La Méprise Démocratique Tunisienne
121 pages
Français

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La Méprise Démocratique Tunisienne , livre ebook

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Description

Aucune révolution n’est identique à une autre, la tunisienne pas plus que les autres. L’appellation a souvent un sémantisme flou et désigne n’importe quel changement brutal dans les institutions d’un pays ou le mode de fonctionnement économique et social puisqu’on peut parler autant de révolution numérique ou de révolution agricole. L’histoire réserve ainsi des remises en question et des redistributions des responsabilités politiques. Le slogan phare de la révolution tunisienne est resté le « dégage », injonction qui a poussé à la fuite l’ancien autocrate lui-même apparemment dépassé par la dérive autoritaire et népotiste qu’il a initiée. Il y avait un besoin populaire de chasser Ben Ali et sa parentèle engluée dans les affaires louches et les exactions de toutes sortes. Et cela a été fait, vite fait au point que l’impression qui reste est que le régime déchu ne tenait plus à grand chose. Le fruit était mûr et l’on eut même droit à des hommes de main qui se sont découvert une fibre insurrectionnelle en prenant le train en marche et les slogans en bandoulière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9796500349336
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bourguiba Ben Rejeb
La méprise
démocratique
TunisienneBourguiba Ben Rejeb
La méprise démocratique tunisienne
Première édition - 2018
Droits d’auteurs réservé à l’auteur
ISBN 978-9938-20-039-3
Droits d’éditions, impression et distribution
réservés à LATRACH EDITION
Conception et impression
LATRACH EDITIONS
95 - AVENUE DE LONDRES - TUNIS - 1001
TEL: +21671330490 - TELFAX: +21671241123
www.latrach-edition.com ـ contact@latrach-edition.com
Latrachsalem@gmail.com
2Déambulations
En territoire révolutionnaire
Aucune révolution n’est identique à une autre, la tunisienne
pas plus que les autres. L’appellation a souvent un sémantisme
fou et désigne n’importe quel changement brutal dans les ins -
titutions d’un pays ou le mode de fonctionnement économique
et social puisqu’on peut parler autant de révolution numérique
ou de révolution agricole. L’histoire réserve ainsi des remises en
question et des redistributions des responsabilités politiques. Le
slogan phare de la révolution tunisienne est resté le « dégage »,
injonction qui a poussé à la fuite l’ancien autocrate lui-même
apparemment dépassé par la dérive autoritaire et népotiste qu’il
a initiée. Il y avait un besoin populaire de chasser Ben Ali et sa
parentèle engluée dans les affaires louches et les exactions de
toutes sortes. Et cela a été fait, vite fait au point que l’impression
qui reste est que le régime déchu ne tenait plus à grand chose. Le
fruit était mûr et l’on eut même droit à des hommes de main qui
se sont découvert une fbre insurrectionnelle en prenant le train
en marche et les slogans en bandoulière.
On réécrit l’histoire selon les versions de ceux qui prennent
la parole, il n’en reste pas moins que le « dégagisme » fut donc
une attitude partagée très majoritairement dans le pays. Strictu
sensu, la geste du dégagisme ne constitue en aucun cas un
programme de travail révolutionnaire. La raison la plus apparente
est que tous les partis, et tous les révolutionnaires, ont
revendiqué la paternité de la geste et les ovations des lauriers qui en
3découlent. Du coup, comme il y a énormément de pères, il a
été très diffcile de recomposer la famille et de démêler l’éche -
veau. Des institutions nouvelles sont bien nées dans l’ordre des
valeurs partagées, mais elles sont vite devenues le nœud du
problème et non sa solution. Les rêves de départ traduits en articles
de constitution y sont pour quelque chose, mais pas seulement.
Il a manqué une identité claire, et celle-ci manque toujours,
six ans après. L’une des preuves, et des épreuves éclatantes, est
le non droit qui entoure encore les assassinats de C. Belaïd et
M. Brahmi, deux fgures majeures de la révolution en question.
L’enquête de police n’en fnit pas d’aboutir, mais ces assassi -
nats posent aussi la question cruciale : qui sont réellement les
contre révolutionnaires, les « réactionnaires » pour reprendre
les termes habituels? Autrement dit : est-il envisageable que des
contre révolutionnaires aient été élus à la régulière par les
tunisiens de l’après révolution et que, une fois au pouvoir, ils aient
éliminé des « partenaires » majeurs ? Comment expliquer que la
démocratie naissante ait enfanté autant de terroristes, et de
soutiens au terrorisme à l’intérieur même du pouvoir ?
Le pouvoir de Ben Ali a été dégagé et il est très rapidement
tombé comme un château de cartes puisque ses plus fervents
soutiens ont comme par magie disparu dans la nature. La parole
libérée a donné l’occasion de constater que les forces de la
modernité, et de l’inscription de la modernité dans les lois
essentielles pouvaient rapidement émerger et jouer ainsi dans la cour
des grands en termes de démocratie et de défense des droits de
l’Homme. Et même par temps de gros nuages, les mêmes forces
ont fait preuve de suffsamment de créativité pour instaurer le
« dialogue » en mesure de réguler un système en pleine dérive.
Un gouvernement de « salut public »est même né d’un dialogue
improbable entre organisations différentes, tour de force salué
en son temps par un prix Nobel.
4Cette « prise » sur la démocratie est cependant allée de pair
avec une « méprise » qui a amené assez rapidement des
affrontements violents, pour la plupart des défs ouverts à l’Etat dit de
droit. Le fait est que de longues décennies de pouvoir personnel
ont généré chez le citoyen une méfance profonde à l’égard de
l’Etat, quelle que soit la composition de cet Etat. Partant de là,
les espaces de liberté ont été gagnés, et consolidés fortement en
prévention de toutes les dérives envisageables, puisque l’Etat
ancien avait failli et risquait, en l’absence de vigilance, retrouver
ses vieux démons. Et même quand les institutions ont emprunté
la voie de la démocratie élective, le sentiment général, et les
réseaux sociaux aidant, des groupes associatifs se sont donné
pour mission de superviser le processus et de dénoncer tous
les risques de dérive autoritaire. Des garanties supplémentaires
créées sous forme de diverses Instances devaient assurer cette
mission, devenue par certaines pratiques de l’excès inquisitoire.
Ces instances ont raffermi le volet « dignité » de la révolution
mais n’avaient pas de réponse sur le volet développement et
égalité des chances dans la bataille contre le sous développement.
En Janvier 2018, un véritable climat insurrectionnel a rappelé
que la liberté acquise ne pouvait pas être pérenne sans la
réussite de cette variable de l’équation. L’abcès de fxation fut, sans
surprise, l’application de la Loi des Finances publiques, pourtant
votée quelques jours plus tôt à l’ARP. On a même remarqué que
parmi les opposants farouches qui ont soutenu la réponse de la
rue, certains avaient voté la même loi. Les stratégies partisanes
peuvent fournir une partie de l’explication, il n’en reste pas
moins que la rupture était consommée entre le citoyen englué
dans la cherté de la vie et ses représentants convertis à l’examen
de l’état réel des fnances publiques. La logique de l’Etat de droit
ne suffsait donc plus à remplir le couffn de la ménagère. Le
Ministre des Finances a beau aligner les chiffres des contraintes
incontournables, le cercle des représailles s’est déjà refermé.
5Une des circonstances atténuantes a été de développer l’idée
de « complot », essentiellement ourdi par des contrebandiers et
des corrupteurs jouant le tout pour le tout pour récupérer leur
territoire mafeux. Dans les pillages, beaucoup de malfrats au -
raient été sous infuence ou ont tout simplement agi contre mon -
naie sonnante et trébuchante. Des preuves existent, et la pratique
n’est pas du tout exclue. Comme n’est pas exclue la
manipulation par les réseaux terroristes désireux de saisir l’aubaine à un
moment où ils sont en perte de vitesse, ailleurs, et en Tunisie tout
particulièrement.
Ces réserves peuvent s’ajouter à l’explication, mais elles
n’excusent guère pour le reste. Différentes formules
gouvernementales ont été expérimentées mais n’ont au fnal abouti qu’à chan -
ger de têtes sans résoudre les questions fondamentales tournant
en particulier autour de la remise du pays au travail. Le chômage
explose, les programmes de développement n’en fnissent pas
de redémarrer en revenant au point de départ quand l’UGTT,
moteur principal de la révolution, perd patience et ne tient plus
réellement ses troupes.
Le plus ennuyeux dans cette affaire est que le pays, par
essence agricole, a bénéfcié, dans l’intervalle, de quelques bonnes
récoltes, des récoltes qu’on aurait, en d’autres temps, célébré
dans la liesse. Curieusement, cette manne du ciel s’est
accompagnée plutôt de morosité, ch

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