L ex-Yougoslavie dix ans après Dayton
264 pages
Français

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Description

Cela fait 15 ans que la Yougoslavie n'est plus. L'ancienne Fédération de Tito a connu des transformations aussi inédites et violentes que rapides. De nouveaux Etats souverains sont apparus. Les structures économiques et institutionnelles ont été bouleversées tandis que l'OTAN et l'UE se sont étendues jusqu'à la Slovénie. En analysant ces recompositions, ce livre s'intéresse au présent et à l'avenir de l'ex-Yougoslavie. Son objectif est de faire apparaître la complexité et la diversité actuelles de ces Etats, écartelés entre déchirements communautaires et intégration européenne.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2005
Nombre de lectures 121
EAN13 9782336267494
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Coordination de la rédaction et mise en page : Antoine Métivier
Photographie de couverture : Les Bouches de Kotor (Monténégro), inscrites sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO, s’enfoncent de 30 kilomètres à l’inté-rieur des terres. Un paysage méditerranéen grandiose aux dimensions d’un fjord de Norvège. La quintessence des plus beaux littoraux de l’Adriatique mais aussi le plus important potentiel touristique du Monténégro. (cliché Amaël Cattaruzza, septembre 2003)
SOMMAIRE
Préface : Jean-Arnault DERENS.............................................................................................. 7
Avant-propos : André-Louis SANGUIN, Amaël CATTARUZZA, Emmanuelle CHAVENEAU, Comprendre l'ex-Yougoslavie dix ans après Dayton.......................................... 10
Introduction : Mladen KLEMENCIC, Dix ans après. Regards sur les Accords de Paix de Dayton........................................................................................................................ 17
Première partie : Populations déchirées...................................................... 27 1 – Stéphane ROSIERE, La communauté internationale face au nettoyage ethni-que: Dayton dans une perspective historique...................................................... 28 2 – Carl DAHLMAN, La persistance du problème des déplacés et des réfugiés en ex-Yougoslavie (1991-2004)............................................................................ 39 3 – Eloïse BOLLACK, L'après-guerre: quelles perspectives pour la jeunesse bosnienne?................................................................................................................. 48 4 – Vanessa SIMONI, Le trafic de femmes en Bosnie-Herzégovine................ 59
Deuxième partie : Espaces en faillite politique........................................... 69 5 – Yves TOMIC, Serbie: quelle assise géographique? A propos des projets de nouvelle Constitution de la Serbie....................................................................... 70 6 – Amaël CATTARUZZA, La frontière serbo-monténégrine et ses contradic-tions, prisme révélateur d'un Etat en panne........................................................ 85 7 – Francesco GRADARI, Bosnie-Herzégovine: un avenir en Europe?........ 97 8 – Aleksandra BLAZEVSKA, La Macédoine: en marche vers un Etat stable...................................................................................................................... 106
Troisième partie : Ruptures et fragmentations...................................... 115 9 – Marion COMBESCURE, Les menaces séparatistes serbe et croate en Bosnie-Herzégovine depuis les Accords de Dayton....................................... 116 10 – Bénédicte TRATNJEK, La répartition des communautés dans la ville de Mitrovica, reflet du déchirement ethnique dans le Kosovo actuel................. 127 11 – François BOURVIC, La ville de Tetovo (Macédoine) entre conflit ethnique et crise économique............................................................................................ 138
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12 – Laurence ROBIN-HUNTER, Présent et avenir de la Bosnie-Herzégovine : la préservation souhaitable d'un Etat multinational ou le choix réaliste de la par-tition d'un pays?................................................................................................... 154 13 – Frédéric DOBRUSZKES, La recomposition de l'offre aérienne en ex-Yougoslavie.......................................................................................................... 164
Quatrième partie : Stabilisations et ouvertures..................................... 177 14 – Emmanuelle CHAVENEAU, La réapparition d'un Etat croate en Europe: adapter un nouvel espace à un nouveau pouvoir.............................................. 178 15 – Berta MRAK, Les nouveaux défis de Ljubljana après l'adhésion de la Slovénie à l'Union Européenne......................................................................... 184 16 – Sonia HENINI, Les différentes perceptions du rapport istrianité/italianité en Istrie croate et en Istrie slovène................................................................... 194 17 – Alice DELFAU, La minorité albanaise au Monténégro, un exemple origi-nal des relations interethniques dans les Balkans........................................... 206
Cinquième partie : L'Union Européenne à l'épreuve de l'ex-Yougoslavie................................................................................................... 219 18 – Claire BORDES, Les Balkans, laboratoire et vitrine de la gestion de crise par l'Union Européenne...................................................................................... 220 19 – Stéphanie DARBOT, L'Adriatique ex-yougoslave et l'Union Européenne: entre adhésion et partenariat?............................................................................. 231 20 – Gerard TOAL (Geraoid O' TUATHAIL), La Republika Srpska est-elle européenne? La grande stratégie du Bureau du Haut-Représentant pour ancrer la Bosnie-Herzégovine dans l'espace géopolitique européen............................. 239 21 – André-Louis SANGUIN, L'ex-Yougoslavie sans la Slovénie: gommer le "trou blanc" sur la carte politique de l'Union Européenne?........................... 251
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PRÉFACE
LES BALKANS AU MILIEU DU GUÉ
Au sortir d’une sanglante décennie de guerres, les Balkans peuvent-ils préten-dre à une véritable reconstruction, matérielle, économique, sociale, politique et humaine ? En juin 2003, le Sommet Européen de Thessalonique indiquait une voie claire pour la région, celle de l’intégration européenne. Après la Roumanie et la Bulgarie, qui doivent devenir membres de l’Union dès 2007, la Croatie, puis les autres républiques d’ex-Yougoslavie et l’Albanie se voyaient promettre cette perspective. Aujourd’hui, plus rien n’est certain. En raison de son insuffi-sante coopération avec le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (La Haye) et de la cavale prolongée du général Ante Gotovina, la Croatie n’a pas pu embarquer à temps dans le train européen. Plus aucun calendrier d’adhésion n’est proposé à Zagreb, et les efforts réformateurs du Premier Ministre Ivo Sanader risquent de rester vains, tandis que les courants nationalistes de la droite croate alimentent un euroscepticisme de plus en plus vif. Les perspectives euro-péennes des autres pays de la région demeurent tout aussi floues, tandis que les conflits non résolus risquent à tout moment d'engendrer de nouvelles crises. Symboliquement, comment oublier le dixième anniversaire du massacre de Srebrenica, en juillet 1995, et les Accords de Dayton, à l’automne suivant ? La Bosnie-Herzégovine est pourtant toujours un pays malade, avec un taux de chô-mage qui s’élève à près de 50% de la population active et avec une absence de toutes véritables perspectives économiques. Le cadre institutionnel fixé par les Accords de Dayton bloque toute véritable réforme, mais aucun consensus ne peut encore se dégager sur la manière d’aller “ au-delà ” du cadre défini par ces 1 accords . Dans ces conditions, il est fort à craindre que la Bosnie ne reste long-temps encore condamnée à l’immobilisme et au pourrissement social et écono-mique. Dans un texte publié le 19 juin 2005, plusieurs anciens dirigeants européens rappelaient la véritable menace planant sur l’Europe : la construction euro-péenne peut survivre à la crise de la Constitution, mais elle ne survivrait pas à 2 un nouveau Srebrenica . En même temps, ils soulignaient qu’en refermant la porte de l’intégration, Bruxelles ouvrirait celle d’une présence européenne “ néo-coloniale ” durable dans des pays comme la Bosnie ou le Kosovo.
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Depuis des années, la communauté internationale, et tout particulièrement l’Europe, ont différé le règlement de dossiers cruciaux pour l’avenir de la région, pensant peut-être que le temps suffirait à faire émerger des solutions consensuelles. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour reconnaître que le statu quo n’est plus possible au Kosovo, qui représente toujours un baril de pou-dre. La définition, prévue en 2006, du “ statut futur ” du protectorat internatio-nal est lourde de sérieuses menaces pour la stabilité de l’ensemble de la région. Dans le même temps, la survie de l’Union de Serbie et Monténégro elle-même est loin d’être assurée. Cet “ État à durée déterminée ”, véritable objet non-iden-tifié du droit international, a été créé par la volonté européenne de trouver une solution de remplacement à la disparition annoncée de la République Fédérale de Yougoslavie. Les deux républiques engagées dans cette Union auront la pos-sibilité de redéfinir leurs relations en 2006. Si la perspective demeure celle de l’intégration européenne, qui intègrera-t-on ? La Serbie-Monténégro ? Ces deux républiques devenues indépendantes ? Qu’adviendra-t-il du Kosovo ? Ces derniers mois, certaines voix avaient suggéré une solution originale, prévoyant l’établissement d’un protectorat européen d’un type nouveau au Kosovo, permettant l’intégration directe du territoire. Or, l’Union est toujours exclusivement définie comme une Union d’États, ce que n’est pas le Kosovo. Alors que les compétences économiques, militaires et sécuritaires de l’Europe ne cessent d’augmenter dans la région, notamment après le remplacement de la mission de l’OTAN en Bosnie par la force européenne EUFOR, l’Europe ne semble pas avoir de stratégie ni de propositions adéquates pour faire face aux nouveaux défis qui attendent les Balkans. Comment le pourrait-elle en effet, quand les pays membres de l’Union cultivent toujours des approches très diffé-rentes des problèmes de la région, et que certains suggèrent même désormais de surseoir à tout nouvel élargissement ? Dans ces conditions, les Balkans sont-ils condamnés à demeurer une “ zone grise ” ou un “ trou blanc ” sur la carte de l’Europe, comme s'interroge le pro-fesseur Sanguin en conclusion de cet ouvrage ? Les risques en termes de sécu-rité pour l’Union elle-même sont pourtant bien trop grands. Perçus comme une zone de violence et de non-droit, les Balkans occidentaux souffrent de nom-breux préjugés en Europe occidentale et demeurent très largement méconnus. L’intérêt de ce livre collectif, qui a réuni de nombreux jeunes chercheurs travail-lant sur la région, est justement de croiser les approches thématiques et régiona-les, pour essayer de dresser un état de lieu de ces Balkans qui n'en finissent pas de sortir d'une interminable “ transition guerrière ”, selon la formule de Marina 3 Glamocak .
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Le bilan des guerres yougoslaves se solde par des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés et de déplacés, des destructions matérielles considérables, mais plus globalement par le sacrifice de générations entières, condamnées dans le meilleur des cas à l’exil. Les Balkans occidentaux sortiront-ils un jour enfin de ce cycle infernal ? La réponse appartient aux sociétés balka-niques. Encore faudrait-il que les politiques internationales ne contribuent pas à aggraver les maux qu’elles prétendent guérir. Il serait temps que l’Europe com-prenne enfin pleinement que son avenir se joue aujourd’hui à Pristina, à Belgrade, à Sarajevo comme à Skopje.
Jean-Arnault DÉRENS*
* Historien, journaliste, rédacteur en chef duCourrier des Balkans.
1 L’Association Bosnie-Herzégovine 2005 a entamé un large débat sur cette problématique et a organisé une Conférence internationale en octobre 2005 à Genève. Voir à http://www.bosnia2005.org 2 Richard von Weizsäker, Giuliano Amato, Carl Bildt et Jean-Luc Dehaene, “ Dirigeants euro-péens, les Balkans vous attendent ! ”,Le Mondedu 19 juin 2005. 3 Marina Glamocak,La transition guerrière yougoslave, Paris, L’Harmattan, 2002.
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AVANT-PROPOS
COMPRENDRE L'EX-YOUGOSLAVIE DIX ANS APRÈS DAYTON
André-Louis SANGUIN Amaël CATTARUZZA Emmanuelle CHAVENEAU
Les Accords de Paix de Dayton, signés au Palais de l'Elysée à Paris le 14 décembre 1995 par Slobodan Milosevic (Président de la Serbie), Franjo Tudjman (Président de la Croatie) et Alija Itzetbegovic (Président de la Bosnie-Herzégovine) eurent une signification beaucoup plus étendue que le simple arrêt des combats en Bosnie-Herzégovine. Ils entérinèrent de façon inéluctable, tant sur le papier que sur le terrain, la désintégration de l’ancienne fédération yougo-slave édifiée par Tito en 1945. De 1991 à 1995, au cours des cinq années d’un conflit qui embrasa la Croatie avant la Bosnie-Herzégovine, cinq nouveaux Etats ont surgi sur la carte politique de l’Europe en lieu et place de la Yougoslavie : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et la République Fédérale de Yougoslavie, devenue en mars 2003 l’Union Serbie-Monténégro. Aujourd’hui, l’idéal titiste deJedinstvo-Bratsvo(« Unité-Fraternité ») qui cimentait tous les peuples yougoslaves a complètement disparu. Les inégalités socio-économiques consubstantielles à l’ancienne Yougoslavie se sont accrues (en 1990, à la fin du système communiste, par rapport à un indice moyen de 100 sur l’échelle économique de toute la Yougoslavie, la Slovénie se situait à 207 mais le Kosovo à 26 !). La construction d’institutions démocratiques fiables et reconnues est très variable et plus ou moins aboutie selon les pays. L’intégration européenne est devenue une réalité pour la Slovénie puisque ce petit pays alpin er est devenu membre de l’Union Européenne le 1 mai 2004 et qu’il intégrera la er Zone Euro et l’Espace Schengen le 1 janvier 2007. La Croatie et la Macédoine ont déposé leur demande d’adhésion auprès de la Commission Européenne tan-dis que la Bosnie-Herzégovine et l’Union Serbie-Monténégro restent des « trous blancs » et des angles morts sur la carte de l’Union Européenne. Du fait des déchirements communautaires et de la permanence de tensions ethniques poten-tiellement dangereuses, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo constituent des sor-tes de protectorats internationaux sous tutelle de l’Union Européenne dans un cas et de l’OTAN et de l’ONU dans l'autre. Les tragiques événements de mars
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