Précis de politique japonaise
130 pages
Français

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Précis de politique japonaise , livre ebook

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Description

Après un bref historique de la vie politique japonaise, sont présentés les aspects les plus importants de la Constitution de ce pays. Les institutions politiques japonaises font l'objet d'une description exhaustive. Les différentes pratiques du pouvoir sont analysées. Les principaux partis politiques du Japon contemporain sont passés en revue. La manière dont le citoyen japonais prend part à la politique est présentée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296469297
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉCIS DE POLITIQUE JAPONAISE
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56482-4
EAN : 9782296564824

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Thierry Guthmann


PRÉCIS DE POLITIQUE JAPONAISE


L’Harmattan
Du même auteur :
Shintô et politique dans le Japon contemporain , Paris, L’Harmattan, 2010 .
Remerciements :
Merci à mes collègues Iwamoto Misako et Terakawa Shirô pour leurs précieux commentaires et les nombreuses informations fournies. Toute ma reconnaissance va également à messieurs Aoyama Hirotada et Iwawaki Keiichi pour leurs témoignages concernant le métier d’homme politique.
A noter :
Selon la pratique japonaise, les noms japonais de personnes présentent le patronyme en premier.
Les termes japonais ont été romanisés selon la méthode Hepbum.
INTRODUCTION BRÈVE HISTOIRE POLITIQUE DE L’APRÈS-GUERRE
Ce livre est un état des lieux exhaustif de la politique au Japon au début de la seconde décennie du 21 ième siècle. La dimension historique y est présente uniquement lorsqu’elle permet d’éclairer la situation présente. Aussi cette introduction constitue-t-elle le lieu idéal pour amener rapidement le lecteur du Japon de 1945, celui de la défaite, au Japon d’aujourd’hui, grande puissance économique mondiale. Ainsi, à travers l’évocation détaillée de l’action de quelques Premiers ministres emblématiques, nous allons dans ce qui va suivre retracer les principales étapes de l’histoire politique japonaise de l’après-guerre.
Le Japon de l’après-guerre c’est d’abord la défaite et ses conséquences psychologiques et matérielles. Sur le plan psychologique le choc est rude : il s’agit de l’échec des idéologies qui sont nées après la Restauration Meiji (1868) et qui jusqu’au 15 août 1945 nourrirent des générations de Japonais. Parmi ces idéologies on trouve pêle-mêle : « Un pays riche, une armée forte », « L’Esprit japonais vaincra la technologie occidentale », « Le Japon est un peuple élu descendant des divinités fondatrices du pays et la dynastie impériale l’incarnation de ces origines ». En 1945, le peuple japonais réalise soudainement que toutes ces idéologies sont désormais caduques, puisque l’armée qui était censée être forte a perdu, de même que l’esprit japonais ; enfin, l’empereur a dû officiellement renoncer à son caractère divin. Pour tenter de surmonter, voire d’oublier cette détresse morale et surtout pour relever le pays de ses ruines, le peuple japonais se lancera alors dans la reconstruction et le développement économique. Aussi, jusqu’à la fin des années 1980 et l’éclatement de la bulle spéculative immobilière, l’économie constituera-t-elle un élément essentiel de la politique des gouvernements japonais successifs. Mais revenons aux premières années d’après-guerre.
Yoshida Shigeru (1946-1947 et 1948-1954)
La préoccupation majeure des dirigeants japonais au moment de la défaite était de « préserver le corps national ( kokutai no goji ) ». Concrètement, le « corps national » renvoie au régime politique qui confère à l’empereur la souveraineté politique {1} . Yoshida Shigeru, Premier ministre de 1946 à 1947, puis à nouveau de 1948 à 1954, fut animé d’une préoccupation similaire. C’est notamment Yoshida qui serait parvenu à convaincre l’empereur de ne pas abdiquer. Il répondait également ainsi à une demande du général MacArthur, commandant en chef des forces d’occupation américaines, qui estimait que la personne de l’empereur lui serait utile pour orienter le Japon dans une direction plus démocratique. Yoshida était persuadé que le corps national japonais ne pourrait pas perdurer sans le système impérial. Pour lui, la famille impériale constitue la base de la nation japonaise, et celle-ci serait dangereusement menacée dans son existence si cette famille venait pour une raison ou pour une autre à disparaître. Aussi Yoshida Shigeru était-il à l’égard des forces d’occupation extrêmement reconnaissant d’avoir permis non seulement la survie du système impérial, mais également le maintien sur le trône d’Hirohito {2} .
Les dirigeants du Japon de cette époque, tout en ayant conscience que des réformes importantes étaient attendues par l’occupant, ne mesuraient pas encore vraiment l’ampleur des bouleversements dont les Américains allaient être à l’origine. En effet, hautement novatrices et démocratiques, les principales orientations de l’autorité militaire américaine au début de l’occupation du Japon étaient les suivantes : administration indirecte du pays, c’est-à-dire à travers les structures étatiques japonaises ; réforme des structures féodales et/ou autoritaires en vue de la mise en place d’institutions démocratiques ; garantie des libertés de culte et de conscience ; encouragement de l’activité des partis politiques ; libération des prisonniers politiques ; défense des droits fondamentaux de la personne (et notamment ceux des femmes à qui est attribué pour la première fois le droit de vote) ; incitation au démantèlement des zaibatsu ou cartels industriels japonais ; redistribution des terres agricoles {3} . Il faut ajouter à toutes ces mesures une importante purge politique, au point que les partis qui s’étaient réorganisés à la fin de la guerre virent pour la plupart leurs effectifs décimés {4} . Notons cependant qu’avec la fin de l’occupation américaine bon nombre de bannis reviendront sur le devant de la scène politique.
Le Premier ministre Yoshida Shigeru incarne les premières années d’après-guerre qui furent marquées jusqu’en 1952 par l’occupation américaine. Pendant cette période, l’adoption en 1947 d’une nouvelle Constitution fut l’événement majeur puisque ce document constituera le point de départ du système politique encore en vigueur aujourd’hui. Nous consacrerons le premier chapitre de cet ouvrage à une présentation et à une analyse des points essentiels de ce document fondateur.
Hatoyama Ichirô (1954-1956) et Kishi Nobusuke (1957-1960)
Les deux principales figures politiques de la deuxième moitié des années 1950 furent Hatoyama Ichirô {5} , Premier ministre de décembre 1954 à décembre 1956 et Kishi Nobusuke, Premier ministre de février 1957 à juillet 1960.
Hatoyama a principalement à son actif l’unification du clan conservateur. En effet, le 15 novembre 1955, le Parti libéral ( jiyû-tô ) et le Parti démocrate ( minshu-tô ) opèrent une fusion qui donnera naissance au Parti libéral démocrate ( jiyûminshu-tô ). Avant cela, au début de cette même année, le Parti socialiste japonais qui était alors divisé entre le Parti socialiste de gauche ( sahashakai-tô ) et le Parti socialiste de droite ( uhashakai-tô ). inquiet de la forte popularité du nouveau Premier ministre, avait décidé de se réunifier (ce qui sera chose faite à l’automne). Cette décision eut pour effet de hâter l’unification du clan conservateur, inquiet de la montée en puissance du Parti socialiste, dont les projets d’inspiration ouvertement marxiste effrayaient par ailleurs le patronat {6} . La popularité de Hatoyama Ichirô fut donc en quelque sorte, par un phénomène de réaction en chaîne, à l’origine de ce qui sera par la suite appelé le « système de 1955 ( 1955 nen-taisei ) ». Ce système qui, sur le plan de la répartition des forces politiques, durera jusqu’au début des années 1990, est caractérisé par un Parti libéral démocrate (PLD) largement majoritaire et une opposition menée par le Parti socialiste, jamais véritablement en mesure de s’emparer du pouvoir.
L’autre personnage politique marquant de cette période, le Premier Ministre Kishi Nobusuke, a souvent été présenté comme le symbole de la purge avortée des forces d’occupation américaines. En effet, à la fin de la guerre, Kishi avait été arrêté et, en raison de sa participation dans le gouvernement militaire du Japon d’avant la défaite, devait être jugé en tant que criminel de guerre. Il fut finalement libéré sans jugement à l’issue du tribunal de Tokyo, en décembre 1948. Kishi Nobusuke parvint donc en moins de dix ans à parcourir le chemin qui mène de la prison de Sugamo, lieu d’incarcération des inculpés pour crimes contre la paix, à la plus haute fonction politique du pays.
Les deux principaux objectifs du Premier ministre Kishi furent la révision de l’article 9 de la Constitution (clause de non remilitarisation du pays), et la signature d’un nouveau traité de sécurité nippo-américain. Dans son esprit, les deux

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