Les jeunes et l armée
376 pages
Français

Les jeunes et l'armée , livre ebook

-

376 pages
Français

Description

L'engagement dans l'armée n'est pas pour les militaires du rang un choix par défaut. Les 20000 ou 30000 hommes ou femmes recrutés dans ces emplois subalternes chaque année, ne se portent pas candidats pour échapper au chômage et aux emplois précaires. Au-delà des logiques particulières qui conduisent des jeunes à se tourner vers l'armée, l'auteur s'intéresse à l'attirance que peuvent susciter des métiers subalternes et remet en cause un préjugé courant, à savoir qu'en bas de la hiérarchie socio-économique, on ne choisit pas son métier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2004
Nombre de lectures 93
EAN13 9782296373198
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES JEUNES ET L'ARMÉE © L'Harmattan, 2004
ISBN : 2-7475-7098-3
EAN : 9782747570985







Jean-François Léger
LES JEUNES ET L'ARMÉE
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Itatia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIE Collection "Populations"
Dirigée par
Yves Charbit, Maria Eugenia Cosio-Zavala, Hervé Domenach
La démographie est au coeur des enjeux contemporains, qu'ils
soient économiques, sociaux, environnementaux, culturels ou
politiques. En témoigne le renouvellement récent des thématiques :
développement durable, urbanisation et mobilités, statut de la
femme et de l'enfant, dynamiques familiales, santé de la
reproduction, politiques de population, etc.
Cette démographie contextuelle implique un renouvellement
méthodologique et doit donc prendre en compte des variables en
interaction, dans des espaces de nature diverse (physiques,
institutionnels, sociaux).
La collection Populations privilégie les pays et les régions en
développement sans pour autant oublier leurs liens avec les pays
industrialisés et contribue à l'ouverture de la démographie aux
autres disciplines. Elle est issue d'une collaboration entre les
chercheurs de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD),
de Populations et Interdisciplinarité (Université Paris V-René
Descartes) et du Centre de Recherches Populations et Sociétés
(Université Paris X-Nanterre). INTRODUCTION
L'ENGAGEMENT PROFESSIONNEL DANS LES
ARMEES : RESSOURCES HUMAINES ET
SOCIO-DEMOGRAPHIE
Qu'est-ce qui peut inciter un jeune, au début des années 2000, à
s'intéresser aux métiers militaires ? Cette question a pris une
dimension toute particulière pour les armées depuis 1996. En effet,
cette année-là, la décision, annoncée en février par le président de la
République, de professionnaliser les armées, suivie, trois mois plus
tard, de la suspension du service national ont conduit les armées et la
gendarmerie à revoir leur politique de gestion des ressources
humaines. Elles ont en particulier dû se lancer dans un programme de
recrutement dont les termes ont été considérablement remaniés.
La politique de recrutement connaît depuis 1997 un
bouleversement considérable, qui porte essentiellement sur trois
points : il s'agit, en premier lieu, de la conjugaison de l'ampleur
démographique du recrutement à réaliser et de la nécessité pour les
armées de prospecter dorénavant auprès de jeunes sans vécu militaire ;
en second lieu, de l'ouverture aux femmes de tous les métiers
militaires (la « féminisation » des armées) ; en dernier lieu, du choix
de ne proposer aux candidats à l'exercice d'un emploi de militaires du
rang que des contrats à durée déterminée (ce qui entraîne une
augmentation considérable de la proportion du personnel sous contrat
au sein des armées et de la gendarmerie). Ces nouveaux aspects de la
politique de recrutement sont à l'origine du renouvellement, pour les
institutions militaires, de la problématique du recrutement. INTRODUCTION
LA REDEFINITION DE LA PROBLEMATIQUE DU
RECRUTEMENT
Une révolution socio-démographique
Quand la décision de suspendre le service national a été annoncée
en 1996, les appelés formaient un tiers du personnel de la Défense en
activité de service. On en dénombrait alors plus de 200 000, tandis que
l'effectif des militaires de carrière ou sous contrat s'élevait à 300 000,
le reste de la population active du ministère étant composé de civils
(100 000) 1 .
Ces appelés étaient inégalement répartis entre les armées et la
gendarmerie. Plus de la moitié d'entre eux (133 093) étaient affectés
dans l'armée de terre, dont ils représentaient 55 % de l'effectif global.
Les autres se répartissaient essentiellement entre l'armée de l'air
(31 786, soit plus d'un militaire sur trois), la marine (18 038, soit
29 % des marins) et la gendarmerie (12 000, soit 13 % des
gendarmes).
La quasi-totalité de ces appelés (95 %) étaient militaires du rang, et
ils représentaient 81 % de l'effectif total de cette catégorie
hiérarchique. Dans la gendarmerie, presque tous les militaires du rang
étaient d'ailleurs des appelés du contingent (11 484 sur 11 579) ; dans
l'armée de l'air, c'était le cas de 84 % des militaires de cette catégorie
hiérarchique (30 492 sur 36 148) ; dans l'armée de terre, cette
proportion était de 81 % (126 595 appelés pour 30 229 engagés),
tandis que dans la marine, 68 % des matelots étaient des appelés
(17 255 appelés pour 8 100 engagés).
En 1996, les armées et la gendarmerie se sont donc trouvées dans
l'obligation d'engager une politique de recrutement déterminante pour
leur fonctionnement, puisqu'elles devaient procéder au
renouvellement quasi total de la catégorie hiérarchique des militaires
du rang. Dans ce but, la loi de programmation militaire (LPM) définie
1. Les statistiques relatives à la présence des appelés au sein des effectifs militaires
sont issues du bilan social 1996 du ministère de la défense (Observatoire social de
la défense, Bilan social 1996, Ministère de la défense/SGA/DFP, 1997).
2 RESSOURCES HUMAINES ET SOCIO-DEMOGRAPHIE
pour les années 1997-2002 a quasiment prévu de doubler les effectifs
de militaires du rang engagés inscrits au budget du ministère de la
défense, passant ainsi de 52 216 postes en 1997 à 92 527 en 2002.
Mais cette évolution se répercute de manière inégale sur les
différentes institutions militaires. Ainsi, l'accroissement des effectifs
d'engagés volontaires de l'armée de terre (EVAT) absorbera à lui seul
les trois quarts (76 %) de l'augmentation du nombre de militaires du
rang (tableau i.1).
TABLEAU I.1 : EFFECTIFS BUDGETAIRES DE MILITAIRES DU RANG
(LPM) ENGAGES PREVUS PAR LA LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE
1997-2002
Effectif LPM Effectif LPM
Institution Différence
1996 2002
Air 5 882 16 758 + 10 876
Terre 30 202 66 681 + 36 479
Marine 8 103 7 998 - 105
Gendarmerie
Autres services 1 090 + 725 365
Total 44 552 92 527 + 47 975
Source : ministère de la défense
Contrairement à ce que les données présentées dans le tableau
cidessus pourraient laisser supposer, la gendarmerie nationale est
également concernée de manière importante par le recrutement de
militaires du rang. Mais pour pallier la disparition progressive des
appelés, cette institution a décidé de proposer exclusivement des
contrats de volontaires du service national'. Sur les 27 171 postes de
ce type qui seront créés d'ici à 2002, six sur dix le seront ainsi dans la
gendarmerie nationale (tableau i.2).
I. Les distinctions entre les différents types de contrat proposés par les armées et la
gendarmerie sont précisées en annexe 2.
3 INTRODUCTION
TABLEAU 1.2 : EFFECTIFS BUDGETAIRES DE VOLONTAIRES PREVUS
PAR LA LPM 1997-2002 EN 2002
Institution Nombre de postes à pourvoir
Air 2 225
Terre 5 550
Marine 1 775
Gendarmerie 16 232
Autres services 1 389
Total 27 171
Source : ministère de la défense
Pour répondre à ces objectifs, compte tenu du renouvellement du
personnel présent en 1996 et des estimations réalisées pour le
renouvellement des contrats, le ministère de la défense prévoyait, dès
1997, de devoir recruter chaque année près de 30 000 jeunes (alors
que jusqu'en 1996, ce flux n'excédait pas 15 000 recrutements par
an). En 1998, 21 161 militaires du rang (y compris les volontaires) ont
signé un premier contrat dans les armées et la gendarmerie ;
respectivement 24 050 et 26 277 ont fait de même en 1999 et 2000. Si
l'on ajoute à ce flux les jeunes recrutés en qualité de sous-officiers
(environ 5 000 par an), ce sont bien 30 000 personnels non-officiers
que l'ensemble des institutions militaires a recruté chaque année
(tableau i.3).
TABLEAU 1.3 : EFFECTIFS DE MILITAIRES DU RANG ET DE
VOLONTAIRES RECRUTES EN 2000
Militaires
Institution Sous-officiers Volontaires
du rang
Air 1 636 3 679 301
Terre 1 397 10 647 2 501
Marine 0 2 894 629
Gendarmerie 2 541 0 5 466
Autres services

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents