour endettement. La dynastie Qin (221-226 av. J.-C) mit fin à ces atrocités. Nombre d’esclaves avaient participé à la construction de la fameuse Grande Muraille dont la construction fut confiée au général Meng Tian. Héréditaire, l’esclavage jouait un rôle primordial dans l’économie chinoise.
L’Inde, deuxième pays le plus peuplé de la planète après la Chine, a, elle aussi, connu l’esclavage. En effet, la loi de Manou distingue six types d’esclaves : « Le captif fait sous un drapeau (dans une bataille), le domestique qui se met au service d’une personne pour qu’on l’entretienne, le serf né d’une femme esclave dans la maison du maître, celui qui a été acheté ou donné, celui qui a passé du père au fils, celui qui est esclave par punition (ne pouvant pas payer une amende 3 ). » En Inde, l’existence des castes contribuait au développement de l’esclavage. Car celles-ci n’établissaient pas que des discriminations sociales, elles leur trouvaient une légitimation d’ordre prétendument naturel que renforçait l’enseignement religieux selon lequel, certains étaient nés pour servir et obéir ; d’autres pour commander et dominer. L’esclave indien était dépourvu de personnalité juridique. Rien ne lui appartenait en propre. S’il lui arrivait de posséder quelque bien, le maître avait le droit de l’accaparer.
Le continent africain n’a pas non plus échappé à l’esclavage sous sa forme domestique notamment. Les femmes et les enfants en furent les principales victimes. Cependant, du IX e au XV e siècle, les Arabes se livraient au commerce de la traite. Des milliers de personnes originaires généralement de l’Afrique centrale furent acheminées en Afrique du Nord, puis en Arabie et en Égypte pharaonique. L’esclavage prit son essor au cours de la période ptolémaïque après les conquêtes d’Alexandre le Grand. En Afrique noire, il s’alimentait à deux sources : la guerre et les razzias effectuées par les Arabes et des chefs africains. Le phénomène qui, avec raison, a le plus marqué les esprits, est celui de la traite négrière européenne. Auteur et homme politique, Dominique de Villepin a émis, à cet égard, des commentaires judicieux : « Et si l’esclavage a pu prendre des formes multiples, c’est l’Occident qui a mis en œuvre sa forme la plus cruelle à travers le commerce triangulaire. Peu de voix se sont élevées en Europe au long des siècles pour condamner le sort réservé à ces hommes, à ces femmes, à ces enfants arrachés à leurs familles, à leur terre, à leur culture, entassés dans des navires et vendus comme du bétail pour cultiver des terres que d’autres s’étaient appropriées. Cette négation du respect de l’homme fut même inscrite dans notre loi avec la promulgation du Code noir en 1685 4 . » Dominique de Villepin a souligné les aspects essentiels de l’horreur que représentait l’esclavage. Toutefois, il faut préciser que la traite négrière et la colonisation de l’Afrique entraînèrent la destruction des formes d’organisations sociales et politiques déjà existantes. Avant l’arrivée des Européens sur le continent, des royaumes ou empires fonctionnaient.
Prenons, à titre d’exemple, celui du Mali qui s’étendait sur un très vaste territoire embrassant l’Afrique de l’Ouest

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