L illusion du chaos 1995-2000
492 pages
Français

L'illusion du chaos 1995-2000 , livre ebook

-

492 pages
Français

Description

Mars 1995. Les Nations Unies mettent fin à l'opération internationale déployée depuis 2 ans dans une Somalie en déliquescence. Le territoire de l'ancienne République, atomisé, est abandonné aux ambitions personnelles des chefs de factions et à l'égoïsme des clans. Cette instabilité n'empêche en rien les affaires, licites ou délictueuses, de s'organiser en un système largement mondialisé qui n'a rien de chaotique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 21
EAN13 9782336387345
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mars 1995. Les Nations Unies mettent In à l’opération internationale déployée depuis deux ans dans une Somalie en déliquescence. Le territoire de l’ancienne République, atomisé, est abandonné aux ambitions personnelles des chefs de factions et à l’égoïsme des clans. Sur le plan politique émerge l’idée de reconstruire le pays non pas à partir de ses institutions étatiques mais à partir de ses régions, souvent engagées déjà dans une logique d'apaisement. Dans le Nord du pays, le Somaliland qui depuis 1993 a autoproclamé son indépendance montre la voie, suivi un peu plus tard du Puntland qui décrète son autonomie. Dans le Sud et le Centre en revanche, en dépit de conférences de réconciliation manquées, l'exercice est plus compliqué. Les régions existent, bien identiIées, mais les chefs de factions ne parviennent pas à consentir les renoncements nécessaires au rétablissement de la paix. Cette instabilité n’empêche en rien les affaires, licites ou délictueuses, de s’organiser en un système largement mondialisé qui n’a rien de chaotique. Sur cette scène qui n'est pas sans rappeler la période ante-coloniale et sur fond de lutte d'inuence arabo-éthiopienne, le président de la République de Djibouti organise en 2000 une réunion qui se veut déInitive. Bien que mené avec soin, l’exercice ramènera vers un pouvoir plus que virtuel nombre d’anciens du régime déchu mais surtout un fondamentalisme musulman étranger au monde somali.
, ofîcier des Troupes de Marine, est docteur en Études africaines de l’Institut national des langues et civilisations orientales où il a étudié l’arabe, l’amharique et le somali. En plus de trente ans, il a effectué de nombreux séjours de longue et de moyenne durée en Afrique subsaharienne, la plupart dans des pays en crise : Éthiopie, Somalie, Djibouti, Sierra Leone, etc. Ses recherches portent en particulier sur l’histoire de la Corne de l’Afrique et sur la e polémologie africaine dans le dernier quart du siècle.
* * * *
MARC FONTRIER
L’ILLUSION DU CHAOS
* * * *
ANNALES DESOMALIE1995-2000
BIBLIOTHEQUE PEIRESCCollection dirigée par François ENGHEHARD et Marc FONTRIER Association française pour le développement de la recherche scientifique en Afrique de l’Est (ARESÆ) « Servant un chacun quand nous l’avons pu, et principalement le public, pour lequel seul nous avons travaillé quasi toute notre vie. »PEIRESC La Bibliothèque Peiresc a été créée par Joseph Tubiana en hommage à l’érudit provençal d’ascendance italienne Nicolas Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), pour y accueillir des œuvres correspondant à l’exigence et à l’éclectisme de ce magistrat humaniste et bibliophile. Savant et curieux de toute chose, au point qu’on ne saurait énumérer tout ce qui l’a intéressé et diverti : sciences naturelles, numismatique, art, histoire, littérature, astronomie, philosophie, mœurs, religions, poésie, avec un souci particulier des langues et des cultures de la Méditerranée antique et contemporaine. Dans les dernières années de sa vie il s’était pris d’un vif intérêt pour les chrétientés orientales, notamment d’Égypte et d’Éthiopie. C’est dans cette direction que notre collection est surtout orientée, sans s’interdire aucun des sujets qui ont retenu l’attention de Peiresc, en s’efforçant de satisfaire, avec le respect qui lui est dû, la curiosité diverse de nos contemporains.
MARCFONTRIER
L’ILLUSION DU CHAOS
****
ANNALES DESOMALIE1995-2000
Du retrait des nations unies à la conférence d’Arta
BIBLIOTHÈQUEPEIRSEC31
Du même auteur
La chute de la junte militaire éthiopienne (1987-1991), L’Harmattan, Paris, 1999. Abou-Bakr Ibrahim-Pacha de Zeyla, marchand d’esclaves, L’Harmattan, Paris, 2003. Le Darfour : Institutions internationales & crise régionale 2003-2008, L’Harmattan, Paris, 2009. L’État démantelé – Annales de Somalie– 1991-1995, L’Harmattan, Paris, 2012. Éthiopie – Le choix du fédéralisme ethnique. Chronique du gouvernement de transition (1991-1995).L’Harmattan : Paris, 2012
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-06408-6 EAN : 97823430164086
A la mémoire de l’amiral Kersauson de Pennendreff
Yves
de
NOTES SUR LORGANISATION GENERALE DE LOUVRAGE
À l’instar du précédent volume des Annales de Somalie, ce document n’est pas une fin. L’intrication des événements relatés conduira à des points de vue nouveaux et des corrections, sinon des contradictions ; assurément à des précisions. Il a pour vocation première d’être une aide aux étudiants et aux chercheurs. La Somalie en effet a fait l’objet de nombreuses études mais peu d’ouvrages historiques de synthèse sont consacrés à la période complexe qu’il recouvre. Il en résulte une table des matières anormalement mais délibérément précise, destinée à faciliter la recherche d’un événement particulier. Le plus souvent, le lignage des personnes apparaît à la première mention du nom. Il peut donc normalement être retrouvé à partir du renvoi de l’index. Les noms de personnes sont cités à leur première apparition selon l’ordre agnatique traditionnel : nom, nom du père, nom de l’aïeul. Selon la tradition somali, l’ensemble est souvent suivi d’un sobriquet [som. naanays], ici écrit en italique. À partir de la deuxième apparition, les individus sont simplement cités – sauf lorsqu’il existe un risque de confusion – par leur nom et celui de leur père, leur nom et leur surnom, voire parfois par leur seul surnom. Ainsi, Maxamed Faarax XasanCaydiidsimplement à la deuxième rencontre sous apparaîtra MaxamedCaydiid voireCaydiid. Cabdullaahi Yuusuf Axmed sous Cabdullaahi Yuusuf. L’index final permettra de retrouver le nom complet. Pour les noms propres arabes et éthiopiens, la majuscule, bien qu’absente de ces écritures, sera utilisée pour le confort visuel. Les noms non somaliens et régionaux sont orthographiés, translittérés ou transcrits d’après l’usage du pays concerné. Les toponymes jugés ambigus ou malaisés à localiser sont repris en annexe avec leurs coordonnées polaires. Quelques écritures entérinées par la presse française – Sharjah, Le Caire, Boutros Ghali… – seront utilisées selon l’usage de cette dernière.
Une grande partie de la substance de l’ouvrage repose sur des notes personnelles, prises au moment des faits. Quand elles sont corroborées par les articles de la presse, elles ont été confondues avec ceux-ci. À une bibliographie supplémentaire, il a été préféré la simple mention des ouvrages qui ont paru sinon essentiels, tout au moins les plus pertinents.
6
TR AN SCR I PTI ON AN SLIT T ER ATI ONET TR
La langue somali,af soomaali, a été fixée en 1972 par le gouvernement somalien. Le choix de la transcription s’est alors porté sur l’alphabet latin, au détriment de l’arabe et de certains systèmes d’écriture tout aussi pertinents mais plus complexes proposés par des érudits autochtones. C’est pourquoi, par respect pour cet idiome, il est utilisé dans cet ouvrage l’orthographe ordinaire somali désormais retenue, aussi inconfortable soit-elle pour le lecteur occidental. Une difficulté mineure en soi en réalité puisque quatre phonèmes seulement méritent quelque précision. Il s’agit des : -utilisé pour la fricative pharyngale sourde identique au« x » حḥaarabe, -« c » utilisé pour la fricative pharyngale sonore identique auعcaynarabe, Ces deux sons peuvent, dans la lecture d’un non-somalophone, être rendus : le premier par notre « h » ordinaire, le second par son omission pure et simple, ce qui permet une approche moins déroutante. Ainsi, Cabdullaahise lira « Abdullahi »,Axmed« Ahmed ». -« kh » utilisé pour la fricative vélaire sourde identique auخḫaarabe, auchallemand deBuch, aujde lajotaespagnole, etc. -« dh », d rétroflexe sans équivalent acceptable que l’on lira comme un d ordinaire. L’intrusion de l’arabe dans la langue a par ailleurs suscité une somalisation des mots, voire des expressions, patente après le retour des étudiants somali envoyés dans les pays arabes après les années cinquante. Le phénomène n’a fait que s’accélérer depuis. Cela n’a pas fait pour autant de l’ensemble des Somali des locuteurs arabophones, tant s’en faut. Aussi se sont-ils souvent contentés de transcrire dans leur langue ce qu’ils entendaient. C’est pourquoi, à chaque fois qu’un concept a été accaparé, c’est l’orthographe somali résultant de cette appropriation qui a été retenue. L’expression ou le mot arabe original est précisé en note – en arabe et en translittération. La règle de translittération utilisée est précisée dans le tableau ci-dessous qui ne reprend que les signes nécessitant une transcription ou une translittération spécifique.
7
arabe
ءث
حخذشصضطظعغقك
SYSTEME DE TRANSLITTERATION ET TRANSCRIPTION
somali
x kh -sh
c
dh
amhariqueer (1 ordre)
transcription
t
d sh ʿġ q k ɖ
Pour les quelques mots ou expressions amhariques cités, les ordres utilisent la translittération suivante :
er 1 ordre ä
8
e 2 ordre u
e 3 ordre i
e 4 ordre A
e 5 ordre y é
e 6 ordre ə ou silence
e 7 ordre w o
IN TR ODUC TI ON
La grande erreur consiste à imaginer que la Somalie a sombré dans un chaos ordinaire. Un nouvel ordre en réalité s’installe après le départ de l’opération des Nations unies. Un ordre édifié sur quatre piliers : -la maîtrise du terrain par des chefs de bandes délinquantes ; -le développement d’un réseau financier fondé sur la confiance et extrêmement rigoureux dans son fonctionnement; -l’établissement d’une épine dorsale musulmane radicale ; -la présence à l’étranger d’une diaspora reproduisant dans leurs pays d’accueil les rapports de force somali. Tout ceci naturellement souffre des exceptions qui ne viennent nullement en contrarier la règle. L’approche du monde somali doit être précédée d’une connaissance a minima de sa grammaire sociale : -sa morphologie tout d’abord qui revient à identifier les principales lignes de sa géographie clanique, -sa syntaxe ensuite qui consiste à connaître la règle et la façon dont les éléments interagissent. Ceci fait, il reste encore à en considérer les éléments complémentaires, c’est-à-dire à la fois les embellissements et les altérations. La principale d’entre elles, la religion, n’est pas des moindres. Elle se décline selon deux paradigmes, celui, traditionnel, majoritaire et populaire, d’un islam apaisé et celui, somme toute récent, minoritaire et populiste, d’un islam radical, accompagné ou non d’une incitation à la violence. Alors que dans la période qui nous préoccupe le second infiltre de plus en plus la société somalienne, c’est encore l’ordre lié au premier qui prévaut dans les cœurs de cette Somalie qui s’effondre.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents