L Europe au temps des neuf ou la fin des illusions
132 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'Europe au temps des neuf ou la fin des illusions , livre ebook

-

132 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre raconte une page de l'histoire de l'Europe, qui commence avec l'entrée du Royaume-Uni, du Danemark et de l'Irlande dans la Communauté européenne et qui se termine avec les négociations pour l'adhésion de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce. En passant de 6 à 9, l'ensemble économique cohérent qu'elle formait cède la place à un grand marché ouvert...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 12
EAN13 9782296489455
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’EUROPE AU TEMPS DES NEUF
Questions Contemporaines
Collection dirigée par
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Derniers ouvrages parus

Marie Saiget, L’ONU face aux violences sexuelles de son personnel , 2012.
Vanessa Fargnoli, Viol(s) comme arme de guerre , 2012.
Jean-Jacques LEDOS, Petite contribution à l’histoire de la radio , 2012.
Jean-Jacques LEDOS, Petite contribution à l’histoire de la télévision , 2012.
Julien DENIEUIL, Concentration éditoriale et bibliodiversité ,2011.
Roland GUILLON, La Méditerranée à l’épreuve de la globalisation , 2012.
Esther RESTA, La société patriarcale face à la résistance des femmes , 2012.
Esther RESTA, Du matriarcat au patriarcat , 2012.
Saïd KOUTANI, Le devenir du métier d’ingénieur , 2012.
Bernard GOURMELEN, H andicap, projet et réinsertion. Analyse des processus identitaires pour les travailleurs handicapés , 2012.
Eric SARTORI, Le socialisme d’Auguste , 2012.
Jean-Christophe TORRES, Du narcissisme. Individualisme et amour de soi à l’ère postmoderne , 2012.
Stéphane Scrive
L’EUROPE AU TEMPS DES NEUF OU LA FIN DES ILLUSIONS
Essai
Du même auteur

La deuxième bataille de Bouvine (Société des Ecrivains)
Une année noire pour la Corse (Société des Ecrivains)
La crise de la démocratie en Afrique (L’Harmattan)

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96491-4
EAN : 9782296964914
Prologue
Demain, peut être, inch Allah, la Turquie sera dans l’Europe, une Europe dont on ne connaîtra plus les limites, une quelconque Europe aux frontières imprécises, à la culture métissée, un vaste conglomérat dont le seul ciment sera le grand marché libéral que les entreprises internationales apatrides appellent de leurs vœux.
Ce livre remonte le cours de l’histoire d’une trentaine d’années et se penche sur les traces de cette Europe des Six, celle que l’on appelait « l’Europe carolingienne », quand elle s’est trouvée aux prises avec les premiers problèmes de son ouverture aux pays nordiques, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Irlande qui venaient d’y adhérer.
Pour ceux qui ont connu cette époque et surtout pour ceux qui s’étaient attachés à la construction de la première Communauté européenne, pour ceux qui avaient vécu ses premières années hachées de crises et de renouveau, l’élargissement a été une rupture parfois mal ressentie.
Ils se souvenaient que, au moment de sa naissance, en 1958, les Britanniques avaient refusé d’entrer dans une Europe continentale qui pourrait la couper de son avatar américain et que, pour la torpiller, ils avaient constitué l’Association européenne de libre échange, l’A.E.L.E., un organisme concurrent destiné à lui faire pièce à défaut de la remplacer.
Cette tentative s’était révélée une piètre entreprise qui avait rapidement débouché sur un échec. Au moment où l’Europe des Six connaissait un grand essor, l’A.E.L.E. se morfondait et s’affaiblissait avant de disparaître.
Les Britanniques, des pragmatistes, comme ils ont la réputation de l’être, en avaient aussitôt tiré les conséquences et, dès 1963, le gouvernement de M. MacMillan avait demandé l’adhésion de son pays. Le non du général de Gaulle avait été ferme et définitif, du moins le croyait-il...
De fait, le général disparu, les Britanniques étaient revenus à la charge auprès de son ancien Premier ministre et successeur, M. Georges Pompidou qui, inspiré du même réalisme qui avait touché les citoyens d’Outre-Manche, décidait de leur laisser libre le passage. L’équipe européenne allait jouer à neuf.
A la lecture des pages qui suivront, on prendra conscience de l’importance du pas qui a été franchi et qui, presque immédiatement, a été considéré par la France mais aussi par ses partenaires qui avaient poussé à cet élargissement, comme un mauvais pas.
Tout est devenu plus difficile. La volonté délibérée du Royaume-Uni, faute de pouvoir modifier les règles du club auquel il avait demandé d’être admis, a été de freiner, autant que faire se peut, cette démarche d’intégration qui avait été entreprise quinze ans plus tôt. De politiques communes, il n’était plus question. L’Europe des producteurs, agriculteurs, industriels et artisans, cédait sa place à celle des marchands.
En définitive, l’entrée des trois pays dans la Communauté avait, certes, augmenté la dimension du marché commun. Elle n’avait, en aucun cas, renforcé l’Europe, ni dans le domaine économique ni sur la scène internationale.
Les élargissements qui ont suivi ont encore aggravé la dichotomie entre les ambitions initiales des rédacteurs du traité de Rome et les réalisations sur le terrain. La machine administrative est devenue de plus en plus lourde, sa gestion et son fonctionnement toujours plus compliqués, la direction politique de l’ensemble qui passait de mains en mains, de plus en plus incertaine et difficile à tenir. Au moment où la crise économique qui a frappé l’Europe à la suite de la hausse du prix du pétrole, s’étendait, les rivalités internes, les antagonismes d’intérêts empêchaient toute action collective.
La désindustrialisation, car il faut bien l’appeler par son nom, a débuté à cette époque. Elle a été la conséquence naturelle de ce refus d’établir les bases d’une véritable politique commune fondée sur une protection aux frontières de la Communauté contre une concurrence étrangère souvent déloyale et qui tirait parti des divergences entre les Etats membres.
D’élargissement en élargissement, l’Europe est devenue plus grosse, elle n’est pas devenue plus forte. Le muscle a cédé la place à la graisse. L’obésité, ce mal du monde moderne, l’a gagnée.
L’Europe de demain risque d’être ce qu’était l’O.N.U. au temps où le général de Gaulle la traitait de « machin », une sorte de caravansérail et de tour de Babel où la France, membre fondateur, ne pourra même plus faire entendre sa voix.
Alors, peut être se souviendra-t-on encore avec nostalgie de cette période de l’immédiat après-guerre où une Europe en gestation donnait l’illusion d’être, un jour, forte et unie.
I. L’Europe de Six à Neuf
En 1974, l’Europe avait vingt ans. Un peu plus, si on date sa naissance du traité de Paris instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, un peu moins, si on retarde l’événement à la constitution de la Communauté Economique Européenne créée par le traité de Rome.
Le bel âge, dit-on. Mais elle avait connu, comme tout un chacun, les maladies infantiles et les crises de l’adolescence. L’échec de la Communauté de défense refusée par le parlement français en 1954 avait failli causer sa perte. Avec l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958, elle avait, à nouveau, telle la jeune captive, éprouvé la crainte de disparaître prématurément.
L’homme avait la réputation, et elle n’était pas usurpée, d’être un nationaliste fervent presque mystique et passait pour ressentir, vis à vis de l’idée européenne, une répugnance avouée surtout dans la mesure où elle prenait l’expression d’une constitution fédérale. Mais, ayant abandonné l’Algérie et réduit la France à l’hexagone, il était tout naturellement conduit, même si il lui en coûtait, à laisser notre pays prendre sa place dans la future Europe.
Et puis, il y avait eu la réconciliation entre la France et l’Allemagne qui avait été le fondement même de l’Europe des Six. Le général y était très attaché et manifestait pour le vieux chancelier Adenauer une amitié qui lui était rendue.
Ainsi, la France gaullienne était restée dans l’Europe et elle s’en félicitait. Grâce au développement des échanges intra-communautaires, elle bénéficiait, comme ses partenaires, de l’expansion économique remarquable qui a caractérisé les années d’après guerre baptisées les trente glorieuses au moment où on les quittait. Un bond en avant qui suscitait l’envie d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents