Le dernier homme
194 pages
Français

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Description


À un an de l'élection présidentielle américaine, Gilles Winckler et René Chasset proposent avec Le dernier homme de revenir sur les ressorts qui ont permis la victoire inattendue de Donald Trump en 2016. Déplorant que les électeurs du candidat républicain soient souvent présentés de manière caricaturale comme intolérants et influençables, ils décortiquent les erreurs successives qui ont conduit le camp démocrate à la défaite, ainsi que l'abandon par la gauche de ses racines républicaines et universalistes au profit de théories absurdes et dangereuses. L'outrance de Trump serait-elle le retour de bâton d'une autre forme d'obscénité et de violence ? Post-colonialisme, fluidité du genre, animalisme et transhumanisme : les deux auteurs étrillent méthodiquement les nouvelles lubies des élites américaines, dont ils démontrent au passage la dimension religieuse. Gilles Winckler et René Chasset signent un essai sans concession, qui apporte un éclairage nouveau sur les campagnes électorales passées et à venir, aux États-Unis mais aussi sur celle d'Emmanuel Macron en France.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 janvier 2020
Nombre de lectures 98
EAN13 9791091590426
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Le Noyer Édition
ISBN : 979-1-091590-42-6
À Philippe M.
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Dédicace
Rire de sommation
Le retour du défoulé
Vive la République ! Vive la Transe !
L'Inquisition qui vient
L'origine du Nouveau Monde
La philosophie mise à la portée des caniches
Deus Sex Machina
Ire jaune
Postface
Remerciements
Rire de sommation

L’élection de Donald Trump a suscité et suscite toujours tant de commentaires insupportables qu’essayer de se faire entendre dans le délire ambiant relève de la gageure.
 
Une flopée de prêtres cathodiques, jamais avares en jeux de mots à deux dollars, se sont crus intelligents en se demandant comment les électeurs avaient pu se « trumper » aussi lamentablement. D’autres nous ont expliqué de manière plus sérieuse — donc plus honteuse — que le Brexit puis l’élection de Trump signaient notre entrée dans une prétendue ère de la « post-vérité », et que si les électeurs avaient voté si mal, c’était parce qu’ils n’arrivaient plus à distinguer les informations « fiables » de celles qui ne l’étaient pas.
 
Certes, le site du New York Times expliquait, la veille de l’élection, que Hillary Clinton avait 98 % de chances de gagner, et son adversaire seulement 2 %.
 
De même, la couverture du magazine New York, une semaine plus tôt, estampillait sur le visage d’un Trump grimaçant le mot « LOOSER » en lettres capitales. Pourtant, à les entendre, ce ne sont évidemment pas les médias, mais bien les électeurs, qui se sont « trumpés ».
 
Les traqueurs professionnels de fake news du Monde et de Libération, avec d’autres redresseurs de torts subventionnés, se sentent désormais investis d’une mission sacrée, et mettent les bouchées doubles pour nous soigner à coup d’articles prétentieux, publiés dans des rubriques aux noms de médicaments douteux : Décodex, Libé Détox… et pourquoi pas, bientôt, le traitement médiatique ultime pour redresser les torts, le « MédiaTor » ?
 
Tout cela pour mieux nous faire comprendre que toute aventure en dehors des sentiers battus du catéchisme médiatique serait dangereusement toxique, et ainsi nous prévenir des égarements britanniques et américains. Désolé, mais le suppositoire a du mal à passer. Trump n’est pas un virus sorti de nulle part, mais plutôt le symptôme d’une maladie qu’il convient de diagnostiquer, en s’en donnant réellement les moyens. Et il est d’ailleurs troublant d’observer la maladie s’acharner autant sur le symptôme.
 
Du point de vue de certains infatigables promoteurs de l’idéologie dominante, les électeurs de Trump seraient des abrutis incapables de comprendre tous seuls comme des grands qu’un Mexicain n’est pas nécessairement un violeur ou un assassin. Mais le problème, c’est que les abrutis en question sont les mêmes électeurs qui avaient été applaudis par la même presse pour avoir fait basculer le scrutin en faveur d’Obama en 2008 — comme l’a fait remarquer dès le lendemain de l’élection de Trump un des meilleurs spécialistes des États-Unis, l’historien Romain Huret 1 .
 
Ceux-là mêmes qui avaient reçu en 2008 leurs brevets de respectabilité, de modernisme tolérant, festif et triomphant, et qui avaient été présentés aux yeux du monde entier comme le modèle à suivre toutes affaires cessantes, sont désormais honnis. Comment des électeurs aussi éclairés ont-ils pu se transformer, en si peu de temps, aux yeux des mêmes observateurs, en débiles profonds abreuvés de « faits alternatifs » ?
 
Les conditions de travail des journalistes ne font que se dégrader, alors même que le monde devient de plus en plus complexe et que le temps long devrait s’imposer pour faire émerger des clefs de compréhension. Des études récentes ont fait le lien entre l’accélération du temps des médias et l’imprécision des informations qu’ils rapportent, ce qui fait dire à Thomas Patterson, enseignant à Harvard, qu’ils sont « corrompus » : corrompus par la surabondance d’informations, la course à l’audience, le manque de temps et la recherche de profits 2 . Les journalistes disposant encore des moyens d’investiguer et de pratiquer leur métier dans les règles de l’art se font malheureusement de plus en plus rares. Il faut pourtant, pour comprendre la situation, dire au préalable l’état réel de l’Amérique.
 
En 1995, le journaliste anglais Edward Behr avait mené une enquête de terrain minutieuse, et décrit dans son livre Une Amérique qui fait peur , les bouleversements, les traumatismes, les transformations sociales et psychologiques profondes qui n’allaient pas tarder, selon lui, à faire des États-Unis un pays « non seulement ingouvernable, mais aussi, pour ceux qui ignorent encore ces changements radicaux, totalement imprévisible ».
 
Un examen approfondi et un procédé supérieur de déchiffrement s’imposent donc pour rendre compte de l’état de l’Empire, plus de vingt ans plus tard.
 
De toute évidence, il a empiré.
Notes
1 . M. Huret expliquait le 10 novembre 2016 dans un entretien en ligne pour Le Monde que « Les inégalités se sont creusées depuis la crise de 2007-2008 et beaucoup d’Américains se sont exprimés en votant Barack Obama en 2008 et en 2012. Et ce sont souvent ces mêmes électeurs qui ont voté aujourd’hui pour Trump. »
2 .  Informing the News : The Need for Knowledge-Based Journalism , Thomas E. Patterson, 2013
Le retour du défoulé

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »
Gramsci

Aux États-Unis, 1 % de la population adulte est en prison. Chaque jour, 175 personnes meurent d’overdose d’opioïdes, obtenus sur prescription de leur médecin. Un million d’Américains sont convaincus d’avoir été enlevés par des extraterrestres. Enlevés, puis violés.
 
Il ne serait pas très sérieux d’espérer comprendre quelque chose de la politique américaine, et en particulier d’un événement aussi spectaculaire que l’élection de Donald Trump, en faisant l’économie d’une analyse des traumatismes profonds qui agitent l’Amérique. Des centaines de faits divers mériteraient d’être disséqués, tant ils disent quelque chose de l’état de cette société.
 
S’il n’en fallait qu’un, on pourrait citer l’affaire Ingram, très médiatisée, qui nous révèle la fascination de l’Amérique pour les rites sataniques, l’inceste et la pédophilie. Ce malheureux père de famille, Paul Ingram, qui vivait dans un petit comté de l’État de Washington, s’est retrouvé en 1988 accusé de viol par ses deux filles. La nouvelle s’est rapidement répandue dans Olympia, petite ville de 5 000 habitants, où Ingram était shérif adjoint, et a pris de l’ampleur. Bien qu’il nia en bloc ces allégations, Ingram fut cuisiné pendant quatre mois par les inspecteurs de police du comté, accompagnés d’un psychologue et d’un prêtre, qui étaient convaincus qu’il avait bien commis ces crimes mais les avaient refoulés. Il fut donc soumis à d’éprouvantes privations de sommeil et à des séances d’hypnose. Au bout d’un certain temps, il finit par se laisser convaincre lui-même et à croire dur comme fer qu’il était possédé par Satan et avait violé ses enfants lors de rites sataniques, avant de tout oublier. Il avoua donc les faits, en dépit de l’absence totale de preuves et de l’incohérence des témoignages de ses filles, et confessa même d’autres crimes, de sorte que l’enquête s’étendit à plusieurs de ses collègues policiers, dont la brigade canine, accusée d’avoir dressé les chiens de la police à violer des enfants en invoquant Satan. Un interrogatoire de police rapporte qu’Ingram avoua être « le grand prêtre d’une secte satanique, un sodomiseur d’enfants et un participant actif dans le meurtre, le dépeçage et le cannibalisme d’enfants ». Les procureurs mandatèrent néanmoins, pour avoir un avis complémentaire, Richard Ofshe, expert en matière de sectes et de contrôle mental et professeur de sociologie à l’Université de Californie à Berkeley. Ofshe fit une expérience qui apportait la preuve que Paul Ingram délirait. Il lui avait en effet fait avouer, dans une confession manuscrite de trois pages, un crime imaginaire qu’Ofshe avait lui-même inventé de to

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