178
pages
Français
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2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
24 juin 2019
Nombre de lectures
2
EAN13
9791029009693
Langue
Français
Publié par
Date de parution
24 juin 2019
Nombre de lectures
2
EAN13
9791029009693
Langue
Français
Pile ou face
Yves Le Denn
Pile ou face
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
Du même auteur
Romans :
Kathy , Société des Écrivains , 2009
L’homme qui devait mourir, Éditions Bénévent , 2011
La Dame blanche, Éditions Bénévent , 2012
Anamorphose, tome 1, Home-Jacking, Chapitre.com, 2015
Anamorphose , tome 2, Faits et causes, Chapitre .com, 2016
Récits de fiction historique :
D’une guerre à l’autre, les éditions Chapitre .com, 2015
Tempêtes sous les crânes, les éditions Chapitre .com, 2018
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0969-3
Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi et regarde d’où tu viens. (Proverbe sénégalais).
Avertissement de l’auteur
Le 21 mai 1981 à vingt heures, après un suspens soigneusement entretenu par Jean-Pierre Elkabbach et Étienne Mougeotte, les Français voyaient s’afficher progressivement sur leurs écrans de télévision le visage du nouveau président de la République François Mitterrand. Cette réussite avait été obtenue après un long parcours au cours duquel il s’était montré habile et obstiné. Ce soir-là, la joie avait éclaté dans le camp de ceux qui, depuis l’arrivée du général de Gaulle en 1958, avaient été écartés du pouvoir. D’autres étaient déçus et inquiets. Les plus lucides étaient conscients que la guerre de chefs, plus que les convictions idéologiques, avait divisé le camp de la droite et du centre.
Le récit de ces années – qui amorçaient un nouveau virage dans le sinueux chemin de l’Histoire de la France, de l’Europe et du monde qui nous a permis de passer d’un siècle à l’autre –, sera fait par Pierre Paoletti, journaliste que j’ai entièrement imaginé, comme les principaux personnages de cette saga.
Il était le témoin partiel de mon ouvrage Tempêtes sous les crânes , qui couvrait la période qui allait de 1958 à 1972. Cette fois, son récit retracera toute la période qui a commencé après l’élection de Georges Pompidou jusqu’à celle de François Mitterrand. Il décrira les événements rencontrés sous les gouvernements de Jacques Chaban-Delmas, puis de Pierre Messmer ; l’épique double duel entre Chaban, Mitterrand, Chirac et Giscard, qui a permis à ce dernier de devenir président de la République ; puis le septennat de VGE , où se sont succédé deux premiers ministres, qui devront affronter la contrainte des chocs pétroliers, des guerres au Moyen-Orient, des scandales français et étrangers et la remise en cause de la politique « d’oubli » qui avait suivi la victoire sur le nazisme. Ce récit se terminera par la victoire de Mitterrand, persévérant et habile face à une droite divisée dans un contexte économique et politique houleux.
Le titre de mon ouvrage m’a été inspiré par l’enseigne d’un bar, proche de Montmartre, le « Pile ou face » {1} , où les principaux personnages de ce récit avaient pris l’habitude, depuis leur adolescence, de se retrouver autour d’un flipper. Je pense aussi que nous étions à la fin d’une époque et au début d’une autre où tout pouvait arriver, pour mes personnages comme pour les événements dont ils n’avaient pas la maîtrise.
Le lecteur pourra trouver en fin d’ouvrage une bibliographie et des références de sites, en particulier de journaux, m’ayant permis de croiser mes sources, dont certaines sont parfois contradictoires et pour lesquelles des recherches sont toujours en cours.
P REMIÈRE PARTIE : Les années Pompidou : la nouvelle société 1969-1971
Chapitre 1
Ma sœur Anne, plus connue comme chanteuse sous le pseudonyme d’Alice, a parfaitement réussi son entrée dans les années soixante. Idole des jeunes à seize ans, elle a connu ensuite un passage à vide à la suite de sa rupture avec Alexandre, un chanteur pour minettes, toujours vêtu sur scène ou devant les caméras de la télévision d’un costume à paillettes et entouré de jolies jeunes filles plus dévêtues les unes que les autres.
Elle avait quitté ce monde factice pour se lancer dans le jazz et plus particulièrement la musique soul. Le fait d’avoir eu la chance de pouvoir chanter en première partie d’un spectacle de Ray Charles lui avait sans doute montré le chemin qui menait des chansonnettes qui l’avaient fait connaître, mais qui n’auraient certainement pas assuré la pérennité de sa carrière, vers une autre forme d’expression musicale plus exigeante.
Après avoir été une adolescente sage et soumise, ce qui n’était pas son caractère quand nous étions enfants, elle est soudain devenue rebelle. Les causes en sont probablement multiples.
Les contacts qu’elle avait pu avoir avec certains leaders étudiants de Mai 68 avaient fait d’elle une égérie des barricades. Elle avait ensuite effectué une tournée en Allemagne dans des boîtes de jazz pour y roder ses nouvelles chansons et son nouveau look. Sur scène comme à la ville, elle était vêtue de la tête aux pieds d’une veste et d’un jean moulant, coupé dans le même tissu délavé qui tombait sur des boots montantes, la faisant paraître plus grande que son mètre soixante-cinq.
Ensuite, elle souhaita prendre du recul en s’installant à Londres avec son amie Isabelle avec qui j’entretenais, à l’époque, des relations amoureuses sincères, mais qui n’étaient peut-être pas réciproques. C’est à cette époque qu’elle a pris de conscience de la faiblesse des chansons qu’elle avait accepté de chanter et s’était peu à peu remise en question.
Après son retour d’un voyage aux États-Unis, au cours duquel elle avait assisté au festival de Woodstock, j’eus l’impression qu’elle s’était stabilisée. Pendant toute notre enfance, sa coiffure blonde tombait jusqu’à ses épaules et encadrait son visage juvénile. Puis, elle avait décidé de se faire couper les cheveux, en ne gardant que des mèches très courtes qui partaient dans tous les sens. Aujourd’hui, ses cheveux ont repoussé et son visage a repris l’aspect serein et souriant que j’avais connu autrefois. Mais son regard s’est durci et ses yeux bleus, très clairs, lancent parfois des éclairs fulgurants.
Le disque qu’elle a enregistré en Alabama avec les Swampers, accompagnateurs d’Aretha Franklin, a fait un carton chez les disquaires et sur les chaînes de radio. Elle a rencontré là-bas Christophe, le frère de Jack, un vieil ami de la famille qui est chanteur comme elle. C’est lui qui lui a conseillé ce studio de Florence près de Sheffield où il enregistrait souvent ses disques.
L’amitié que nous entretenions avec Jack remontait à l’époque où Léon, notre frère aîné, avait monté avec lui un petit groupe de rock, au début des années soixante. Les deux amis furent séparés par leur départ au service militaire qu’ils effectuèrent en Algérie.
Léon, dont le prénom avait été choisi par notre mère en hommage à Léon Blum, s’était engagé à dix-huit ans au 1 er régiment de chasseurs parachutistes par conviction nationaliste. Ses amis l’avaient très vite surnommé Léo, ce qui sonnait mieux dans un groupe de rock dont le nom était Les Tigres. Jack, chanteur du groupe dans lequel notre frère était batteur, s’était retrouvé au 2 e régiment d’infanterie de Marine aéroportée, sous le prétexte que son groupe aurait chanté en public « Le déserteur » de Boris Vian lors d’un concert. Ceux qui avaient pris cette décision auraient dû vérifier leurs sources. En s’informant sur les opinions politiques de notre frère Léon, leader du groupe, ils auraient compris que jamais ils n’auraient permis à ses camarades de chanter cette chanson, même si nous considérions Boris, avant sa disparition brutale et hâtive, comme un membre de la famille.
Sinon, comment expliquer son engagement chez les parachutistes et son départ en Algérie, alors qu’il aurait pu faire de brillantes études après avoir passé son baccalauréat ?
Ce contrat avec l’armée française lui avait coûté très cher. Allant jusqu’au bout de ses idées, il avait aidé des harkis à rejoindre la métropole, ce qui après la signature du cessez-le-feu était très mal vu. Cela lui avait valu de passer devant un tribunal militaire et de séjourner quelques années au Fort de Noge