Formes et sens de l art africain
278 pages
Français

Formes et sens de l'art africain , livre ebook

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278 pages
Français

Description

Qui n'a rêvé, devant les œuvres d'art du continent africain, d'en comprendre un jour le sens ? Ce livre est un rendez-vous pour tous ceux qui désirent chercher le sens des formes des arts extra-occidentaux. Au fil des pages se dessine une étude où s'enrichissent mutuellement les données ethnologiques et esthétiques. Depuis les surfaces planes, le lecteur s'engage sur le chemin de la connaissance et de l'initiation : il s'aventurera jusqu'au plus profond de la pensée des familles Dogon, Bamana et Sénoufo de l'Ouest africain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2003
Nombre de lectures 314
EAN13 9782296308022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FORMES ET SENS DE L'ART AFRICAIN
Les surfaces planes dans les œuvres d'art
des Dogon, Bamana et Sénoufo du Mali,
de la Côte d'Ivoire et du Burkina FasoCollection Les Arts d'ailleurs
Dirigée par Dominique Berthet, Dominique Chateau,
Giovanni Joppolo, Bruno Péquignot
Cette collection s'adresse à tous ceux qu'intéressent les formes d'art qui
ont pu émerger ou émergent encore à l'écart du champ artistique
dominant. Non seulement les arts dits premiers (africains, océaniens,
etc.), mais toute manifestation d'art contemporain où une culture «non
occidentale» s'exprime - art de la Caraïbe, d'Amérique du sud,
d'Afrique, d'Asie... et d'ailleurs. Les livres de la collection,
monographies ou traités, développent une approche ethnoesthétique,
historique, philosophique ou critique.
Michèle TOBIA-CHADEISSON, Le fétiche africain. Chronique d'un
« malentendu », 2000.
Marlène-Michèle BITON, L'Art des bas-reliefs d'Abomey. Bénin /
exDahomey,2000.
Dominique BERTHET (sous la dir.), Les traces et l'art en question, 2000.
Jacques PIBOT, Les peintures murales des femmes Kasséna du Burkina
Faso, 2001.
Dominique BERTHET (dir.), Vers une esthétique du métissage ?, 2001.
Diala TOURE, Créations architecturales et artistiques en Afrique
sub'saharienne(1948-1995).Bureaux d'étudesHenri Chomette,2002.
Stéphane ELlARD, L'art contemporain au Burkina Faso, 2002.
M. L. CUEHONTE De RODRIGUEZ, Mathias Goeritz (1915-1990),
l'art comme prière plastique, 2002.N adine MARTINEZ-CONSTANTIN
FORMES ET SENS DE L'ART AFRICAIN
Les surfaces planes dans les œuvres d'art
des Dogon, Bamana et Sénoufo du Mali,
de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso
L'HarmaUan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIEA mon époux
A mes parents
@L'Hannatlan,2002
ISBN: 2-7475-3588-6INTRODUCTION
« Ils sont entrés au Louvre! », clamait la presse du 14 avril
2000 en évoquant l'inauguration de l'exposition des arts non
occidentaux dans le Pavillon des Sessions. Les amateurs et spécialistes
de l'art attendaient ce moment depuis au moins 1909, date du
texte fondateur de la revendication lancée par Guillaume
Apollinaire1. Combien de temps y resteront-ils? Telle est la
question, aujourd'hui... Finiront-ils leur long parcours dans un musée
d'ethnologie ou dans un musée d'art? Le futur Musée des Arts et
Civilisations sera-t-il dirigé dans une optique ethnologique ou
esthétique? Le public est un peu perdu dans pareil débat. Lui, il
côtoie plus fréquemment, parfois même il découvre, des formes
auxquelles il a été peu souvent confronté jusque-là; s'il veut les
comprendre il lui faut chercher leur sens et il commence alors par
se tourner vers les ethnologues. Mais, il est pourtant une autre
façon d'appréhender le problème: recouper les données des
ethnologues avec celles des spécialistes de l'art. Il existe désormais
une discipline universitaire nommée ethnoesthétique, dispensée
dans un lieu réservé à l'enseignement des arts et sciences de l'art;
ainsi, des plasticiens, familiarisés avec les processus de création
plastique et connaissant la philosophie de l'art, appliquent leurs
recherches au domaine des arts extra-occidentaux tout en
confrontant leurs travaux et leurs savoirs à ceux des ethnologues.
Qu'est-ce que l'ethnoesthétique ?
L'ethnoesthétique et plus particulièrement l'ethnoesthétique
comparative est l'outil retenu: les données ethnologiques viennent
enrichir la méthode d'approche esthétique des œuvres étudiées.
Au double rattachement méthodologique correspond un double
point de vue et une double ascendance: les écrits de Marcel
Griaule et Jean Laude ont échafaudé l'entreprise présente. Le
premier, ethnologue, apporte de précieux renseignements sur les
mythes, les croyances et le mode de vie des familles. La
connaissance du mythe est incontournable, non comme explication des
productions artistiques, mais comme participant de l'œuvre d'art.
Le second, J. Laude, est omniprésent non seulement parce qu'il
1 C;uillaume i\pollinaire (- 1909. Le Journal du Soir. 3 octobre): «Le Louvre
devrait recueillir certains chefs-d'ceuvre exotiques dont l'aspect n'est pas moins
émouvant que celui des beaux specimens de la statuaire occidentale».fonda l'ethnoesthétique, mais également parce que son champ
principal de réflexion s'exerça sur la statuaire Dogon, esquissant la
voie de l'étude du plan, bien modestement empruntée ici.
Le double point de vue apporté par l'ethnologie et
l'esthétique dans leurs positions extrêmes est parfois difficile à
manipuler. Très tôt, cependant, une complémentarité s'est laissée saisir et
dès 1922, C. Einstein recommandait une interprétation de l'art
africain du point de vue de l'ethnologie et de l'histoire de l'art2 :
l'ethnologie pure serait inopérante, seule une collaboration
parviendrait à une meilleure compréhension des œuvres3. L'étude de
la fonction d'un objet n'est pas suffisante, l'explication mythique
ne l'est pas non plus: elles constituent deux des approches
possibles4 visant à l'amélioration de la compréhension d'une œuvre
d'art. La fonction est souvent le prétexte retenu afin de nier
l'existence de l'art africain à part entière. Replacé dans son contexte, où
tout est religieux, il paraît difficile que l'art ait pu échapper à sa
fonction première: présentifier le divin. En est-il pour autant
écarté du domaine de l'art? André Malraux5 inaugura son «Musée
imaginaire» par ces mots:
((Un crucifix roman n'était pas d'abord une sculpture, la Madone de
Cimabué n'était pas d'abord un tableau, même l'Athéna de Phidias n'était pas
d'abord une statue)).
Montrant un plateau de divination des Yorouba du Nigeria,
A. Resnais et C. MarkerG expliquent:
(dl ne nous sert pas à grand chose de l'appeler objet religieux dans un monde
où tout est religion, ni ol?jetd'art dans un monde où tout est art. L'art ici c'ommenceà
la c'uillèreetfinit à la statue et c'est le même art)).
2 Carl Einstein (- 1922. La sculptureafricaine.Paris, Crès : 5). «Si l'on veut étudier
l'art africain avec profit, il est nécessaire de l'interpréter en dehors de toute idée
romantique, voire même de tout point de vue purement ethnologique. Ce but ne
sera atteint que par la collaboration de l'ethnologiste et de l'historien de l'art>.
3 En accord avec I). Zahan (*1980: 13), «Nous pensons, en effet, que la
connaissance ethnologique d'un objet en permet une meilleure appréciation
esthétique. Les deux perceptions ne sont pas exclusives; au contraire, elles se
complètenb>.
4 Et il en existe beaucoup d'autres comme l'ethnoesthétique, l'ethnomusicologie,
l'ethnolinguistique, l'histoire de l'art, l'ethnosociologie, l'etnobotanique,
l'anthropologie de l'art, etc.
5 £\ndré I\1alraux : - 1947. Le Musée imaginaire.Paris, Gallimard.
G
(**1952). L'évidence est cependant encore niée aujourd'hui par certains.
6Ainsi, ne s'étonnera-t-on pas de la présence, au sein du
corpus hétéroclite des œuvres étudiées, de cuillers, lits, tabourets,
tissus, statues, masques, serrures, portes, fers rituels, marionnettes,
céramiques, appuis-tête, crosses, cannes, poteaux, plats, échelles,
coupes, vêtements, boîtes, haches, bijoux, instruments de
musique, etc. Néanmoins et assurément, l'appréciation esthétique de
l'art africain ne nécessite pas obligatoirement une connaissance
ethnologique, en aucun cas celle-ci ne saurait être la légitimation
de celui-là, elle lui est seulement un complément. Par exemple,
l'artiste Georg Baselitz collectionne des œuvres d'art africain dans
un intérêt purement formel, le sens ne l'intéresse absolument pas:
son appréciation se situe hors du champ sémantique et seules les
formes et la beauté comptent pour lui7. Quant à la valeur
esthétique des œuvres accordée par les africains: l'existence d'un
vocabulaire spécifique présent dans de nombreuses langues en valide
définitivement les fon

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