L'Algérie pays immergeant

Mokhtar Kheladi

Description

Au sortir de la guerre d'indépendance, dès 1962, les autorités algériennes ont annoncé leur ambition de rattraper les pays développés. Dans un pays peuplé de 12 millions d'habitants, dont 80 % d'analphabètes, et un PIB de 2 milliards de dollars, la tâche était énorme. Un pharaonique programme d'industrialisation est mis en oeuvre en 1966, qui a imposé des sacrifices énormes, sans donner à l'économie l'élan nécessaire. Aujourd'hui, l'agriculture est moribonde, l'industrie n'existe que sous forme de traces, l'école est sinistrée, la ville est un dortoir, le pétrole une drogue... Cet ouvrage souhaite contribuer à faire sortir l'Algérie de l'impasse dans laquelle elle se trouve.

Sujets

• Algeria
• Algérie
• Sociologie, société et politique
• Économie
• Afrique subsaharienne
• Développement

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2016
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782140017124
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Histoire et Perspectives méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L’Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours.

Déjà parus
Abdellah BOUNFOUR Malaise dans la transmission, La crise de l’autorité familiale, scolaire et politique au Maghreb, 2016
Riza SAYGILI, Un siècle de démocratisation innachevée, Partis et courants politiques en Turquie (1908-2008) , 2016
Karim BEN YEDDER , Le fondouk al-ghalla de Tunis, Marché central (1891-1956) , 2016.
Association Déméter-Coré (coord.), Travail et maternité dans l’aire méditerranéenne , 2016.
Zakaria FATIH, Le Maghreb à la croisée des chemins : l’enjeu de la tradition et le défi de la modernité, 2016.
Hassan BANHAKEIA, Histoire de la pensée nord-africaine, 2016.
Saïd CHIBANE, L’Algérie entre totalitarisme & populisme, La fausse ouverture ou l’heure des illusions/désillusions, tome 2, 2016
Saïd CHIBANE, L’Algérie entre totalitarisme & populisme, Le temps du parti unique, tome 1, 2016.
Johara BERRIANE, Ahmad al-Tijâni de Fès : un sanctuaire soufi aux connexions transnationales , 2016.
Pascal CYR, Égypte, la guerre de Bonaparte , 2015
Philippe GAILLARD, Génération Algérie : Mémoire d’un quidam , 2015
Mustapha ARIHIR, Les relations extérieures franco-algériennes à l’épreuve de la reconnaissance, de 1962 à nos jours , 2015.
Chadia CHAMBERS-SAMADI, Répression de manifestants algériens , 2015.
Mohammed Anouar MOGHIRA, L’Égypte en marche ?. Les atouts, les espoirs et les défis (1952-2015) , 2015
Mohamed HARAKAT , Les paradoxes de la gouvernance de l’État dans les pays arabes, 2015 .
Mohammed GERMOUNI , Le protectorat français au Maroc. Un nouveau regard, 2015 .
Guillaume DENGLOS, La revue Maghreb (1932 - 1936). Une publication franco-marocaine engagée, 2015.
Michel CORNATON, Nelly FORGET et François MARQUIS, Guerre d’Algérie, ethnologues de l’ombre et de la lumière, 2015.
Titre
Kheladi MOKHTAR





L’Algérie pays immergeant

D’un géant sur papier à un géant en papier
Copyright
Du même auteur

Urbanisme et systèmes sociaux. OPU, Alger 1991
Introduction à l’économie politique. OPU, Alger 2004
Introduction aux relations économiques internationales, OPU, Alger, 2010
Le développement local. OPU, Alger 2013

Ouvrages collectifs
Chanson-Jabeur (Chantal) et Musette (Saïb) (Sous la direction de) : Transports urbains et interurbains en Algérie. Co-édition CREAD-Laboratoire SEDET/Gremamo – CNRS, Université Paris 7. article pages : 103-123.
La Méditerranée occidentale. Entre régionalisation et mondialisation. Ed. CREAD et Labo Economie & Développement de l’Université de Béjaia. Alger 2003. articles pages 59-75
Algérie, Maghreb, Méditerranée. Ouvrage collectif réalisé dans le cadre de l’année de l’Algérie en France, L’Harmattan, Paris 2006.

Articles
Kheladi Mokhtar, Belattaf Matouk & Arhab Baya : Transport urbain à Béjaia. In Les Cahiers du CREAD n° 54 du quatrième trimestre 2000
Kheladi Mokhtar : La mondialisation : une nouvelle stratégie d’accumulation. In Les Cahiers du CREAD, n° 55 du premier trimestre 2001
Kheladi Mokhtar, Belattaf Matouk & Arhab Baya : Contribution à l’analyse des structures de la ville algérienne, à partir du cas de la ville de Béjaia. In Les Cahiers du CREAD, n° 56 du deuxième trimestre 2001
Kheladi Mokhtar : La gratuité de l’éducation : un frein au développement. Revue de l’Association du Tiers-monde. 2006, Université de Nancy II.
Kheladi Mokhtar : Le poids économique du monde arabe. Revue Algérienne de Management, n° 2. INPED (Boumerdes) 2007
Kheladi Mokhtar : Analyse de la question de la PME face au marché international. Rétrospective et étude des conditions de compétitivité Revue Algérienne de Management, n° 4. INPED (Boumerdes) 2008.
Kheladi Mokhtar and Arhab Baya : The transition to a market economy : the experience of Algeria. China-USA Business Review. Volume 11, Number 3, March 2012.





© L’HARMATTAN, 2016
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EAN Epub : 978-2-336-76948-6
Introduction
Pour l’Algérie, le 5 juillet 1962 est le grand jour qui met fin à la présence française et à la Colonisation avec un grand C. Le peuple algérien sort grandi de la guerre de libération et il profite de son élan pour se projeter dans un futur radieux où tous les hommes sont frères, égaux et riches. Dans les conditions de l’époque, c’est un projet immense, ambitieux et utopique. Il est d’autant plus utopique que la nation s’y engage avec beaucoup de bonne volonté, mais pratiquement sans moyens. Malheureusement dans un excès de fébrilité, le pays aurait, à un moment quelconque, raté une intersection, car à l’issue d’un demi-siècle d’aventures et de mésaventures, l’illusion est tombée annonçant au monde que la montagne a accouché d’une souris. Einstein disait que le succès c’est 1 % de génie et 99 % de sueur. A supposer que le 1 % de génie ait été disponible, il a manqué à l’Algérie les 99 % de sueur. On ne devient pas Superman par décision administrative.
L’Algérie est un immense pays de 2,3 millions de km² de superficie et des frontières qui se déroulent sur 6600 km, sur lesquels seulement 1200 km de côtes qui ouvrent le pays sur la Méditerranée. Partant du littoral, le territoire s’enfonce profondément à la fois dans le désert et dans le continent africain. Géographiquement l’Algérie est au nord de l’Afrique et au sud de l’Europe, mais économiquement elle tient plus de l’Afrique que de l’Europe, puisqu’elle se laisse définir par les fléaux de misère, ignorance, dictature, injustice, corruption qui sont le propre de la majorité des pays africains.
Le nom, les frontières et la superficie que nous connaissons à l’Algérie d’aujourd’hui, lui ont été donnés par la colonisation française. On serait bien en peine de tracer les limites du pays pas plus loin que le premier tiers du XIX° siècle. C’est pourquoi l’histoire de l’Algérie telle que pratiquée aujourd’hui n’est que l’histoire de sa partie septentrionale qui s’étend le long du littoral sur une épaisseur de moins d’une centaine de kilomètres. C’est un territoire qui correspond grossièrement à celui que délimite le limes romain.
Par un curieux hasard, les conditions de vie existent sur la frange Nord mais les moyens d’existence sont localisés au Sud (pétrole, gaz, or, fer, uranium…). Les matières premières sont acheminées vers le nord sur des centaines de kilomètres (pour y être transformées ou exportées en l’état) tandis que les produits de l’agriculture et de l’industrie (produits localement ou importés) prennent le chemin inverse, induisant des coûts de transport faramineux. De plus, le contraste, fort, entre un Nord très ramassé et très densément peuplé et un Sud trop vaste et trop vide, pose des problèmes quasiment insolubles en termes d’occupation rationnelle de l’espace, de justice sociale, de coût d’approvisionnement, de sécurité nationale, etc.. Ces problèmes étant donnés, une bonne gouvernance peut les adoucir et une mauvaise les aggraver.
Devenu indépendant en 1962, le peuple algérien auréolé comme un champion olympique allait pouvoir commencer une page blanche. Nul ne doutait qu’ayant gagné haut la main, avec des moyens dérisoires, sa guerre contre une grande puissance, il allait faire des miracles, la paix revenue. Partie sous les vivats d’un Tiers-monde admiratif, l’Algérie s’élance, avec cette foi du charbonnier, que l’essentiel c’est d’aller vite, même si l’on ne sait pas exactement où l’on va. Après un demi-siècle d’efforts, où que l’on ait décidé d’aller, on n’y est pas arrivé, car selon toute vraisemblance le pays a fait du surplace. L’élève « Algérie » est un cancre, en dépit de quelques bonnes notes obtenues dans les matières secondaires.
En juillet 2015, l’Algérie se retrouve comme en juillet 1962, dans une situation dramatiq