Libéralisme et totalitarisme
248 pages
Français

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Libéralisme et totalitarisme , livre ebook

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Description

Est-il possible que le libéralisme nous conduise à une vie soumise au régime de la contrainte absolue ? Comme toute idéologie, le libéralisme part d'une idée simple qu'il développe logiquement : l'individu souverain. Il se heurte à l'État, forme moderne de la souveraineté collective. Pas à pas, il phagocyte toutes les articulations de la vie collective et pénètre les esprits par les voies symboliques. Sa force ? Déployer un discours communément admis capable de modifier les comportements, les pratiques et les pensées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 68
EAN13 9782336376172
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland
et Jean-Paul Chagnollaud

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Alain MESSAGER, Le sabre et la poussière, Essais sur le postmodernisme et la guerre, 2015.
Sébastien EVRARD, Réformer l’administration et réformer l’état , Jalons historiques et juridiques, 2015.
Max MEMMI, La France en partage , 2015.
Marine LAMARE, Le droit à la ville. Justifications, apports, manifestations et portées , 2015.
Louise FINES, Irresponsabilités récurrentes des élites. Accidents fortuits et crimes en col blanc , 2015.
Sophie AOUIZERATE, Les habitants de France sont-ils des Français ?, 2015
Paul SCHEFFER, Formation des diététiciens et esprit critique, Comment favoriser l’indépendance professionnelle et une pratique réflexive du métier ?, 2015.
Nicolas BOURGOIN, La république contre les libertés, Le virage autoritaire de la gauche libérale (1995-2014), 2015.
Antonio FURONE, Les crises de Santé publique, entre incompétence et compromissions, 2014.
Frank GUYON, France, la République est ton avenir, 2014.
Guy PENAUD, Pour en finir avec l’affaire Robert Boulin , 2014.
Alain COGNARD, Misère de la démocratie. Pour une réingénierie de la politique , 2014.
Titre
Jean-Marc Da Silva







Libéralisme
et totalitarisme
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72628-1
Remerciements

Merci à Isabelle et Christian pour leur relecture
et à Élisabeth qui m’accompagne.
Introduction
La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire. 1

La question que nous poserons est de savoir pourquoi et comment l’idéologie libérale a monopolisé l’ensemble des mentalités depuis des décennies au point que l’avènement d’un monde totalitaire n’apparaît pas être qu’une vue de l’esprit.

On hésite à parler de libéralisme — et non des libéralismes — comme s’il n’existait qu’une doctrine. En réalité, la pensée libérale admet d’amples variations apportées par ses concepts adjacents 2 . Nous entendons nous attacher à l’essentiel et tenterons de démontrer que l’idéologie libérale, comme toute idéologie, repose sur une idée simple. Par ailleurs, nous nous emploierons à montrer la force d’une idéologie, non seulement par sa prégnance et sa contagion dans les esprits, mais également — et c’est la spécificité du libéralisme — par sa capacité à se présenter comme vierge de tout présupposé idéologique, un discours neutre en quelque sorte composé d’énoncés de bon sens, une position qui va de soi pour tout homme sensé. Elle donne néanmoins une grille de lecture de la réalité, mais elle est avant tout pensée en vue de l’action, organisation mentale propre à façonner les comportements individuels. À ce titre, elle se distingue de la science et de la philosophie : elle ne vise ni la connaissance, ni l’explication, ni la réflexion. Le libéralisme, en tant qu’idéologie, constitue un guide d’action propre à orienter la manière de faire des hommes. Comme toute idéologie, il est éminemment politique en ce qu’il établit une « pensée-action qui se propose de construire un monde juste. » 3 L’action ne doit pas être entendue seulement en termes d’actes, mais aussi de comportements, d’attitudes, de « postures » comme on dit de nos jours, d’affects et d’émotions 4 . L’idéologie, quelle qu’elle soit, a tendance à s’emparer de la totalité de l’homme, apparemment pour son bien et le rendre libre, et par là même elle annonce sa vocation totalitaire.

Dire cela — à savoir que l’idéologie conditionne les comportements — semble reprendre la camera obscura 5 de Marx, selon qui il faut juger les sociétés non d’après leur idéologie, mais d’après le sort sociohistorique qu’elles réservent aux hommes. Partant de leurs conditions concrètes d’existence, il est alors possible de remonter aux structures idéologiques qui les déterminent. La méthode inverse entraîne des affrontements idéalistes sans solution quant à leur traduction dans la réalité de tous les jours. Autrement dit, actor sequitur esse , les actes et comportements sont la signature de l’être, de ce qui agit. Pour les comprendre, il faut encore les décrypter et, pour ce faire, il faut les décoder à l’aide d’un outil sémantique constitué de concepts ou d’idées. Dès lors, il est vrai que rien n’interdit de considérer ces comportements et actes comme expressions de tendances sous-jacentes et qu’il revient à l’analyste de traduire ces expressions non dites en idées claires. Mais cet effort de clarification est double, puisqu’il faut simultanément mettre en évidence la signification des actes et les concepts utilisés pour dégager ces significations. Le rôle du philosophe consistera alors à faire émerger le sens caché, à le mettre en évidence sous forme d’idées dans un discours, mais également à expliciter sa propre grille d’interprétation. Nous reprendrons à notre compte la philosophie du marteau 6 , celle qui consiste à frapper les concepts pour savoir quel(s) son(s) ils rendent. Autrement dit, nous adopterons une force questionnante et laisserons à chacun le soin d’apprécier les réponses en retour.

Évidemment, chaque idéologie repose sur des principes et se donne des fins à réaliser. Chacune prétend conduire à des fins universelles, bonnes et généreuses pour tous. Les comparer et les juger à ce niveau reviendrait à disposer d’une pensée non idéologique. L’argument est classique. Ce n’est pas notre objet. En reprenant l’argument de Marx, on ne peut qu’évaluer une idéologie, c’est-à-dire mesurer l’écart entre ses aspirations et les moyens mis en œuvre pour les atteindre en étant attentifs aux surévaluations qui, précisément, ont pour but de surestimer — à la limite, falsifier — un fait objectif qui apparaît, du coup, insuffisant par rapport à l’ambition ou aux aspirations attendues. La tendance de l’idéologie n’est pas de se remettre en cause par un mouvement de réflexion, mais à l’aide d’hypothèses ad hoc , de réorganiser son discours à la périphérie ou de donner une autre version des faits. Puisque l’idéologie prétend détenir la vérité — son idée première —, il ne lui est pas permis de la remettre en cause à moins de s’effondrer.

Nous considérerons donc le libéralisme comme une idéologie, non seulement parce qu’il ne constitue pas un discours formellement cohérent et théoriquement achevé comme le serait une philosophie, mais encore parce qu’il développe des discours à partir d’une idée première, d’un postulat non discuté. En ce dernier sens, nous reprendrons l’origine étymologique de l’idéologie, à savoir le développement logique d’une idée, comme l’a déjà rappelé Hannah Arendt 7 . Ce point est fondamental : l’idée première appréhende l’expérience en la ramenant à son unité, avec la garantie que la vérité est une et ne peut être qu’une.

Le schéma général de notre recherche fut le suivant : définition des concepts-clés du libéralisme et du totalitarisme, mise en évidence des stratégies et outils du libéralisme, observation de leur mise en œuvre dans l’histoire récente (une manière de tester nos hypothèses ou de les illustrer notamment dans le domaine économique), retours d’expérience avec la préfiguration d’une construction totalitaire, reprise des concepts-clés en les articulant avec les contenus factuels, et enfin la question : sous quelles conditions l’homme — nous autres — peut-il se déga

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