La Guinée, un demi-siècle de politique (1945-2008)

Boubacar Yacine Diallo

Description

Depuis 1945, Yacine Diallo (1945-1954), Ahmed Sékou Touré (1956-1984) et Lansana Conté (1984 -2008) ont occupé la scène politique en Guinée. Trois formations, trois personnalités, trois démarches et trois résultats différents. Les réformes engagées ont eu une courte durée de vie, et, à force de différer l'action, le pays a cumulé un retard honteux en matière de politique énergétique, de transport, d'agriculture, d'exploitation du sous-sol...

Sujets

• Politique
• Science politique
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2011
• Nombre de lectures: 117
• EAN13: 9782296801516
• Langue: Français

Extrait

La Guinée, un demi-siècle de politique
Du même auteur
Yacine le Guinéen pour la patrie et dans l’honneur ,
Éditions l’Harmattan, Paris, 1996.
Guinée, d ’ un régime à l ’ autre ,
Éditions Arc-en-Ciel, Conakry, 1997.
Larmes de joie, Éditions Gandaal, Conakry, 2000.
Guinée, le Général Sékouba Konaté au cœur de la transition ,
Éditions l’Harmattan, Paris, 2010.
Boubacar Yacine Diallo
La Guinée, un demi-siècle de politique
(1945-2008)
Trois hommes, trois destins
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-54222-8
EAN : 9782296542228
A mes enfants Aïssatou Bella Diallo,
Nènè Oumou Diallo et El Hadj Amadou Diallo
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
Ousseini DIALLO, Oui, le développement est possible en Afrique, 2011.
Walter Gérard AMEDZRO ST-HILAIRE, PhD, Gouvernance et politiques industrielles. Des défis aux stratégies des Télécoms d ’ État africains, 2011.
Toavina RALAMBOMAHAY, Madagascar dans une crise interminable, 2011.
Badara DIOUBATE, Bonne gouvernance et problématique de la dette en Afrique. Le cas de la Guinée, 2011.
Komi DJADE, U économie informelle en Afrique subsaharienne, 2011.
Hifzi TOPUZ, Un Turc au Congo, 2010.
Djakalidja COULIBALY, Agriculture et protection de l ’ environnement dans le Sud-Ouest de la Côte d ’ Ivoire, 2011.
Lofti OULED BEN HAFSIA, Karima BELKACEM, L ’ avenir du partenariat Chine-Afrique, 2011.
Ngimbi KALUMVUEZIKO, Un Pygmée congolais exposé dans un zoo américain, 2011.
Essé AMOUZOU, Aide et dépendance de l ’ Afrique noire, 2010.
Pierre N’GAKA, Le Système de protection sociale au Congo-Brazzaville, 2010.
Bernard GOURMELEN et Jean-Michel Le Roux, Petits métiers pour grands services dans la ville africaine, avec la collaboration de Mamoutou Touré, 2011.
Issakha NDIAYE, Guide de la passation des marchés publics au Sénégal 2010.
Xavier DIJON et Marcus NDONGMO, L ’ Éthique du bien commun en Afrique, Regards croisés, 2011.
Daniel KEUFFI, La régulation des marchés financiers dans l ’ espace OHADA, 2011.
INTRODUCTION
Quelques années auparavant, nous avons eu le privilège d’esquisser dans deux ouvrages les portraits de trois personnalités qui ont dominé la scène politique de la Guinée au cours de ce siècle : Yacine Diallo (1945-1954), Ahmed Sékou Touré (1956-1984) et Lansana Conté (1984 -2008).
La Guinée : 1945-2008, un demi-siècle d’histoire et d’évolution politique, économique, sociale, institutionnelle et culturelle en trois étapes distinctes : la culture anti-coloniale, la décolonisation et la démocratisation. Trois étapes dominées par trois hommes : un instituteur, un autodidacte et un militaire. Trois formations, trois personnalités, trois caractères, trois démarches et trois résultats différents. Une certitude : ces trois personnalités que représentent Yacine Diallo, Sékou Touré et Lansana Conté ont, chacune, marqué son époque de son empreinte.
Trois époques différentes autant par les problèmes posés que par les démarches privilégiées. Avec Yacine Diallo, c’est la décolonisation qui est privilégiée ; une lutte corps à corps avec la puissance coloniale pour desserrer son emprise d’une part ; et d’autre part, promouvoir l’émancipation de la population guinéenne par l’éducation, le développement économique et social et l’ouverture sur le monde. Développement et éducation, fondements et garanties de la liberté et d’une indépendance programmée en 1944 à Brazzaville par le Général de Gaulle, au vu et au su de ce que les Africains ont été capables d’accomplir quand les circonstances l’exigeaient pendant la deuxième guerre mondiale.
Le but de cet exercice était, dans la longue marche de l’histoire du peuple de Guinée et dans le désordre actuel de nos archives nationales, de fixer quelques repères à l’intention des acteurs d’aujourd’hui et surtout ceux de demain. Cette mission, aussi incomplète et imparfaite soit-elle, a été plutôt bien accueillie par le public national et étranger. Un encouragement qui nous amène aujourd’hui à apporter une petite touche supplémentaire à ce vaste tableau si riche en enseignements. Il s’agit moins d’éléments nouveaux que d’une meilleure articulation des faits entre eux pour en permettre une lecture plus claire et une meilleure compréhension. Cet exercice n’est pas purement intellectuel, il répond à un besoin pédagogique certain contre cette tendance générale chez les dirigeants africains à occulter le passé — parfois outrageusement — au profit de leur seule image. Cette présentation des faits qui donne l’impression que nos nations existent seulement depuis l’Indépendance et qui veut que les seules commémorations dignes de nous soient celles qui se réfèrent à leur accession au pouvoir, laisse nos populations, et en particulier notre jeunesse, sans repères consistants par rapport à son passé. Une telle présentation des faits dont la conséquence est forcément de les dénaturer ou de les travestir au profit de la propagande du jour, malheureusement, ne date pas d’aujourd’hui : elle était courante pendant la période coloniale quand on cherchait à effacer dans la mémoire des peuples colonisés, leur passé de peuples indépendants et souverains. Cette pratique, rien ne justifie sa perpétuation. Il faut l’abandonner aux propagandistes et aux idéologues. La jeunesse, pour se mouvoir dans le présent et se projeter dans l’avenir, a besoin de solides repères dans le passé. C’est pourquoi, tout ce qui peut contribuer à l’aider dans ce sens, doit être entrepris. C’est précisément l’objet de cette présentation de ces trois personnalités. Il s’agit moins d’une comparaison stricto sensu que d’une galerie de portraits sous forme de tableaux séparés, chacun dans son contexte, ses réalités et son caractère propres. Seuls les critères de présentation des personnes restent identiques. Ceux que nous avons retenus sont les suivants : le cadre dans lequel chacun a évolué ; l’équation à laquelle chacun d’eux s’est trouvé confronté et la manière dont ils l’ont solutionnée (leurs stratégies) ; leurs caractère et personnalité ; et enfin, ce qui apparaît comme leurs œuvres et leurs legs. La question qui nous intéresse ici est moins de nous interroger sur ce qui s’est passé au cours de cette période de l’histoire de la Guinée que de savoir quel aura été le comportement de ces trois hommes dans le laps de temps qu’ils ont passé au pouvoir : trois hommes, trois situations différentes.
Le premier, Yacine Diallo et ses camarades, héritent d’une Guinée vaincue, soumise à la tutelle et la domination coloniale. Ses dirigeants Samory Touré et Alpha Yaya Diallo, après une longue et âpre résistance à la pénétration coloniale, sont vaincus et déportés qui au Gabon, qui à Madagascar. Des patriotes sont neutralisés ou éliminés. Le pays est, en un mot comme en mille, décapité et l’ordre colonial règne en maître. Dès lors la foi, la culture et l’éducation deviennent les principaux foyers de ressourcement et de résistance pour les populations guinéennes dans leur ensemble. Elu premier député pour représenter la Guinée à l’Assemblée constituante en novembre 1945 puis à l’Assemblée nationale française en 1946, mandat qui sera renouvelé jusqu’à sa mort le mercredi 14 avril 1954, que va faire Yacine Diallo pour son peuple ? Quelle démarche aura été la sienne, pour quel résultat et quels legs laisse-t-il ? Car en politique, les intentions pèsent toujours beaucoup moins dans la balance que les résultats.
Celui qui succède chronologiquement à Yacine Diallo, c’est Ahmed Sékou Touré. Quand il accède au pouvoir, la Guinée est toujours sous domination coloniale mais la voie de l’indépendance est tracée. La Guinée comme entité politique, administrative, économique et sociale existe et repose sur des bases institutionnelles en devenir. La gestion générale du territoire et les projets de développement en chantier (développement industriel avec Fria, énergétique avec le barrage de Konkouré, développement agricole a