Le concept de souveraineté en Afrique
136 pages
Français

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Le concept de souveraineté en Afrique , livre ebook

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Description

La compréhension africaine de la souveraineté, faite d'apports endogènes, nourrie d'influences extérieures depuis la rencontre avec l'Occident, est fondée toujours sur une conception autoritaire de l'Etat autant que sur des rapports inégalitaires, voire déshumanisants. Elle nous oblige à réviser les anciens paradigmes pour une africanité renouvelée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2019
Nombre de lectures 42
EAN13 9782336866086
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Etats, pouvoirs et sociétés »

Collection
« Etats, pouvoirs et sociétés »
Dirigée par Michel Galy
Déjà parus :
Michel Gbagbo, Quelle place pour les fous guéris ?, 2015.
Gaha Bi Loukou, Tata Kôkôtré, Océane Siloué (dir.), Côte d’Ivoire. Le « rattrappage ethnique » sous Alasane Ouattara , 2012.
Titre

Pierre K IPRÉ



Le concept de souveraineté en Afrique
Copyright

Les ouvrages de Pierre Kipré
Aux éditions L’harmattan
‒ 2014 ; Cultures et identités nationales en Afrique de l’Ouest. Le Daà dans la société béninoise d’hier à demain ; 220p.
‒ 2012 , (avec G-M. Aké Ngbo), Agriculture et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Bilan et perspectives ; 303 p.
‒ 2011 , (avec G-M. Aké Ngbo), Conflits régionaux et indépendances nationales en Afrique de l’Ouest ; 215 p.
‒ 2011 , (avec G-M. Aké Ngbo), Les conditions économiques de l’indépendance à l’ère de la mondialisation. Mythes et réalités en Afrique de l’Ouest ; 274 p.
‒ 1992 , (avec L. Harding) Commerce et commerçants en Afrique ‒ La Côte d’Ivoire ; 295 p.
Chez d’autres éditeurs
‒ 2010 ; Les migrations en Afrique noire. La construction des identités nationales et la question de l’étranger ; Abidjan, éditions du CERAP ; 160 p.
‒ 2009 ; Inventaire critique des manuels d’histoire dans les pays d’Afrique noire francophone ; Paris, éditions de l’UNESCO ; 78 p.
‒ 2006 ; Intégration régionale et développement rural en Afrique de l’Ouest ; Paris, éditions SIDES‒IMA ; 144 p.
‒ 2005 , Côte d’Ivoire-La formation d’un peuple ; Paris, édit SIDES-IMA, 292p.
‒ 2005 (avec S. Brunel et M-A. Pérouse de Montclos), L’aide au Tiers-monde à quoi bon ? Paris, Les éditions de l’Atelier ; 115 p.
‒ 2000 ; Démocratie et société en Côte d’Ivoire , essai politique ; éd AMI, Abidjan, 105p.
‒ 1989 , Le congrès de Bamako ou la naissance du R.D.A. , Paris, éditions Chaka, 190 p.
‒ 1988 , La Côte d’Ivoire coloniale (1890-1940), collection « Mémorial de la Côte d’Ivoire », t.2, Abidjan, AMI/Bordas, 303 p. (in 4°)
‒ 1987 , Les relations internationales : de la Première Guerre Mondiale à la crise cubaine de 1962 , collection « Les cours de CAPES », Abidjan, Publications de l’E.N.S. d’Abidjan, 123p.
‒ 1986 , Villes de Côte d’Ivoire (1893-1940)- t 2 : Economie et société urbaine , Abidjan, N.E.A., 290 p. (*cet ouvrage a obtenu le Prix NOMA 1987)
‒ 1985 , Villes de Côte d’Ivoire (1893-1940)- t 1 : La fondation des villes , Abidjan, N.E.A., 275 p. (*cet ouvrage a obtenu le Prix NOMA 1987)
‒ 1985 , Daloa, une cité dans l’histoire , Abidjan, SIIS, 54 p. ‒ in 4°
‒ 1975 , Le Président Félix Houphouët-Boigny et la Nation ivoirienne, recueil de textes annotés , précédé d’une présentation, Abidjan, N.E.A., 333 p
© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86608-6
Introduction
Lorsqu’il est abordé par les analystes politiques, le concept de souveraineté est souvent mis en liaison étroite avec la construction de l’État-nation, sa visibilité interne et son positionnement externe. Il est aussi mis en relation avec le nationalisme et toutes ses déclinaisons. Sans pour autant superposer les deux, beaucoup ont tendance à voir la promotion de l’un comme la défense automatique de l’autre. Pire ; lorsqu’il s’agit de l’Afrique, adeptes avoués ou cachés de l’eurocentrisme, plusieurs analystes considèrent que les combats actuels des peuples pour la souveraineté sont dictés par un « ethnonationalisme » qui n’est qu’une volonté de rétablir « l’Afrique des tribus et des ethnies ». Tous oublient que l’Union européenne continue de piétiner à cause de la volonté des États membres de garder leur souveraineté éminente sur la conduite de cette institution. Malgré la signature des Accords de Schengen le 14 juin 1985, et du Traité de Maastricht le 7 février 1992, l’hostilité de parties importantes des opinions publiques nationales est bien présente. Elle est illustrée, à l’issue d’un référendum, par la demande britannique de quitter l’Union européenne. Cette volonté de préservation de la souveraineté s’explique par le sentiment partagé dans ces démocraties que le dispositif institutionnel de l’U.E. vide de leur substance, en diverses matières, tous les mandats électifs, en plus de la perte de leur capacité d’initiative.
Un autre thème est également récurrent chez les analystes de la marche du monde, au nom de la mondialisation et d’un hypothétique «  village planétaire », en souvenir aussi des épouvantables hécatombes humaines que l’ultranationalisme a provoquées au cours des deux guerres mondiales. Pour eux, l’État-nation est une notion démodée, voire dangereuse, au moment où l’emportent les grands ensembles régionaux ou continentaux contre le repli national et ses effets néfastes. Pour ses pourfendeurs de l’idée nationale, la souveraineté est un concept qui a perdu sa pertinence des siècles précédents ; elle tend vers un statut purement historique. Au mieux, le monde se trouve dans une phase de transition entre ce qu’a été l’État-nation souverain et une autre chose qui va lui succéder et dont on ignore encore la nature.
Toutes ces approches sont-elles justifiées pour qui analyse l’histoire de l’Afrique, au moins du milieu du XIX e siècle à nos jours ? La nature profonde de la guerre et de ses formes modernes, la volonté des peuples africains d’emprunter tous les canaux dont ils disposent pour défendre leur aspiration à être maître chez eux autant que la nature réelle de la mondialisation vue d’Afrique oblige à évaluer autrement le concept en Afrique.
En effet, la guerre, cette activité de violence organisée, qui marque aussi les relations entre communautés (ou entre États), a toujours été au cœur de la défense des intérêts collectifs ou de la survie des communautés. Comme l’ont si bien montré les travaux d’ethnoarchéologie et d’anthropologie, aussi loin que l’on remonte dans le temps, la guerre est un phénomène universel aux formes diverses. Sa caractéristique principale est de tourner l’emploi de la violence du sein de la communauté vers un ennemi extérieur. Partout, la formation de l’État montre que la guerre est l’un des principaux vecteurs de mutation de l’histoire des sociétés parce que, moment de violence collective, elle produit des héros qui, vivants ou morts, sont des figures emblématiques et excellentes du meilleur des valeurs de la communauté.
Mode de résolution d’une crise intervenue au sein des communautés ou entre elles (respect du territoire, volonté d’accès aux ressources, liberté de circulation des biens et des personnes, etc.) ou moyen de reproduction symbolique du corps social à travers une organisation sociale appropriée, la guerre est une activité essentielle visant à faire respecter sa souveraineté ou à l’imposer aux autres. Dans son livre De la guerre , le polémologue allemand Carl von Clausewitz disait que «  la guerre est… un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ».
Aujourd’hui, la guerre emprunte toutes les formes. Outre l’activité politique et militaire, elle prend aussi des formes économiques et culturelles, avec des armes nouvelles, plus dangereuses qu’autrefois. Elle continue d’être toujours en étroite corrélation avec la souveraineté qui est son but ultime, soit pour défendre celle-ci soit pour l’imposer aux autres. La guerre est ainsi le nœud principal de la problématique de toute souveraineté, que celle-ci soit vue dans sa dimension intérieure (les guerres civiles et révolutions) ou dans sa dimension externe (guerres entre États ou communautés distinctes).
À l’autre bout de la chaîne de l’histoire, la «  mondialisation » nous interpelle aussi. Elle se présente aujourd’hui comme une mise en réseau de plus en plus efficace et presque instantanée des communautés humaines et de leurs intérêts principaux. Pour certains, elle est susceptible d’enlever toutes prises aux germes de conflits pouvant déboucher sur la violence collective, donc sur la guerre. Dorénavant, les crispations territoriales, les manifestations d’identités particulières, les exacerbations du nationalisme sont sans objet. La territorialisation des intérêts l’étant par la même occasion, nous sommes donc dans le «  village planétaire ».
En fait, prosaïquement, même dans un village, chaque quartier, chaque famille, a une histoire spécifique. Et c’est ce récit du passé qui concourt à dessiner les contours de celui

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