La banalisation de l extrémisme à la veille de la présidentielle
170 pages
Français

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La banalisation de l'extrémisme à la veille de la présidentielle , livre ebook

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Description

En cette veille de scrutin, un tiers des Français seraient séduits par l'extrémisme. La société et la politique françaises se radicaliseraient-elles ? Les contributions ici réunies tentent de cerner le processus de cette banalisation et analysent la façon dont radicalisation et dé-radicalisation opèrent dans le contexte actuel, favorisant des prises de position qui redéfinissent la scène politique et réorganisent les rapports de force, en France mais aussi ailleurs en Europe.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 9
EAN13 9782296490031
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA BANALISATION DE L’EXTRÉMISME À LA VEILLE DE LA PRÉSIDENTIELLE
Sous la direction de
Birgitta Orfali
LA BANALISATION DE L’EXTRÉMISME À LA VEILLE DE LA PRÉSIDENTIELLE
Radicalisation ou dé-radicalisation ?
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96514-0
EAN : 9782296965140
Ont participé à cet ouvrage
ARANITOU Valia
BONNEMAISON Didier
CAMUS Jean-Yves
ERMOSHINA Ksenia
MERRA Lucile
MUXEL Anne
ORFALI Birgitta
OUSTINOFF Michaël
RADUT-GAGHI Luciana
SINEAU Mariette
TCHERNOÏVANOFF Pierre-Alexis
Introduction
A la veille de l’élection présidentielle de 2012, un colloque international a réuni plusieurs chercheurs d’origines et de disciplines différentes pour cerner la radicalisation/dé-radicalisation des partis politiques français. Il s’agissait d’analyser la façon dont les partis dits extrémistes s’étaient transformés (naturellement ou à des fins électorales) dans le but de saisir la banalisation de l’extrémisme en cours ou avérée. Egalement convoquée, la banalisation de l’extrémisme dans d’autres pays européens a permis de comprendre l’impact de certains partis sur l’évolution des pratiques et des représentations sociales qui figurent aujourd’hui comme les « normes » en politique, notamment au sein de l’Europe.
Le colloque ouvert par Frédéric Dardel, Président de l’Université Paris Descartes, était constitué de quatre parties que cet ouvrage reprend : la place des thématiques de l’extrême gauche et de l’extrême droite dans la campagne, présidée par Bernard Valade (Professeur émérite de la Faculté des Sciences humaines et sociales – Sorbonne de l’Université Paris Descartes), l’adhésion aux extrêmes : des motivations psychosociologiques, présidée par Ivana Marková (Professeur émérite de l’Université de Stirling), la nécessité du changement, présidée par Nonna Mayer (Directrice de recherches, Institut d’Etudes politiques) et enfin l’extrémisme des temps modernes, présidée par Michel Spourdalakis (Président de l’Association grecque de sciences politiques).
La première partie détaille tout d’abord la normalisation des extrêmes droites en Europe avec Jean-Yves Camus qui précise que les extrêmes droites aujourd’hui représentent une quatrième vague, qui ne porte plus les stigmates du fascisme et du nazisme. L’impression d’une normalisation des extrêmes est due à une radicalisation des droites. Anne Muxel intervient pour cerner la tentation des partis extrémistes chez les jeunes, soulignant que l’extrémisme politique attire certes un cinquième des jeunes mais qu’il exprime surtout un mécontentement par rapport aux autres offres politiques. Pierre-Alexis Tchernoïvanoff s’intéresse ensuite aux militants du PS, défaitistes mais présents en cette veille de campagne. Il propose ainsi de comprendre non comment le PS conserve ses militants mais comment les militants œuvrent pour rester fidèles à leur parti. Pour ce faire, il analyse l’engagement en termes de temporalités afin de pouvoir poser les conditions permettant au militantisme de se perpétuer, le rattachant aux aspects proprement subjectifs des individus qui s’investissent.
La seconde partie est d’abord dévolue aux motivations d’adhésion dans les partis extrémistes (Birgitta Orfali) et distingue entre attitudes et comportements afin de souligner la prégnance d’une consistance intra-attitudinale qui amène non seulement à l’affiliation partisane mais aussi à l’activisme politique. Puis avec la question de l’extrême droite et des petits entrepreneurs en Grèce, Valia Aranitou s’interroge sur ce qui fonde le paradoxe ou la règle dans la société grecque contemporaine, qui vit une crise économique et politique importante, en étant de plus confrontée à une réforme du système des partis. Luciana Radut-Gaghi évoque le néonationalisme de l’extrême droite en Europe centrale et orientale comme un choix de sociabilité et explique que l’on n’est pas Thèque, Hongrois ou Roumain par naissance mais du fait d’interactions, d’un jeu de relations sociales, d’amitiés qui amènent presque automatiquement à une certaine identité nationale.
La troisième partie concerne le changement, opéré dans un parti avec l’exemple de la LCR devenue NPA. Didier Bonnemaison évoque la dé-radicalisation pour une frange de militants non-trotskystes, due entre autres au changement de nom de la Ligue Communiste Révolutionnaire devenue Nouveau Parti Anticapitaliste. En revanche, une grande partie des anciens militants de la LCR ont radicalisé leur discours, se revendiquant plus ouvertement du trotskisme et de la tradition marxiste révolutionnaire. Lucile Merra intervient pour décrypter les médias sociaux et les stratégies d’influences des partis extrémistes. Les cartographies de l’extrême droite et de l’extrême gauche apparaissent fortement contrastées et soulignent que la militance sur Internet reste corrélée à la possibilité d’une propagande plus large. Mariette Sineau présente ensuite les changements intervenus à la suite de l’élection de Marine Le Pen à la présidence du FN et la stratégie de normalisation du parti qu’elle a mise en œuvre depuis longtemps, qui a produit des effets certains dans l’opinion, notamment dans un contexte de crise économique et financière important.
La dernière partie du colloque concerne enfin l’extrémisme des temps modernes et considère la radicalisation/dé-radicalisation des jeunes avec l’intervention de Ksenia Ermoshina. Prenant l’exemple des mouvements de 2006-2010, elle constate le rôle crucial des syndicats étudiants dans la dé-radicalisation des mouvements étudiants. La crise du répertoire d’actions, la mécanisation du choix des formes d’action, dont le blocage et l’occupation, comme l’aspect répétitif, ont amené à une banalisation des mouvements et à la création d’un « scénario », qui rend les mouvements prévisibles et facilement contrôlables tandis que le beau rôle revient aux syndicats. Pour conclure, Michaël Oustinoff propose de considérer les langues de bois comme l’euphémisation des extrêmes. Il constate l’omniprésence de la langue de bois dans la politique contemporaine, notamment en France, son extrême polysémie, pour ne pas dire son élasticité infinie et précise qu’il est impossible de parler de la langue de bois en politique (car c’est là l’origine de tous ses autres sens) sans passer par Orwell et sa novlangue.
On comprendra, à la lecture des chapitres qui suivent que la banalisation est un fait, qu’elle se conjugue différemment selon les partis ou les pays et qu’une radicalisation/dé-radicalisation est constamment convoquée dans la politique contemporaine. Cette dichotomie permet au système partisan de se transformer, de s’adapter à l’évolution du monde contemporain tout en facilitant la mixité des sphères sociales et politiques. Il s’agit aujourd’hui de maintenir présentes les oppositions héritées du passé (notamment l’axe gauche/droite qui perdure dans les mentalités), en faisant fi cependant des « vieux » combats pour s’adapter à la scène internationale et à la mondialisation (assortie elle aussi de batailles territoriales - nationalisme et régionalisme - issues du passé mais toujours vives et fomentant de nouvelles adhésions). Comme si l’adage du MSI (« ni renier, ni reconstruire ») était désormais adopté par une grande partie des hommes et des partis politiques en Europe. Mais « l’art de faire du neuf avec du vieux » contraint à des pirouettes complexes que l’échéance électorale de la présidentielle semble exacerber. Cette élection étant par ailleurs celle qui interpelle la majorité des citoyens, on peut se demander si l’apparente hypocrisie de la campagne n’est pas souhaitée par les électeurs afin de corroborer la vieille certitude qu’ « en politique, tout est biaisé, même dans les démocraties les plus anciennes »…
Première partie La place des thématiques de l’extrême gauche et de l’extrême droite dans la campagne
Chapitre 1 La normalisation de l’extrême droite en Europe
Jean-Yves Camus
IRIS
Définie après 1945 comme la continuation de « l’horreur absolue » que représentent le national-socialisme et les fas

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