Un ordre mondial post-clausewitzien?
274 pages
Français

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Un ordre mondial post-clausewitzien? , livre ebook

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Description

La guerre est ontologiquement inhérente à la société humaine. Son questionnement se démarque d'une réflexion relative à l'eschatologie et produit l'entendement dans une dialectique de gestion de la cité. La gouvernance par la guerre impose une vision qui ne s'appesantit pas seulement sur la mort, la souffrance, l'humaine condition et la polémologie. Dès lors, comment la guerre régit-elle l'institutionnalisation d'un ordre politique mondial et/ou interne? Comment s'opérationnalise le dépassement de la guerre en vue de la constitution d'un monde nouveau basé sur l'idéal démocratique? L'intelligibilité d'un monde nouveau peut se concevoir sous le prisme d'une matrice qui reposerait sur une "gouvernementalité démocratique mondialisée". Cette dernière suppose la possibilité de transcender la guerre considérée jusque-là comme une modalité pertinente du politique, de la puissance et de l'ordre international afin de lui opposer un mode de gouvernance tributaire d'une universalité des valeurs fondées sur la démocratie. Pour envisager le futur de notre monde, l'auteur, autour du concept de "gouvernementalité démocratique mondialisée", invite à réfléchir sur la restructuration du système international, l'implémentation d'une cosmopolitique qui interpelle la gouvernance de la cité universelle, la constitution d'une mondialité politique qui s'enchâsse dans la démocratie, la définition et le partage d'un mondialisme commun. Une étude remarquable des relations internationales, alliant rigueur de l'analyse et utopie, questionnements théoriques et réalisme politique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 décembre 2015
Nombre de lectures 45
EAN13 9782342045994
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0086€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Un ordre mondial
post-clausewitzien ?






Pélagie Chantal Belomo Essono










Un ordre mondial
post-clausewitzien ?

Entre gouvernance par la guerre
et utopie d’une « gouvernementalité
démocratique mondialisée »















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IDDN.FR.010.0120663.000.R.P.2015.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2015


À mon fils Gain Bruno



Introduction générale



La guerre charrie un questionnement sur la production, le
sens, la mise en cohérence du monde, la construction du
politique, le devenir de l’homme et par conséquent celui de
l’humanité. Elle se magnifie dans la perspective de
l’interrogation éternelle du Bien et du Mal. Cette réflexion achoppe non pas
seulement sur la pensée de la mort, mais surtout sur celle de la
religion, de la croyance et in fine de Dieu. Elle conduit ainsi à un
1« conflit des interprétations » consacré par Paul Ricœur qui se
structure autour de la religion imposant Dieu comme référent
principal et de la non-religion ; l’athéisme s’incarnant dans
l’inexistence de cette déité. Plus précisément, les tensions entre
foi et athéisme se conjuguent dans la quête de la connaissance de
l’Être transcendantal ou de ce non-Être. Cette dialectique
subsume la guerre. Le nihilisme nietzschéen prend tout son sens
parce que le dieu chrétien est mort. L’analyse d’une crise aiguë
dont la pensée nihiliste inaugure la pointe extrême de la
moder2nité fait écho à la suppression de l’autre tant la violence extrême
que porte la guerre révèle la concaténation de ce nihilisme. La
guerre doit donc être confrontée à la question du sens et des
valeurs qui configurent la notion de nihilisme. Chez Nietzsche, le
3nihilisme signifie que « les valeurs suprêmes se dévalorisent » .
Ce nihilisme est donc lié à la mort du dieu moral, d’un dieu

1 Pour Paul Ricœur, le double conflit s’institue entre foi et athéisme et
entre foi et religion. La pensée herméneutique doit ainsi donner vie à la
philosophie de la religion telle que fondée par Kant et Hegel. Le conflit
des interprétations, essai d’herméneutique. Paris, Seuil, 1969.
2 Russ (J.), La marche des idées contemporaines. Un panorama de la
modernité, Paris, Armand Colin, 2005.
3 Nietzche, œuvres philosophiques, T.XIII, Paris, Gallimard, 1976.
9 4comme valeur, garant des valeurs et de leur possibilité . Il ne
représente pas une absence de sens qui serait l’absurde, il désigne
5plutôt sa réduction à un modèle unique : celui de l’efficience . Le
parallélisme que l’on peut effectuer avec la guerre inscrit cette
dernière dans une crise de valeurs et de sens qui la magnifie. La
production de la polémologie s’incarne ainsi dans un projet qui
s’ouvre sur le néant en tant que sa téléologie peut s’enraciner sur
une nouvelle construction qui est certes porteuse d’espoir, de
survie ou de vie, mais fondamentalement, le projet de guerre peut
s’enchâsser dans le néant. Paul Valéry présente la Seconde
Guerre mondiale comme le suicide de l’Europe au moyen d’une
dévastation technique d’autant plus radicale qu’elle laisse en
suspens la question de savoir « au nom de quoi » se mène cette lutte.
L’épuisement du sens et la montée en puissance du vide dans la
contemporanéité constituent le creuset de la guerre. Ainsi,
l’idéologie, la quête du pouvoir, celle des ressources ou la recherche de
la puissance qui sont les moteurs de la conflictualité deviennent
des ersatz qui se façonnent dans un monde où la raison
instrumentale contribue à asseoir le vide. On peut également retrouver
la trace du néant, nous dit Foessel, dans une demande
hyperbolique de sens qui sombre dans les théories du complot, le
6fanatisme religieux ou le terrorisme . Le terrorisme qui s’institue
dans un contexte de relativisation et d’éclatement du sens
résonne dans la définition des valeurs propres de chacun. Dans ce
contexte, les terroristes conçoivent et produisent leurs modèles,
leurs axiomes, leur rationalité et leur éthique. La morale
s’ordonne donc autour d’un ethos du thanatos. Il ne s’agit pas
d’objectiver ni de rationaliser le sens et les valeurs parce que
relevant du ressort moral. Cependant, ils s’édifient dans un ordre
hiérarchique en tant que leur effondrement conçoit le nihilisme.
La fin de la guerre froide et la mondialisation précipitent
l’inscription du monde dans le vide ou le rien. L’effondrement du sens
et des valeurs concourt donc à saisir l’intelligibilité du terrorisme
et de la guerre comme ontologiquement inscrite et constituant la

4 Nancy (J-L.), « Quand le sens ne fait plus monde », Esprit, n° 403,
mars-avril 2014, pp. 27-46, p.28.
5 Foessel (M.), « Pourquoi le nihilisme ? », Esprit, n° 403, mars-avril
2014, pp.16-26, p.20.
6 Foessel (M.), « Pourquoi le nihilisme ? », Esprit, op. cit, p.22.
10 résonnance d’une eschatologie dont les contours se dessinent
autour du chaos et du néant.
Au-delà de cette crise se pose en tout état de cause le problème
de la responsabilité de l’homme face à l’humain. Emmanuel
Levinas se base sur le fondement de la pensée de l’Autre à partir
des sources éthiques, bibliques et talmudiques en le consacrant.
Cette altérité nous permet donc de questionner la guerre comme
essence de la négation de cet Autre. Il est aussi indispensable de
mobiliser la notion de responsabilité chez Hans Jonas où on lit le
dépassement de l’Autre inscrit par Levinas pour amorcer une
dimension plus grande à savoir celle de l’humanité. Aussi la
responsabilité chez Hans Jonas représente-t-elle la prise en
charge, non seulement du futur immédiat, mais également du
futur lointain de l’humanité, au-delà des conséquences proches et
directement prévisibles de notre action. Cette responsabilité
induite par la protection de l’Autre et de son humanité que je
perçois au travers du moi ; ou plus précisément l’Autre comme
prolongement de mon être réside au cœur de la question de la
guerre qui tente de procéder à la négation de cette vision et de
cette réalité. Si elle semble sublimer l’un au détriment de l’Autre
du fait de la victoire qu’elle tend à traduire, face à la négation
humaine qu’elle induit, il ne reste au fond aucun vainqueur, car
7en concourant à l’effacement de l’Autre, elle est « humanicide » .
La guerre nous rapproche de la désillusion portée par C.
LéviStrauss qui pense l’« entropologie » plutôt que l’anthropologie
pour signifier l’étude des manifestations les plus hautes du
pro8cessus de désintégration des sociétés et des cultures .
Saisir l’intelligibilité de la guerre revient à l’inscrire dans une
démarche pratique qui consacre la réalité de la chose. Cependant,
le surgissement de ce phénomène dans l’ordre de la réalité ne
contribue pas toujours à mesurer l’indicible, l’horreur, l’insensé,
le non-sens, l’absurde, la barbarie, l’irrationnel qu’elle charrie. À
ce titre, peut-on interpréter ou comprendre la Shoah, le génocide
rwandais ? Quoique réa

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