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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 novembre 2014 |
Nombre de lectures | 24 |
EAN13 | 9782336360287 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Collection « Penser le temps présent »
Collection « Penser le temps présent »
Cette collection a pour ambition de proposer au lecteur un ensemble de travaux – études et essais – portant sur les thèmes d’actualité ou aptes à éclairer les grands événements du temps présent.
Déjà parus
Kattalin GABRIEL-OYHAMBURU, Du nationalisme au terrorisme basque , 2014.
Jean-Pierre COSSE, Alain Juppé et le Rwanda, 2014.
Pascal DA COSTA, États-Unis, Europe, Chine. Des États au cœur des crises financières et économiques mondiales, 2013.
Mustapha NASRAOUI, Le migrant clandestin, Le paradoxe de l’être et de la société, 2013.
Titre
Bartolomeo Conti
L’Islam en Italie
Les leaders musulmans entre intégration et séparation
Préface de Farhad Khosrokhavar
Copyright
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71039-6
Remerciements
Ce livre est le résultat de nombreuses années de travail initiées par une rencontre avec Stefano Allievi, qui m’avait dit que le problème de la recherche sur l’islam et les musulmans en Italie était que personne n’était vraiment disposé à « mettre les pieds » dans les mosquées. J’ai ainsi décidé de « mettre mes pieds » là où peu de chercheurs les avaient mis, afin de donner la parole aux musulmans. Mais ce travail n’aurait pas été possible sans la disponibilité et la confiance que m’ont accordées tous ceux que je me limite ici à appeler les « leaders de l’islam en Italie », mais qui restent avant tout des personnes, soucieuses in primis du futur de leurs enfants.
Ce travail n’aurait pas non plus été possible sans l’aide, les conseils, la disponibilité et la patience de plusieurs personnes. Tout d’abord les conseils de Farhad Khosrokhavar, toujours précis et directs, ainsi que les conseils de Bruno Riccio et l’aide d’Hélène Monot, toujours disponibles. Fondamental a été l’échange d’informations avec Alessandra Caragiuli, qui m’a littéralement ouvert les portes de l’islam romain. Puis il y a David, qui a corrigé mon travail pendant des années sans jamais se plaindre. Et Fred, qui râlait, mais qui a continué à traduire. Et encore Philippe, les deux Bernard, Florent, Antonio, Angela, i Ciccini, Eduardo, Ouisa et d’autres encore. Puis Eto, Martino, Franziska et tous ceux qui, en Italie, m’ont vu partir à pied, en voiture ou en train pour aller mettre mes pieds là où d’autres ne les mettaient pas, parfois sans bien comprendre pour quoi faire exactement.
Enfin, pour terminer par le plus précieux, mes trois femmes : Maayane, qui est née pendant que je me baladais dans les mosquées et qui aujourd’hui accueille toujours mes retours avec une grande joie, Zoe, qui me demandait « quand est-ce que tu rentres ? » et qui est toujours la première partante pour de nouvelles aventures, et Sharon, avec qui je partage ma vie et sans laquelle il n’y aurait ni mes filles, ni ce travail, ni beaucoup d’autres choses.
Préface
Farhad Khosrokhavar
Le livre de Bartolomeo Conti est le résultat d’une recherche de terrain remarquable, la première en français, à ma connaissance, fondée sur un travail empirique exhaustif sur les communautés musulmanes en Italie. Dans cette recherche minutieuse, Conti montre combien les trajectoires musulmanes peuvent se révéler différentes, voire divergentes, avec des conséquences directes sur l’inclusion ou le rejet de l’islam dans la société italienne.
Par delà les clivages, l’islam en Italie a été introduit de manière diversifiée dans les années 1980, d’abord par des étudiants et ensuite par des travailleurs du monde arabe. Contrairement à la France où les musulmans se sont d’abord concentrés dans quelques grands centres urbains ou périurbains, en Italie, le taux de dispersion est beaucoup plus important. De même, par rapport à la France, le caractère plus tardif de l’implantation musulmane et l’absence d’ex-colonies a induit une plus grande diversité dans l’origine des adeptes de la religion d’Allah. Par ailleurs, c’est aussi le rôle joué par l’Église catholique en matière de relation avec l’islam qui différencie l’Italie de la France. En effet, si les prises de positions au contenu islamophobe ne manquent pas, comme celle du Cardinal Biffi, l’Église catholique a également été pionnière dans l’accueil des musulmans, montrant une influence qui s’étend au-delà de celle qu’exerce la même institution en France. En effet, l’Église catholique hexagonale, du fait de la laïcité à la française, se positionne souvent de manière plus positive que celle d’Italie vis-à-vis de la pratique religieuse musulmane en France, défendant ainsi la foi contre une vision purement sécularisée et privatisée de la religion.
Conti montre aussi en quoi le processus d’implantation des musulmans en Italie donne lieu à des formes d’organisation qui ressemblent à celles de la France ou d’autres pays européens. Tout comme la rivalité entre groupes et organisations pour « représenter » l’islam en Italie se construit d’une manière qui n’est pas éloignée de celle de leurs confrères français.
En même temps, Conti fait émerger la spécificité de la voie italienne vers la nationalisation de l’islam par rapport à la France ou d’autres pays européens, une spécificité qui réside notamment dans l’importance de la dimension locale dans la construction des trajectoires musulmanes et dans la relation entre les Italiens et les musulmans. En ce sens, les débats publics sur l’éventuelle édification d’une mosquée qui ont eu lieu dans les villes de Bologne et Florence sont emblématiques en ce qu’ils ont donné des résultats opposés. Dans le cas de la ville de Bologne, le débat sur la présence des musulmans dans la ville et dans la société italienne a abouti à une polarisation où coexistent discours anti-islamiques, voire islamophobes, d’un côté et repli communautaire et fondamentaliste des musulmans de l’autre. À Florence, les échanges publics sur la construction de la future mosquée ont fini par créer une légitimation relative de la présence musulmane et encouragé l’ouverture de la communauté musulmane sur la ville. Ici, c’est une acceptation conditionnelle, là un rejet plus ou moins radical qui a prévalu.
La spécificité de l’islam italien, ainsi que les trajectoires musulmanes, sont décrites à travers une perspective innovante qui consiste à s’interroger sur la place de l’islam en Italie en croisant les regards des « autochtones » (leur vision et leur compréhension des musulmans italiens) et des immigrés musulmans (leur perception d’eux-mêmes dans le croisement de leur regard avec les Italiens dits « de souche »). L’avènement de l’islam en Italie constitue un espace public souvent rival de l’espace public non-islamique. Cette présence crée un sous-espace qui a ses normes propres et entend légitimer la présence musulmane. Ce processus de légitimation croise sur son chemin les ténors de l’espace public italien, pour qui l’islam est vécu comme une entrave à « l’italianisation » des ressortissants maghrébins, moyen-orientaux et noirs africains, donnant naissance à des discours islamophobes, comme celui d’Oriana Fallaci, qui a marqué les médias et l’opinion publique italiens, ou encore de quelques dignitaires de l’Eglise catholique qui soulignent l’illégitimité de l’islam et la supériorité du catholicisme, mais aussi d’intellectuels européens et américains pour qui l’islam est antinomique à la démocratie. Contre ce type de discours, les leaders musulmans opposent un contre-discours qui entend montrer le caractère paisible de l’islam, mais dénonce également les stéréotypes et les préjugés contre la religion d’Allah et de ses adeptes.
Conti nous montre dans un effort intellectuel remarquable comment le regard d’une grand partie de la société italienne sur les musulmans les essentialise et les fige souvent dans des formes d’existence et de mentalité fort éloignées de la réalité de leur vécu et de leur comportement. Ce regard, synonyme d’un pouvoir symbolique susceptible de se traduire dans le registre du réel, est à son tour contesté par le regard que les musulmans italiens portent sur eux-mêmes et sur les Italiens, tendant à montrer en quoi la majorité d’entre eux sont aptes à devenir des Italiens à part entière tout en préservant l’essentiel de leur identité musulmane. Ce processus se décline selon plusieurs modalités (communautaire,