Edouard Riou, dessinateur

Guy Gauthier

Description

De 1860 à 1914, le magasin (terme d'époque) Le Tour du monde publia les récits de voyageurs, diplomates, militaires, explorateurs, qui parcouraient le globe. Ces récits, et les romans d'aventures qu'ils inspiraient, furent diversement illustrés (photographies, dessins, souvenirs). Le dessinateur Edouard Riou se distingue par ses images romantiques de la banquise, des déserts et des jungles, qui accompagnaient les textes de Jules Verne, Ferdinand de Lesseps ou encore Pierre Savorgnan de Brazza (officier et explorateur français).

Sujets

• Dessin
• Littérature
• Peinture
• Beaux arts

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2008
• Nombre de lectures: 115
• EAN13: 9782296205796
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 11 Mo

Extrait

Edouard Riou
dessinateurGuy Gauthier
Edouard Riou
dessinateur
Entre le Tour du monde
et Jules Verne
1860 - 1900
L'HARMATTANOuvrages du même auteur
Chris Marker, écrivainmultimédia, L'Harmattan, 2003.
Un sièclede documentairesftançais,Armand Colin, 2004.
Le documentaire,un autre cinéma(3e édition), Armand Colin, 2008.
(Ç)
L'HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. [e-mail]
harmattan [e-mail]
ISBN: 978-2-296-06319-8
EAN : 9782296063198Vinel mille lieues sous les mers
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f) 'après ,\,farce! :Vloré,.Iules Verne lui-méme auroit posé pour ce portrait du
Profi.:sseur AronnaxPourquoi Riou ?
Pourquoi consacrer un ouvrage, même de dimensions
modestes, à un seul illustrateur de la seconde moitié du
XIXe siècle, alors que la liste de ses pairs a rempli des
dictionnaires? Des noms plus illustres (Doré, Gavarni,
Robida) auraient à coup sûr plus de titres à faire prévaloir.
Des études existent, superbement illustrées. Le moment
semble venu de réhabiliter ce grand oublié, qui n'est
peutêtre pas l'un des très grands artistes du siècle, mais mérite
de trouver une place plus honorable que celle qui lui a été
assignée par les historiens de l'image au XlXe siècle. Les
conditions de travail de ce siècle avide d'images lui ont
donné une double personnalité: un artisan résigné aux
cadences auxquelles une édition boulimique soumettait les
praticiens de la gravure sur bois; un artiste parfois inspiré,
en résonance avec son sujet, visions de mondes lointains
parés des prestiges de la découverte des dernières « taches
blanches» de la carte du monde, qui suscitaient
l'impatience des géographes
Il y a très longtemps, un enfant a découvert, par des
lectures que le hasard avaient placées à sa portée, des récits
de voyages et d'aventures accompagnés d'images au
pouvoir étrange, d'autant plus fascinantes qu'elles étaient
sans concurrence: loin des villes, le cinéma était un
événement rare, et la télévision n'existait pas. Les récits de
voyage figuraient pour l'essentiel dans des fascicules reliés
dont le titre même était une promesse: Le Tour du Monde.
Les récits d'aventures qui donnaient aux récits de voyage le
piment qui leur manquait parfois avaient pour auteur
principal un certain Jules Verne. Il y avait, tout aussi
proches, d'autres revues et d'autres romans, mais ce sont
ceux-là qui ont marqué l'enfant allongé dans son grenier.
Plus que les textes, les images le captivaient, et un nom
d'illustrateur, un seul, a retenu son attention, parce qu'il
accompagnait les récits présumés authentiques des savants
7voyageurs du Tour du Monde et les aventures des héros de
Jules Verne. Ce nom, c'était Riou, prénom jamais
mentionné.
L'enfant a vieilli comme tout le monde, et la mémoire
a fait son travail. Jamais la collection du Tour du Monde
(complétée après bien des recherches), ni l'œuvre de Jules
Verne (elle aussi augmentée de titres autrefois inconnus),
n'ont quitté les rayons les plus proches de sa bibliothèque,
au grand dam parfois des déménageurs..
Fin du prélude autobiographique.
8Chapitre I
Voyages lointains et « magasins» illustrés
De la peinture à la gravure et à la photographie
Exotisme, aventure et géographie
Au début du XIXe siècle, le voyage en Orient est resté le
voyage par excellence... jusqu'à ce que l'isthme de Suez s'ouvre
à la navigation, et que Port-Saïd ne soit plus une limite, mais un
passage. Claude Farrère, officier de marine et grand voyageur,
constatera plus tard que l'Orient, désormais, n'est plus qu'une
escale sur les lignes des grandes compagnies maritimes.: «
PortSaid est l'antichambre de tous les gens qui veulent prendre leur
))canne et leur chapeau pour sortir... pour sortir sérieusement
(Extrême-Orient). La plupart des grands écrivains, jusque vers
1860 (Chateaubriand\ Lamartine2, Nerval, Gautier3, Flaubert4,
etc.) font le pèlerinage aux confins de la Méditerranée, donc de
l'Occident, pour en ramener des pages enchanteresses; les
peintres, voyageurs ou sédentaires, s'en inspirent pour leurs
tableaux ou études (Delacroix, Ingres). L'Orient commence
pourtant à être concurrencé par l'Amérique du nord (Volney5,
Chateaubriand, Tocqueville). Le reste du monde se limite aux
récits des marins audacieux qui, au XVIIIe siècle se sont
aventurés vers le lointain Pacifique (Cook, Bougainville, La
Pérouse), ouvrant des horizons nouveaux, inspirant plus les
1Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811.
2
Alphonse de Lamartine, Voyage en Orient, 1833.
3 Nombreux voyages en Orient: Espagne (considérée comme
« orientale» en ces années) : 1840; Algérie (1855) ; Italie (1850) ;
Constantinople (1852).
4
Gustave Flaubert, Notes du voyage en Orient, 1847.
5 Volney (Constantin-François Chasseboeuf, dit) a été l'un des
premiers voyageurs en Égypte et en Syrie à se soucier d'exactitude.
Son Voyage en Syrie et en Égypte (1787) a beaucoup servi à
Bonaparte lors de sa fameuse expédition en Égypte - En 1803, Volney
a publié, avec le même souci de rigueur un Tableau du climat et du sol
des Etats-Unis..
9philosophes sédentaires (Le supplément au voyage de
Bougainville, de Diderot) que les explorateurs en herbe. Autres
voyageurs audacieux, les savants, qu'aucun obstacle ne rebute
pour mesurer une portion de méridien (La Condamine, Jussieu),
ou accroître les connaissances en sciences naturelles (Humboldt,
et, au XIXe siècle, Darwin). Mais ces grands voyageurs restent
encore des légendes: la croisière du Beagle aux Galapagos
(1858), Darwin à son bord, ne sera relatée pour un vaste public
(2èmeque dans le Tour du monde, en 1860 semestre).
Les peintres orientalistes se sont manifestés dès le XVIIIe
siècle, mais c'est dans la première moitié du XIXe, sous
LouisPhilippe, que le genre s'imposa et gagna la faveur du public. Le
Romantisme, nourri d'évasion et de mystère, alimenta le
mouvement. Quelques écrivains amorcèrent ce qui allait devenir
assez rapidement une mode: Byron et Chateaubriand,
authentiques voyageurs vers l'Orient, Victor Hugo (qui
s'aventure cependant en Algérie) et Henri Heine, voyageurs dans
leur imagination féconde. Plus tard, Théophile Gautier
encouragea et soutint de nombreux peintres orientalistes, surtout
Gabriel Alexandre Decamps. Gérard de Nerval voyagea vers
l'Orient pour « vérifier ses rêves», au besoin en les interposant
au contact du réel6. Eugène Fromentin, familier du Sahara, fut à
la fois écrivain et peintre7.
Toutes les œuvres et tous les noms n'ont pas connu la
fortune d'Eugène Delacroix (Femmes d'Alger, 1834) ou de
Théodore Chassériau (Toilette d'Esther, 1841). On se souvient
moins de Decamps ou d'Horace Vernet qui lancèrent le genre
3èmeRépublique quivers 1830, ou des peintres solennels de la
tentèrent d'imposer la « grande peinture» contre
l'Impressionnisme (Gérôme, Lecomte du Nouy, Rochegrasse).
Comment défmir la peinture orientalistes? Par son aire
6
Gérard de Nerval, Voyage en Orient, 1851.
7Eugène Fromentin, Un été au Sahara, 1877.
8
On entend par « Orientalisme» le discours sur l'Orient tenu en
Occident, un ensemble de représentations qui a, selon Edward Saïd
(L'Orientalisme: l'Orient créé par l'Occident, Seuil, 1980),
déterminé la politique occidentale, de Bonaparte à la Palestine - La
peinture orientaliste mêle les noms des peintres prolongeant par une
10géographique d'abord: les pays du bassin méditerranéen (Grèce,
Espagne, Venise la « Porte de l'Orient », et tous les pays
musulmans) exercent une fascination qui n'est pas sans rapport
avec la « Question d'Orient », et plus encore avec la récente
conquête de l'Algérie. Par ses sujets ensuite qui ressortissent de
la peinture de genre: il s'agit de tableaux d'un passé ou d'un
présent mythique du Maroc, de l'Algérie, de l'Égypte, de la
Turquie, etc., presque toujours traités avec la volonté de raconter
ou d'évoquer une sc&#