"L Album Juliette"
198 pages
Français

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"L'Album Juliette" , livre ebook

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Description

Bohème politique et bohème littéraire et artistique : deux mondes étroitement mêlés dans les dernières années du Second Empire et les premières de la Troisième République. En atteste cet extraordinaire Album Juliette, publié ici pour la première fois, album de dessins, autographes et facéties rimées, en bien des points comparable au fameux Album zutique dont Verlaine et Rimbaud ont été parmi les principaux contributeurs. L'album est dédié à Juliette, compagne du grand journaliste et futur leader radical, Camille Pelletan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296800229
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« L’Album Juliette »
Paul Baquiast (éd.)


« L’Album Juliette »

Bohème artistique et politique
au début de la Troisième République


F AC SIMILE DE L’ALBUM ORIGINAL
INTRODUCTION, NOTES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES DE P AUL B AQUIAST


L’H ARMATTAN
Du même auteur :

● 1906 : une campagne électorale à la Belle Epoque (L’Harmattan, 2009).
● La République universelle, vol. 1 : l’idée républicaine en Europe (XVIII e -XXI e siècles) – histoire et pensée universelles, Europe, préface d’André Bellon, ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale (en collaboration avec Emmanuel Dupuy, L’Harmattan, 2007).
● La République universelle , vol. 2 : l’idée républicaine dans le monde (XVIII e – XXI e siècles) – nouveau monde, Afrique, monde musulman (en collaboration avec Emmanuel Dupuy, L’Harmattan, 2007).
● Deux siècles de débats républicains, 1792-2004 (L’Harmattan, 2004).
● Richesse et diversité de la République en France : les républicains atypiques du XIX e siècle, actes du colloque de l’AECP et de l’IDERM, Paris, Grand Orient de France (en collaboration avec Pierre Mollier, EDIMAF, 2003).
● La Troisième République, préface d’Emile Zuccarelli, député-maire de Bastia (L’Harmattan, 2002).
● L’âge d’or des Républicains (1863-1914), actes du troisième colloque de l’AECP, Assemblée Nationale (L’Harmattan, 2001).
● La mer au temps des Pelletan, actes du deuxième colloque de l’AECP, S t -Georges-de-Didonne (en collaboration avec Georges Touroude, AECP, 1998).
● Les poèmes secrets de Camille Pelletan (Maison de poésie, 1997).
● Une dynastie de la bourgeoisie charentaise : les Pelletan, actes du premier colloque de l’AECP, St-Georges-de-Didonne (en collaboration avec Georges Touroude, AECP, 1997).
● Une dynastie de la bourgeoisie républicaine : les Pelletan (L’Harmattan, 1996).


© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54101-6
EAN : 9782296541016

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A ma mère,
Remerciement
Un remerciement tout particulier au grand chercheur Michael Pakenham, dont l’immense connaissance du monde littéraire de la fin de XIX e siècle m’a été infiniment précieuse pour déchiffrer certaines signatures et identifier certains des visages croqués dans l’album. Je n’oublie pas non plus le soutien qu’il m’a apporté et la confiance dont il m’a témoignée lors de mes premiers travaux, il y a déjà plus de vingt ans.
Introduction
Figure majeure du radicalisme de la Troisième République, journaliste, député, ministre, franc-maçon, mais aussi poète, Camille Pelletan (1846-1915) est une personnalité riche et attachante, dont l’étude nous fait appréhender les complexités de la culture et de la sociabilité républicaines en leur âge d’or (1863-1914) {1} .

Dans Législatives 1906 : une campagne électorale à la Belle Epoque (correspondance électorale de Camille Pelletan à son épouse), publié aux éditions L’Harmattan en 2009, se révélait un Camille Pelletan bourgeois, très passionnément mais aussi très pudiquement amoureux de sa jeune épouse Joséphine.

Dans l’extraordinaire document publié ici pour la première fois, et que nous avons entrepris, après l’avoir découvert, d’appeler l’ Album Juliette, c’est un tout autre personnage qui se découvre : celui qui figure auprès de Verlaine et Rimbaud sur le célèbre tableau Coin de table de Fantin-Latour {2} . Un Camille Pelletan jeune, poète, hirsute et bohème. Un Camille Pelletan dont on avait déjà pu apprécier la valeur littéraire à travers la publication posthume de son œuvre poétique {3} et que l’on retrouve ici entouré de ses amis, dans une atmosphère décontractée et facétieuse, nappée d’un goût profond pour l’art, la littérature… et la politique !

Bohème politique et bohème littéraire et artistique sont, en effet, deux mondes étroitement mêlés dans les dernières années du Second Empire et les premières de la Troisième République {4} . Parmi les différents témoignages qui en attestent, nul, sans doute, n’est plus vivant que cet Album Juliette.

Il s’agit d’un album de dessins, autographes et facéties rimées, en bien des points comparable au fameux Album Zutique dont Camille Pelletan a été en 1871-1872 l’un des contributeurs auprès de Verlaine et Rimbaud {5} . Datable des années 1879-1880, il lui est postérieur de sept ans. Agé de 32-33 ans, Camille Pelletan n’est pas encore député (il le sera à partir de 1881), mais est déjà un journaliste politique de premier ordre. En janvier 1880, il quitte Le Rappel, où il s’est fait connaître, et fonde avec George Clemenceau La Justice dont il est le rédacteur en chef.

Comptant 146 pages, l’album est dédié à une jeune femme, Juliette Philippe. Camille Pelletan l’a rencontrée par l’intermédiaire d’un ami, étudiant en médecine. Celui-ci, ayant appris qu’une superbe demoiselle venait de tenter de se suicider en se jetant dans la Seine, lui aurait suggéré de venir la voir. Séduit par sa beauté, Camille Pelletan en tombe éperdument amoureux {6} . Tous deux vivent ensemble une trentaine d’années en concubinage, jusqu’à la mort de Juliette.

Comme le rapporte le journaliste Georges Maurevert, Camille Pelletan et Juliette tiennent table ouverte :

« Quoique bohème d’allure, Pelletan était très travailleur. Journaliste parlementaire au Rappel , il gagnait pas mal d’argent, et cet argent, pour une bonne part, servait à obliger des camarades. Son petit logis de la rue des Saints-Pères était célèbre pour sa table toujours ouverte à tout venant. C’était la "maison du bon Dieu" comme on dit – et Pelletan n’avait, pour ainsi dire, rien à lui. » {7}

Le célèbre critique d’art Gustave Geffroy, grand défenseur des impressionnistes, précise la nature de ces soirées improvisées :

« Souvent aussi, chez Pelletan, libre réunion de poètes, d’écrivains, d’artistes, avec la fête annuelle du réveillon de Noël, Mullem ou Sivry au piano, Rollinat chantant, Camille disant des vers de Hugo, de Baudelaire, de Gautier. Ôh ! oui, c’était le bon temps. » {8}

L’ Album Juliette permet de se faire une idée plus vivante encore de ces « libres réunions ». Juliette, qui aime fort les vers, exige de ses hôtes qu’ils en couvrent les pages de son album. A la lecture de ce dernier, il semble que l’on voie prendre vie, s’agiter et se mêler les poètes du Coin de table , de Fantin-Latour, et les journalistes et hommes politiques, disciples de Clemenceau, de La Réunion publique au cirque Fernando de Raffaëlli {9} . Parmi les poètes, on trouvera évoqués les noms de Léon Valade, Émile Blémont, Ernest d’Hervilly, Albert Mérat, Henri Mercier, Paul Arène, Charles Frémine, Raoul Gineste, Adolphe Pelleport, Raoul Lafagette et Clovis Hugues. Parmi les hommes politiques, on trouvera en bonne place l’équipe de La Justice , ce journal si particulier dont les membres se donnent l’impression de former une famille : Clemenceau et Pelletan, bien sûr, mais aussi Sutter-Laumann, Gustave Geffroy, Stephen Pichon, Mario Sermet et Louis Mullem {10} .

Dans l’album, tout n’est pas du goût le plus raffiné. Les convives sont chez Juliette et Camille Pelletan pour se détendre. Ils se moquent volontiers les uns les autres, sans souci des convenances et dans un esprit parfois gaulois.

En témoigne la rivalité de La Justice et de la feuille plus modérée de Gambetta, La République Française, qui apparaît à travers un dessin à la plume d’Edouard Manet. Incontestablement, il s’agit là de la plus belle pièce de l’album. Accompagnée, en légende, du mot « suavité ! », elle représente un homme accroupi, en train de lire La Justice, le sourire aux lèvres, tout en se soulageant sur La République Française.

L’historien américain Philip Nord a démontré il y a déjà vingt ans que, contrairement à ce qui a pu être écrit parfois, Manet n’est ni un révolutionnaire ni un républicain libéral, mais bel et bien un radical {11} . Il a connu Pelletan, sous l’Empire, dans les milieux de la bohème littéraire républicaine que Philip Nord appelle la « bohème radicale », notamment chez Nina de Callias. Vers 1874-1875, Camille Pelletan connait suffisamment Manet pour lui demander « quelque chose pour une vente de charité dans le V e » {12} . Lors du salon de 1875, Pelletan prend l

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