L AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 1958-1974
392 pages
Français

L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 1958-1974 , livre ebook

392 pages
Français

Description

Les grands débats sur l'aménagement du territoire et l'environnement interrogent régulièrement les choix opérés au début de la Ve république. Les années 1958-1974, années d'expansion économique mais aussi d'accroissement des déséquilibres territoriaux furent particulièrement riches tant dans la conceptualisation de l'aménagement que dans ses réalisations. Cet ouvrage tente d'en dresser un panorama complet.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 380
EAN13 9782296403819
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fondation Charles de Gaulle
Association Georges Pompidou
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
1958.. 1974
Actes du Colloque
tenu à Dijon les 21 et 22 novembre 1996
Sous la direction de
François Caron
Président du conseil scientifique de l'Association Georges Pompidou
et
Maurice Vaïsse
Président du conseil scientifique de .la Fondation Charles de Gaulle
Textes réunis et mis au point par Letizia de Linares, Chantal Morelle, Véronique
Pradier et Jean-Pierre WiHiot
Éditions L'Harmattan L'Harmattan Inc.
55, rue Saint-Jacques5-7, rue de l'École-Polytechnique
Montréal (Qc)75005 Paris - CANADA H2Y 1K9~L'Hannattan. 1999
ISBN: 2-7384-8698-3Allocution d'ouverture
Pierre Messmer
Dès 1932, Charles. de Gaulle écrivait: "La seule voie qui conduise à
l'esprit d'entreprise est la décentralisation." La décentralisation des pouvoirs et des
activités est une préoccupation ancienne, même dans ce pays marqué par les
institutions centralisatrices de l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire.
Jean-François Gravier avait sonné l'alarme en 1947, lorsqu'il fit paraître son
ouvrage resté longtemps d'actualité, Paris et le désert français. Les problèmes de
la reconstruction après la guerre, puis le développement rapide de la France
pendant les Trente Glorieuses obligèrent à se soucier du rééquilibrage entre Paris
et la province, sans négliger la dimension européenne.
Au retour de Charles de Gaulle aux affaires, en 1958, le sujet n'était donc
pas nouveau et il y avait une continuité certaine dans ce domaine de
l'aménagement du territoire, entre la IV. et la V. République. La volonté politique
du Général, la mise en place d'institutions nouvelles, comme la Délégation à
l'Aménagement du Territoire et à l'Action régionale (DATAR) en 1963, à
l'initiative du nouveau chef du gouvernement et relevant directement de lui, puis
les Commissions de Développement économique (les CODER) l'année suivante,
donnèrent à cette politique une considérable envergure, tant dans le domaine des.
actions que dans celui des pouvoirs.
Depuis longtemps, le général de Gaulle pensait à une réforme régionale,
mais il attendait le moment propice pour la proposer. Son discours de Lyon, le 24
mars 1968, marqua plus qu'une inflexion, un désir de changement. Chacun se
rappelle qu'il jugeait que "l'effort de centralisation multiséculaire" n'avait plus de
raison d'être, et qu'il fallait opérer une véritable régionalisation des pouvoirs
politiques, économiques, et assurer la réforme du Sénat, en vue d'en faire une
assemblée de représentants des collectivités locales et des organisations syndicales
et professionnelles. Le référendum de 1969 avait bien cet objectif, même s'il n'a
pas été interprété comme tel par les électeurs.
Le président Pompidou agit dans la continuité de la politique qu'il menait
en tant que Premier ministre. A Lyon aussi, le 30 octobre 1970, il annonça un
projet de réforme régionale. La France connaissait encore une forte activité
économique, mais "il faut mettre de l'ordre dans la croissance", disait-il, "organiser
la démocratie locale", donc poursuivre l'oeuvre de décentralisation politique et
économique qui avait. été voulue par le Général, dans le sens du respecf de ladiversité des régions et des nécessités locales, pour les rendre plus dynamiques.
Mais plus sensible aux préoccupations écologiques, à côté des grands travaux
d'aménagement et de modernisation des infrastructures, Georges Pompidou insista
sur l'environnement. Lors de l'inauguration du parc régional de la Camarguè, le 7
janvier 1972, il rappela que la nature "apparaissait comme un bien précieux,
fragile qu'il convient de protéger"; c'était le rôle des pouvoirs publics et de
l'éducation que de faire naître "une morale de l'environnement".
L'ambition de l'aménagement du territoire est très vaste. Elle a mobilisé èt
mobilise encore, des spécialistes de toutes disciplines: géographes, économistes,
urbanistes, sociologues, mais aussi élus locaux, délégués syndicaux, etc.
Considérations personnelles et préoccupations nationales se sont affrontées, avec
un point d'accord cependant, celui d'opérer un rééquilibrage au profit de la
province.
Pouvait-on parler de décentralisation en réunissant un colloque sur le sujet,
dans la capitale? Nous ne l'avons pas voulu. Sans doute, Paris est-elle la première
ville de congrès du monde, mais le pays est riche de lieux d'accueil, d'acteurs et
témoins, chercheurs et étudiants prêts à donner et à recevoir. A Lyon, de Gaulle
évoquait "l'hexagone fameux où l'histoire et la géographie ont placé l'essentiel de
la substance française." C'est bien ce que nous offrent la Bourgogne, pétrie
d'histoire, et Dijon, capitale des ducs de Bourgogne, aujourd'hui capitale régionale,
dont le centre historique est merveilleusement rénové, l'une des villes sur
lesquelles s'appuient les grandes métropoles.
Enfin, le maire, mon ami Robert Poujade, qui fut le premier ministre de
l'Environnement, était l'un des principaux acteurs dont nous souhaitions le
témoignage. Nous le remercions d'avoir bien voulu nous accueillir, ainsi que le
recteur, Madame Josiane Attuel, qui a facilité la rencontre avec les universitaires
dijonnais.
Il aurait semblé incongru de faire deux colloques séparés sur ce sujet, tant
s'y retrouvent les préoccupations, les enjeux, les projets et les réalisations, et aussi
les responsables. Aussi, c'est conjointement que les deux institutions qui ont pour
but de maintenir la mémoire des deux premiers Présidents de la V.République ont
mis au point le projet. D'ailleurs, les acteurs présents dans la salle ont servi
souvent les deux hommes, et les chercheurs ne voient pas, semble-t-il, de rupture
entre les deux présidences. Comme tous les colloques qu'organisent la Fondation
Charles de Gaulle et l'Association Georges Pompidou, acteurs et chercheurs
enrichiront celui-ci, de leurs souvenirs pour les premiers, de leurs analyses et de
leurs questions pour les seconds. Cette confrontation permettra de mieux connaître
l'histoire récente de l'aménagement du territoire, alors que la pensée économique
est devenue peu favorable aux orientations et même aux incitations venant des
Etats, et que la croissance est ralentie, ce qui rend les problèmes plus difficiles et
leur solution plus urgente.
6Première partie
INSPIRATIONS, CONCEPTS ET INSTITUTIONSL'aménagement du territoire en France,
antécédents et genèse, 1911-1963
Rémy Baudoui
La naissance des politiques d'aménagement du tenitoire est assimilée. à
la création de la Délégation à l'Aménagement du Tenitoire et à l'Action régionale
(DATAR), le 14 février 1963. Au-delà des causes immédiates, l'apparition de cette
administration de.mission est le produit d'une réflexion plus ancienne. La question
des origines demeure ouverte. Aucun de ses acteurs ne reconnaît les mêmes
fondements historiques. Jean-Paul Lacaze situe l'aménagement du tenitoire dans
"une pratique .millénairell dont les .origines proviendraient .du néolithique et des
grandes civilisations égyptiennes, romaines, grecques et phéniciennesl. Pierre
Randet, ancien chef de service de l'aménagement. du tenitoire du ministère de la
Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU), tout en désignant au titre. des
précurseurs Henri IV et Napoléon III, institue le point d'origine dans la loi
d'urbanisme du 15 juin 1943, synthèse du droit public préexistant et outil
constitutif du premier code2.
S'interroger sur les origines contemporaines de la création de la DATAR
requiert de définir le concept de politique d'aménagement du tenitoire. Il
recouvrirait à la fois:
- une conception publique affirmée qui pose la primauté de la nation, de l'intérêt
collectif sur les particularismes locaux, à partir desquels se fonde la richesse
nationale. L'aménagement du territoire restitue une pensée du global ou du
national, la prééminence de l'idée de cohérence sur celle de désordre;
-une conscience politique de la nécessité de l'action dans la fonction de

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