Le Corbusier voyageur
246 pages
Français

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Le Corbusier voyageur , livre ebook

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Description

Le Corbusier (1887-1965) était aussi un grand voyageur. Sa curiosité pour d'autres paysages, d'autres architectures ou d'autres moeurs paraît toujours en activité, révélant parfois une attention presque naïve. Cet ouvrage original interroge des aspects moins connus de la vie intime et professionnelle de l'architecte de Chandigarh et de Ronchamp, avec ses zones d'ombre et ses ambiguïtés, et illustre le rayonnement international de son oeuvre.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 226
EAN13 9782336256856
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
COLLECTION CARNETS DE VILLE Page de titre Page de Copyright Epigraphe INTRODUCTION « REGARDE DE TOUS TES YEUX, REGARDE » LE CORBUSIER EN ITALIE, L’ITALIE ET LE CORBUSIER LE CORBUSIER AU BRÉSIL OU LES EXPÉRIENCES ROMANTIQUES DE LA NATURE AUX ÉTATS-UNIS (1935) LE VOYAGE À VICHY ALGER SOUS LES BOMBES OU LES PLANS-OBUS CÔTÉ RÉCEPTION FIRMINY, UN VOYAGE INACHEVÉ LE VOYAGE EN SOI BIOBIBLIOGRAPHIE DES VOYAGES DE LE CORBUSIER
COLLECTION CARNETS DE VILLE
Créée et dirigée par Pierre Gras
DÉJÀ PARUS
Serge Mouraret, Berlin, carnets d’amour et de haine
Pierre Gras, Mémoires de villes
Suzana Moreira, São Paulo, violence et passions
Jacques de Courson, Brésil des villes
Pierre Gras, Ports et déports
Jean-Paul Blais, À la Bastille...
Muriel Pernin et Hervé Pernin, Transsibériennes
Nelly Bouveret, Mékong dérives
Thierry Paquot, L’Inde, côté villes
Collectif, Villes, voyages, voyageurs
Pierre Gras, Suite romaine
Baudouin Massart, Un été à Belfast
Daniel Pelligra, Quai du soleil ; Lyon, port d’attaches
Bérengère Morucci, Alamar, un quartier cubain
Jean Hurstel, Réenchanter la ville ; voyage dans dix villes culturelles européennes
Collectif, Ville et mémoire du voyage
Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin, Périphéries ; un voyage à pied autour de Paris
Georges Amar, Manhattan et autres poèmes urbains
Le Corbusier voyageur

Pierre Gras
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan 1 @wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296052383
EAN : 9782296052383
«J’entrepris un grand voyage qui allait être décisif, à travers les campagnes et les villes des pays réputés encore intacts. »
Le Corbusier, Le Voyage d’Orient.
INTRODUCTION

LE CORBUSIER, TOURISTE ET VOYAGEUR
PAR PIERRE GRAS, JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN
Le Corbusier, touriste ? Quelle idée ! On n’imagine guère, en effet, Le Corbusier, lunettes d’écaille et air compassé, en maillot de bain et en espadrilles, fréquentant plages, cafés et restaurants de fruits de mer... De rares images intimes le présentent pourtant ainsi, prenant le soleil en compagnie de son cousin Pierre Jeanneret et de Charlotte Perriand, allongé ou assis sur une serviette-éponge. On le sait également amateur d’exotisme et de jolies femmes, n’hésitant pas à descendre de son piédestal pour faire le joli cœur en croisière en compagnie d’une star de Music Hall ou, plus prosaïquement, fréquenter discrètement les établissements de quelques ports. Mais de là à caricaturer... Le Corbusier est sans nul doute, comme tous les voyageurs du début du siècle dernier, un homme loin de chez lui, à la recherche de points de repère – les voyages étaient à la fois longs et compliqués lorsque l’on voulait « connaître le vaste monde ». Pétri de références calvinistes, le jeune Jeanneret porte un regard sur l’Autre tantôt original tantôt conventionnel, qui s’exprime parfois, comme dans le Voyage d’Orient 1 , avec une certaine naïveté, en dépit des certitudes qui viendront plus tard restreindre – en apparence, au moins - le champ de ses étonnements, parfois avec une franchise qui dépasse la connaissance que nous avons de ses enthousiasmes !
Ce regard s’affinera à mesure que l’expérience et la compétence du voyageur – autant que celle de l’architecte — s’affirmera, à l’image de la série des « voyages-conférences » qu’il entreprendra au cours des années 30 tant en Europe qu’en Amérique du sud et aux États-Unis 2 . Car si le jeune voyageur a été parfois séduit, surpris ou même révolté – ou accepté de l’être — par les villes et territoires qu’il découvrait, le théoricien Le Corbusier n’a souvent trouvé dans les rencontres ménagées avec « l’Autorité » à l’occasion de ses divers déplacements que l’opportunité de faire part aux gouvernants de ses projets grandioses pour leurs villes. Souvent désenchanté d’ailleurs – de Rome à Buenos Aires, en passant par les États-Unis ou l’URSS — par la fréquente « frilosité » de leurs réponses. S’enthousiasmant ou s’agaçant, c’est selon, des paysages ou des influences qu’il croise ou redécouvre, il s’impatiente souvent dans l’attente de commandes susceptibles de nourrir l’activité de son agence qui, en dépit de son énergie et de son volontarisme, tarde à bénéficier de sa notoriété et de son radicalisme. Il juge sévèrement certains de ses clients potentiels — et admirés : « Mussolini reconstruisant l’Italie, ayant par là-même l’occasion de forger un éblouissant visage à l’Italie renaissante, décrète : “Il faut regarder Rome !” Pastiche et parodie ! » 3 En 1936, il conclut, quelque peu amer, faisant sien l’échec du mouvement moderne français dans ses tentatives de « rayonnement » international : « Partout on cherche à nous chasser, à nous refouler. On peut presque le dire, partout nous sommes vaincus : France, Russie, Allemagne, Italie... » 4

Rome, « un bazar en plein vent »
Pourtant, voyager, c’est accepter la surprise, apprendre à découvrir ce que l’on ne connaît pas, admettre sa déception parfois, mais aussi regarder autrement ce que l’on connaît déjà. « Nos yeux sont faits pour voir les formes sous la lumière », affirme Le Corbusier 5 . Cette lumière est à l’évidence celle de la Méditerranée. Rome, en particulier, pourtant berceau honni de l’École des Beaux-Arts 6 , a produit son effet sur Le Corbusier qui, dans un premier temps, n’a vis-à-vis de la « ville éternelle » ni les préventions sévères de Stendhal ni les angoisses de Freud (qui dût à plusieurs reprises repousser son voyage) : « Rome est un paysage pittoresque. La lumière y est si belle qu’elle ratifie tout. Rome est un bazar où l’on vend de tout. Tous les ustensiles de la vie d’un peuple y sont demeurés, le jouet de l’enfance, les armes du guerrier, les défroques des autels, les bidets des Borgia, et les panaches des aventuriers. Dans Rome, les laideurs sont légion » 7 . Cette rencontre avec Rome est donc déterminante dans la mesure où elle lui permet de croiser sa vision d’un nouvel ordre du monde avec sa perception de la Rome antique : « Rome s’occupait de conquérir l’univers et de le gérer. Stratégie, ravitaillement, législation : esprit d’ordre [...] L’ordre romain est un ordre simple, catégorique. S’il est brutal, tant pis ou tant mieux. » 8
Mais, dans le même temps, Le Corbusier observe sévèrement cette capitale héritée du passé, revenant sans cesse sur la complexité et le poids de son héritage : « [...] tout s’entasse trop dans Rome » 9  ; et, plus loin : « Rome est un bazar en plein vent, pittoresque. Il y a toutes les horreurs [...] et le mauvais goût de la Renaissance » 10 . Brûle ce que tu as adoré ? Toutes les influences ne peuvent perdurer sans faire vaciller l’édifice... Le Corbusier en est conscient, mais il persiste et signe : « [...] nous jugeons avec dureté, mais avec une clairvoyance motivée. Remettant le pied dans Paris, nous reprenons conscience de la jauge. Il manque à Rome assoupie après Michel-Ange ces quatre siècles [du XVIIe au XXe siècle]. La leçon de Rome est pour les sages, ceux qui savent et peuvent apprécier, ceux qui peuvent résister, qui peuvent contrôler. Rome est la perdition de ceux qui ne savent pas beaucoup . » 11 Dans ce cas précis, « ne pas savoir beaucoup » situe clairement, aux yeux de Le Corbusier — et en tout cas aux nôtres — la ligne de partage entre architectes « académiciens » et « modernes », et d’une certaine façon aussi la différenciation assumée entre « touristes » et « voyageurs ».

L’émergence des temps nouveaux
Mais la formation voyageuse de Le Corbusier ne se limite pas, bien entendu, aux grandes références classiques — le Parthénon et l’Acropole d’Athènes, la Tour de Pise, le Capitole à Rome, la Villa Adriana à Tivoli, les ruines de Pompéi ou Sainte-Sophie de Constantinople – quitte à les bousculer ou à les réinterpréter. Elle le rend déjà plus accessible, ouvert à la modernité de

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