La Lutte des classes moyennes
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Description

« Les classes moyennes, aspirées vers le bas de l’échelle sociale, luttent pour leur survie, trop souvent dans l’indifférence générale. Elles restent invisibles, inaudibles, sans véritable relais politique dans le débat public. Pour la première fois depuis longtemps, elles ont l’impression que leurs enfants auront une vie plus difficile que la leur. Alors qu’elles sont le rouage essentiel de notre société, elles doutent et se sentent oubliées, entre l’attention légitime portée aux plus pauvres et la lumière qu’attirent les plus riches. J’ai voulu écrire ce livre pour redonner la parole à ces sans-voix du débat politique. Car j’en ai la conviction : bien des réponses aux difficultés de la société française sont à chercher du côté des classes moyennes. C’est à ces anonymes que je m’adresse, à ceux qui, par leur travail, font tourner la République et sont prêts à assumer ce rôle avec générosité, mais à une condition : ne pas être les seuls à porter le fardeau, avoir la certitude que la charge est équitablement répartie. » L. W. Benjamin de l’Assemblée nationale lors de son élection comme député de Haute-Loire en 2004, ancien secrétaire d’État chargé de l’Emploi (2008-2010) et ministre chargé des Affaires européennes (2010-2011), Laurent Wauquiez, 36 ans, a été nommé en juillet 2011 ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a fondé la Droite sociale, groupe qui rassemble des parlementaires et des élus locaux déterminés à remettre les classes moyennes au cœur des politiques publiques. Il est maire du Puy-en-Velay depuis 2008.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738183026
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE 2011
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8302-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction

« Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l’échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat » : cette disparition progressive des catégories intermédiaires, Marx et Engels la prophétisaient au milieu du XIX e  siècle 1 . L’histoire leur a donné tort, du moins à première vue : les classes moyennes n’ont cessé de se développer, pour atteindre leur apogée pendant les Trente Glorieuses.
Pendant les Trente Glorieuses oui, mais aujourd’hui ? Et si, avec plus d’un siècle et demi de retard, Marx avait finalement raison ? Aspirées vers le bas de l’échelle sociale, les classes moyennes luttent pour leur survie, trop souvent dans l’indifférence générale. Elles restent invisibles, inaudibles, sans véritable relais politique dans le débat public. Pour la première fois depuis longtemps, elles ont l’impression que leurs enfants auront une vie plus difficile que la leur. Alors qu’elles sont le rouage essentiel de notre société, elles doutent et se sentent oubliées, entre l’attention légitime portée aux plus pauvres et la lumière qu’attirent les plus riches.
J’ai voulu écrire ce livre pour redonner la parole à ces sans-voix du débat politique. Car j’en ai la conviction : bien des réponses aux problèmes de la société française sont à chercher du côté des classes moyennes. C’est à ces anonymes que je m’adresse, à ceux qui, par leur travail, font tourner la République et sont prêts à assumer ce rôle avec générosité, mais à une condition : ne pas être les seuls à porter le fardeau, avoir la certitude que la charge est équitablement répartie.
En France, s’occuper des classes moyennes n’est pas politiquement correct. Le discours sur le « social » se concentre le plus souvent sur les plus fragilisés de notre société. La parole des classes moyennes est malaisée à porter. De quoi se plaignent-elles ? Elles ont un travail, un logement. Les apparences jouent contre elles. Dans mon parcours politique, j’ai parfois payé le prix fort pour avoir voulu faire entendre la voix des classes moyennes. Quand j’ai lancé le débat sur les dérives de l’assistanat et du revenu de solidarité active, que n’ai-je entendu ! Les esprits bien-pensants se sont déchaînés lorsque j’ai proposé que les personnes qui perçoivent le RSA, et qui bénéficient donc de la solidarité nationale financée par les classes moyennes, contribuent en retour à la société en donnant quelques heures de leur temps pour des projets utiles à la collectivité. Je ne renie rien de ce que j’ai dit, parce que c’est ce que je crois profondément. Les nombreuses marques de soutien que j’ai alors reçues m’ont renforcé dans mes convictions. Derrière ce débat, c’est bien celui des classes moyennes que je souhaite porter.
En France, on a trop longtemps considéré que « faire du social » consistait à s’occuper uniquement des plus démunis. Or, à mes yeux, « faire du social », c’est aussi veiller à la place des classes moyennes. Elles sont le socle de notre modèle français, le moteur de cette conciliation équilibrée entre le social et l’économique qui fait la force de notre pacte républicain. Mais si nous continuons à faire payer les classes moyennes toujours plus pour leur donner toujours moins, non seulement c’est leur adhésion au contrat républicain que nous mettons en péril, mais c’est le contrat républicain lui-même qui n’y survivra pas. N’oublions jamais que les démocraties qui se sont effondrées, telle la république de Weimar face à la montée de Hitler, sont précisément celles qui n’ont pas su entendre leurs classes moyennes.

Le sens d’un engagement
Ce combat pour les classes moyennes est le fruit de convictions anciennes qui n’ont cessé de se renforcer à mesure que s’affirmait mon engagement politique.
Mon département, la Haute-Loire, est profondément attachant. Situé aux sources du fleuve, il a d’immenses atouts, parmi lesquels son paysage et son histoire. Mais sa principale force tient sans doute au caractère de ses habitants : toujours, ils ont misé sur leur travail pour aller de l’avant, sans jamais oublier les valeurs de solidarité. En Haute-Loire, les revenus ne sont pas toujours très élevés et fort nombreuses sont les familles qui considèrent appartenir aux classes moyennes.
Il y a de cela plusieurs années, j’ai fait une rencontre qui m’a marqué plus que d’autres. Une de ces rencontres somme toute très banales, mais qui donnent sens à un engagement. Il s’agissait d’une famille de La Séauve-sur-Semène, une commune à l’est de mon département. Lui était garagiste, elle assistante maternelle : des gens profondément généreux, attentifs aux autres et d’un naturel optimiste. Sauf que, le jour de notre entrevue, l’ambiance était au découragement. Leurs deux filles venaient d’entrer à la fac et ils n’arrivaient tout simplement pas à s’en sortir. Les bourses n’étaient pas pour eux. Ils prenaient donc de plein fouet les frais d’études et de logement de leurs enfants. Il y avait chez eux un mélange de désespoir et de révolte. La société française leur paraissait foncièrement injuste.
Par la suite, quand je suis devenu député de Haute-Loire, puis maire du Puy-en-Velay, j’ai toujours consacré beaucoup de temps à essayer d’apporter un peu d’aide à ces familles qui, bien qu’elles travaillent, ne sont pas nécessairement à l’aise pour joindre les deux bouts.
Les fonctions que j’ai exercées au sein du gouvernement, notamment à l’Emploi et, aujourd’hui, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, m’ont placé au cœur de ces enjeux du quotidien. J’ai mesuré à quel point la mécanique sociale française peut être abrupte, avec ses seuils qui s’arrêtent aux pieds des classes moyennes. Dans toutes les décisions que j’ai prises en tant que ministre, j’ai toujours refusé de cautionner les mécanismes d’aides excluant les classes moyennes. À l’Emploi, quand nous avons négocié les mesures destinées à amortir la crise et à soutenir les personnes qui subissaient une perte de salaire, j’ai obtenu l’appui des syndicats pour inclure les classes moyennes dans les dispositifs. À l’Enseignement supérieur, en plus de l’élargissement des bourses en direction des classes moyennes modestes, je me suis battu pour mettre en place un dispositif de caution permettant d’aider tous les étudiants à accéder à un logement.
C’est pour mieux relayer ces convictions que j’ai créé il y a deux ans un groupe de parlementaires, la Droite sociale. Le groupe rassemble des élus de sensibilité sociale, qui sont issus de toutes les tendances de la droite, depuis les gaullistes jusqu’aux démocrates-chrétiens. Tous, nous sommes animés par la même volonté : remettre les classes moyennes au centre de la République. Nous mettons en commun nos expériences de terrain, nous travaillons avec un réseau d’acteurs économiques et sociaux, avec des syndicats, dans un objectif principal : renouveler par des solutions innovantes notre approche du contrat social, qui est aujourd’hui à bout de souffle.

Petit détour par l’étranger
Pour mesurer à quel point la France a les classes moyennes honteuses, il n’est pas inutile de faire un petit détour chez nos voisins. En mars 2010, la campagne bat son plein au Royaume-Uni. David Cameron me reçoit dans son bureau. Une demi-heure d’échange avec celui qui sera deux mois plus tard le Premier ministre de Grande-Bretagne. Je vais droit au but et lui demande quel est pour lui l’enjeu principal de l’élection. Il me répond sur le ton de l’humour : «  It’s middle class, stupid !  » – allusion à une phrase de Bill Clinton qui, pendant sa première campagne présidentielle aux États-Unis, avait fait écrire dans son QG : «  It’s the economy, stupid !  » Je lui réponds alors du tac au tac : « Venez faire campagne en France, on a le même problème. »
Direction les États-Unis, Denver. Barack Obama vient d’être investi par les démocrates. Dans une ambiance survoltée, il lance sa campagne pour les présidentielles. Contrairement à l’image d’Épinal forgée de notre côté de l’Atlantique, tout ne s’est pas joué seulement sur le sympathique slogan : «  Yes, we can  », mais beaucoup plus sur la détermination d’Obama à mettre les classes moyennes au cœur de son approche. Refonte fiscale, adaptation du système social, accession à la propriété : tout était tourné en direction des classes moyennes. À peine élu, Barack Obama charge son vice-président d’animer à la Maison Blanche une task force pour veiller à ce que toutes les politiques publiques aient un impact positif sur la middle class . En Allemagne, le Mittelstand est aussi une préoccupation constante dans le débat public. Sans même parler de la Suède ou du Danemark, qui ont construit leur consensus social autour des classes moyennes.
Je me souviens enfin de mon premier échange avec sœur Emmanuelle. Je l’ai rencontrée dans son association, au cœur des bidonvilles du Caire. Nous visitions ensemble le lycée qu’elle avait fondé au milieu du quartier et qu’elle avait baptisé Basma. Je lui avais demandé pourquoi avoir créé un lycée, alors qu’il existait tant d’autres urgences, ne serait-ce qu’assurer la survie au quotidien. Elle m’avait regardé droit dans les yeux : « Crois-tu vraiment qu’il y a d’autres urgence

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