Regards croisés sur l Occident
226 pages
Français

Regards croisés sur l'Occident , livre ebook

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226 pages
Français

Description

L'histoire du monde n'est pas celle d'une grande fracture entre l'Occident et l'Orient. Plusieurs contributions ont montré le destin entremêlé de l'Occident et de l'Orient. Comment peut-on alors comprendre explicitement ce qui a été implicitement la pratique constante dans l'histoire de l'humanité : échange et dialogue, mais également répression et invasion entre les peuples de l'Occident et de l'Orient ? Les contributions de ce numéro cherchent à décortiquer la perception et le vécu de cet "Occident" par le "hors-Occident".

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Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296456495
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Revue périodique paraissant trois fois par an Numéro d'enregistrement 25020302 Directeur de publication Wafik Raouf wafik_raouf@hotmail.com Coordinateur Ata Ayati ataayati@yahoo.fr Lectures et corrections Michel Guillon Monique Jouffroy Alexandre Lengagne Comité de lecture Assadi, Djamshid Groupe E.S.C. Dijon-Bourgogne Fabrice Balanche, Université de Lyon II LotfiBennour,Université de Technologie de Belfort-MontbéliardFontaine, Jacques CNRS et Université de Franche-ComtéGérald Gaillard,Université de LillePhilippe Haeringer,Université deParis Ouest Nanterre-La DéfenseEdmond Jouve,Université de Paris V Salah Oueslati, Université de PoitiersXâÜbÜ|xÇà:89, avenue du Roule 92200 Neuilly (France) Tél : 01.47.22.90.12 Fax : 01.47.45.41.36  eurorient@free.fr www.eurorient.net
Revue publiée avec le concours du Centre national du livre La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou ses ayants droits, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole Polytechnique ; 75005 Paris http:/www.librairieharmattan.com diffusion.harmattant@wanadoo.fr harmattan@wandoo.fr ISBN : 978-2-296-54307-2 EAN : 9782296543072
POURQUOI LA REVUE EURORIENT ? Un pont entre deux mondes
En un temps où l’Orient et l’Occident semblent revivre un épisode d’incompréhension réciproque, à la fois culturelle, politique et économique, il est bon de jeter des ponts. Une longue histoire d’interdépendance entre ces deux berceaux de civilisation invite à ce rapprochement. Cette revue proposée par des intellectuels des deux versants de la Méditerranée souhaite apporter sa contribution, ne craignant pas d’élargir l’échange à l’ouest jusqu’en Amérique, à l’est et au sud jusqu’au plus profond de l’Asie et de l’Afrique. Les sujets publiés sont souvent de l’ordre dessciences politiques, mais concernent également les questions de société, lemonde urbain, lesdéfis économiqueset les migrations. En filigrane apparaissent des visions du monde et de l’homme qui parfois convergent, parfois s’éloignent. Mais l’échange des savoirs est la meilleure façon d’additionner les expériences et d’en valoriser la diversité.
XâÜbÜ|xÇà n° 31 – 2011 REGARDS CROISÉS SUR L’OCCIDENT Dossier coordonné par Djamshid Assadi et Mario d’Angelo * DOSSIER Djamshid Assadi et Mario d’Angelo Introduction L’Occident vu d’ailleurs. Regard du Président Abol-Hassan Bani-SadrEntretien réalisé parDjamshid AssadiL’Occident vu d’ailleurs. Regard du Président Abdou Diouf Entretien réalisé parMario d'AngeloStelio Farandjis L’Occident entre mythe et réalités. Le poids de l’histoire, le défi de l’avenir Edwin Juno-Delgado Amérique latine. Modernité occidentale imposée ou modernité intégrant la diversité culturelle ?Kazem Alamdari Religion et développement revisités. Comparaison entre l'islam et le christianisme. Le cas iranien Cornelia Caseau L’économie, porte d’intégration des Musulmans en Occident ? Le cas des Musulmans d’Autriche Xiaochu Sun La modernité urbaine à travers l’Occident. Les expositions universelles de Paris et de ShanghaiSlimane Benaïssa La Méditerranée entre Occident et Orient. Le regard d’un Algérien
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Mohsen Mottaghi La question de l’Occident dans les débats intellectuels en Iran 123 Emel Parlar Dal Un double jeu de miroir entre réel et ambiguïté. La Turquie et l’Occident147 Saeed Paivandi L’image de l’Occident dans le curriculum iranien. La perspective du conflit de civilisations 169 Kyu-yong Byun De l'Orient à l'Occident. La rencontre des extrêmes 183 Djamshid Assadi et Mario d’Angelo Pistes de réflexion et questions de recherche 191 Ata Ayati Bibliographie indicative195 * Revue des livres203 Lise Garon, Azzedine G. Mansour et El-Mostafa Chadli (dir.),L’Islam et l’Occident.Biopsies d’un dialogue(Ata Ayati)  Martine Bulard et Jack Dion,L’Occident malade de l’Occident(Ata Ayati) Patrick SEALE, La lutte pour l’indépendance arabe. (Monique Jouffroy) Osman HAMDI BEY,Un Ottoman en Orient.(Monique Jouffroy)* Revue des périodiques213Questions internationales,« L’Occident », N° 41 janvier-en débat Février 2010 (Ata Ayati) Artpress2, « L’Iran dévoilé par ses artistes ». (Danielle Haeringer)
Introduction e choix du thème pour ce numéro spécial de la revue L EurOrient trouve son origine dans le double constat, d’une part de la supériorité que l’Occident affiche à l’échelle planétaire depuis 1 plus de quatre siècles et d’autre part du besoin de s’ouvrir, désormais, à de nouvelles coopérations et à un vrai dialogue avec les civilisations non occidentales. L’histoire du monde n’est certes pas celle d’une grande fracture entre l’Occident et l’Orient. Plusieurs contributions, ici tout comme ailleurs, ont montré le destin entremêlé de l’Occident et de l’Orient. Comment peut-on alors comprendre explicitement ce qui a été implicitement la pratique constante dans l’histoire de l’humanité : échange et dialogue, mais également répression et invasion entre les peuples de l’Occident et de l’Orient ? Mais s’il n’existe pas de ligne de fracture entre l’Orient et l’Occident, comment expliquer cette supériorité de l’Occident qui depuis e le XVI siècle mène le progrès de l’humanité ? Cette supériorité technique signifie-t-elle la primauté de la culture occidentale depuis la 2 Renaissance, suivant la belle expression de Sophie Bessis (2001). Les contributions de ce numéro cherchent justement à décortiquer la perception et le vécu de cet « Occident » par le « hors-Occident » c’est-à-dire les sociétés et pays non-occidentaux ; en d’autres termes la relation « Occident/reste du monde ». Cette analyse semble d’autant plus importante que le «hors-Occident» sortant progressivement du sous-développement, des pays comme la Chine ou l'Inde mais également la Corée, Singapour, la Malaisie, s'imposent… sans oublier le Japon qui a réussi depuis des décennies à rattraper les occidentaux sur 3 «leurs» propres terrains techniques et technologiques .
1 Cette suprématie s’est manifestée par les découvertes scientifiques, les innovations techniques mais qui furent aussi, hélas, trop souvent imposées au nom du « progrès » par l’exploitation et le colonialisme. La suprématie occidentale est en outre allée de pair avec une organisation sociale qui conduit les individus à maîtriser leurs instincts et leurs pulsions et à se montrer de plus en plus rationnels conjointement à le formation des Etats modernes. Voir par exemple des auteurs tels que Elias Norbert (2003),La dynamique de l’Occident, Paris, Pocket ; Saïd Edward (2005),L’Orientalisme.L’Orient crée par l’Occident,Paris, éd. du Seuil. 2 Bessis Sophie (2001),L’Occident et les autres, Paris, La Découverte. 3 L’exemple du Japon montre que les apports de l’Occident peuvent être intégrés et donner lieu à une culture originale alliant tradition orientale et modernité. Voir Sabouret Jean-François (2005),La dynamique du Japon,Paris, éditions Saint-Simon.
Deux intellectuels, élus comme présidents dans leur pays du monde non-occidental, Abol-Hassan Bani-sadr et Abdou Diouf, ouvrent le débat et nous préparent aux analyses qui suivent. Leurs propos ont été recueillis en octobre 2009 et mars 2010. La première contribution est celle de Stelio Farandjis, historien, coprésident de l'Union internationale pour le dialogue interculturel et religieux et l'éducation de la paix, Inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale. Cette contribution se présente comme une fresque historique à travers laquelle l’auteur s’intéresse également aux constructions mentales liées à l’idée d’Occident ; une approche qui fait penser au concept d’« institutions imaginaires » du philosophe Cornelius 4 Castoriadis, disparu en 1997 . Stelio Farandjis associe l’inscription des termes « Occident » et « Orient » à la décision de l’empereur Théodose de diviser en 395 n° 31 – 2011 l’empire romain entre ses deux héritiers Honorius et Arcadius, attribuant à l’un la partie occidentale, effondrée dès 476, et à l’autre la partie orientale (appelée également souvent grecque ou byzantine), qui disparaît en 1453. L’orthodoxie, séparée du catholicisme en 1045, caractérise l’Empire d’Orient. XâÜbÜ|xÇàSelon l’auteur, c’est seulement entre les onzième et quinzième siècles que la civilisation des sociétés européennes occidentales, 8largement dépassée jusqu’alors par les civilisations byzantine, arabo-islamique et chinoise, va connaître un dynamisme scientifique, artistique, démographique et économique. A partir du quinzième siècle, commence l’occidentalisation ou plus précisément l’européanisation du monde. Depuis, la « Chrétienté » véhicule le concept d’« Occident » avant d’être progressivement supplantée par la notion d’Europe au milieu du dix-septième siècle. Stelio Farandjis explique cette bascule historique par la laïcisation et l’éclatement de l’Eglise avec les réformes protestantes et l’autonomie de l’autorité politique des Etats par rapport à l’Eglise. L’essor scientifique, philosophique et artistique de l’Europe au dix-huitième siècle, celui des « Lumières », renforce l’expansion de la conscience demodernitéet d’européanité–selon les termes même de l’auteur-dans le monde ; laquelle expansion est souvent accompagnée par l’esclavage, la traite des Noirs, la marginalisation et même l’élimination des civilisations non-européennes, surtout aux dix-neuvième et vingtième siècles. Notre auteur nous informe que le terme « occidentaliser » apparait ainsi dès 1808. Par le fait de la lutte des pays qui cherchent leurs
4 Sur ce sujet, on peut se référer avec grand intérêt à une œuvre posthume de Cornelius Castoriadis :L’imaginaire comme tel(Texte établi, annoté et présenté par Arnaud Tomès. Hermann Philosophie). Ce texte regroupe les thèses séminales de Castoriadis qui seront pleinement développées dans son grand ouvrage,L’institution imaginaire de la société(première édition 1975, édition actuelle 1999, Points,Essai poche).
indépendances de l’Occident, à l’opposition Occident/Orient se substitue progressivement l’opposition Nord/Sud. Dans son article bien référencé, « Amérique latine: modernité occidentale imposée ou modernité intégrant la diversité culturelle ? », Edwin Juno-Delgrado, chercheur et professeur d’origine péruvienne au Groupe ESC Dijon, spécialiste en droit de la Culture et des questions culturelles et de développement en Amérique latine, propose une analyse de l’introduction de la modernité occidentale en Amérique latine, de son état actuel, et surtout de sa représentation dans les débats intellectuels des pays concernés. Juno-Delgrado lie l’entrée dans la modernité de l’Amérique latine à la conquête forcée de la région, orchestrée par le royaume d’Espagne d’une part et par l’Eglise catholique, d’autre part. Une conquête au nom de la « lumière », imposée par le génocide et même l’ethnocide, afin de transformer l’ignorance et les traditions païennes en connaissance et en raison. Jouant comme une barrière cognitive, La vision arrogante des conquérants les empêche de comprendre l’existence d’autres cultures, et encore moins de respecter le droit à la différence, aboutissant ainsi à détruire les cultures qu’ils trouvent sur le continent sud-américain. C’est bien alors par le colonialisme qu’y apparait en Amérique latine la modernité comme partie intégrante d’une volonté de domination. Cette modernité ne réussit que dans les grandes villes, toutefois lorsque les grandes guerres d’indépendance éclatent entre 1810 et 1828 sous le commandement de « l’oligarchie blanche », ce ne sera pas pour la restauration et la réhabilitation des cultures originaires, mais pour que le peuple civilisé dirige et gouverne les autres autochtones qui ne parviennent pas à se diriger eux-mêmes. L’approche de Kazem Alamdari, professeur de sociologie à la prestigieuse institution américaine, California State University (CSU), s’intéresse à un certain regard, ô combien répandu de nos jours même jusque dans les milieux académiques du Nord et du Sud, qui explique par la religion la différence de développement entre l’Occident et « l’ailleurs-et surtout l’ailleurs islamique »-. Dans son analyse, auteur s’oppose en effet à la vision qui pose le christianisme, propre à l’Occident, comme une religion ouverte à la modernité et au développement, alors qu’au contraire l’islam ne l’est pas. Il propose par conséquent de chercher la différence entre les niveaux de développement et, tout comme Farandjis, dans le fait notamment que l’Occident a réussi à séparer le pouvoir ecclésiastique du pouvoir politique la où l’Etat et la mosquée forment une identité unie et entremêlée dans la majorité des pays islamiques. A partir de cette mise en cause, la question change de nature et devient : mais qu’est-ce qui a réussi à séparer les deux pouvoirs en Occident ? La réponse d’Alamdari est sans équivoque : le capitalisme. Et
Dj. Assadi et M. d’Angelo : Introduction
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qu’est-ce qui a provoqué le développement du capitalisme plutôt en Occident qu’ailleurs ? La réponse n’est pas moins catégorique : le rationalisme. Pour cet auteur, le rationalisme ouvre la voie au capitalisme, au progrès, à la modernité et à l’industrialisation dans l’Occident chrétien ; alors que ce facteur déclencheur reste bloqué par la prédominance de la religiosité dans le monde islamique. Cette analyse est déjà présente chez Max Weber, qu’analyse Alamdari. Dans « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », le sociologue allemand constate que le capitalisme moderne, la démocratie et l’idée de progrès naissent et se développent dans les pays protestants ou ayant rompu avec l’esprit catholicisme comme la France postrévolutionnaire. Mais les autres pays de l'Europe catholique et orthodoxe (Espagne, Italie, Russie, etc.) restent e e à la traîne jusqu’à la fin du XIX voire le XX siècle. C’est donc moins de l’Occident chrétien que de l’Occident protestant qu’il s’agit. Le lecteur n° 31 – 2011 peut légitimement se poser la question de savoir pourquoi le rationalisme se développe en Occident chrétien et non pas en terres de l’Islam ? D’autant plus que, selon l’auteur, il n’y a aucune incompatibilité entre le rationalisme et la religion de Mahomet. La conclusion de Kazem Alamdari est que l'ultime séparation de XâÜlabreÜli|gxiÇoàn et de l'Etat dans l'Ouest trouve ses origines en dehors de ces institutions. Il voit les origines dans la philosophie rationnelle gréco-10romaine de l'Antiquité et la croissance de la bourgeoisie et du commerce à l'époque moderne. Mais le rationalisme de la Grèce antique, n’a pas autant irrigué l’Orient avec lequel elle faisait plus de commerce et d’échange qu’avec l’entité qui sera plus tard l’Occident ? A la lumière de son raisonnement, l’auteur revient sur le monde islamique pour affirmer que la séparation de la religion et de l'État dans les sociétés musulmanes peut devenir une réalité à condition qu’il y ait développement de rapports concurrentiels dans les sphères économique, politique et spirituelle ; cette liberté de concurrence est la caractéristique par excellence de la démocratie. Alors, comment la démocratie peut-elle se développer dans les terres qui n’ont pas connu le rationalisme à cause du monopole de la religion ? Sous la plume de Cornelia Caseau, professeure et responsable du Département Langues Vivantes et Cultures Etrangères au Groupe ESC Dijon, la problématique du rapport Orient-Occident évolue subtilement à travers la question de l’intégration, vers les frontières intérieures ou invisibles entre les cultures et civilisations. D’ «Occident, vu d’ailleurs», la question devient : «Occident, vu par l’autochtone venu d’ailleurs». L’auteure s’intéresse en fait au vécu d’une communauté d’origine non-occidentale vivant dans un pays occidental. Sa contribution «L’économie : la porte d’intégration des musulmans en Occident ?», traite du cas des musulmans d’origine turque vivant en Autriche. Cette approche complète et enrichit notre thématique par l’étude du rapprochement entre l’Occidentaux et non-occidentaux par la voie de l’économie.
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