Les débats de l entre-deux-tours des élections présidentielles françaises
374 pages
Français

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Les débats de l'entre-deux-tours des élections présidentielles françaises , livre ebook

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Description

Au sein de la grande famille des débats politico-médiatiques, ceux où s'affrontent, à la veille du deuxième tour des élections présidentielles, les deux finalistes du premier tour, occupent une place privilégiée de par l'importance de leur enjeu et de leur audience. Cet ouvrage consacre une étude spécifique à ces débats, à partir de l'examen minutieux des six débats constitutifs du corpus (de celui de 1974 à celui de 2012), grâce notamment à l'étude de leurs principales caractéristiques (scénographie, procédés rhétoriques, stratégies argumentatives, etc…).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2017
Nombre de lectures 31
EAN13 9782140034619
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com

EAN Epub : 978-2-336-78697-1
Titre
Catherine KERBRAT-ORECCHIONI






Les débats de l’entre-deux-tours
des élections présidentielles françaises

Constantes et évolutions d’un genre
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement :

Domitille Caillat, qui a bien voulu me permettre d’utiliser comme base pour mes analyses les transcriptions de ces débats qu’elle a réalisées pour son travail de thèse. Je lui en suis immensément redevable, car sans ce matériau une telle étude n’aurait tout simplement pas pu voir le jour.

Hugues Constantin de Chanay, qui est à l’origine de mon intérêt pour ces débats, et avec qui j’ai eu de fructueux échanges tout au long du travail d’analyse.

Marianne Doury, qui a eu la patience et la gentillesse de relire ce texte dans son entier, avec l’intelligente minutie qu’on lui connaît.

Leur complicité scientifique et amicale m’a été d’une aide précieuse pour l’élaboration de cet ouvrage.

Je remercie également Amir Biglari, grâce à qui j’ai pu publier ce texte dans la collection qu’il dirige aux éditions L’Harmattan.
Introduction
1. Un genre discursif particulier : les débats télévisés de l’entre-deux-tours des élections présidentielles françaises
L’histoire du débat politique à la télévision reste dominée par les rendez-vous au sommet qui […], depuis 1974, ont opposé les deux candidats finalistes du second tour de l’élection présidentielle. (Delporte, 2001 : 71)

Dans la vie politique française contemporaine, le débat par excellence est celui, devenu traditionnel, de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. (Bacot, 2012 : 39)

Ce caractère d’« excellence » justifie à lui seul que l’on consacre une étude spécifique à ce genre lui-même bien spécifique — ou plus précisément, à ce type particulier d’« évènements communicatifs » 1 qui se sont déroulés entre 1974 pour le premier et 2012 pour le dernier en date, évènements dont l’importance (et corrélativement, celle de leur audience 2 ), est régulièrement soulignée par les animateurs de ces débats.
Ouverture du débat de 1974 3 :

1974, JB : mesdames/ messieurs/ (.) le débat/ (.) entre les deux candidats/ (.) à l’élection présidentielle/ (.) monsieur Valéry Giscard d’Estaing/ (.) et monsieur François Mitterrand/ (.) ouvre/ (.) la campagne électorale à l’ORTF/ (.) pour/ (.) le second tour/ (.) de cette élection\ (.) […] son importance/ (.) est à la mesure (.) de l’enjeu/ (.) le dix-neuf mai/ (.) vous élirez/ (.) l’un de ces deux/ (.) candidats/ (.) président/ (.) de la République\ (.) c’est donc/ (.) un grand évènement/ (.) sans précédent/ à la télévision française\ (.) de la plus haute importance aussi/ pour l’ORTF/ (.)

Conclusion de ce même débat :

1974, JB : monsieur/ François Mitterrand/ monsieur Valéry Giscard d’Estaing/ (.) il nous reste/ à vous dire/ merci/ (.) d’avoir accepté ce débat/ (.) ouvert/ devant quelque trente millions/ de téléspectateurs\ (.) ce fut une/ grande première/ (.) pour l’ORTF/ (.) et pour tous ceux : je crois/ (.) qui apprécient/ (.) la libre confrontation/ (.) des idées\ (.)

Ouverture du débat de 1988 :

1988, EV : messieurs nous accueillons\ ce soir\ sur ce plateau de télévision/ deux candidats\ au second tour\ de l’élection\ présidentielle\ ce débat\ était attendu/ c’est peu\ de le dire/ ce débat/ est maintenant devenu une tradition dans la vie politique française/ […]

Cela dit, les analystes s’accordent à admettre que cet évènement tant attendu ne modifie pas vraiment la donne et qu’il n’agit qu’à la marge, intervenant à un moment où les électeurs ont déjà fait leur choix. Delporte (2012 : 381) rapporte ainsi ce propos de Sarkozy au micro de France Inter le matin même du débat de 2007 :

Je ne pense pas que les Français choisissent pour cinq ans un président de la République sur la seule impression qu’ils auront d’un débat de deux heures, même si celui-ci est important.

Débat important certes par son enjeu, mais qui n’est, comme tous les autres du même type, que le couronnement d’une longue campagne, laquelle exploite un matériau sémiotique fort divers (débats et meetings mais aussi affiches, tracts et professions de foi…) ainsi que le rappellent Bertrand et al. (2007 : 7-8) 4 :

Ce torrent de signes, de symboles et d’images que charrie une campagne électorale construit un univers de sens, clôturé par une date fatidique — le jour de l’élection — qui marque les défaites et les victoires.

De ce torrent de signes nous n’analyserons ici qu’une toute petite partie, à savoir ceux qui s’échangent, à la veille de la « date fatidique », entre les deux postulants à la magistrature suprême, dans un cadre et selon des règles suffisamment spécifiques et contraignantes pour que l’on puisse parler à ce sujet d’un « genre » particulier — et même « unique en son genre » (Roitman & Sullet-Nyllander, 2010 : 304) puisqu’il ne s’actualise qu’à date fixe (une fois tous les sept puis cinq ans), et à chaque occurrence durant un temps relativement court (de 2h à 2h50 selon les débats), ce qui confère au corpus un avantage tout à fait remarquable et même exceptionnel en analyse du discours : c’est que l’on n’a pas à se préoccuper de sa représentativité puisque l’on dispose, avec les six débats qui le composent (soit 14h23’ d’enregistrement), de la totalité des réalisations du genre ; le corpus est clos (du moins jusqu’à l’échéance de 2017) mais aussi exhaustif — on ne voit guère d’autre exemple d’un genre qui soit entièrement représenté par un corpus de dimension aussi réduite…
2. Les caractéristiques du genre
Dans une perspective que l’on peut dire horizontale, le genre qui nous intéresse fait simultanément partie de la grande famille des discours politiques (et plus spécifiquement à visée électorale) et de la tout aussi grande famille des discours médiatiques (et plus spécifiquement télévisés). Du point de vue de l’organisation verticale des genres, nos débats sont un sous-ensemble des débats présidentiels, lesquels sont un sous-ensemble des débats électoraux, lesquels sont un sous-ensemble des débats politiques, certains traits distinctifs venant s’ajouter à chaque étage de cette pyramide des genres (envisagée de haut en bas). Parmi les diverses caractéristiques du discours soumis à l’analyse, on retiendra avant tout le fait qu’il s’agit d’ oral en interaction (section 2.1.) ; produit en contexte médiatique (section 2.2.) ; et relevant d’un registre confrontationnel (section 2.3), la confrontation étant à la fois exacerbée par l’imminence de son dénouement, et bridée par le dispositif réglementaire ainsi que par la présence conjointe d’une instance modératrice et d’une audience évaluatrice.
2.1. L’oral en interaction
Envisagée au sens strict, l’opposition oral/écrit repose sur une différence de canal communicatif et de matériau sémiotique. Faisant l’objet d’une retransmission télévisée, ces débats empruntent un canal à la fois auditif et visuel, et ils exploitent un matériel fait aussi bien d’unités linguistiques et paralinguistiques que d’unités posturo-mimo-gestuelles (sans parler des signes « statiques », liés à l’apparence physique des participants). Même si l’essentiel de ces débats est accessible à la simple écoute, les données visuelles jouent un rôle non négligeable à divers niveaux, singulièrement celui de la construction de l’« éthos » des participants (qui est avant tout une question d’« image », voir chapitre 4). Mais que la mimogestualité soit ou non prise en compte dans l’analyse, celle-ci ne doit jamais perdre de vue la nature orale des données. Ce rappel s’impose : comme l’on ne peut travailler qu’à partir de transcriptions qui transforment ces données orales en un objet scriptu

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