L ANARCHIE
45 pages
Français

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Description

« Le discours solidaire des puissants n’est qu’un leurre, puisqu’en réalité ils comptent bien davantage sur l’égoïsme et l’isolement des individus pour asseoir leur pouvoir. Le xxe siècle a été l’occasion de faire croire aux populations du monde, et en premier lieu à celles des pays industrialisés, que le “chacun pour soi” était la voie unique de la réussite. Le capitalisme […] a conduit à des aberrations inédites en matière d’inégalités sociales, de concentration du pouvoir, d’endoctrinement des masses par la culture de la consommation, de pollution massive et critique de l’environnement.
La solidarité dont nous avons besoin est bien différente de celle que nous offrent les gouvernants. Nous avons besoin d’une solidarité fondée sur l’aide mutuelle, sur le respect de l’égalité et de la liberté de toutes les femmes et de tous les hommes qui forment la société. La solidarité que nous propose Malatesta est la seule porteuse de progrès, de justice sociale et, en définitive, de liberté. »
Serge Roy, extrait de la préface

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 avril 2018
Nombre de lectures 9
EAN13 9782895967392
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Instinct de liberté», dirigée par Marie-Eve Lamy et Sylvain Beaudet, propose des textes susceptibles d’approfondir la réflexion quant à l’avènement d’une société nouvelle, sensible aux principes libertaires.
© Lux Éditeur, 2004, 2018
www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e  trimestre 2018
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (papier) 978-2-89596-271-7
ISBN (pdf) 978-2-89596-929-7
ISBN (epub) 978-2-89596-739-2
Ouvrage publié avec le concours du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.

Préface
P ARLER D’ANARCHISME aujourd’hui représente évidemment un défi considérable, puisque l’autoritarisme et les rapports de domination prévalent plus que jamais sur l’ensemble de la planète. Un pouvoir colossal se trouve entre les mains des détenteurs du capital à l’échelle des nations et, de plus en plus, à l’échelle mondiale; ces derniers échappant à tout contrôle et jouissant d’une liberté quasi absolue, laquelle n’a rien à voir avec celle dont parle Malatesta dans son texte rédigé à la fin du XIX e  siècle.
Errico Malatesta, qui a vécu de 1853 à 1932, était un militant anarchiste dont l’énergie a servi la cause de la lutte sociale. Né en Italie, ses combats multiples l’ont conduit dans plusieurs pays en Europe et en Amérique. L’anarchie témoigne de la conviction de cet homme qui a critiqué sans détour l’État et le gouvernement comme outils d’asservissement des peuples. Un siècle après sa parution, ce texte demeure d’une grande actualité puisqu’à l’heure de la mondialisation, nous devons constater que les gouvernements et les politiciens s’emploient à satisfaire les intérêts du grand capital, contrairement à leur prétention de servir les intérêts de la population.
Lorsque Malatesta, en parlant des gouvernants, écrit: «Sont-ils élus au suffrage universel? Mais alors, le seul critère, c’est le nombre, qui n’est certes pas une preuve de raison, de justice ou de capacité. Seront élus ceux qui savent le mieux manipuler la population, et la minorité – qui peut très bien être la moitié moins un – sera alors sacrifiée», nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître encore la réalité d’aujourd’hui. Et la manière de manipuler s’est considérablement sophistiquée au cours du XX e  siècle. Qui peut croire que le processus électoral permet de choisir librement les personnes qui «représenteront le peuple» dans les assemblées législatives? Partout nous observons que c’est le pouvoir de l’argent, associé aux médias de masse, qui conduit à l’élection d’une personne plutôt qu’une autre, d’un parti plutôt qu’un autre. Et lorsqu’un nouveau groupe politique apparaît capable d’accéder au pouvoir, ces mêmes forces financières s’empressent de prendre les moyens de l’influencer et, à plus ou moins brève échéance, de le contrôler. L’expérience récente de l’accession au pouvoir de partis sociodémocrates ou socialistes dans plusieurs pays industrialisés nous montre que ceux-ci se sont inclinés devant les exigences de la mondialisation des marchés, laissant derrière eux leurs grands objectifs politiques et sociaux.
L’anarchie nous révèle aussi que si «le gouvernement se donne la peine de protéger, plus ou moins, la vie des citoyens contre les attaques directes et brutales» en reconnaissant certains droits, en organisant divers services publics «comme la poste, le réseau routier, la santé publique, la gestion de l’eau, l’assainissement des terres, la protection des forêts, etc.», en fait, il agit «toujours inspiré par l’esprit de domination» et «pour défendre, agrandir et perpétuer ses propres privilèges et ceux de sa classe, dont il est le représentant et le défenseur». Et Malatesta concluait à la nécessité d’abolir le gouvernement.
La situation décrite dans L’anarchie ne ressemble-t-elle pas à ce que nous vivons de nos jours? Lorsque les intérêts de la classe dominante commandent que l’État se retire de toutes ces activités, le gouvernement n’hésite pas à adopter les politiques qu’il faut pour privatiser les organismes publics au profit d’entreprises privées qui savent soutenir ces gouvernants au moment opportun.
De nos jours, le mouvement social combat plutôt pour empêcher que l’État réponde aux exigences du capital, qui exige le démantèlement des services publics et des programmes sociaux, la déréglementation et la privatisation. Bien sûr, les critiques de Malatesta à l’égard du gouvernement demeurent toujours pertinentes. Mais, comme nous ne pouvons laisser la voie libre au capital, nous n’avons sans doute pas d’autre choix, dans l’immédiat, que de défendre les services publics ainsi que les dépenses liées aux programmes sociaux pour éviter que les grands financiers ne triomphent sur toute la ligne. On pourrait sans doute voir une contradiction entre la proposition d’abolir le gouvernement et la nécessité de défendre les services publics contre les offensives des forces «néolibérales». En réalité, il ne saurait être question d’attendre l’avènement d’une société libertaire avant de mettre en place des moyens pour assurer une vie meilleure aux hommes et aux femmes de nos sociétés. Les services publics et les programmes sociaux constituent des outils pour alléger le poids de l’exploitation capitaliste. Il importe, cependant, d’encourager toute stratégie permettant aux citoyennes et aux citoyens de s’approprier ces outils collectifs et de les soustraire à l’arbitraire gouvernemental et capitaliste. Il n’y a donc là qu’apparence de contradiction.
S’il y a une différence entre la situation de la fin du XIX e  siècle et celle d’aujourd’hui, c’est sans doute le fait que les services publics, y compris la fonction publique, se sont développés considérablement, souvent sous la pression des classes populaires. De plus, les travailleuses et les travailleurs de ces services sont, dans une large proportion, syndiqués; ce qui peut en faire des alliés importants dans le combat pour l’avènement d’une société libre. Bien que le mouvement syndical ait trop souvent joué un rôle d’intégration des travailleuses et des travailleurs à la société capitaliste, il n’en demeure pas moins un outil fondamental qui a la capacité de développer, à nouveau, des stratégies radicales de contestation de la société d’exploitation dans laquelle nous vivons. Pour cela, les syndicats doivent s’éloigner des pièges du corporatisme que lui tendent régulièrement le patronat et le gouvernement.
Parce qu’elles sont salariées et syndiquées, ces personnes qui travaillent dans les services sociaux et dans la santé, l’éducation, la sécurité du revenu, la protection des droits, les transports publics, la protection des ressources naturelles et de l’environnement, etc., sont bien placées pour participer au combat actuel contre l’élargissement du pouvoir économique au détriment de la société civile. C’est pourquoi il faut inciter les syndicats regroupant ces travailleuses et travailleurs à intensifier la résistance à la mondialisation de l’économie, qui permet à une petite clique de financiers de concentrer encore davantage ce pouvoir entre leurs mains et à leur seul profit.
Le texte de Malatesta ne limite pas sa critique à l’égard du gouvernement. Il exprime clairement que la propriété individuelle constitue l’autre obstacle majeur au développement d’une société fondée sur la solidarité. Cette solidarité, Malatesta la présente comme le cœur du fonctionnement d’une société anarchiste. Il nous propose de voir la solidarité comme «le seul état qui permette à l’homme de déployer toute sa nature et d’atteindre le plus grand développement et le plus grand bien-être possibles, c’est-à-dire l’harmonie des intérêts et des sentiments, le concours de chacun au bien de tous et de tous au bien de chacun. Elle est le but vers lequel marche l’évolution de l’homme; elle est le principe supérieur qui apporte une solution à tous les antagonismes actuels, insolubles autrement; et c’est elle qui fait que

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