Les socialistes et la question nationale
280 pages
Français

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Les socialistes et la question nationale , livre ebook

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Français

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Description

Marx et Bakounine ont affirmé que les prolétaires n'avaient pas de patrie. Mais au fil des luttes, plusieurs ont remarqué que le capitalisme se nourrissait d'insurmontables clivages nationaux. Les socialistes anglais, disait Marx, devaient faire un « détour » par la lutte pour l'indépendance de l'Irlande pour avancer. Plus tard, Amilcar Cabral, Carlos Mariategui, Che Guevara, Ben Barka et Ho Chi Minh ont proposé d'internationaliser ce « détour irlandais » en faisant converger les luttes anticoloniales et anti-impérialistes avec les projets socialistes. Ce recueil regroupe les éléments principaux de ce débat de manière chronologique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336386584
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Philippe JOURDAIN, Pour un humanisme durable, 2015.
Michel MENEAULT, Jean-Claude AUZOUX, Pour une aide au développement enfin efficace et durable , 2015.
Arno MUNSTER, Jean Jaurès : un combat pour la laïcité, la République, la justice sociale et la paix , 2015.
Alain DULOT, Impasse de l’école. Réflexions sur une institution en panne , 2015.
Cyril BOISNIER, Les sociétés foncières entre finance et ville durable , 2015.
Michel MANAVELLA, L’individu : raison d’être de l’humanité, Pour un anarchisme humaniste, 2015.
Steve GADET, Dieu et la race aux Etats-Unis : Le pouvoir politique de l’Eglise Noire , 2015.
Louise FINES, Le jeu de la collusion, Entre sphères légales et réseaux illégaux , 2015.
Jean PETIT, La bataille de Notre-Dame-des-Landes, éléments de langage , 2015.
Thierry CHARLES, Les nouvelles perspectives de la souveraineté , 2015.
Jean-Christophe TORRES, L’école et les valeurs, Variations sur la difficulté éducative, 2015.
Emilija PUNDZIŪTĖ, Diplomatie de l’arrogance. Le cas de la Russie dans les pays baltes , 2015.
Nicole PERUISSET-FACHE, La bourse ou la vie. Réflexions sur les valeurs contemporaines , 2015.
Jean-Marc DA SILVA, Libéralisme et totalitarisme, 2015.
Alain MESSAGER, Le sabre et la poussière, Essais sur le postmodernisme et la guerre, 2015.
Sébastien EVRARD, Réformer l’administration et réformer l’état , Jalons historiques et juridiques, 2015.
Titre
Textes choisis et introduits par Pierre Beaudet









Les socialistes et la question nationale

Pourquoi le détour irlandais ?
Copyright























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN : 978-2-336-73669-3
Prologue Pourquoi le « détour irlandais » ?
Ce titre vient d’un questionnement de Marx. Le philosophe, économiste et militant constate au tournant de sa vie que l’utopie socialiste, celle de l’émancipation sociale dont il documente le trajet, est appelée à bifurquer. En effet, en Angleterre où le capitalisme est le plus avancé à l’époque, la lutte prolétarienne est bloquée alors que pour Marx, le mouvement social dans ce pays est celui qui a le plus de possibilités pour développer un projet de transformation socialiste. Parallèlement, Marx constate que l’Irlande, alors une colonie de l’Empire britannique, est un maillon central du système capitaliste anglais. Dans ce pays, la population, surexploitée et condamnée à la misère, constitue un contingent important des masses prolétariennes qui affluent vers les manufactures d’Angleterre. Les Irlandais, les « opprimés des opprimés », sont utilisés par la bourgeoisie pour diviser les classes laborieuses qui jouent sur des discriminations ethniques et religieuses. À plusieurs reprises, ouvriers Anglais et Irlandais s’affrontent entre eux au lieu de se battre contre la bourgeoisie. Par ailleurs, les Irlandais aspirent à l’indépendance. Les insurrections se succèdent, mais les dominants réussissent à réprimer et à contenir ce mouvement, tout en consolidant leur domination sur les classes populaires anglaises.
Il y a là un grand blocage, d’où une nouvelle réflexion de Marx. Le socialisme reste toujours l’objectif, mais le chemin pour y arriver n’est plus le même. Pour vaincre la bourgeoisie, le prolétariat anglais doit lutter avec le peuple irlandais pour son émancipation nationale, afin de briser le pouvoir capitaliste.
Autrement dit, le mouvement socialiste doit faire un « détour ».
Après quelque temps, cette réflexion s’infiltre dans le mouvement socialiste. Ce problème national n’est pas unique à l’Angleterre. Dans plusieurs pays d’Europe, des peuples se révoltent contre des États et des empires qui les oppriment. Les divisions nationales jouent un rôle fondamental dans l’articulation des luttes des classes. Après Marx, ces débats se poursuivent au début du vingtième siècle, d’autant plus que le capitalisme devient impérialiste et réorganise le vaste monde colonial qui ne s’appelle pas encore le « tiers-monde ». Le « détour irlandais » devient un des débats stratégiques les plus importants : comment faire converger l’émancipation sociale et les aspirations nationales dans un grand mouvement anticapitaliste ? Dans quelle mesure le mouvement socialiste peut-il intégrer la lutte des peuples dominés dans une perspective de transformation socialiste et démocratique ? Cent cinquante ans plus tard, ces questions sont encore à l’ordre du jour.
Le but de cet ouvrage est de présenter un éventail significatif des réflexions et débats qui ont traversé le mouvement socialiste. Cette compilation fait suite à d’autres publications importantes, dont celle de George Haupt, Michael Löwy et Claudie Weill 1 . Certes, on ne trouvera pas dans les textes présentés plus loin des « recettes » ou des « formules » ! Toutefois, si on lit attentivement, on pourra développer des capacités critiques à partir de méthodologies, explorations théoriques et élaborations stratégiques qui ont parcouru cette histoire.
Le texte comprend trois parties qui suivent en gros un ordre chronologique :
• La première partie, Nations et prolétaires (1843-1912) présente les premières réflexions de Marx et des penseurs de l’époque regroupés autour de la Première et de la Deuxième Internationale. On y aborde évidemment les débats autour de l’Irlande et de la Pologne qui sont alors stratégiques pour le socialisme européen, de même que les premiers questionnements sur l’impérialisme et l’anti-impérialisme.
• Révolutions et résistances (1913-1933), la deuxième partie del’ouvrage, expose les discussions et les recherches impulsées par la vague révolutionnaire, à travers notamment la révolution soviétique et l’avènement de la Troisième Internationale, et où se produisent les premières convergences entre socialistes européens et luttes d’émancipation nationale dans le monde non européen.
• Enfin, la troisième partie, L’heure des brasiers (1927-1978), se concentre sur l’essor des grandes révolutions anti-impérialistes du tiers-monde, desquelles s’inspirent plusieurs mouvements d’émancipation contemporains.
Chaque partie est introduite, ce qui permet de saisir le contexte derrière des textes venant de divers auteurs selon différentes perspectives. Enfin, à la fin de chaque partie, des éléments de réflexion permettent de situer ces débats à la lumière des recherches et des luttes contemporaines.
Pierre Beaudet
1 George Haupt, Michael Löwy et Claudie Weill, Les marxistes et la question nationale (rééditée en 1997 par l’Harmattan).
Les protagonistes
À travers l’épopée du socialisme, des intellectuel (le) s militant(e) s participent en grand nombre aux débats. La diversité des perspectives est très étendue. Au début, elle est limitée à des perspectives européennes, mais peu à peu, elle s’étend un peu partout dans le monde. Le choix des textes a donc été ardu bien que certains aient été plus évidents, compte tenu de l’influence qu’ils ont eue dans les débats subséquents. Ceci ne réduit en rien les travaux importants réalisés par plusieurs auteurs de divers pays et qui, chacun à sa manière, créent un corpus théorique et politique considérable sur le thème qui nous intéresse.
SALVADOR ALLENDE (1908-1973)
Médecin, sénateur du Parti socialiste chilien, élu en 1970 président de la République à la tête du Front populaire.
MIKHAÏL BAKOUNINE (1814-1876)
Militant et auteur russe, actif avec divers mouvements européens, protagoniste de l’aventure de l’Association internationa

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