La dissuasion nucléaire
172 pages
Français

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La dissuasion nucléaire , livre ebook

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Description

Plus de 17000 têtes nucléaires traînent dans le monde, 4500 sont programmées pour détruire la moitié de la terre. Peut-on les éliminer ? Oui, il existe un chemin vers le désarmement nucléaire, mais il doit passer par un stade intermédiaire, la suffisance nucléaire. On ne peut être réaliste sans évoquer précisément la mise en oeuvre des armes nucléaires, les plans de tir et les doctrines. Cet ouvrage propose un mode de calcul réaliste de forces nucléaires et démontre que les arsenaux monstrueux que le XXe siècle nous a légués sont désormais sans objet.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336365060
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71517-9
Titre
Edouard V ALENSI







La dissuasion nucléaire

Prélude au désarmement














L’HARMATTAN
DU MEME AUTEUR
CHEZ LE MEME EDITEUR
La dissuasion nucléaire. Manuel d’emploi , 2012.
La dissuasion nucléaire. Les terrifiants outils de la paix , 2012.
La dissuasion nucléaire. L’aventure nucléaire française : les ergots du coq , 2013.
LA BOMBE, UN INSTRUMENT DE PAIX
Les antagonismes extrêmes qui ont marqué le XX ème siècle, démocratie contre nazisme, communisme face à l’impérialisme américain, ne sont plus. Des blocs mortifères, au point de voir dans l’élimination définitive du régime adverse une issue souhaitable. Compagnes de ces haines, de part et d’autre, des armes nucléaires par dizaines de milliers, et des plans de guerres dans lesquels la disparition d’une centaine de millions d’individus était attendue.

Ces génocides programmés de sang-froid ne sont plus à l’ordre du jour. Deux hommes, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, y ont mis fin en 1985. Justifiant leur sagesse, les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ont donné aux opinions publiques du monde entier une intuition de ce que pourrait représenter un conflit nucléaire. Le fait qu’elles en aient pris conscience leur a fait rejeter tout ce qui pouvait s’apparenter à une guerre nucléaire généralisée. Les doctrines stratégiques sans limites, les cathédrales nucléaires du XX ème siècle, ont été bannies du domaine du possible.


Figure 1 Deux « Peace-boys » Reagan et Gorbachev (source : Usinfo.state.gov)
Pour autant les armes nucléaires sont encore là, et pour longtemps, même si on ne les compte plus par dizaines de milliers, stockées et prêtes à être lancées en Europe. Ce que pourrait être un cadre général pour leur emploi est à élaborer, alors que les prémices idéologiques, les réflexes du siècle passé ne sont plus là pour façonner la pensée militaire. N’est-ce pas là le moment de remettre en cause la dissuasion telle qu’elle fut pensée dans les années cinquante ? C’est ce à quoi s’efforce cet ouvrage.
Les problématiques de la dissuasion sont abordées sous l’angle du praticien, à la manière d’un officier général, s’il pouvait s’exprimer.
Le lecteur, par delà le temps, va pouvoir dialoguer avec les plus puissants stratèges, en s’appuyant sur les évaluations et les plans les plus secrets à présent dévoilés et accessibles sur la Toile.

Successivement vont être rappelées ou présentées les attentes des grandes puissances dont les inquiétudes ou les peurs résiduelles leur interdisent d’envisager un désarmement total, puis la place du fait nucléaire dans l’espace militaire et la mise en œuvre des forces, avant que soient examinées les conditions de la crédibilité du langage nucléaire, et enfin l’emploi des armes sous tous leurs aspects. Ce qui est nécessaire étant cerné, il devient possible d’entrevoir ce que peuvent être des forces suffisantes. Le moment sera venu de montrer comment pourraient être dimensionnées les forces nucléaires au plus juste, pour revenir à ce qu’elles étaient à leur début : des armes strictement défensives.
LES ARMES NUCLEAIRES SONT LA POUR DURER
Le discours nucléaire ne doit plus être qu’un discours de paix. Ce message, les cinq premières puissances nucléaires le répètent aujourd’hui. Non sans quelques nuances, mais toujours sans équivoque. Il est cependant accompagné d’un corollaire : la nécessité des armes nucléaires comme outils garantissant la paix implique leur durée.
Les pauvres morts d’Hiroshima ont permis à la dissuasion d’exister
La fin des combats, telle était la finalité de la destruction d’Hiroshima. Irrésistible démonstration de puissance, elle devait convaincre l’Empereur et le gouvernement militaire japonais qu’il fallait se résigner à cesser de combattre.

Le programme Manhattan de construction d’une arme nucléaire avait été lancé en 1939, pour lutter contre les Nazis. Cependant l’Allemagne s’écroule avant que la bombe ne soit au point, et c’est contre le Japon qui s’acharne à combattre contre le reste du monde que les premières armes atomiques vont être programmées. A la fin de la conférence de Potsdam, un ultimatum est signifié au Japon, sommé de se rendre sans conditions, sous peine de graves destructions. L’ultimatum est rejeté, et c’est le premier ministre japonais lui-même qui annonce que son pays veut « ignorer » l’ultimatum. Devant cette obstination, un tir démonstratif est décidé qui doit persuader le Japon que les Etats-Unis disposent de l’arme totale. La décision d’employer l’arme atomique n’a pas été prise à la légère. Elle a fait l’objet de nombreux débats, où les responsables scientifiques du projet Manhattan siégeaient aux côtés des officiers généraux et des politiques.

La ville cible sera un « sujet d’expérience ». Pour rendre évident aux plus acharnés que le Japon sera anéanti s’ils persistent, on ne peut pas retenir une petite ville, c’est une agglomération majeure qui doit être visée. La ville doit :
– s’étendre sur au moins 3 miles,
– ne pas avoir été l’objet de raids antérieurs,
– l’explosion doit générer des dommages importants.


Figure 2 : Hiroshima bombardé (source : DoD)
Sur la liste des cibles potentielles, Kyoto est préférée, parce que peuplée d’intellectuels à même d’évaluer la signification stratégique de l’explosion dévastatrice. Elle est sauvée au dernier moment par Henry Stimson, Secrétaire à la guerre qui avait admiré la ville et ses inestimables trésors lors de sa lune de miel. C’est donc Hiroshima, septième ville japonaise par ordre d’importance qui est finalement retenue. La frappe n’aura pas d’impact direct sur les combats. Sa finalité est politique : avoir raison de l’obstination d’un pouvoir militaire.

La puissance était là, mais elle était de surcroît accompagnée de l’horreur complète. Ce bombardement atomique est perçu pour ce qu’il est : un cataclysme qui n’est plus à l’échelle humaine, non pas seulement par les japonais mais par le monde entier, et à jamais. Une des analyses les plus lucides des conséquences de la destruction d’Hiroshima est sans doute celle de Charles de Gaulle. Il déclare en 1962 : « Il fallait bien qu’elle frappe la première fois. Pour mettre le Japon à genoux, il fallait lui fournir la preuve que cette bombe était une réalité terrifiante et imparable. Et il fallait que cette bombe mette fin à la seconde guerre mondiale, pour que la perspective de son emploi dissuade d’en entreprendre une troisième. Sans quoi on n’aurait jamais cru à sa vertu. Sans Hiroshima l’armement nucléaire n’aurait pas fait plus d’effet qu’un revolver à eau. Truman a eu du cran. Il en fallait. » 1
Des armes légitimes selon le droit international
Pour beaucoup, faisant référence aux morts d’Hiroshima, il n’est que temps d’éliminer ces armes disséminées sur tous les continents. Pour la survie de l’humanité elles doivent êtres bannies. C’est là un discours sympathique, mais sympathie ne vaut ni raison ni persuasion. Aussi, voilà des années que le désarmement nucléaire est attendu et que rien, ou bien peu, ne s’observe.

On a tenté de les faire interdire en se fondant sur des arguments de droit. Entre autres, une plainte a été déposée devant la Cour internationale de justice en 1994 à la suite d’un vote de l’Assemblée plénière de l’ONU. La plainte a été déclarée recevable, mais la Cour a conclu que la menace ou l’emploi des armes nucléaires était licite.

Que disent, en effet, les règles qui régissent les relations entre Etats ? « Au niveau international, seul le droit positif s’applique ». Pour être clair : les interdictions ne peuvent que résulter d’un traité, l’implicite est hors du droit. C’est donc dans la Charte des Nations Unies que l’on doit trouver les dispositions qui peuvent entraîner l’interdiction. Or la Charte n’interdit pas le recours à la menace ou à l’emploi des armes nucléaires puisqu’elle ne les proscrit point. De plus, son article 51 stipule qu’« aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’ob

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