L Europe face au printemps arabe
200 pages
Français

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L'Europe face au printemps arabe , livre ebook

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Description

L'onde de choc de la révolution tunisienne s'est vite propagée à l'ensemble du monde arabe, avec des évolutions variées. Analysant les suites de ces insurrections, l'auteur s'interroge sur la position de l'Europe face à cette recomposition géostratégique. La fusion des pouvoirs civil et religieux et l'avènement d'un nouveau concept de démocratie musulmane ont créé de nouvelles tensions, rendant plus difficile le dialogue Nord/Sud.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296486447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Europe face au printemps arabe
De l’espoir à l’inquiétude
Jean-Pierre ESTIVAL
L’Europe face au printemps arabe
De l’espoir à l’inquiétude
L’Harmattan
Du même auteur chez le même éditeur
- Le marché mondial des ressources. La guerr e fait rage , 2009, 248 p.
- Les nouveaux affrontements économiques entre les nations , 2001, 256 p.
- Le duel économique franco-allemand , 2011, 304 p.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96607-9
EAN : 978229966079
Remerciements
Je dédie ce livre à mon ancien étudiant IZAT DIAB pour tout ce qu’il m’a enseigné avec persévérance sur la religion de l’Islam, en n’oubliant pas, qu’en tant que Palestinien apatride, il a été obligé d’emprunter, comme beaucoup d’autres, le long chemin de l’exil, de la Syrie vers la France, de la France vers l’Allemagne, de l’Allemagne vers le Canada, sans aucune perspective, au bout de ce long périple, de trouver une Terre Promise.
Je remercie aussi tous ceux qui, amis arabes et musulmans, mais de sensibilités diverses, vivant dans des pays différents, m’ont aidé à me forger une idée sereine et objective sur ce long processus du printemps arabe, particulièrement:
HAMZAH KHATEB pour sa profonde connaissance du Moyen -Orient et de la Syrie et sa parfaite connaissance de l’Islam,
HAHRY MALIK pour sa forte connaissance de l’Algérie,
AYAT YAICH pour sa forte connaissance des évènements tunisiens, particulièrement ceux de la zone industrielle de Sfax, sa, sa ville natale,
YAMINA SADANI, jeune intellectuelle tunisienne, pour sa conception d’un islam éclairé dans lequel la femme devrait tenir un rôle égal à celui de l’homme,
WALID HAFSI, pour tous ses récits quotidiens sur la révolution du jasmin, toujours proche de ceux qui se sont révoltés pour avoir seulement “du pain” dans la Tunisie profonde,
Je remercie aussi MANDO MICHEL, et MAGDI STEFIN, qui, en tant qu’amis coptes égyptiens, m’ont donné leur point de vue sur la révolution égyptienne vue du Caire.
Je remercie tous ceux qui ayant mis leur conscience audessus des principes bien éphémères de notre droit ont aidé en Europe les pauvres émigrants tunisiens à Lampedusa et à Vintimille, particulièrement certains des membres de notre ONGI AEC. Parmi eux, je voudrais citer le nom de PATRICK GARRY qui a contribué à sauver des vies humaines à Vintimille au nom des Droits de l’Homme.
Je remercie tous ceux qui m’ont aidé mais qui n’ont pas voulu que leur nom soit indiqué, citoyens du Maroc, du Liban, pour des questions que je comprends fort bien.
Je remercie aussi ceux, dont je ne citerai pas les noms, qui m’ont confié comment étaient organisés pour des jeunes désemparés les “voyages de la mort”, sur des bateaux de fortune dans les mains de milieux mafieux, à partir des côtes de la Tunisie et de la Libye, vers les côtes de l’Europe d’où ils seront rejetés pour beaucoup. Plus de 1 500 migrants se sont noyés en tentant de traverse la Méditerranée en 2011, et ce, dans le silence étourdissant de l’Occident.
Avant-propos
AK CHABBI (poète et écrivain tunisien) : “Si le peuple veut un jour la vie, il finit par prendre son destin en main.... La nuit finira par s’éclaircir et la chaîne par se briser.”
On entendra ci-après par révolutions arabes l’ensemble de mouvements insurrectionnels qui se sont produits dans les pays d’Afrique du Nord et du Proche et Moyen Orient dès la fin de l’année 2010, mouvements auxquels les populations arabes et berbères ont participé, sans distinction de mérite. De même, ces insurrections n’ont pas concerné seulement les populations musulmanes, mais aussi des populations chrétiennes (Coptes d’Égypte, chrétiens de Syrie), et en ce qui concerne les musulmans, les éléments majoritairement sunnites, mais aussi chiites (Bahreïn). L’ensemble de ces mouvements a été codifié cependant sous le générique de “révolutions du printemps arabe” et c’est sous ce terme qu’ils laisseront une marque dans l’Histoire. C’est ce générique qui sera retenu dans l’ouvrage.
Ces évènements étaient prévisibles bien que l’Occident ne les ait pas vus venir. En effet, souvent à notre insu, la contestation était profonde au sein de ces pays, pays ayant partagé presque tous une longue histoire de colonisation qui a laissé place à des régimes forts, souvent militaires, reposant sur un nationalisme exacerbé dont Nasser a été, jadis, un des symboles, régimes qui, pour perdurer, ont imposé à leurs peuples des privations massives de liberté. Ce sont ces régimes et ces idéologies arabes postcoloniales que les printemps arabes ont réussi à fissurer et à faire tomber, car ces régimes autoritaires n’avaient plus rien de commun avec des mouvements d’indépendance. L’indépendance politique de ces pays existait déjà depuis longtemps. C’est le despotisme qui a été la cible principale de ces révolutions, et, en ce sens, c’est ce trait commun qui a cimenté toutes les révolutions arabes que nous venons de vivre. On peut dire que ce fut un combat pour la dignité de l’homme arabo-musulman des temps modernes, combat bien différent de celui de la conquête des indépendances des années 1950-1960. Tenus en otages par leurs gouvernements respectifs, ces peuples arabo-musulmans n’ont jamais eu la possibilité de s’exprimer librement pendant des décennies. La contestation tunisienne a été la première. Puis, le 18 février, le peuple se révoltait en Syrie, à Bahreïn, au Soudan, à Djibouti et en Jordanie. En Algérie, on a pu voir le 19 février des slogans tels que “Algérie libre et démocratique”, puis le 20 février à Rabat et Casablanca des slogans tels que: “le peuple veut le changement”, tandis que le même jour, des milliers d’Irakiens défilaient en criant “Gouvernement démission”. Le 21 février, au Yémen, le peuple défilait avec comme slogan: “le peuple veut la chute du régime”. C’est bien un combat pour la liberté et la dignité qui a été à l’origine du printemps arabe. Ces combats n’ont rien de commun avec les combats pour l’indépendance de ces pays. On peut ainsi affirmer que si les combats arabes de la fin de l’époque coloniale ont été avant tout des combats de libération, les combats des printemps arabes de 2011 ont été avant tout un combat pour la liberté. Libération du joug colonial et liberté civique ne sont pas des concepts interchangeables. Les premiers ont été des mouvements de nationalisme, les seconds des combats de mouvements organisés par des citoyens.
Cependant, à ces combats pour la liberté et la dignité se sont ajoutés aussi des combats pour la justice sociale, des combats contre la pauvreté endémique et la misère sociale engendrés par une jeunesse privée d’avenir. Ce fut la « révolte du pain ». Dans tous ces pays, les gouvernements et les classes dirigeantes avaient accaparé une part importante des richesses nationales, laissant le peuple dans une misère dégradante avec des taux de chômage accablants. Les slogans de ces soulèvements étaient éloquents en la matière: « du travail pour des chômeurs » en Irak, « le peuple rejette une Constitution faite pour les esclaves » au Maroc, sans parler de celles fort nombreuses de la Tunisie qui réclamaient simplement « du pain pour tous. »
Ainsi se sont mêlées deux causes de révolte bien distinctes, chacune des composantes alimentant le mouvement subversif et lui donnant un effet exponentiel. Revendications politiques et sociales n’en ont fait qu’une. Les jeunes chômeurs démunis se sont soulevés avec la jeunesse universitaire dont l’avenir était aussi sombre que le leur, et à son tour, toute cette jeunesse a uni ses efforts avec ceux de la classe moyenne des professions libérales et des intellectuels pour qui l’absence de liberté était le fondement de leur mécontentement. La révolte pour la dignité et la révolte du pain se sont ainsi rejointes pour stimuler et embraser le mécontentement des peuples arabes. Sauf au Maroc, aucun parti religieux ne soutenait ces mouvements au début.
Pourtant, si on procède à une analyse plus poussée, il apparaît que les régimes autoritaires avaient lié leur destin avec certains courants islamistes, même si leur lutte contre l’islamisme était devenue de leur part une cause ostentatoire pour gagner la sympathie de l’Occident. En effet, beaucoup des autocrates arabes en privant de liberté leurs peuples, avaient contribué à renforcer certains mouvements islamistes qui ne pouvaient que prospérer sur des terres où la liberté de parole, la liberté d’information et la liberté culturelle étaient inexistantes. Ainsi, directement ou indirectement, les autocr

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