L idée nationale dans le Cameroun francophone
248 pages
Français

L'idée nationale dans le Cameroun francophone , livre ebook

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248 pages
Français

Description

Les nationalismes africains n'avaient pas pour unique enjeu le rejet de la domination européenne. En effet, au Cameroun, le processus national répond à des objectifs propres aux populations locales avant tout : rénover les sociétés pour régler la crise plurielle qui les traverse ; et préserver la souveraineté face aux convoitises occidentales. Des stratégies sont mises en oeuvre pour atteindre ces objectifs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296481367
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’idée nationale dans le Cameroun francophone 1920-1960
Études Africaines Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa Dernières parutions Pierre Esaïe MBPILLE,Les droits de la femme et de l’enfant : entre universalisme et africanisme, 2012. Michel BOURGEOIS,Senghor et la décolonisation.Radio Dissóó, la révolte paysanne, 2011. Abderrahmane M’ZALI,La coopération franco-africaine en matière de Défense, 2011. Aly Gilbert IFFONO,Naître, vivre et mourir en pays kisi précolonial,2011. E. Libatu LA MBONGA,Espoirs déçus en République démocratique du Congo, 2011. Paulin KIALO,Parcs nationaux et diplomatie environnementale au Gabon, 2011.Justine DIFFO TCHUNKAM,Droit des activités économiques et du commerce électronique, 2011. Kouadio A. ASSOUMAN,Le rôle des Nations Unies dans la résolution de la crise ivoirienne. Tome 1 : Soutien aux initiatives françaises et africaines. Tome 2 : Soutien à l’accord politique de Ouagadougou, 2011. Adrien DIAKIODI,La société kongo traditionnelle. Modèle pour l’Union africaine, 2011. Divine Edem Kobla AMENUMEY,Les Éwé aux temps précoloniaux. Une histoire politique des Anlan, des Guin et des Krépi,2011. Joseph ITOUA,Otwere et justice traditionnelle chez les Mbosi (Congo-Brazzaville), 2011. Alfa Oumar DIALLO,Pratiques et recherches éducatives en chimie en Guinée-Conakry, 2011.Hermine MATARI, Romaric Franck QUENTIN DE MONGARYAS,Ecole primaire et secondaire au Gabon. Etat des lieux, 2011. Aurélie Mongis,Le chant du masque,2011. Adon GNANGUI,Côte d’Ivoire : 11 avril 2011. Le coup d’État de trop de la France en Afrique, 2011.
Philippe Nken Ndjeng
L’IDÉE NATIONALE
DANS LECAMEROUN FRANCOPHONE
1920-1960
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56309-4 EAN : 9782296563094
A ma mère, le phare de ma vie, dont la noblesse et la générosité me touchent chaque jour. A Carine Molle. A tous les miens. A tous ceux à qui cette histoire a coûté la vie.
REMERCIEMENTS
Mes premiers mots iront à M. Pierre Boilley, sans la confiance, l’empathie, l’indulgence et le soutien duquel ce travail n’aurait pas vu le jour. Qu’il veuille bien trouver ici, l’expression de ma profonde gratitude. Je remercie M. Blaise N’Djehoya pour tout le temps qu’il m’a généreu-sement consacré malgré son extrême occupation, pour sa passion conta-gieuse du Cameroun, et pour m’avoir indiqué la joie qu’il pouvait y avoir à découvrir le passé. Un grand merci à Marysianne Greffeuille, pour sa gentillesse impromp-tue et la fastidieuse relecture qu’elle a réalisée pour ce travail. Merci à Carine Nsoudou, pour ses suggestions et ses conseils de pondéra-tion. Merci à Camille, Angèle Thomar, Nguyen Thuy Phuong, Abdoulaye, Sonia Ghezali et Klara Royer-Bossol, pour avoir été des compagnons de recherche. Pour l’émulation excitée de nos émerveillements néophytes. Merci enfin à ma famille et ma compagne, pour la chaleur de leur atten-tion, et sans l’affection desquelles je ne serais pas.
INTRODUCTION
La définition et la connaissance des « nationalismes africains » consti-tuent un chantier majeur de l’historiographie contemporaine. L’enjeu qui se pose à leur sujet est double : d’une part, trouver les outils conceptuels à même de rendre compte des particularités des sociétés concernées et de la spécificité de leur(s) trajectoire(s) historique(s) ; d’autre part, détermi-ner le rôle exact de la colonisation dans la formation desdits nationa-lismes. Concernant ce dernier point, Pierre Bonnafé considère que la co-lonisation figure « au premier rang des facteurs objectifs qui servent de support à (…) [la] conscience nationale (…) la colonisation a mis en place un réseau de communications (…), fournit un cadre commun com-prenant une administration, des institutions, une économie, une langue et une éducation communes. Autant dire : une base commune de revendica-tions. C’est à l’intérieur de cet appareil que s’est éveillée la conscience nationale, elle n’a pu se canaliser concrètement que dans le cadre des 1 frontières arbitraires imposées par les puissances européennes » . Cette position est, nous semble-t-il, emblématique de la représentation des phénomènes nationaux africains dans les mentalités communes, et à certains égards, dans le milieu universitaire. Les implications erronées qu’elle comporte illustrent certains des obstacles majeurs à l’intelligence du nationalisme en Afrique. En effet, la première chose qui ressort de ces lignes est le caractère trop englobant des paramètres énoncés. D’emblée, M. Bonnafé semble induire que l’Afrique présente une homogénéité telle que le même paramètre a des manifestations et des répercussions iden-tiques sur l’ensemble du continent. Ensuite, il présuppose l’absence de dynamiques de type national en Afrique avant la période coloniale. Et enfin, corollaire de ce qui précède, il circonscrit le nationalisme aux fron-tières coloniales. Or, le passé récent de l’Afrique recèle plusieurs cas où des populations séparées par une frontière officielle se sont efforcées de s’unifier politiquement. L’association étroite du nationalisme aux fron-tières coloniales trahit également un autre écueil : celui de la réduction du phénomène national à la volonté d’indépendance politique. Le nationa-lisme en Afrique n’aurait pour toute substance que le rejet de la domina-1  P. Bonnafé,Le nationalisme africain : aperçus sur sa naissance et son développement,FNSP, CERI, 1964, p. 9.
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tion européenne. Un tel point de vue appauvrit singulièrement le concept de nation et lui confère une élasticité qui le rend quasiment inopérant sur le plan scientifique. Stigmatisant cette malléabilité, Achille Mbembe af-firme : « la principale vertu de cette notion [celle de « nationalismes afri-cains] n’est en effet pas la clarté. En raison de son caractère trop englo-bant et parfois essentialiste, elle donne une fausse idée des conflits qui traversaient les sociétés dominées et occulte le fait que larelation colo-nialecontraignit celles-ci à se diviser d’abord contre elles-mêmes. Par ailleurs, l’utilisation de catégories dérivant de l’historiographie nationa-liste (…) conduit ses usagers à approcher la colonisation comme un pro-cessus fermé, dont les effets sont largement prévisibles, et où le « dé-sordre » etl’imprévun’ont aucune place. Enfin, dans la mesure où les mouvements autochtones d’émancipation des années quarante et cin-quante (…) étaient indissociables de l’aspiration à construire des « Etats-nations », la crise qui, tout au long de la période postcoloniale, a fait avorter lesdites constructions devrait suffire à hypothéquer ce que la no-2 tion pouvait encore comporter de potentiel herméneutique » . En dépit de son incontestable pertinence, ce réquisitoire appelle quelques réserves. En effet, le fait que le bilan des « Etats-nations » afri-cains soit loin d’être reluisant n’autorise pas pour autant à proclamer leur avortement. En tant que construction politique, l’Etat-nation en Afrique est en cours d’évolution, et il n’est pas certain qu’il ait dit son dernier mot. Le raisonnement de M. Mbembe présente en outre le risque de limi-ter le nationalisme africain à la seule manifestation de l’Etat-nation. En-fin, on ne voit pas en quoi la faillite politique d’un concept ruine son « potentiel herméneutique ». Les « catégories » de la nation étant mobili-sées encore aujourd’hui par les acteurs politiques et civiques, elles méri-tent d’être retenues dans l’analyse ne serait-ce qu’à ce titre. Afin de contourner toute la confusion susdite, nous avons choisi de nous focaliser surl’idée nationaleque sur le nationalisme en soi. plutôt Par idée nationale, nous entendons la façon dont est énoncée la commu-nauté nationale ainsi que le projet de société qui lui est associé, fût-il embryonnaire. Le nationalisme est donc le militantisme déployé pour la concrétisation politique de cette idée nationale ; c'est-à-dire, la constitu-tion de la nation en tant que communauté politique et la réalisation du projet de société conçu pour elle. 2 J.A. Mbembe,La naissance du maquis dans le Sud Cameroun (1920-1960) : histoire des usages de la raison en colonie,Paris, Karthala, 1996, p. 27.
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